Hum, j'interviens dans la discussion, puisqu'il est question de mon courant politique et que je vois écrit beaucoup de contresens, même si mon camarade Gaston a déjà traité de quelques-uns d'entre eux.
historiquement, il y a effectivement 3 "principaux courants" dans l'anarchisme. Dans les faits, ces 3 courants correspondent à des étapes différentes du mouvement anarchiste. Laissons de côté les individualistes libéraux qui se réclament de l'anarchisme, il n'ont pas plus de sens que ceux qui se réclament du national-bolchévisme ou de n'importe quelle autre fumisterie théorique (et saloperie libérale ou fasciste).
Le mouvement anarchiste s'est d'abords affirmé au sein de la première internationale. Parmis ce courant anti-étatique, et anti-autoritaire, de classe, on a distingué d'abords les collectivistes proudhoniens, qui ont théorisé le fédéralisme mais gardaient quand même l'idée d'une certaine subsistance de la propriété privé. Puis, le courant "bakouninien", ou partisan du socialisme anti-autoritaire, majoritaire au sein des sections de l'internationale, s'est opposé d'une part à l'étatisme de marx (tout en partageant son analyse en terme de lutte des classe), à son finalisme historique qui faisait peut de cas de l'action humaine dans le rapport de force de classe, à une logique centraliste qu'il esetimait être la subsistance de l'esprit politique bourgeois (prétention de détention d'une vérité scientifique universelle dont l'analyse conduirait mécaniquement à la société sans classe et sans état, quand il ne s'agissait que d'une analyse, certes brillante, mais contestable pour une certaine part, et surtout, remise en causse pour partie par les évolutions historiques). D'autre part, Bakounine s'est opposé à la théorie proudhonienne rejettant 1/ sa mysoginie 2/ son collectivisme, Bakounine préconnisant le communisme libertaire 3/ son illusion parlementariste et réformiste.
Bien sur, Bakounine n'est pas exempts de critiques ni quant à sa personne ni quant à ses choix, il n'est justemment pas dans la pratique des anarchistes de faire du culte de la personnalité, ni de considérer un (ou même quelques) théoricien(s) comme détenteur de la vérité, puisque c'est par le rationalisme permanent, la construction collective d'une théorie à partir de la pratique concrète actuelle, et de l'expérience historique, en puisant dans les différents apporches, que la théorie anarchiste prends forme.
Après la période de conflit dans l'internationale, qui s'est traduit par un congrès fantoche organisé par Marx qui eut pour conséquence l'éviction des antiautoritaires (c'est à dire dans les faits de la majorité de l'internationale) celle-ci survit pendant quelques années (L'AIT de MArx se réduisant à la section allemande et quelques éléments minoritaires des sections américaines et françaises, le secrétariat transféré aux Etats Unis), mais, après les période très dures de l'après Commune (qui a poussé Marx à reconnaitre certains éléments de la théorie antiautoritaire, ou du moins de s'en accomoder), qui voit une partie considérable du mouvement ouvrier français (proudhonien et bakouniniste pour la plupart) décimé notamment lors de la semaine sanglante ou déporté (Louise Michel par ex. en nouvelle calédonnie).
Se forme alors la IIème internationale avec un marxiste pour sa grande majorité social démocrate et réformiste, et la subsistance d'une importante gauche blanquiste. Les anarchistes s'en font rapidement exclure. S'ouvre alors, l'ère de la propagande par le fait et l'émergence de l'individualisme anarchiste ouvrier. C'est à dire un individualisme qui rejette l'idée d'organisation, préférant la propagande individuelle. La période est marquée par une intense crise économique et de luttes ouvrière. Les militants anarchistes de l'époque pensent la révolution comme imminente et croient pouvoir la hâter en "montrant" l'exemple par l'action violente individuelle. Cette dérive messianique, si elle a un écho certain dans la classe ouvrière à l'époque, est une impasse et non exempte de manipulations policières. C'est conscient de cette réalité qu'émerge le courant syndicaliste, sous l'impulsion notamment de Fernand Pelloutier. Ce courant voient dans l'auto-organisation du mouvement ouvrier en dehors des partis que constituent les syndicats et les bourses du travail, la mise en acte de l'autonomie prolétaire que défendaient les socialiste anti-autoritaire, communiste libertaire dans la Ière internationale, par le prolétariat lui-même. L'individualisme comme courant anarchiste se réduit à une peau de chagrin, même si ses manifestations pour certaines avant-gardistes et messianiques, déconnectée du mouvement réel de la classe ouvrière, se retrouvent jusqu'aux années 20 et la tristement célèbre "bande à bonnot" qui n'avait plus rien de prolétarien (et Victor Serge, pour la petite histoire, faisait partie de ces "zozos", on a vu mieux comme ralliement prolétarien à l'idée marxiste).
Le syndicalisme révolutionnaire auxquel contribuent fortement le mouvement anarchiste de l'époque s'oppose au parlementarisme marxiste, en mettent en avant l'autonomie prolétarienne face à l'état, la construction d'uen contre-société et d'une contre pouvoir prolétarien à travers les bourses du travail (qui seront liquidées au profit des unions locales par les "syndicalistes communistes" dans les années 30 qui y voyaient une concurrence aux municipalité communistes, pourtant institutions étatiques), la lutte des classes réelle (et non virtuelle à travers la mascarade électorale) au travers de l'action directe (sans intermédiaire) du prolétariat, l'auto-organisation du prolétariat en tant que classe sans "parti" ni politiciens d'avant garde pour parler en leur nom.
Ce syndicalisme est celui qui fonde la CGT jusqu'à la reprise en main par les réformistes en 1910, puis par les marxistes dans la CGT-U en 1920.
Il refuse les partis politiques, par essences interclassites (mêmes les partis dit "révolutionnaires") pour lui substituer la mise en acte de la phrase de marx "l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux mêmes".
Le courant anarchosyndicaliste au sein du sydnicalime révolutionnaire est celui qui affirme explicitement la référence à la théorie anarchiste, c'est à dire le refus de l'idée de "dictature du prolétariat" qui se résume de fait à la dictature d'un parti sur le prolétariat. Pourquoi ? Parce que les anarchistes pensent qu'une révolution sociale n'est pas un coup d'Etat. Que le processus révolutionnaire s'appuie sur la lutte des classe dans laquelle se forge l'auto-organisation du prolétariat, et le rapport de force. Que dans celle-ci se forge la perspective de la grève générale expropriatrice et insurrectionnelle. c'est le prolétariat et lui seul (et non un quelconque parti s'y substituant) qui est une force révolutionnaire (bien sur, au sein de celui-ci, les organisations de classe jouent un rôle, mais ne peuvent prétendre prendre sa direction faute de nier son autonomir et sa légitimité à exercer le pouvoir, donc l'abolir). cette grève générale débouche, dans les processus révolutionnaire, sur l'occupation des lieux de production, le redémarrage de l'économie à des fins communistes (libertaires) par les fédérations d'industrie et les bourses du travail, qui servent d'ossture aux conseils ouvriers, qui seuls, par mandatement impératif et révocable, ont la légitimité d'organiser l'autodéfense armée de la révolution. Rien à voir avec l'Etat, une institution de classe, puisque "qui à le monopole de la force armée a le contrôle de l'organisation économique". En ce sens, un groupe "révolutionnaire" qui contrôlerait l'Etat (police justice armée), même le mieux intentionné, se consituerait déjà en pouvoir séparé du prolétariat. Exercer au nom de quelqu'un ce n'est pas la même chose que quand ce quelqu'un exrece effectivement le pouvoir au sien des conseils ouvriers. L'abolition de l'Etat, c'est une nécessité immédiate si l'on ne veut pas que se forge un capitalisme d'Etat (concentration du capital au sein de l'Etat, contrôlé par la bureaucratie naissante, mais maintient du salariat, de la hiérarchie sociale, qui a eu lieu dès 17 en URSS, alors que les soviets aspiraient, eux, à l'abolition directe du salariat). En bref, pour un-e travailleurs(ses), quelle différence si le chef s'appelle contremaitre ou commissaire politique, si le rapport social de domination et d'exploitation reste le même.
Le prolétariat, si la révolution est faite, n'existe plus de fait, puisque son existence est lié à l'existence de la bourgeoisie. Si tout le monde participe de manière égale à la production et bénéficie d'un partage des richesse égalitaire, il n'y a plus de bourgeoisie, donc plus de prolétariat, juste des producteurs et productrices librement associé-e-s au sein d'une société fédéraliste et communiste.
Donc parler de dictature du prolétariat est un non sens. Parler par contre d'autodéfense de la révolution, contre les forces réactionnaires donc l'ancienne bourgeoisie, si elle persiste dans sa volonté de contrôle de la production par la violence, oui !! C'est en ce sens que les milices ouvrières anarchistes ont agit en catalogne, où en Ukraine.
B (:| ref, Aujourd'hui, il y a surtout des anarchistes sociaux, investits dans les luttes sociales. Bien sur, il existe encore à côté de cela beaucoup de personnes qui se contentent de discours et pas de pratique, ou qui préfère une mise en pratique dans la marge, la contre société, d'alternatives concrètes mais déconnecétes des luttes sociales, mais il existe des centaines de militant-e-s anarchistes qui s'investissent dans les luttes sociales de manière concrète (syndicalisme, transports "gratuits", lutte de soutient aux sans papiers, antifascisme, mouvement coopératifs, lutte contre les expulsions locatives, féminisme, etc...)
Ils et elles défendent l'idée de l'action directe (sans intermédiaire) des exploité-e-s contre leurs exploiteurs, refusent la participation aux élections pour la plupart (celles-ci étant considérées comme des appareils idéologiques visant à transférer les luttes du terrain réel (notamment rapport de force économique dans la lutte des classes) au terrain virtuel - la représentation).
N'ooubliez pas que l'anarchisme est le seul courant autre que le stalinisme et la social-démocratie à avoir eu une influence de masse dans le mouvement ouvier, loin, en terme numériques, devant le courant trotskyste (que cela plaise ou non, c'est une réalité). A voir l'influence de la CNT, la FORA, la SAC, la FAU, etc...
Bien sur, son action n'est pas à l'abri de critiques mais comme tout autre courant, dont le trotskysme, notamment la répression de l'insurrection ouvrière de Kronstadt, de la makhnovtshina, mais également de manière plus contemporaine, pour certains de ses courants, les pratiques syndicales aujourd'hui, ou la participation aux gouvernements bourgeois (IVème internationale dans le gouvernement de Lula au Brésil). Ce qui n'empêche pas de reconnaître l'honnêteté, la sincérité de nombre de ses militant-e-s dans leur investissement dans les luttes sociales aujourd'hui.
"La liberté sans le socialisme, c'est l'exploitation, le socialisme sans la liberté c'est la tyrannie"