URSS, état ouvrier et oppression d'état

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par ventura » 12 Oct 2004, 15:33

a écrit :Le prolétariat est appelé à renverser la bourgeoisie en raison de sa place centrale dans la production (Il a le pouvoir de prendre en main la production) et de son dénuement absolu dans la société où règne la propriété bourgeoise (Il n’a aucun intérêt à son maintien).


Objectivement le prolétariat n'a aucun intérêt au maintien de la propriété bourgeoise.

Mais depuis l'expérience soviétique (qui après une courte parenthèse de moins de 10 ans n'est que l'expérience du stalinisme) et celle des autres pays du "socialisme réel" (chine en tête), le prolétariat sait qu'il y a pire que la propriété et le régime bourgeois : le capitalisme d'état et le totalitarisme, qui, à une oppression économique renforcée ajoute une dictature politique totale.

Oui, bien sûr, il valait mieux vivre prolétaire en occident sous la botte bourgeoise que sous la dictature soviétique.

Et cette évidence, que toutes les théories emberlifiquotée sur "l'état ouvrier dégénéré" n'arriveront pas à escamoter, explique bien des ralliements au socialisme réformiste : plutôt avancer doucement et même reculer un peu que finir esclave dans un régime totalitaire, privé même du droit de choisir son lieu d'habitation, avec la perspective de pouvoir être déporté d'un jour à l'autre en fonction des besoins d'une bureaucratie omnipotente.

La tâche est immense pour les socialistes sincèrement antitotalitaires s'ils veulent réhabiliter l'horizon socialiste, d'autant que rien ne peut nous garantir que les horreurs staliniennes ne seront pas reconduites. J'ai même bien l'impression que beaucoup sont prêts à recommencer, quand je vois à quel point ils refusent d'examiner les erreurs du parti bolchevique, Lénine et Trotski en tête.
ventura
 
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Message par Nadia » 12 Oct 2004, 15:43

(ventura @ mardi 12 octobre 2004 à 16:33 a écrit : Mais depuis l'expérience soviétique (qui après une courte parenthèse de moins de 10 ans n'est que l'expérience du stalinisme) et celle des autres pays du "socialisme réel" (chine en tête), le prolétariat sait qu'il y a pire que la propriété et le régime bourgeois : le capitalisme d'état et le totalitarisme, qui, à une oppression économique renforcée ajoute une dictature politique totale.

Oui, bien sûr, il valait mieux vivre prolétaire en occident sous la botte bourgeoise que sous la dictature soviétique.
Tu n'as probablement jamais parlé avec un travailleur russe. Car de façon assez unanime, ils pensent que du temps des soviets ce n'était pas si mal : niveau de vie plus élevé, pas d'incertitudes sur l'avenir... Même à propos de Staline, sans rêver des purges, beaucoup pensent que Staline c'était bien mieux qu'Hitler.


Mais c'est vrai, la bourgeoisie joue son rôle idéologique anticommuniste, particulièrement efficace dans les couches petites-bourgeoises...


a écrit :Et cette évidence, que toutes les théories emberlifiquotée sur "l'état ouvrier dégénéré" n'arriveront pas à escamoter...
Ne serait-ce pas là un refus de comprendre sérieusement ?
Nadia
 
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Message par titi » 12 Oct 2004, 15:44

ventura, ton argument est débile
il vaut mieux vivre en france qu'en inde, et même si la révolution l'emporte, pendant encore de nombreuses années, il fera meilleur vivre en france qu'en inde

pour la simple raison que la france est déjà un pays développé, et qu'en inde il y aura beaucoup plus à faire au début


un prolétaire vivait mieux en russie soviétique qu'en inde colonisée
titi
 
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Message par ventura » 12 Oct 2004, 15:57

a écrit :Tu n'as probablement jamais parlé avec un travailleur russe. Car de façon assez unanime, ils pensent que du temps des soviets ce n'était pas si mal : niveau de vie plus élevé, pas d'incertitudes sur l'avenir...


Oui, surtout pour ceux qui ont survécu, ceux qui ne faisaient pas de politique, qui ne défendait pas leurs intérêts d'ouvrier, qui n'étaient pas d'une "nationalité" déportée pour aller coloniser la sibérie, ni fils de koulaks ou de bureaucrate disgrâcié, ni juif....

D'autant que la mémoire n'est pas le point fort dans les pays où la réalité à toujours été escamotée.

a écrit :Mais c'est vrai, la bourgeoisie joue son rôle idéologique anticommuniste, particulièrement efficace dans les couches petites-bourgeoises...


On se montrera nos certificats de prolétaire pur souche, plus de trois générations, le jour où l'on se rencontrera. En attendant, tu es bien obligée de prendre ce que je dis (et moi ce que tu dis de toi) comme argent comptant : je suis un prolétaire (de père en fils et crois-moi je n'en tire aucune gloire) et mes revenus sont inférieurs au SMIC.
Cette gloriolle ouvriériste est du plus mauvais goût.

a écrit :Ne serait-ce pas là un refus de comprendre sérieusement ?


Je connais bien les différentes théories sur la nature des pays de l'est mais je suis partisan du capitalisme d'état.

L'état ouvrier dégénéré, c'est à dire l'état ouvrier sans pouvoir ouvrier, c'est le sandwich au jambon sans jambon. Mais peut-être que dans la novlangue militante on peut parler de sandwich au jambon dégénéré ?
ventura
 
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Message par Nadia » 12 Oct 2004, 16:57

(ventura @ mardi 12 octobre 2004 à 16:57 a écrit :
a écrit :Tu n'as probablement jamais parlé avec un travailleur russe. Car de façon assez unanime, ils pensent que du temps des soviets ce n'était pas si mal : niveau de vie plus élevé, pas d'incertitudes sur l'avenir...


Oui, surtout pour ceux qui ont survécu, ceux qui ne faisaient pas de politique, qui ne défendait pas leurs intérêts d'ouvrier, qui n'étaient pas d'une "nationalité" déportée pour aller coloniser la sibérie, ni fils de koulaks ou de bureaucrate disgrâcié, ni juif....
Des Russes qui ont "survécu" à la "dictature des soviets", il y en a plus de 100 millions. Et ils sont bien plus traumatisés par la période Eltsine que part leur jeunesse aux komsomol.

a écrit :D'autant que la mémoire n'est pas le point fort dans les pays où la réalité à toujours été escamotée.
Ils boivent beaucoup je sais, mais ne sont pas totalement amnésiques, crois-moi !

a écrit :
a écrit :Mais c'est vrai, la bourgeoisie joue son rôle idéologique anticommuniste, particulièrement efficace dans les couches petites-bourgeoises...
On se montrera nos certificats de prolétaire pur souche, plus de trois générations, le jour où l'on se rencontrera. En attendant, tu es bien obligée de prendre ce que je dis (et moi ce que tu dis de toi) comme argent comptant : je suis un prolétaire (de père en fils et crois-moi je n'en tire aucune gloire) et mes revenus sont inférieurs au SMIC.
Cette gloriolle ouvriériste est du plus mauvais goût.
Je disais cela par expérience personnelle de mes nombreuses discussions. C'est surtout dans les milieux "petits-bourgeois" que j'ai ressenti le plus d'hostilité viscérale envers les soviets.
Par ailleurs, la caractérisation de "prolétaire" n'est pas conditionnée au seul niveau des revenus, mais à la place occupée dans la société et la production. Un vacataire universitaire au RMI est moins prolétaire qu'un ouvrier de l'édition bien payé. Il n'y a pas de godriolle ici, je n'ai rien contre les vacataires.

a écrit :
a écrit :Ne serait-ce pas là un refus de comprendre sérieusement ?
Je connais bien les différentes théories sur la nature des pays de l'est mais je suis partisan du capitalisme d'état.

L'état ouvrier dégénéré, c'est à dire l'état ouvrier sans pouvoir ouvrier, c'est le sandwich au jambon sans jambon. Mais peut-être que dans la novlangue militante on peut parler de sandwich au jambon dégénéré ?
On parle plus souvent de "sandwich au jambon avarié"...
Ce n'est pas parce que tu n'adhères pas à une thèse qu'il faut cracher dessus par réflexe pavlovien.
Nadia
 
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Message par ventura » 12 Oct 2004, 16:59

a écrit :Quand les trotskystes parlent d'un Etat ouvrier dégénéré, c'est pour pouvoir se positionner en cas de conflt armé : Serait il indiférent pour la classe ouvrière que l'Allemagne l'emporte sur l'URSS oui ou non. Serait il indifférent que la bourgeoisie reprenne le pouvoir à Moscou ?


L'allemagne a perdu contre l'urss et l'urss a gagné.
Qu'ont gagné les prolétaires russes après cette guerre ? Rien. Staline a continué ses crimes. Les purges ont été jusqu'à toucher les anciens des brigades internationales, ou les anciens partisans communistes des pays de l'est.

La bourgeoisie a repris le pouvoir à moscou.
A moins que les ouvriers soient encore au pouvoir ?
Ah non, je sais, en fait ce sont toujours les anciens bureaucrates qui sont au pouvoir donc la Russie est tjs un état ouvrier dégénéré.

Je suis un partisan du capitalisme d'état conséquent. J'ai salué avec enthousiasme l'écroulement du bloc de l'est et donc la fin de la STASI, la fin de la Securitat, la fin des procès politiques, le retour du pluripartisme et d'un syndicalisme autonome vis à vis du pouvoir politique, la fin des déportations, la fermeture des camps. Ne t'en déplaise.


a écrit :Ce n'est pas à des trotskystes qu'un social démocrate donnera des leçons sur ce qu'est le stalinisme. Nos camatrades de l'opposition de Gauche et de tous les mouvements trotskystes dans le monde ont payé le stalinisme de leur vie, abattus d'une balle dans la nuque en Espagne ou ailleurs ou fusillés à la mitrailleuse au bord de fosses communes en Sibérie. Alors tes leçons ....


Ce qui me gêne le plus dans ta phrase ce n'est pas que tu t'arroges le courage que d'autres ont eu à ta place, mais surtout que tu ne fasses cas QUE de la mort des bolcheviques tués par Staline. Comme si la mort des autres, tous ceux qui n'étaient pas bolcheviques en 17 ou dans l'opposition de gauche, était indifférente. Je parle évidemment des anars, des SR, de l'opposition ouvrière, des mencheviks... mais aussi de tous les hommes, femmes, enfants, tués, déportés, emprisonnés, séparés... pour des raisons d'état et qui ne faisaient pas de politique. Figure-toi que je pense même aux koulaks ou aux petits artisans, car je ne pense que le fait qu'un homme soit un petit propriétaire ou un indépendant mérite la MORT. Je ne pense même pas qu'un voleur, qu'un magouilleur ou un spéculateur mérite la mort. Car, en bon socialiste, je suis opposé à la peine de mort.

a écrit :Tu pourrais nous expliquer quelles sont les erreurs de Lenine et Trotsky auquelles tu fais allusion ?


Quand lénine convainc enfin le comité central bolchevik de la justesse du mot d'ordre "tous le pouvoir aux soviets" il le fait pour des raisons tactiques.
En réalité, dès la prise du palais d'hiver (qui est une tentative de prise d'hégémonie sur le mouvement des soviets, pour influencer le congrès en cours), ce ne sont plus les soviets qui dirigent, mais le gouvernement dominé par les bolcheviques. Qui, à partir de ce moment, gouverne en édictant des décrets, sans plus se soucier de l'avis des conseils de travailleurs.
Ce processus ira croissant jusqu'à la disparition totale d'un quelconque pouvoir ouvrier après la mort de Lénine et le premier plan quinquenal.

Le parti dirige, au nom et A LA PLACE du prolétariat. Voilà la réalité.

Pour ce qui est de Trotski, la proposition de militarisation des syndicats est une sacré saloperie, ainsi que sa volonté d'envoyer les soldats de l'armée rouge après la guerre civile, travailler en sibérie sans leur demander s'ils sont d'accords ou pas (Terrorisme ou communisme).

On pourrait aussi parler de son sectarisme vis à vis du POUM, du PSOP... qui ont fait que le mouvement trotskiste a été si longtemps dominé par le sectarisme et le sous-développement.

On peut enfin citer aujourd'hui ceux qui sur ce forum utilise à tort et à travers le qualificatif "petit-bourgeois" pour discréditer leur contradicteur. Alors qu'il est pourtant bien clair, qu'il y a, même encore aujourd'hui, plus de prolétaires réformistes, que révolutionnaires (et d'ailleurs plus de révolutionnaires issus de la petite ou grande bourgeoisie que du prolétariat, si le prolétariat devait être une catégorie sociologique, ce qu'il n'est pas).
ventura
 
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Message par ventura » 12 Oct 2004, 17:09

a écrit :On parle plus souvent de "sandwich au jambon avarié"...


C'est là où nous divergeons.
Un sandwich au jambon sans jambon, ce n'est pas un sandwich au jambon du tout.
C'est du pain.
Un état ouvrier sans pouvoir ouvrier, c'est un état tout court. :blink:

Et si les ouvriers y travaillent dans un états de domination totale, sans contrôle sur leur production (donc aliéné), et s'ils sont rétribués par un salaire, nous sommes toujours dans un système capitaliste. un capitalisme d'état, dirigé par une bureaucratie technocratique, qui réalise l'accumulation primitive (ou la modernisation) à la place d'une bourgeoisie défaillante (ou inexistante, ou trop soumise à l'impérialisme). Surtout si la production ne répond pas à des besoins d'une population, mais à une compétition au niveau international avec le bloc de l'ouest (course à l'armement, primat de l'industrie lourde, organisation du travail en usine sur le modèle fordiste/tayloriste militarisé...).
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Message par François Delpla » 12 Oct 2004, 18:05

a écrit :L'allemagne a perdu contre l'urss et l'urss a gagné.
Qu'ont gagné les prolétaires russes après cette guerre ? Rien.



Tout de même !

Ils ont été libérés (avant tout par eux-mêmes) d'une domination étrangère multimillionairement assassine qui les traitait en esclaves pour des raisons "biologiques".
Certes, après 45 ce n'était pas plus le paradis qu'avant 41 mais c'était nettement moins l'enfer que dans l'entre-deux !
François Delpla
 
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Message par logan » 12 Oct 2004, 18:32

Ventura chacune de tes phrases montre que tu connais peu l'histoire de l'URSS. Je t'encourage à lire les fils de ce forum qui y sont consacrés.

Ce ne sont pas des trotskistes qui vont te contredire lorsque tu affirmes que le prolétariat n'avait aucun pouvoir en URSS (en tout cas à partir de Staline!).

Mais empiriquement on ne peut que constater l'état de délabrement de la Russie suite à la chute de l'URSS de 1991 : Production industrielle divisée par 2, explosion de l'alcoolisme, de la prostitution, du chomage, baisse incroyable de l'éspérance de vie. La Russie est en train de perdre tout ce que la révolution russe de 1917 avait gagné.

Et tout ça avec un état aussi peu démocratique qu'auparavant... A Moins que tu ne considères Poutine comme un grand démocrate? :wacko:
logan
 
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