Une société barbare

Dans le monde...

Message par Pélagiste » 26 Oct 2004, 15:50

a écrit :ISRAEL-PALESTINE : PALABRES AU PARLEMENT ET TERRORISME D'ETAT

    Pendant des semaines, il ne s'est pas passé un jour sans que la télévision montre des images de maisons démolies, de femmes, d'hommes et d'enfants tués en Palestine par l'armée israélienne. Sous la dénomination cynique de "Jour de pénitence", l'armée israélienne a mené une opération militaire avec des chars d'assaut et des hélicoptères contre Gaza, cette étroite bande de terre où s'entassent un million de Palestiniens vivant dans une misère effroyable.
    Le prétexte de l'opération était de mettre fin aux lancements de roquettes à partir de Gaza vers le territoire israélien. Mais, à en juger par les dizaines et les dizaines de morts civils, chaque jour, parmi lesquels des enfants se rendant à l'école, il s'agissait surtout d'infliger une punition collective à toute une population.
    Le gouvernement d'extrême droite Sharon ne fait même plus mine de discuter avec les dirigeants de l'"Autorité palestinienne", une caricature d'Etat installée sur un territoire exigu, pauvre et morcelé. Son objectif est d'engager un processus unilatéral en séparant les communautés israélienne et palestinienne. L'expression la plus barbare de cette séparation est le mur que l'Etat d'Israël est en train d'ériger autour des morceaux du territoire palestinien.
    C'est une politique abjecte qui enferme la population palestinienne dans un véritable camp de concentration. Les entreprises et les capitaux se trouvant en territoire israélien, la survie des habitants des terres laissées aux Palestiniens dépend entièrement de la possibilité de chercher du travail de l'autre côté du mur. Mais les autorités israéliennes peuvent à leur gré ouvrir ou refermer les points de passage.
    Artisan de cette politique de séparation, Sharon veut en même temps préserver à l'intérieur des territoires palestiniens l'installation de colons israéliens, armés jusqu'aux dents et s'assurant un niveau de vie à l'occidentale au milieu de la misère générale. Il juge cependant plus prudent de retirer ces colons de la bande de Gaza car défendre quelque 8 000 colons au milieu d'une population exaspérée d'un million d'habitants est une tâche insurmontable.
    Il s'est trouvé cependant des politiciens plus à droite que lui, qui exploitent la colère des colons refusant de rendre la moindre terre prise aux Palestiniens. Privé au Parlement du soutien d'une partie des politiciens de son propre camp, Sharon en trouvera sans doute du côté de la gauche travailliste qui montre par là que sa politique ne diffère pas tellement de celle de l'homme de droite au pouvoir.
    Les deux peuples auraient intérêt à cohabiter fraternellement sur une terre qui, pour être petite, leur permettrait d'y vivre à condition justement qu'ils y vivent en égaux, et pas l'un sous la domination de l'autre, et que les masses palestiniennes ne soient pas condamnées à la misère. Mais les dirigeants des deux côtés mènent des politiques qui s'opposent à cette perspective. Les dirigeants d'Israël surtout, responsables de l'oppression du peuple palestinien. Et le terrorisme d'Etat d'Israël alimente le terrorisme individuel d'organisations palestiniennes qui aggrave encore la coupure entre les deux peuples.
    La principale victime de ces politiques est le peuple palestinien. Mais le peuple d'Israël en est aussi victime car il paie, lui aussi, le prix du sang dans les attentats terroristes. Et, tout compte fait, la vie des geôliers n'est pas une vie enviable.
    La situation inextricable qui perdure en Palestine n'est pas seulement due aux politiques des dirigeants locaux, mais autant et plus aux grandes puissances impérialistes. Pour contrôler le Moyen-Orient, riche en pétrole, elles ont toujours cherché à dresser les peuples les uns contre les autres.
    Alors, ce qui se passe là-bas nous concerne. L'image que nous renvoient les maisons éventrées de la bande de Gaza et les corps des victimes du dernier bombardement ou du dernier attentat-suicide est celle d'une société barbare, basée sur l'exploitation, mais aussi sur l'oppression et la violence. La nôtre.
Pélagiste
 
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Message par Pascal » 26 Oct 2004, 17:27

(Pastorius @ mardi 26 octobre 2004 à 18:06 a écrit :[ Et le terrorisme d'Etat d'Israël alimente le terrorisme individuel d'organisations palestiniennes qui aggrave encore la coupure entre les deux peuples.
    La principale victime de ces politiques est le peuple palestinien. Mais le peuple d'Israël en est aussi victime car il paie, lui aussi, le prix du sang dans les attentats terroristes. Et, tout compte fait, la vie des geôliers n'est pas une vie enviable.

Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant dans ce passage. Et d'ailleurs, tout le reste du texte, ou presque, est une dénonciation de la politique de Sharon et de la guerre menée en Palestine.

Qu'il y a-t-il de choquant dans la phrase le "terrorisme d'Etat d'Israël alimente le terrorisme individuel d'organisations palestiniennes" ? C'est tout à fait vrai, et qu'il y ait eu ou pas des attentats suicides ces dernières semaines ne change rien. Ce qui est dit c'est justement que les exactions de Tsahal dans les territoires occupées permettent à des organisations palestiniennes de recruter pour des attentats individuels. Et il me semble que nous étions plusieurs à dire la même chose lors de la discussion sur Beslan, sans que cela ne choque Pastorius.

Quant à dire "le peuple d'Israël en est aussi victime car il paie, lui aussi, le prix du sang dans les attentats terroristes", là aussi, je ne vois pas ce qu'on peut reprocher à cette phrase. Des attentats à Tel-Aviv, il y en a eut, on ne peut pas le nier. Le texte en question fait justement, encore une fois, le lien entre la politique de Sharon et les attentats, montrant ainsi qu'il est aussi de l'intérêt du peuple israëlien, et en particulier des ouvriers d'Israël, de lutter contre Sharon et sa politique belliciste.

Bref, je le trouve très bien moi ce texte.
Pascal
 
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Message par Jacquemart » 26 Oct 2004, 19:53

Le postulet de Pastorius respire une mauvaise foi inspirée tout à la fois par le désir de pourfendre LO coûte que coûte, et par celui de ne prendre aucune distance politique vis-à-vis des dirigeants palestiniens.

Oui, ne t'en déplaise, les dirigeants palestiniens, toutes tendances confondues, ont mené et mènent encore une politique qui ne permet pas de préparer la coexistence des deux peuples sur cette terre commune - même si la responsabilité de la situation, en dernière analyse, incombe aux dirigeants israéliens.

Certains groupes palestiniens ont choisi la soumission à Israel, d'autres le terrorisme aveugle ; mais les anciens terroristes sont devenus les soumis d'aujourd'hui, et il n'y a aucune différence de nature sociale entre les deux.

Aucun groupe palestinien ne se situe, et ne s'est jamais situé, sur les bases du communisme, de l'internationalisme prolétarien. Aucun n'a jamais tenté de faire passer la ligne de démarcation non entre "arabes" et "juifs" (au risque de se faire massacrer par les régimes arabes "frères") mais entre prolétaires (arabes et juifs) et bourgeois.

Cela ne nous empêche pas de prendre fait et cause pour les palestiniens, qui sont les opprimés dans cette affaire. Mais ne pas épouser les préjugés nationalistes, sous prétexte que ce sont les préjugés des victimes de l'ordre établi, ce devrait être le B - A - BA pour quelqu'un qui se réclame du marxisme.
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Message par Jacquemart » 27 Oct 2004, 07:47

Chez Pastorius, on ne sait trop ce qu'il faut apprécier le plus : son sens des nuances, le ton fraternel avec lequel il discute, ou son discernement politique.

Toujours est-il que son intervention théorise, ni plus ni moins, le renoncement à la construction d'un parti prolétarien en Palestine. Les seules critiques qu'il admette vis-à-vis des directions nationalistes sont celles qui se placent sur ce même terrain nationaliste, même si elles prônent des méthodes et une politique plus radicales.

Tant et si bien qu'il ne peut interpréter toute opinion divergente que comme "de l'ignorance", ou de "l'idéalisme". Car voyez-vous, en Palestine, jamais le mouvement ouvrier n'est sorti d'autre part que du mouvement nationaliste. La seule possibilité restante consiste donc sans doute, pour faire preuve de réalisme, à choisir le mouvement nationaliste le plus sympathique, et à prier Dieu pour qu'il accouche d'un parti révolutionnaire.

Pour notre part, le véritable problème, c'est que le mouvement ouvrier politique, en Palestine, n'est justement jamais sorti... de nulle part. Et ce n'est pas en renonçant à nos convictions que nous pourrons l'aider à naître.
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Message par Nadia » 27 Oct 2004, 08:40

(Pastorius @ mercredi 27 octobre 2004 à 02:05 a écrit : D'abord, c'est historiquement faux. D'ailleurs, plusieurs dirigeants de l'OLP (qu'on pense à Ilan Halevy) sont juifs... et ont été, à une époque, nettement plus antisionistes que LO.
Superbe argumentation !
Je vois un peu ce qu'est le sionisme (idéologie prônant que le "peuple juif" puisse fonder un Etat sur la terre d'Israël), mais l'antisionisme, je ne connais pas bien cette "idéologie". Pas d'explication de la part de Pastorius à ce sujet. Dans ces conditions, décerner des brevets d'antisionisme, ça me fait un effet gloop.

Je n'ai pas lu la suite. :roll:
Nadia
 
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