a écrit :C'est bien la nature qui a doté l'homme et la femme de deux sexes différents. Mais il me semble qu'ici, c'est ta formulation qui dit que la femme est "privée" de quelque chose (le penis). On pourrait tout aussi bien dire que l'homme est privé de vagin, et construire une théorie dessus, mais je n'ai pas vu ça trainer dans ce qui précède. Pourquoi? Je peux avancer plusieurs possibilités:
1. La théorie psychanalytique a été écrite par des hommes vivant dans une société où la femme est oppressée, traitée comme inférieure, et on en fait inconsciemment "copié" la société dans leur théorie.
2. Il sont conscient que leur théorie est asymétrique, présente la femme comme "un homme qui n'en a pas", mais c'est fait exprès, c'est parce que la société conditionne les femmes comme ça, et donc leur psychisme. Ils considèrent donc que la femme est traitée comme "un homme qui n'en a pas", et que c'est créateur de troubles mentaux. Dans ce cas, c'est une sorte de "maladie sociale".
3. Je n'ai toujours rien compris.
Le vagin n'est pas extérieur anatomiquement parlant alors que le pénis l'est.
Donc une petite fille, quoiqu'on le veuille, n'aura pas de zizi pour faire pipi debout comme son petit (ou grand) frère, et est loin de savoir qu'elle a un vagin.
Ta deuxième formulation est proche de la vérité, mais c'est encore un peu plus compliqué.
Il y a des maladies sociales, c'est-à-dire comme je vous l'ai déjà écrit que chaque société a les maladies psychiques qu'elle mérite. Les grands tableaux d'hystérie féminine ont disparu d'occident mais se retrouvent encore en Afrique du Nord. La condition de la femme en est une des causes probable. Et la psychanalyse a commencé sur ces grands tableaux d'hystérie féminine.
Mais en même temps il y a tout de même une asymétrie qui resterait sous le socialisme, voire sous le communisme. C'est celle que les hommes ont leur sexe qui se tend vers l'avant alors que les femmes ne l'ont pas. En revanche les femmes ont les attributs de la maternité, une poitrine plus ou mois proéminente qui fait fantasmer les hommes et elles peuvent enfanter ce que les hommes ne pourront jamais faire.
Il y a donc là une dialectique actif/passif qui vient se surajouter à l’aliénation sociale. La femme doit être passive et l’homme la dominer ; c’est l’aliénation telle que l’humanité l’a toujours connue. Mais en même temps, les attributs sexuels masculins sont des attributs « actifs » ; c’est l’homme qui pénètre la femme, alors que les seins, par exemple, qui pourraient faire le pendant du pénis anatomiquement parlant, sont des attributs sexuels désirables mais aucunement actifs.
C’est pourquoi, la psychanalyse, étant elle-même un symptôme d’une société décadente, essaye de rendre compte des fonctionnements pathologiques et du fonctionnement « normal » dans cette société, tout en essayant de chercher un model qui ne serait pas seulement opératoire dans l’ici et maintenant d’une société donnée.
Et là on tombe sur la question de la différence sexuelle où la femme est du côté de la passivité et l’homme du côté de l’activité. C’est une donnée sociale qui peut avoir des répercussions pathologiques particulières, mais c’est aussi une donnée anatomique qui doit rendre compte des différents pôles de la sexuation.
Un exemple parmi d’autres possibles : c’est quand même un peu difficile pour une femme de violer un homme, même si elle l’attache ou est aidée. C’est hélas facile pour un homme et c’est ainsi que l’histoire humaine a commencé.
Mais si tu relis mon petit texte de présentation de Lacan, j’expliquais qu’en contre partie de cette asymétrie, il y a une jouissance féminine, un plus-de-jouir, dont l’homme est exclu radicalement. L’orgasme de la femme, même dans nos sociétés aliénées laisse les hommes pantois, car elle n’est pas dans une jouissance phallique.
C’est encore là où le phallus et le pénis se rejoignent.
Ceci dit, toute cette histoire n’a de sens que parce qu’elle permet de se donner des repères dans les cures, analytiques ou pas.
a écrit : a écrit :
Et oui, la castration anale, c’est la période où l’enfant dit « non ». Si Canardos ne veut pas voir d’autre lien que les délires freudiens entre la période du non et l’apprentissage de la propreté, ça le regarde. Les freudiens prennent comme hypothèse que c’est au contraire totalement lié…
Bon, mais en quoi cette hypothèse est-elle fructueuse?
Je remets ce que j'ai dit plus haut, et qui me semble toujours en suspends.
Cette hypothèse est fructueuse quand on est en face d'un patient obsessionnel par exemple.
a écrit :les premiers contacts au monde extérieur de l'enfant sont plutôt d'ordre sexuel (en tout cas ceux qui vont influer sur son psychisme durablement)."
Ça me paraît, au premier abord, assez bizarre. Par exemple, pendant la période du stade "sadique-anal", de 18 mois à 3 ans, j'ai l'impression que les enfants ont bien d'autres choses à faire, bien d'autres "sources de plaisir", bien d'autres contacts avec le monde extérieur, et donc de manières de modeler leur psychisme que celle qui consiste à retenir leur sphincter (ça doit de toutes manières devenir assez vite un automatisme, non?), et à s'en servir pour faire plaisir aux parents.
C'est plutôt ça qui me semble un peu gros (de ce que je comprends pour le moment dans cette partie sur la petite enfance):
Pour Freud et la psychanalyse, la sexualité infantile se définit par tous les moments où l'enfant a une jouissance locale ou globale. D'où le terme de "pervers polymorphe" pour définir la sexualité infantiile.
La seule sexualité que l'enfant n'a pas, c'est la sexualité génitale.
Comment affirmer ceci plutôt que le contraire ?
D'abord par la trace érogène que chacun de nous avons sur notre corps. Certains auraont plus de plaisir si on leur embrasse l'oreille pendant l'amour, d'autres ce sera les cheveux... Et bien la psychanalyse postule que ces zones érogènes ne sons pas sans rapport avec l'érogènéité de l'enfance.
Pareil pour les préliminaires amoureux. Plus une société est désaliénées, plus elle conduira à une sexualité moins centrée sur le génital.
Relisez l'article du n°13 de la toute première version de la lutte de classe qui posait très bien ce problème même si cela a valu à LO d'être traité de réactionnaire dans les années 70...