a écrit :
Peut-on affirmer que la restauration du capitalisme en Russie constituait un progrès objectif relativement à l'URSS? OUI ou NON, OUI et NON, OUI dans quelle mesure, NON dans quelle mesure?
D'abord, pour ma part, je te rappelle que je ne considère pas qu'il s'agit d'un "passage" au capitalisme, mais d'un passage d'une forme de capitalisme à une autre.
Le démantèlement de ce qui restait de planification (pas grand chose) représente une régression et une attaque contre les travailleurs de certains secteurs. Au même titre que le démantèlement de la Poste, de la SNCF, d'EDF, ni plus ni moins.
Donc, il aurait fallu fallu proposer de se battre pour défendre l'emploi, la situation des travailleurs des branches concernées etc.
Avancer la défense de la planification ? On aurait pu expliquer qu'une vraie planification dans l'intérêt des travailleurs était nécessaire, tout comme on peut et on doit l'expliquer aujourd'hui en France face à la crrise. A mon avis, c'est même beaucoup plus compréhensible aujourd'hui en France que ça ne l'était en 1990 en URSS.
Dire ce qu'il aurait fallu faire ou ne pas faire en 1990 n'a pas grand sens à mon avis, vu qu'il n'y avait personne, mais ce qui s'appelle personne, pour défendre ces idées. Ce qui le plus intéressant, c'est de comprendre la situation.
L'effondrement de 1990-91 n'est pas une contre-révolution brutale avec massacre, destruction de appareil d'Etat, c'est l'aboutissement d'un processus. Il n'y a pas un AVANT, avec planification, acquis des travailleurs, Etat ouvrier etc et un APRES avec un capitalisme hideux, Etat bourgeois etc. Depuis plus de vingt ans, le système subissait une crise économique et politique. Il était si vermoulu que personne ne pouvait avoir envie de le défendre, il n'y avait rien à défendre. Quiconque aurait parlé de le défendre serait apparu comme un zombie.
A Moscou, sous Gorbatchev, je n'ai pas rencontré une seule personne se revendiquant du communisme ou même du socialisme. Tu avais beau dire aux gens :"Méfez vous, ça risque d'être encore pire. Vous rêvez de la Suisse ou de la Suède, mais vous allez vous retrouver au niveau du Brésil ou de la Turquie", personne ne te croyait, les gens te riaient au nez.
Donc, ce qu'il y avait à défendre, c'était le projet d'une autre société complètement différente, mais sans la moindre référence à la société stalinienne qui était vomie sous tous ses aspects sans exceptions. IL fallait au contraire expliquer que cette société était la négation du socialisme.
Je crois que pas mal de camarades n'ont pas vraiment idée de ce qu'était la société en URSS à la veille de son effondrement. Savez-vous par exemple que, dès les années 80, il y avait des guérisseurs vedettes qui guérissaient en direct à la TV :" Vous mettez votre sein contre 'l'écran et la tumeur disparait". Il y avait des processions, des manifestations diverses de fanatisme religieux. (L'Eglise était d'ailleurs très privilégiée : derrière les Eglises, tu pouvais voir les longues Mercédès avec rideaux violets de la hiérarchie orthodoxe.) Les mendiants et les prostituées pullulaient déjà. Il y avait des chomeurs, des sans papiers pourchassés à Moscou, sans compter les innombrables traffics.
Bref, le changement n'a pas été aussi brutal qu'il en a donné l'impression.
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A Finimore.
Je crains que toute discussion ne soit impossible entre nous car tu fonctionnes comme un Stalinien des années cinquante : tu nies la réalité de l'URSS.
Quand aux citations de Lénine, on peut faire dire n'importe quoi à n'importe qui avec une citation de deux lignes.
Les bolcheviks n'ont jamais, avant Staline, envisagé de construire le socialisme en URSS. Le nier est tout simplement une manifestation d'ignorance ou de malhonneteté.
Si tu raisonnes encore avec des catégories staliniennes dans la tête, c'est à dire un ensemble de falsifications grossières du marxisme et de l'histoire, nous ne pouvons rien pour toi. Désolé.