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Israël pourrait reloger des colons de Gaza en Cisjordanie
LEMONDE.FR | 16.02.05 | 11h03
De source autorisée américaine, on indiquait, mardi, que si ce projet voyait le jour, il nuirait aux efforts actuels de relance de la "feuille de route" internationale pour la paix.
Le gouvernement israélien a fait savoir, mardi 15 février, à la colère des Palestiniens, que l'une des principales implantations juives de Cisjordanie pourrait être prochainement étendue avec l'arrivée de colons délogés de Gaza dans le cadre du plan de retrait de ce territoire.
Le plan d'évacuation de Gaza, a toutefois répété le premier ministre, Ariel Sharon, sera mené en coordination avec les Palestiniens.
Le ministre du logement, le travailliste Isaac Herzog, a précisé que ces colons auraient le choix de revenir en Israël même ou dans une implantation nouvelle, Gvaot, au sein de l'enclave existante du Goush Etzion, au sud-ouest de Bethléem.
"Israël se moque de nous en poursuivant le processus de colonisation", a aussitôt réagi le premier ministre palestinien, Ahmed Qorei.
En vertu de la "feuille de route" acceptée par Israël et les Palestiniens au sommet d'Akaba, en juin 2003, l'Etat juif doit geler la construction de colonies dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Selon M. Herzog, le projet de Gvaot remonte à une dizaine d'années, et aucune décision n'a encore été prise pour le construire. Mais, a-t-il ajouté, "je ne peux empêcher un particulier qui veut utiliser ses indemnités [de départ de Gaza] pour acheter une maison à Goush Etzion de le faire".
"J'examinerai la question et, bien sûr, je garderai à l'esprit les implications et contingences politiques", a-t-il ajouté, faisant allusion à l'hostilité américaine à la poursuite des activités de colonisation.
INQUIÉTUDE AMÉRICAINE
De source autorisée américaine, on indiquait mardi que, si ce projet voyait le jour, il nuirait aux efforts actuels de relance de la "feuille de route" internationale pour la paix.
Le bloc de colonies du Goush Etzion, une vingtaine de kilomètres au sud de Jérusalem, abrite quelque 15 000 colons - une des plus fortes concentrations de Cisjordanie. Ariel Sharon, qui prévoit d'évacuer quatre colonies de Cisjordanie en même temps que la totalité de Gaza, entend conserver le bloc sous souveraineté israélienne.
Le "mur" de sécurité en cours de construction pour protéger Israël des attentats palestiniens lancés à partir de la Cisjordanie doit en principe englober ce secteur.
De source politique, on indique que la prochaine réunion du gouvernement israélien, dimanche, devra à la fois ratifier le plan de retrait de Gaza, auquel les colons sont hostiles, et le futur tracé du mur autour du Goush Etzion.
M. Sharon présentait à l'origine ce plan de retrait comme une initiative unilatérale. Il accusait en effet le défunt président Yasser Arafat d'entretenir les violences et estimait ainsi ne pas disposer d'interlocuteur palestinien.
TROIS MORTS EN CISJORDANIE
Mardi, saluant "la nouvelle direction palestinienne qui (...) aimerait mettre un terme au terrorisme", M. Sharon s'est de nouveau engagé à coordonner le retrait israélien de Gaza avec les Palestiniens. "Je crois que ce retrait de Gaza sera coordonné avec les Palestiniens", a-t-il dit.
Cette coordination, a-t-il ajouté, vise à s'assurer que "la zone que nous quittons ne tombera pas (...) aux mains du Hamas et du Djihad islamique", et que les colons et les soldats ne seront pas pris sous le feu des activistes palestiniens lors de leur départ. "S'il y a des tirs, nous devrons réagir très très sévèrement et durement", a-t-il prévenu.
M. Sharon et le nouveau président palestinien Mahmoud Abbas ont proclamé un cessez-le-feu le 8 février lors d'un sommet à Charm el-Cheikh (Egypte). L'accalmie qui prévaut dans les territoires palestiniens avec la trêve de facto observée par les organisations radicales a cependant été mise à mal mardi, après de nombreux incidents la semaine dernière.
Au sud de Naplouse, des soldats israéliens ont abattu deux Palestiniens qui s'approchaient d'une colonie juive, a-t-on appris de source militaire israélienne. Ces deux hommes étaient membres des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, a-t-on précisé de source proche des services de sécurité palestiniens. Cependant, un chef de l'organisation a affirmé que ces activistes ne cherchaient pas à attaquer la colonie de Bracha mais qu'ils étaient chargé de protéger un village voisin en raison de craintes d'un raid de colons.
Un peu plus tôt dans la journée, un jeune Palestinien de 15 ans avait été tué et un autre adolescent blessé à Ramallah alors qu'ils lançaient des pierres. De source militaire israélienne, on a affirmé que Tsahal n'était pas impliquée dans cet incident, et le jeune Palestinien blessé a déclaré que les tirs provenaient d'une voiture civile israélienne.