a écrit :L'Express du 17/04/2003
Oxfam
Les VRP du Sud
par Eric Chol
Née à Oxford en 1942, lors du blocus de la Grèce par les Alliés, c'est l'une des plus vieilles ONG. Ses représentants sont sur tous les fronts: séismes, inondations, éruptions volcaniques ou guerres. Aujourd'hui, ils attendent les réfugiés irakiens. Mais l'urgence n'est pas leur seule mission: ce sont aussi de très efficaces lobbyistes dont l'objectif est de faire reculer la misère du monde
Vingt fois par jour, les journalistes lui posent la même question. «Mais où sont les réfugiés?» A peine agacé, Alex Renton répond. Oui, les deux camps de réfugiés installés à Ruweished, en Jordanie, et prévus pour accueillir 10 000 personnes sont vides ou presque. Mais rappelez-vous: en 1991, la guerre du Golfe avait jeté sur les routes irakiennes plus de 1,8 million de personnes. Or celles-ci avaient attendu près de quarante-cinq jours avant de fuir.
Entrée à l'Elysée
"C'est Bono, le chanteur de U2, qui a joué les intermédiaires. Fidèle supporter d'Oxfam, Bono a profité d'un rendez-vous avec le président Chirac, en juin 2002, pour lui présenter une porte-parole de l'ONG. Céline Charveriat, une Française de 30 ans qui dirige depuis 2001 le bureau de Genève d'Oxfam International, s'est ainsi retrouvée au côté du chanteur à expliquer au président, pendant quarante-cinq minutes, les positions d'Oxfam. Depuis, les liens se sont resserrés: un conseiller de l'Elysée a reçu à plusieurs reprises des représentants de l'organisation, et celle-ci a été conviée aux réunions de préparation du G 8. Enfin, le 28 février dernier, Jacques Chirac recevait à nouveau Bono à l'Elysée, toujours accompagné de la jeune Française. Il est vrai que le président est devenu très populaire au sein de l'organisation britannique depuis sa promesse de geler les aides agricoles qui ruinent l'Afrique. «Une idée que nous saluons», explique-t-on chez Oxfam, décidée à ne plus lâcher Jacques Chirac jusqu'à la réalisation de sa promesse... "
Les malheurs de la guerre et les cohortes de réfugiés, Alex Renton connaît. Avant de devenir, en 2001, l'un des porte-parole d'Oxfam International, une ONG multicarte spécialiste de l'urgence et des campagnes de lobbying, ce Britannique de 44 ans a longtemps été le correspondant de guerre du quotidien Evening Standard. De l'Indonésie au Kosovo, il a couvert les conflits sur tous les points chauds du globe. Aujourd'hui, l'ancien «pompier volant» de la presse s'est transformé en croisé de l'humanitaire. Troquant stylos et carnets de notes pour réservoirs d'eau et kits de nutrition. En poste à Amman depuis le début de la guerre d'Irak, il trépigne d'impatience: «Les camps de réfugiés sont prêts, nous avons acheminé des tonnes de matériel, mais rien ne se passe.»
Enfin, le 30 mars, première bonne nouvelle: un convoi humanitaire de 30 camions, dont un frappé du logo vert d'Oxfam, quitte la capitale jordanienne pour Bagdad. La route des médicaments est ouverte. Le 14 avril, un ingénieur de l'ONG a pu se rendre dans le sud de l'Irak, préparant l'arrivée des équipes. A l'arrière, c'est l'ensemble de la machine Oxfam qui se mobilise depuis des mois pour l'Irak. Un ingénieur est venu sur place en novembre dernier pour dresser un état des lieux alarmant des infrastructures sanitaires du pays. Sur la base de ce rapport, les responsables de l'organisation ont bâti leur stratégie. D'un côté, panser les plaies, en installant des camps de réfugiés dans les pays voisins (Jordanie, Syrie et, prochainement, Iran et Turquie) et en expédiant du matériel dès le mois de février. De l'autre, faire pression auprès des gouvernements. A l'automne 2002, Barbara Stocking, la patronne d'Oxfam Grande-Bretagne, s'est rendue au siège des Nations unies pour rencontrer les membres du Conseil de sécurité. Acheminement des secours, reconstruction de l'Irak, rôle des Nations unies, l'ONG produit chaque semaine des nouveaux «briefing papers», autrement dit des résumés stratégiques. Et assure leur diffusion grâce à un service de presse très efficace. Trois jours avant le début de la guerre, un plan média était soigneusement concocté à Oxford. Conférence de presse à Londres, interviews sur CNN ou Sky News, désignation d'un porte-parole sur le conflit irakien: rien n'a été laissé au hasard.
Logique, puisque la marque de fabrique d'Oxfam, c'est d'abord son professionnalisme. Très peu connue en France, l'organisation occupe pourtant un rang à part dans le monde des ONG. Parce qu'elle est non seulement l'une des plus riches ONG du monde, mais aussi l'une des plus influentes et respectées. «Oxfam est un de nos interlocuteurs les plus sérieux», souligne le commissaire européen Pascal Lamy. De Porto Alegre à Davos, de Washington à Johannesburg, elle sait faire entendre sa voix. Qu'il s'agisse de l'Irak, des trafics d'armes, des subventions agricoles ou de l'accès aux médicaments dans les pays pauvres, elle se bat sur tous les fronts. Avec un discours qui tranche sur le tintamarre habituel des antimondialisation. Conjuguant urgence humanitaire et campagne de lobbying, ses dirigeants ne rêvent pas du grand soir mais de nouvelles règles du jeu. Utopistes? Non, réformistes. Avec une bonne dose de pragmatisme, Angleterre oblige. Voyage au cœur d'une ONG pas comme les autres.
Des moyens hors du commun
C'est sans doute à Bicester, petit village tranquille à quelques kilomètres d'Oxford, que l'on peut jauger d'un coup d'œil l'efficacité du dispositif de l'ONG. Sous un grand hangar soigneusement gardé reposent des piles de caisses en bois, parfaitement alignées. Ici, des réservoirs d'eau; là, des toilettes portables ou des robinets en kit. Au total, des milliers d'articles prêts à être expédiés en quelques heures. «En 1994, lors de la guerre du Rwanda, nous avons envoyé l'équivalent de quatre fois ce hangar en moins de deux semaines,» explique Rod Hogg, responsable de l'entrepôt. Ainsi, un vol Londres-Koweït City, prévu le 17 avril, devait ravitailler l'Irak en matériel.
«Dès l'origine, nous avions cette double mission: l'urgence et le lobbying»
Faire face à l'urgence: cette mission fait partie des gènes de l'organisation. Petit retour en arrière. En 1942, l'Europe est en guerre, et les Alliés organisent le blocus de la Grèce, occupée par les nazis. En Angleterre, des associations se mettent en place pour venir en aide aux populations civiles, privées de nourriture. C'est ainsi que naît le comité d'Oxford de lutte contre la faim, qui envoie de l'argent en Grèce et tente d'infléchir la position du gouvernement britannique. Rapidement, le comité en question sera baptisé du nom de son adresse télégraphique: Oxfam. «Dès l'origine, nous avions donc cette double mission: l'urgence et le lobbying», explique la directrice actuelle. Deux métiers que l'association va développer à grande échelle, grâce à des moyens hors du commun. Pour ses missions humanitaires, l'ONG s'est, par exemple, dotée d'une équipe de 45 personnes: la «force d'action rapide». Tremblement de terre, inondation ou éruption de volcan: ces spécialistes, présents aux quatre coins du monde, sont mobilisables à tout instant. Mais Oxfam ne se contente pas de soulager la misère du monde. Son objectif est de la faire reculer. En creusant des puits en Afrique, mais aussi en faisant le siège des capitales et des institutions internationales. En clair, en devenant un acteur incontournable de la mondialisation.
Le véritable coup de force de l'ONG a été la publication, il y a un an, d'un rapport volumineux sur le commerce international. Surprise: le document en question, intitulé «Deux poids, deux mesures» (300 pages), ne ressemble pas à un pamphlet antimondialisation. «Car nous croyons que le système peut être changé de l'intérieur», explique Barbara Stocking.
Une conviction qui explique la position souvent ambiguë du mouvement: à la fois dedans et dehors. Dans les couloirs des ministères, pour amender des textes, et dans la rue, avec les manifestants. A Davos, au sommet des riches, et à Porto Alegre, pour le rendez-vous annuel des antimondialisation (financé cette année par l'ONG britannique à hauteur de 400 000 dollars).
Rebelote début juin, lors du prochain sommet du G 8 à Evian. Oxfam, qui participe aux réunions de préparation organisées par l'Elysée, sera aussi l'un des partenaires du contre-sommet prévu à Annemasse.
Schizophrènes, les responsables de l'organisation? «Au contraire, explique Jo Leadbeater, responsable d'Oxfam International à Bruxelles. Nous avons besoin du soutien de la société civile et, en même temps, nous voulons notre place à la table des discussions.»
Des rapports redoutés
Une stratégie que l'ONG s'efforce d'appliquer pour chacune de ses actions. En septembre 2002, elle a lancé une campagne baptisée «Une tasse de café au goût d'injustice», dénonçant les bénéfices réalisés par les géants de l'agroalimentaire, Nestlé en tête. Ne relâchant pas sa pression, Oxfam a ouvert juste avant Noël un deuxième front contre l'entreprise suisse, en l'accusant de réclamer des millions de dollars au gouvernement éthiopien en guise de compensation pour l'expropriation d'une usine en 1975. Après deux semaines de campagne médiatique menée tambour battant, 40 000 e-mails de protestation sont arrivés au siège de Nestlé, à Vevey. Pris de court, le roi du café instantané et du lait en poudre a retiré sa plainte, trouvant un arrangement avec les autorités d'Addis-Abeba.
En matière d'agit-prop, Oxfam n'a de leçons à recevoir de personne. A Oxford, c'est un vrai pro qui orchestre toutes les campagnes. Ancien animateur de radio, Adrian Lovett a été le cofondateur de la campagne Jubilée 2000 pour l'annulation de la dette du tiers-monde, au côté du chanteur Bono. Les slogans-chocs de l'ONG, c'est lui. Les ânes chargés de sacs de café déboulant devant la City à l'automne, c'est encore lui. A la tête d'un budget de 5,5 millions d'euros et d'une équipe de 60 personnes, il assure le tam-tam médiatique de l'organisation. Son agenda est rempli: après le G 8 d'Evian se profile, en septembre, la réunion de l'Organisation mondiale du commerce, à Cancun, au Mexique. Un rendez-vous planétaire auquel Oxfam se prépare depuis plusieurs mois.
Moins visible mais tout aussi efficace est le réseau de lobbying tissé dans tous les lieux de pouvoir. A Londres, bien sûr, où l'association dispose de solides relais au sein du gouvernement travailliste. Mais aussi à Bruxelles, Washington ou Genève... Au total, une brochette de 23 lobbyistes, animés par Phil Bloomer, arpentent les couloirs de la Commission européenne, de la Banque mondiale ou de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Au Parlement européen, l'ONG peut aussi compter sur le soutien de deux eurodéputés, une Britannique et un Néerlandais, tous deux anciens responsables du mouvement.
Pour nourrir leurs arguments, les militants d'Oxfam peuvent puiser dans les munitions fournies par le gourou de la maison, Kevin Watkins. Patron du département de la recherche, il établit des rapports aussi argumentés que redoutés: «Une entreprise nous a même proposé de l'argent pour ne pas publier une étude la mettant en cause», dit en souriant la directrice anglaise. C'est ainsi que sur des sujets souvent arides - subventions agricoles, dumping… - Oxfam s'est taillé une réputation d'expert. Au point qu'un jour le département de recherche de la Banque mondiale a adressé à l'ONG un message électronique pour lui demander des tuyaux. Une requête savoureuse quand on sait que la Banque mondiale emploie une flopée d'économistes (115 sont répertoriés sur son site Internet) pour seulement 3 à Oxford!
Armés de leurs rapports, les experts de l'ONG ne ratent aucun des grands rendez-vous internationaux. A la conférence ministérielle de Doha, à l'automne 2001, ils étaient venus à 10, dont une Britannique qui avait réussi à faire partie de la délégation officielle de son pays. Une accréditation en or pour se faufiler dans les salles de négociations… «Ce sont des gens très sérieux, qui ne ratent jamais une réunion», reconnaît, sous le charme, une de leurs interlocutrices à Bruxelles.
Pourtant, les échanges avec la Commission ne sont pas toujours tendres. A la suite du rapport sur le commerce international d'Oxfam, Bruxelles a répliqué par un tir de barrage, sous forme d'une lettre de 30 pages, mettant en pièces les arguments de l'ONG. «On se donne des coups, mais cela fait partie du débat et celui-ci est de bonne qualité», convient, beau joueur, le commissaire Pascal Lamy. Dans son entourage, on admet entretenir des contacts fréquents avec les responsables d'Oxfam, voire solliciter leur avis.
Une multinationale de l'humanitaire
Des relations difficilement avouables, car elles feraient hurler les ONG les plus radicales, prêtes à tirer à boulets rouges sur la Commission européenne. Il faut dire que, dans le petit monde des antimondialisation, le rapport d'Oxfam sur le commerce international a fait des vagues. «Il a provoqué des dégâts chez nos partenaires», souffle un responsable européen d'Oxfam. Walden Bello, directeur du mouvement Focus on the Global South, a d'ailleurs pris sa plume pour dire très poliment - entre ONG, la courtoisie est de mise - tout le mal qu'il en pensait. Plus direct, le responsable d'un collectif d'ONG françaises lâche l'injure suprême: «Ce sont des libéraux.»
4 000 employés dans le monde
L'attaque a fait mouche, et mis Oxfam dans une passe délicate. D'autant que les retards pris, au sein de l'OMC, dans les négociations sur les médicaments ou l'agriculture renforcent le camp de la contestation. «Oxfam craint d'être perçue comme trop souple, d'où une certaine radicalisation actuellement», commente une spécialiste. Poussée par son aile gauche (en particulier en Belgique), l'organisation tente de recoller les morceaux avec la mouvance antimondialisation: une quarantaine de ses membres ont débarqué à Porto Alegre en janvier dernier. Cinq jours durant, ils ont enchaîné réunions et ateliers de travail. Ici, un déjeuner avec Bernard Cassen, président d'honneur d'Attac; là, une rencontre avec le conseiller spécial de Jacques Chirac... Au passage, le Forum social mondial a aussi permis aux responsables du mouvement de préparer leur arrivée dans l'Hexagone. «Pas question de faire un parachutage; nous souhaitons nouer une alliance avec une ONG locale», explique Jeremy Hobbs, directeur d'Oxfam International.
Qui sera leur futur partenaire? Des contacts ont été pris avec Attac, mais ils se sont limités à des travaux d'approche. Les deux organisations ont beau se situer «du même côté de la barrière», selon Susan George, vice-présidente d'Attac, les atomes crochus ne sont pas légion. Les affinités sont plus nettes avec Agir ici, spécialiste du lobbying. N'est-ce pas dans les bureaux de cette ONG française que s'est installée début mars Annick Jeantet, nouvelle représentante française d'Oxfam?
Pouvoir se payer un vrai réseau international, beaucoup d'ONG en rêvent, peu ont les moyens de se l'offrir. Sauf Oxfam, devenue, avec 275 millions d'euros de ressources, une vraie multinationale de l'humanitaire, présente sur tous les continents, grâce à son réseau d'affiliés (12 au total). Certes, l'organisation n'a jamais quitté son siège historique, un petit bâtiment de brique au nord de la ville d'Oxford, mais, pour abriter ses 1 700 employés permanents au Royaume-Uni - 4 000 au total dans le monde - elle a essaimé, au point d'occuper désormais 9 immeubles.
Sa puissance financière, Oxfam la doit avant tout à la générosité des Britanniques. Chaque mois, ils sont 650 000 à lui verser leur obole (2 livres en moyenne): «Nous avons plus de supporters que le Parti travailliste», se réjouit-on au siège. Sans parler des gros donateurs, qui signent des chèques de plusieurs dizaines de milliers de livres. Dans un pays où le guilt business (le business de la culpabilité) fait tourner les charities (organisations caritatives), les traders de la City, les artistes ou les stars remplissent les caisses d'Oxfam, le plus souvent en conservant l'anonymat. «Nous emmenons nos bienfaiteurs visiter nos projets dans les pays en développement pour leur montrer à quoi sert leur argent», explique un porte-parole.
Les subventions de l'Etat ou de l'Union européenne sont la deuxième source de revenus de l'organisation. Là encore, on ne retrouve guère les états d'âme que l'on connaît en France, où beaucoup d'ONG ont le sentiment de se compromettre en acceptant l'argent de l'Etat. Seule règle: la part d'un financeur ne peut excéder 10% des recettes. Enfin, le budget de l'organisation est également alimenté par les bénéfices réalisés dans les 800 boutiques estampillées Oxfam (plus de deux fois le nombre de magasins Marks & Spencer). Avec des gains non négligeables, mais surtout une garantie de notoriété, tant les «Oxfam shops» font partie du quotidien de nos voisins d'outre-Manche.
Gommer sa culture anglo-saxonne
Pas question pour autant de gaspiller la moindre livre sterling. Le visiteur distrait qui oublie de rendre le badge reçu à la réception peut lire au dos de celui-ci: «Cet article nous coûte 1,25 livre. Merci de bien vouloir le renvoyer.» L'organisation a beau être très riche (son budget représente trois fois celui de Médecins sans frontières), elle gère ses ressources avec parcimonie. Au siège, on empruntera plutôt les escaliers que les ascenseurs, tandis que les consommations d'alcool sont bannies des notes de frais. Le politiquement correct fait aussi partie de la culture maison…
Plus sérieusement, pour mettre de l'huile dans les rouages, ses dirigeants ont compris très tôt l'importance de recruter des professionnels. Loin de ressembler à une équipe de hippies des années 1970, le comité de direction aligne quelques cadors du secteur privé ou de la fonction publique, comme le directeur financier, un ancien de Bosch, en Allemagne. Même constat au sein du conseil d'administration. Certes, la majorité des 15 membres (les trustees) est issue du gratin de l'université, mais une poignée d'entre eux se sont frottés au monde de l'entreprise: Mac Kinsey, UBS Warburg ou Sainsbury. «Mais, attention, la greffe du privé ne prend pas toujours», prévient Jane Cotton, directrice des ressources humaines. Ainsi, en 2001, Oxfam a recruté David Earnshaw, lobbyiste chez Smithkline Beecham, une bonne pioche, au moment où l'ONG se battait bec et ongles contre les laboratoires pharmaceutiques sur le prix des médicaments dans les pays pauvres. Mais, après une petite année, David Earnshaw, déçu par Oxfam, qu'il jugeait trop absorbée par son image médiatique, a refait ses valises pour un cabinet de relations publiques. Peut-être aussi s'agissait-il de retrouver un meilleur salaire, car les feuilles de paie de l'ONG ne ressemblent pas à celles du privé. Beaucoup d'employés ont dû accepter de fortes baisses de rémunération: Helen Palmer, chargée des relations avec la presse, qui gagne aujourd'hui 35 500 €, a vu ses revenus divisés par deux par rapport à l'époque où elle travaillait pour une chaîne de télévision aux Etats-Unis.
«Nous n'offrons pas les meilleurs salaires, mais, comparé aux autres ONG, nous sommes dans le haut de la fourchette: c'est indispensable pour attirer de bons éléments», nuance Jane Cotton. Ainsi, depuis trois ans, la grille des salaires a été nettement révisée à la hausse, s'échelonnant entre 14 300 et 64 500 €, sans compter des extras pour les postes les plus exposés à la concurrence (jusqu'à 20 000 € par an pour un informaticien, par exemple). Quant aux dirigeants, ils n'ont pas à se plaindre. Si Barbara Stocking a dû accepter une baisse de son salaire en quittant le National Health Service pour Oxfam, elle perçoit quand même 109 000 € par an. En comparaison, les plus fortes rémunérations chez Médecins sans frontières ne dépassent pas 52 000 € par an.
Reste à savoir si l' «Oxfam spirit» est transposable en France. Car, avec la meilleure volonté du monde, l'ONG aura du mal à gommer sa culture anglo-saxonne. Sa petite annonce pour recruter son futur responsable français est un texte très précis décrivant le poste («lobbying auprès du gouvernement et des hommes politiques français»), suivi d'une liste détaillée des qualités requises. Oxfam souhaite un candidat «flexible, capable de travailler sous pression, qui ne compte pas ses heures et pouvant occasionnellement voyager». Chassez le naturel, la flexibilité anglo-saxonne revient au galop! Ultime précision: le poste offert est un CDD de six mois, éventuellement renouvelable…
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