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Vers une joute d'éclopés. Des gouvernants de plus en plus impopulaires à mesure qu'ils s'avèrent impuissants, une opposition pitoyable à force d'être comateuse : à trois mois de l'échéance, droite et gauche abordent la campagne des élections régionales en piteux état. Et leur déconfiture risque fort de susciter une poussée de l'abstention et de laisser un peu plus de champ aux votes protestataires de tous poils.
Côté majorité, le couple exécutif est au plus bas depuis la réélection de Jacques Chirac à l'Elysée. Pour la première fois depuis dix-huit mois, le chef de l'Etat recueille davantage d'opinions négatives, 46 % (- 1 point par rapport à novembre), que positives, 45 % (+ 2 points). Habitué depuis la rentrée à fréquenter les profondeurs, Jean-Pierre Raffarin y reste englué, avec seulement 33 % d'opinions favorables (inchangé).
«Coup de tonnerre». Notre sondage Louis Harris-Libération-AOL (1) n'est pas plus rassurant pour l'état de santé de la gauche. Car, contrairement à l'ambition affichée par François Hollande, vingt mois après avoir enduré le «coup de tonnerre» de la présidentielle, le PS continue de faire pitié plutôt qu'envie, y compris aux électeurs qui lui sont le plus proche. Ainsi, près de trois Français sur quatre (72 %) estiment que le parti n'a pas su tirer les leçons du 21 avril 2002, 65 % qu'il «n'a pas de projet alternatif à celui du gouvernement» et 69 % qu'il est dépourvu de leader «capable de le rassembler et de lui faire gagner les élections». Sans doute parce qu'ils sont les premiers à s'en désespérer, les sympathisants socialistes sont encore plus sévères : 73 % d'entre eux reprochent au PS de n'avoir rien appris de la présidentielle, 61 % d'être dépourvu de projet, 49 % le pensent «menacé par la montée de l'extrême gauche» et... 74 % jugent qu'il n'a pas aujourd'hui de leader crédible ! Pire encore, 64 % des sympathisants socialistes jugent qu'«un an et demi après l'échec du 21 avril» les difficultés du PS «auraient dû être surmontées». L'ensemble des Français étant, là encore, plus indulgent, puisque seulement 56 % d'entre eux pensent de même.
Chemin de croix. Au vu d'un tel verdict, s'affirmer socialiste semble, de plus en plus, relever des mystères de la foi plutôt que de l'engagement raisonné... Et pour porter cette croyance, nul messie ne se dégage franchement : si Dominique Strauss-Kahn s'avère le mieux placé pour l'ensemble des Français (devant Laurent Fabius, Bernard Kouchner, Lionel Jospin et Jack Lang), il est devancé, chez les sympathisants de gauche, par le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Hollande arrive, une fois de plus, nettement derrière tous ses camarades. Si l'opposition est un chemin de croix, le premier secrétaire n'est pas même prophète en son parti.
(1) Réalisé les 12 et 13 décembre auprès de 1 007 personnes.
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