Décès de Ngo Van

Message par gerard_wegan » 04 Jan 2005, 13:25

<b>Ngo Van s'est éteint le 1er janvier 2005.</b><br><br>Né en 1913 dans un petit village près de Saïgon, il avait rejoint en 1932 l'opposition trotskyste vietnamienne. Emigré en 1948, il avait rejoint la France où il a travaillé en usine jusqu'à sa retraite.<br><br>Ngo Van était l'un des rares survivants d'une génération de militants révolutionnaires ayant lutté, au nom de la révolution sociale, à la fois contre la domination coloniale française puis contre la terreur stalinienne de Ho Chi Minh, qui fit assassiner, à la fin de la guerre, toute la direction trotskyste vietnamienne.<br><br>En France, l'un des combats de Ngo Van fut d'empêcher que disparaisse la mémoire de ses camarades de combat assassinés, que l'histoire officielle vouait à une seconde mort, celle de l'oubli. Dès 1955, il avait publié <i>Viêt-Nam 1920-1945, révolution et contre-révolution sous la domination coloniale</i> (réédité en 2000 chez Nautilus). Puis ce fut <i>Au pays de la cloche fêlée - Tribulations d'un Cochinchinois à l'époque coloniale</i> (L'insomniaque, 2000), un livre qu'il était venu présenter à la fête de Lutte Ouvrière.<br><br>Ngo Van vient donc de nous quitter. Il sera inhumé demain, mercredi 5 janvier, à 15 heures, au cimetière parisien d'Ivry (avenue de Verdun - M° Porte de Choisy). En plus de délégations présentes (au moins pour LO et la LCR, j'espère), tous les camarades qui le souhaitent sont évidemment invités à se joindre à l'hommage qui lui sera rendu. <br><br><a href= "uploads/post-12-1104842918.jpg">
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Message par ianovka » 04 Jan 2005, 13:29

C'est une triste nouvelle, j'avais eu l'occasion de le croiser à la fête, il m'avait fortement impressioné. J'espère qu'il y aura du monde à lui rendre hommage.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par othar » 04 Jan 2005, 18:25

putain, ça fait drôle...<br>ça devait être un des derniers trotskystes indochinois encore en vie?<br><br>je me souviens d'une expression qu'il avait l'air d'apprécier:<br><br>"voler au secours de la victoire"<br><br>
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Message par artza » 04 Jan 2005, 19:00

Salut et fraternité à un vieux lutteur.<br>Ces deux bouquins sont à conseiller.<br>Une précision Ngo Van avait rompu avec le trotskysme depuis le début des années 50. <br>Il partageait un point de vue communément qualifié d'ultra-gauche. <br>Il participa longtemps au bulletin ICO (Information et correspondance ouvrière) qui regroupait des militants rescapés de tout les groupes ultra-gauches de France.
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Message par pelon » 07 Jan 2005, 00:03

a écrit :
Ancien militant trotskyste vietnamien, Ngo Van est mort

L'ancien militant trotskyste vietnamien Ngo Van vient de mourir le 1er janvier à Paris où il vivait. Né en 1913 dans le village de Tân Lô, à 15 km de Saigon, ayant commencé à travailler à l'âge de 14 ans, il avait rejoint le mouvement trotskyste vietnamien en 1932 et participé à ses luttes. Arrivé en France en 1948, il y travailla trente ans comme ouvrier électricien jusqu'à sa retraite en 1978.

Au Viêt-nam, Ngo Van avait appartenu à l'une des deux fractions du mouvement trotskyste, celle dirigée par Lu sanh Hanh, plus méfiant vis-à-vis du parti stalinien que l'autre fraction, dirigée par Ta Thu Thau.

Les trotskystes vietnamiens avaient une influence non négligeable dans le milieu ouvrier de la région de Saigon, au point que, dans les années trente, le parti stalinien avait dû accepter de passer avec eux un accord de front unique dans le cadre de la lutte contre le colonialisme français. Les staliniens ne s'en préparaient pas moins à se débarrasser totalement de ces militants trotskystes. Ceux-ci représentaient la possibilité que dans la lutte anticoloniale, la classe ouvrière développe son indépendance de classe et arrache à la bourgeoisie nationale vietnamienne la direction de la lutte.

Cependant, le mouvement trotskyste vietnamien ne voulait pas croire que leurs différences avec les staliniens dans la conduite du combat anticolonial allaient conduire ceux-ci à les liquider physiquement.

En 1945, le mouvement trotskyste se trouva pris entre, d'un côté, les armées des puissances coloniales, d'autre part les staliniens qui n'hésitèrent devant rien pour prendre la tête du mouvement pour l'indépendance et en éliminer tous ceux qui pouvaient contester leur pouvoir. Les militants trotskystes furent alors anéantis. La plupart furent assassinés par les staliniens, notamment Ta Thu Thau. Quelques-uns furent expulsés par les autorités coloniales vers la France. La guerre d'Indochine qui commençait allait porter au pouvoir Ho Chi Minh et le parti stalinien, qui exercèrent le pouvoir au nom de la bourgeoisie nationale vietnamienne et refoulèrent toute revendication indépendante de la classe ouvrière.

Installé en France, Ngo Van se montra plutôt proche des groupes concluant à l'inutilité de la construction d'un parti révolutionnaire pour obtenir l'émancipation des travailleurs. Mais Ngo Van ne reniait pas son passé. Resté l'un des rares survivants du mouvement trotskyste vietnamien, il défendait la mémoire de ses camarades assassinés. Il consacra beaucoup de temps et d'énergie à raconter cette histoire, notamment dans deux livres, Viêtnam 1920-1945, Révolution et contre-révolution sous la domination coloniale et Au pays de la cloche fêlée, deux précieux témoignages exprimant sa vision sur une histoire mal connue.

Nous saluons la mémoire de ce militant, que nombre d'entre nous ont pu rencontrer, notamment à la fête de Lutte Ouvrière où il était venu commenter directement cette histoire.

Lutte Ouvrière n°1901 du 7 janvier 2005
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Message par gerard_wegan » 07 Jan 2005, 13:13

Quelques dizaines de personnes ont finalement accompagné le cercueil de Ngo Van au cimetière d'Ivry, mercredi 5 janvier, parmi lesquelles sa famille bien sûr, ses camarades (anciens d'ICO notamment, anciens camarades de travail également) ainsi qu'une délégation de LO. Cérémonie très sobre : une poésie qu'il aimait a été lue par ses fils, l'un en français, l'autre en vietnamien ; pas d'autre prise de parole.

A noter qu'un nouveau livre de Ngo Van, qu'il avait eu le temps de terminer, devrait sortir prochainement. Il s'agit de chroniques sur la période Ho Chi minh, rédigées depuis la France. Ngo Van était retourné pour la première fois au Viet-Nam il y a quelques années, après un demi-siècle d'exil. Il en avait rapporté d'autres chroniques, qui devraient figurer aussi dans cet ouvrage posthume.
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Message par com_71 » 13 Jan 2005, 11:36

J'ai lu ses souvenirs. "La cloche fêlée". Effrayant, ces centaines de militants promis à un massacre annoncé et qui n'ont rien pu faire, le moment venu, pour l'éviter.

Le mouvement trotskyste, au Viet-Nam comme ailleurs, était traversé par de nombreuses divisions (politiques, mais aussi dues aux difficultés de communications dans une situation "troublée"). Il est plein d'enseignements de voir que les divisions, divergences, n'empêchaient pas la fraternité entre combattants.

Il est par contre désolant de voir qu'une des leçons tirées par Ngo Van de ces événements où il y a eu à souffrir du manque d'organisation, soit l'inutilité d'un parti révolutionnaire
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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