Le droit des femmes,et notamment le droit à l'avortement
seraient-ils remis en cause dans le projet de T.C.E?
Constitution de l’Union Européenne et “ le droit à la vie ”
Partie II :
Charte des droits fondamentaux de l’Union
(29 octobre 2004)
L’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH)[1] dispose que “ le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. ”. Il y a 30 ans, lors du débat parlementaire suivant le discours de Simone Veil, un député, Jean Foyer, faisait déjà référence à cet article pour remettre en cause, avec des mots très durs, le texte qui était présenté et qui deviendra la loi légalisant l’avortement en France.[2]
L’article 2 de la CEDH est intégré à la Constitution européenne dans son article II-62 de la Charte des droits fondamentaux, “ Toute personne a droit à la vie ”.
Le changement de formulation, ainsi que l’inscription dans le traité de Constitution Européenne donnent une nouvelle force à cet article. Il va permettre de définir le sort qui sera réservé au fœtus dans sa qualification juridique et par voie de conséquence l’avenir de l’avortement. En étant inscrit dans la Constitution Européenne, il aura une force supérieure à tout autre texte national.
C’est sur cet article 2 de la CEDH que se fonde le débat en Irlande pour savoir si l’avortement est conforme ou non au droit européen. [3]
Le droit français et la jurisprudence européenne n’attribuent pas de personnalité juridique au fœtus, au grand désespoir des groupes de pression catholiques. Ces groupes se défendent évidemment de vouloir porter atteinte au droit à l’avortement, mais oeuvrent pour qu’existe un délit “ d’interruption involontaire de grossesse ”[4]. L’objectif est de donner au fœtus le statut juridique de “ personne ”, et par là-même de rendre illégal le recours à l’avortement.
Intégrer la notion de “ droit à la vie ” dans la Constitution européenne met en danger le droit à l’avortement.
L’Italie a adopté le 19 février 2004 une loi dont l’article 1 précise que les droits de l’embryon sont équivalents à ceux de la personne[5]. Malte et la Pologne ont posé un préalable à leur adhésion à l’Union Européenne : la non remise en cause de leur droit national relatif à la pénalisation de l’avortement. L’Irlande, le Portugal sanctionnent aussi pénalement le recours à l’avortement.
Faut-il revenir sur les conséquences catastrophiques des avortements clandestins ?
Ne laissons pas la future Constitution de l’Europe nous imposer une régression dans ce domaine : il est du devoir de chacun d’entre nous de se mobiliser pour faire supprimer l’article II-62 de la Charte des Droits Fondamentaux, pour que vive le droit à l’avortement.
Catherine Rosso - Professeur
Art II – 62 : Toute personne a droit à la vie
AF/Constitution/DC/fr 12
ARTICLE 21
Droit à la vie
1. Toute personne a droit à la vie.
Explication
1. Le paragraphe 1 de cet article est fondé sur l'article 2, paragraphe 1, première phrase, de la CEDH, dont le texte est le suivant :
"1. Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi...".
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[1] Rome, 4.XI.1950
[2] “ Les hommes aussi s’en souviennent ” - Une loi pour l’histoire. STOCK - p. 74
[3] “ Le droit à la vie et la controverse de l’avortement en Irlande ” Nathalie Nesseir 2001 - Université de Poitiers - DEA de droit public. http://memoireonline.free.fr/ http://memoireonline.free.fr/mem_avortement_irlande_0.html
[4] 30 ans d'IVG et toujours rien pour l'interruption involontaire de grossesse. Interview de Jerry Sainte Rose - Avocat général à la Cour de Cassation sur l'arrêt de la Cour européenne des Droits de l'Homme concernant l'homicide involontaire du fœtus. http://www.inxl6.org
[5] “ Référendum sur la procréation médicalement assistée ” J.J. Bozonnet – Le Monde 15 janvier 2005