Le bombardement de Dresde

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par logan » 13 Fév 2005, 23:46

a écrit :Les 13 et 14  février, 7  000 tonnes de bombes
LE MONDE | 12.02.05 | 13h00


Les bombardiers de la Royal Air Force ont effectué, les 13 et 14 février 1945, trois vagues de bombardements sur la "Florence de l'Elbe", déversant au total plus de 7 000 tonnes de bombes de nature diverses. C'étaient aussi bien des bombes incendiaires, au phosphore ou à fragmentation.  La ville de Dresde comptait alors de 800 000 à 1 million d'habitants, dont un tiers de réfugiés qui avaient fui soit les bombardements d'autres villes allemandes, soit l'avancée de l'armée rouge à l'est.

Les bombardements ont pratiquement détruit la ville, le château des ducs et rois de Saxe, l'Opéra, le musée, la Frauenkirche. Le nombre des victimes a d'abord été évalué à 250 000 par les Soviétiques, mais les spécialistes s'accordent aujourd'hui sur le nombre de 40 000.

La première vague de bombardements a eu lieu peu après 22 heures. Les sirènes avaient retenti quelque vingt minutes plus tôt et les habitants de Dresde avaient eu le temps de se terrer dans les caves des immeubles, les abris étant en nombre insuffisant. La deuxième vague est venue à 1 h 16 du matin. Détruites par les premiers bombardements, les sirènes d'alarme ne fonctionnaient plus. Pour échapper à la chaleur torride provoquée par les incendies - jusqu'à 1 000 0C -, la population s'était répandue dans les jardins et sur les rives de l'Elbe. C'est là qu'elle fut atteinte par les bombes. Les incendies se propageaient d'autant plus vite que les immeubles étaient éventrés. Une troisième vague de bombardements frappa la ville à 11 h 30, le 14 février.

Le bombardement et la destruction de Dresde ont donné lieu, après la guerre, à une discussion sur le sens de cette opération. Les Britanniques poursuivaient-ils des objectifs militaires ou voulaient-ils seulement effrayer les civils allemands ? Le recours aux bombardements des villes relevait d'une décision prise très tôt au début de la guerre. Dès l'été 1940, Winston Churchill considérait qu'Hitler pouvait être "repoussé et abattu" par une "attaque exterminatrice", à l'aide de bombardements entrepris depuis le sol britannique. Il en avait confié la conception au général Arthur Harris, surnommé plus tard "Bomber Harris".

Il s'agissait de détruire le potentiel industriel allemand mais aussi de briser le moral ("moral bombing") de la population civile tout en remontant le moral des Britanniques soumis eux-mêmes aux attaques aériennes de la Luftwaffe. Un autre argument était avancé par les Alliés : les bombardements avaient pour but de dresser l'opinion allemande contre Hitler. En réalité, ils avaient plutôt pour résultat de la souder derrière le Führer et en toute hypothèse, cet argument n'était plus guère valable en février 1945.

Churchill lui-même en convint un mois plus tard, en estimant que "le moment est venu où l'on doit examiner la question de savoir si les villes allemandes doivent être bombardées pour renforcer la terreur, même quand d'autres prétextes peuvent être évoqués". A propos de Dresde, parmi ces autres raisons, figurait la nécessité stratégique de détruire le potentiel industriel d'une ville qui était aussi un nœud de communication entre Berlin et Leipzig, afin de faciliter l'avancée de l'armée rouge. L'opération "Thunderclap" (coup de tonnerre), dont faisait partie la destruction de Dresde, avait été décidée au début de 1945 pour aider les Soviétiques.

Dans les premières années de l'après-guerre, les Allemands ont été très lents à évoquer le bombardement des villes par les Alliés qui, au total, de Hambourg à Berlin, de Fribourg aux concentrations urbaines de la Ruhr, avaient fait plus de 600 000 morts. Seule l'extrême droite, peu influente, les utilisait dans sa propagande. Il a fallu attendre la fin des années 1990 pour que des intellectuels et des écrivains, y compris ceux qui ne pouvaient être soupçonnés d'aucune complaisance envers le nazisme, intègrent ce chapitre dans l'histoire douloureuse de l'Allemagne. Mais ce nouveau regard a provoqué une autre discussion nourrie par la crainte qu'après des décennies dominées par le sentiment de la responsabilité et du repentir, les Allemands se présentent aussi en victimes de l'Histoire.

Daniel Vernet

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 13.02.05
logan
 
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