Oui mais la phrase est suivie d'un raisonnement que nous aimerions lire chez nos camarades trotskystes :
a écrit :
Avec la Constitution, ils ont voulu fixer une fois pour toutes leurs règles afin que les nouveaux entrants plus pauvres n’aient pas le droit de les remettre en cause. C’est dans ce sens que cette Constitution est destinée à compléter par la domination juridique la domination économique des puissances occidentales sur la partie pauvre de l’Europe.
Et puis cette Constitution n’est même pas capable d’assurer les mêmes droits d’un bout à l’autre de l’Europe. Par exemple, elle ne reconnaît pas le divorce. Elle ne reconnaît pas non plus le droit à l’interruption volontaire de grossesse à l’échelle de l’ensemble de l’Union Dans plusieurs pays, ce droit est réservé aux femmes les plus riches qui peuvent se payer le voyage pour aller dans le pays où le régime est plus tolérant. A plus forte raison, elle n’impose pas à tous les médecins l’obligation de pratiquer les IVG là où elles sont légales.
Nous n’avons jamais eu la naïveté d’attendre de la Constitution européenne qu’elle améliore le sort des travailleurs. Aucune constitution, pas plus celle de la France que d’autres, n’est faite pour cela.
Mais enfin, les institutions européennes auraient pu au moins peser pour balayer la crasse réactionnaire accumulée, ici quant aux droits des femmes, là quant au poids des Églises dans la vie sociale, ailleurs en matière de libertés publiques. Mais les institutions européennes, qui sont si pointilleuses sur les conditions de concurrence, pour laquelle elles accumulent les paragraphes dans la Constitution, n’ont rien à faire et de la condition des femmes, et des libertés publiques. En tout cas, pas au point d’avoir une politique contraignante vis-à-vis des aspects les plus réactionnaires des législations nationales existantes.
Oh oui, les droits du capital au profit sont unifiés à l’échelle du continent, mais pas le droit des personnes, pas le droit des travailleurs, pas le droit des êtres humains !
Mais que les capitalistes et leurs serviteurs politiques le veuillent ou pas, j’ai l’espoir que leur construction européenne contribue à mettre dans la conscience de tous les travailleurs de ce continent, qu’ils soient exploités en France, en Allemagne, en Estonie ou en Bulgarie, qu’ils font partie d’une seule et même classe ouvrière.
Qu’ils le veuillent ou non, les promoteurs de l’Europe capitaliste auront contribué à forger une classe ouvrière d’Europe composée de travailleurs de toutes origines, nés sur le sol européen ou immigrés d’Afrique ou d’Asie. Cette classe ouvrière sera numériquement la classe ouvrière la plus importante du monde. Une fois qu’elle aura pris conscience d’elle-même, elle représentera une force considérable, capable d’ébranler leur construction européenne jusqu’à ses fondations capitalistes !
Face à l’union fondée sur la concurrence et la rivalité des bourgeoisies d’Europe, il faut opposer la véritable union des travailleurs. Il faudra se battre, ensemble, pour qu’à l’échelle de l’Europe, les salaires soient augmentés et qu’ils soient du même niveau partout et permettent partout de vivre correctement. C’est la seule façon d’empêcher les patrons de jouer les travailleurs les uns contre les autres, de délocaliser dans la partie la plus pauvre de l’Europe ou, encore, de faire appel ici même, en France, à des travailleurs mal payés venant des pays de l’Est.
Alors, nous voterons “non” à cette Constitution ! Mais nous nous opposerons aux argument de ceux des partisans du non qui appellent à ce vote en prétendant que c’est un moyen de parer aux coups contre les travailleurs puisque ces coups viendraient de Bruxelles. C’est une fumisterie ! Ce n’est pas Bruxelles, c’est notre propre gouvernement qui nous attaque, ce sont nos propres capitalistes ! Et ce sont eux aussi dont les capitaux sont ici, dont les entreprises sont ici, qui sont à la portée de notre colère !
Tous ceux qui, au lieu de désigner aux travailleurs leurs ennemis véritables, ici, à portée de main, les détournent vers des objectifs éloignés, abstraits, inaccessibles, veulent en réalité interdire aux travailleurs d’agir. Ils voudraient que les travailleurs en restent à se plaindre, à râler sur les malheurs du temps. Ils ne veulent pas leur dire que toutes leurs usines, tous leurs chantiers, toutes leurs banques, toute leur économie ne fonctionnent qu’avec notre travail et que, oui, cela nous donne la capacité de faire reculer nos ennemis !
Au fur et à mesure que la campagne officielle du référendum s’amorce, on entend de plus en plus de dirigeants politiques ou des commentateurs se poser avec inquiétude la question : est-ce que le climat social ne va pas perturber le vote et fausser le résultat du référendum ? Autant vous dire que cela ne nous inquiète absolument pas. Et, pour tout dire, si le climat social devenait tel que l’on oublie le référendum, nous n’en pleurerions pas. Car, pour les travailleurs, ce sont les luttes, c’est la mobilisation sociale, qui contiennent de l’espoir, et certainement pas le résultat du vote à ce référendum !