C'est moi qui ai souligné.
a écrit :
La CFDT forme 50O recruteurs pour regagner des adhérents
LE MONDE | 27.12.04 | 15h04
En 2005, des "développeurs" seront chargés d'attirer de nouvelles recrues, notamment dans les services publics. Le syndicat de François Chérèque cherche ainsi à compenser les départs de 35 000 à 50 000 militants, consécutifs au soutien que la confédération avait apporté à la réforme des retraites.
Se renforcer. Attirer de nouveaux adhérents dans un pays où le taux de syndicalisation n'atteint pas 9 %. Voilà le mot d'ordre et la priorité pour l'année 2005 à la CFDT comme à la CGT. Pour tenir cet objectif, la confédération dirigée par François Chérèque, qui a dû subir le départ de 35 000 à 50 000 adhérents depuis la réforme des retraites à l'été 2003, n'hésite pas à mettre les moyens. Elle vient de lancer une opération de recrutement de ce qu'elle appelle des "développeurs" : des militants de la CFDT qui vont aider les syndicats de base, les fédérations professionnelles et les régions ou départements à accroître le nombre de leurs adhérents. La CGT, elle, lancera dès la mi-janvier une grande campagne nationale d'adhésion.
A la CFDT, 500 recruteurs sont déjà en cours de formation : une première vague de 200 d'entre eux devrait achever leur initiation en février 2005. Les autres suivront à l'automne. L'idée de ces "commerciaux" un peu particuliers n'est pas nouvelle. C'est Edmond Maire, l'ancien dirigeant de la centrale, qui a mis en place les premiers "développeurs", en 1988. Parmi ceux-ci figurait d'ailleurs François Chérèque, l'actuel secrétaire général de la CFDT.
A l'époque, seules quelques branches avaient expérimenté le dispositif, comme la santé - où militait M. Chérèque -, l'agroalimentaire ou la fédération "interco" (fonction publique territoriale). Il s'agissait déjà de confier à des spécialistes, formés à cette mission, le développement des syndicats et le recrutement des adhérents.
Si les régions et les fédérations professionnelles ont depuis repris le concept, cela faisait longtemps que la confédération n'avait pas relancé de formation de ces recruteurs au plan national. Au lendemain du conflit sur les retraites, au printemps 2003, et de la crise qui l'a secouée, la CFDT s'est décidée à lancer un nouveau recrutement national.
Cette formation s'étend sur une année et réunit les candidats à trois occasions pour des sessions allant de une à trois journées. Les militants y apprennent pourquoi le syndicat doit se développer, ce qu'est le "syndicalisme d'adhérents" cher à la CFDT, quelles sont les pratiques de communication et comment concevoir un plan de développement dans une entreprise ou dans une branche.
"LE MILITANT SE FLAGELLE"
"On ne forme pas des commerciaux", se défend Grégory Martin, secrétaire confédéral en charge du développement, qui redoute par ailleurs que les militants de base se sentent désinvestis de leur mission de recrutement. La culture cédétiste diffère sur ce point de celle de la CGT, où tous les militants doivent "placer des cartes et des timbres" à leurs collègues.
Pour M. Martin, il est nécessaire de disposer de spécialistes, de professionnels qui sauront faire face aux difficultés de recruter de nouveaux adhérents. "Quand un salarié refuse de prendre sa carte à la CFDT, on ne sait pas s'il le fait à cause de Chérèque ou de l'accord sur les retraites, à cause du syndicat de la boîte ou du militant qui lui propose", explique-t-il.
Il faut donc accepter ce refus en essayant d'en saisir les ressorts. Changer aussi une certaine culture CFDT. "On s'est aperçu qu'il y avait une vraie logique de sacerdoce : le militant se flagelle, il est dans la souffrance, alors on travaille beaucoup sur la dimension de plaisir, de l'accueil du nouveau salarié aussi", raconte le responsable des "développeurs".
Les fédérations et les régions sont vivement encouragées à reprendre ce programme de formation. Pour la direction de la CFDT, un secteur est tout particulièrement visé par cet effort de recrutement : les services publics, là où la confédération a perdu le plus de militants.
A la CGT, c'est un scénario inverse qui a été retenu : forte dans le secteur public, la confédération dirigée par Bernard Thibault souhaite rattraper son retard dans le secteur privé. Elle lancera, le 13 janvier, sa campagne d'adhésion. Lors du comité confédéral national (CCN), tenu les 29 et 30 septembre, M. Thibault avait constaté la stagnation de son syndicat et la difficulté d'atteindre l'objectif du million de militants. "Avec 700 000 adhérents, nous sommes encore loin du compte et pour tout dire, nous ne décollons pas", avait-il regretté.
Le comité confédéral avait alors arrêté un "plan national de syndicalisation" qui devrait se concrétiser "par un ciblage de sites prioritaires à déterminer ensemble". L'objectif sera donc, dès le début 2005, de "renforcer et transformer la CGT pour faire face à des enjeux considérables". Aux yeux de M. Thibault, "la trop faible présence de la CGT, notamment dans certaines professions, dans certains bassins d'emploi et dans les petites entreprises du secteur privé, explique la difficulté des salariés à se faire entendre".
Au moment où le gouvernement revient sur les 35 heures et modifie la législation encadrant les licenciements économiques, les dirigeants de la CGT et de la CFDT jugent urgent, pour les syndicats, de renforcer leur assise dans tous les secteurs.
Rémi Barroux
865 528 militants revendiqués
CGT : arrivée en tête des élections prud'homales de décembre 2002 (32,1 % des voix), la centrale déclare 650 000 adhérents auprès de la Confédération européenne des syndicats (CES). Son secrétaire général, Bernard Thibault, en recensait 700 000 en septembre.
CFDT : la confédération, qui a recueilli 25,2 % des voix aux prud'homales, revendique 865 528 adhérents auprès de la CES).
FO : avec 18,3 % aux dernières prud'homales, FO déclare 800 000 adhérents à la CES.
CFTC : le syndicat chrétien (9,7 % aux dernières prud'homales) revendique 250 000 adhérents.
CFE-CGC : la centrale des cadres (7 % aux prud'homales) annonce 140 000 adhérents.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 28.12.04