par Cyrano » 05 Jan 2005, 23:44
<b>A Perraud :</b> Mais, Alice Krieg-Planque, quand on veut décrypter… Pasque au départ, ça pourrait se présenter comme : "Voici le discours dominant" et, eux, en fait, imposent un contre-discours de bois, on vient de le dire. Alors que généralement, ça se passe avec l'ironie, ça se passe avec un langage qui fait appel à votre intelligence et qui fait du décryptage : "Voyez comme je décèle ce qu'on vous cèle". Alors que là, il s'agit simplement d'imposer un contre-catéchisme, en définitive. C'est cela, le lexqiue sous tension ?<br><b>A Krieg-Planque :</b> Oui-oui-oui, c'est une des formes que peut prendre le lexique sous tension, même si lexique sous tension n'est pas un terme scientifique. C'est un terme que j'avais retenu pour le titre de la communication, pour ne pas trop jargonner et employer des termes qui seraient plus…<br><b>A Perraud :</b> Alors, jargonnez un brin, s'il vous plait ! Là, c'est moi qui vous y pousse…<br><b>A Krieg-Planque :</b> Eh bien, plutôt que de parler de lexique sous tension, j'aurais pu parler de cristallisation d'un jeu sociopolitique dans des séries lexicales accompagnées de commentaires méta-discursifs opacifiants ou non opacifiants – voilà, ce que j'aurais pou dire, mais peut être ne m'auriez vous pas invité, ça aurait été bien dommage.<br><b>A Perraud :</b> Bien sûr… Moi, je suis tout à fait prêt à ce que vous employez ce langage, simplement : traduisez le un tout petit peu. Tout ce que vous venez de dire à l'instant, c'est pas la traduction de lexique sous tension ?<br><b>A Krieg-Planque :</b> Là, ce que vient de lire Philippe Faure, ces extraits de Lutte Ouvrière, c'est une exemple de la façon dont un lexique est mis sous tension à l'intérieur du discours. C'est à dire que Lutte Ouvrière, ici, met sous tension, s'empare du vocabulaire, alors : gouvernemental, des patrons, du "on", du "dit-on", donc de différents types de locuteurs, les met sous tension pour opposer son propre vocabulaire.<br>C'est là qu'il y a mise sous tension mais je ne voudrais surtout pas que les étudiants qui nous écoutent imaginent qu'ils 'agit là d'une catégorie scientifique que l'on pourrait retrouver dans une grammaire ou dans des textes scientifiques.<br><b>G. Petiot :</b> Oui, je crois qu'on y retrouve ce qu'on peut appeler des mots-slogans qui ont été dénoncés de très longue dates, comme caractéristique de ces discours stéréotypés : "client" est actuellement valorisé, y compris à la SNCF, etc. dans une série de services publics. On est client, donc on a des droits en tant que client plus encore qu'en tant qu'usager. Et quand on la casse des retraites ou ce genre de choses, on est dans les mots-slogans de LO, obligatoirement; et quand on a l'exploitation des agents, on est dans un discours avec des mots slogans qui caractérisent immédiatement le groupe qui parle.<br>