Déjà qu'est-ce que l'on entend par "classes moyennes"
Marx désignait par classes moyennes
la paysannerie, les petits commerçants, les boutiquiers et les artisans.Or on ne peut être que frappé du fait que comme l'avait prévu Marx leur proportion diminue sans cesse. Au début du 19ème siècle la France était composée d'une énorme majorité de ruraux. Aujourd'hui les
paysans c'est moins de 3% de la population! Et dans les pays comme la Chine, l'Inde ou la corée du sud aujourd'hui on assiste au même exode rural et à la multiplication des prolétaires.
De même peu à peu la grande distribution capitaliste a dévoré les
petits commerces, y compris ceux que l'on pensait difficile à remplacer comme les boucheries ou les boulangeries. Géant et autres Auchan dévorent au fil des ans les productions
artisanales et les petits commerces.
(En France) Les boulangeries pâtisseries sont passées de 40 000 en 1966 à 22 000 en 1998, les boucheries de 50 000 à 14 000 et les épiceries de 87 000 à 13 000. Dans le même temps, les supermarchés sont passés de 200 à plus de 5 000 et les hypers de 1 à plus de 1 200 (employant 700 000 salariés)Et Le commerce de proximité alors? Auchan a ATAC pour le dévorer, Géant a Casino. Les
artisans disparaissent petit à petit.
Sur tous ces points l'histoire donne raison à Marx. :wavey:
Le rapport salarial s'est généralisé et ne laisse quasiment plus aucune place à un autre rapport de production.
Mais la question qu'on peut se poser c'est:
Est-ce qu'on peut comparer un ouvrier du 19ème siècle à un cadre dans une grande entreprise en 2004? Tous 2 sont salariés après tout?
Certes mais ils ne jouent pas le même role dans la production et le cadre est surpayé par rapport à sa valeur réelle. Il est placé dans la classe moyenne et, de fait, il est souvent aux cotés du patron lors des grèves. (je schématise)
Cela dit de plus en plus les
employés qui se multiplient (surtout aux USA) se rapprochent des ouvriers car leur taches se limitent à des travaux d'exécution. Leur salaire est proche de celui des ouvriers.
Donc mettre les employés dans la classe moyenne c'est complètement artificiel, c'est passer sous silence le travail à la chaine des caissières ou des opératrices téléphoniques.
Le "tertiaire" ce n'est plus seulement des cadres comme dans les années 50, mais ce sont surtout les ouvriers des services, les employésCet argument des classes moyennes empechant toute possibilité de révolution pouvait sembler crédible à une époque où le capitalisme se développait en même temps qu'il offrait un avenir et une amélioration du niveau de vie ("30 glorieuses"). Le capital "achetait" la paix sociale en cédant frigo voitures et sécurité sociale aux salariés. Aujourd'hui il n'en a plus les moyens et les cadres périclitent, les salariés ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois.
L'illusion d'une classe moyenne à l'abri des méfaits du capitalisme et gage de stabilité sociale n'aura pas duré longtemps.
Pour en savoir plus voici un excellent article de débat militant (affilié à la LCR)
débat militant Débat_militant.doc