violences en banlieue : quelle politique

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Barnabé » 13 Nov 2005, 22:15

Là je dis pas simplement discuter autour de soi. Mais dans des coins où les copains ont un petit crédit et une petite implantation et où le lien est patent (exemple type, citroën aulnay, cf. l'article du canard), la situation actuelle est sans doute un levier supplémentaire pour essayer d'intervenir, faire prendre position syndicalement, organiser des réunions politiques de boite etc. en discutant des moyens de combattre les licenciements et la précarités (pas juste faire le constat). Justement et d'autant plus parce que, comme tu le remarques, là dessus on n'est pas tant que ça à contre courant (même si les réactions sont diverses et vairées...).
Barnabé
 
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Message par Barnabé » 13 Nov 2005, 22:26

Et j'ajouterais bien que faire le lien entre l'explosion dans les banlieues, les conditions sociales, et la nécessité de la riposte autour du plan d'urgence (avec la discussion autour de la grève reconductible à la sncf qui pourrait être un point d'appuie) serait un axe bienvenu pour une campagne de l'extrême-gauche. Mais si je le disait on dirait tout de suite que les militants de la fraction sont monomaniques...
Barnabé
 
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Message par Cyrano » 13 Nov 2005, 22:59

L'agitation des uns, des unes, des autres semblent être en relation avec la caractérisation des "émeutes"...
Vérié a une façon à lui de présenter la discussion, avec des petits mouvements, circonvolutions, affirmations genre Jedi voulant influencer la pensée… et hop, on passe au point suivant…

a écrit :[sur le] premier édito de LO qui évoquait la "police de proximité". Comme les événements l'ont montré, cette concession aux préjugés d'une partie de stravailleuyrs était non seulement opportuniste mais complétement à coté de la plaque.

«Comme les évènements l'ont montré»… Ah bon ?… De quels évènements est-il donc question ?…

a écrit :Polémique avec des camarades qui ne voyaient dans ces émeures que des actes de voyous. Leur incompréhension du phénémène social que représentent ces émeutes est lui aussi évident aujourd'hui.

«qui ne voyaient» C'est du passé, n'en parlons plus… il voyaient, mais maintenant, ils voient mieux, grâce à Vérié… «Leur incompréhension [...] est lui aussi évident aujourd'hui» En quoi, c'est évident ?….
Soit dit en passant, voir dans ces méfaits imbéciles des actes de voyous ou d'imbéciles déjantés n'entraîne pas ipso facto «l'incompréhension du phénémène social » qui les fonde.

Et, quelques messages plus haut :
a écrit :Sincèrement, Shadoko, je suis très surpris que tu contestes ceette réalité qui apparait maintenant comme une évidence, aussi bien aux politiciens qu'aux socioilogues et aux militants de toutes les catégories de partis et associations de gauche et d'extréme-gauche. Je sais bien que, au début, un certain nombre de copains de LO, notamment sur ce forum, ne voulait voir qu'une poignée de délinquants et qu'il est difficile de convenir qu'on s'est trompé, mais tout de meme.
Les éléments d'infos se multiplient aussi qui confirment qu'il s'agit d'une révolte d'une partie significative des jeunes pauvres.

«qui apparait maintenant comme une évidence» C'est encore évident…
«Je sais bien que, au début, un certain nombre de copains de LO…» Avant ils disaient, mais maintenant, non, ils le disent plus, ces ânes…

Au fait, ça se dit quoi ?
J'ai pris des articles dans des journaux régionaux : Le quotidien "Sud-Ouest" et "La Voix du Nord".
Je vous les livre en faisant deux messages (un pour chaque journal) – j'espère que vous y retrouverez tous ces fameux éléments de Vérié qui confluent vers sa thèse…
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 13 Nov 2005, 23:01

Sud-Ouest (Charente maritime), Vendredi 11 novembre 2005.
LA ROCHELLE.
Dans la nuit de mercredi à jeudi deux véhicules et des poubelles ont été incendiés, du centre-ville à Villeneuve-les-Salines.
Trois personnes gardées à vue.
L'article nous parle de faits qui sont le lot usuel de la ville :
« Aussi, l'émotion était loin d'un paroxysme, hier dans le quartier de Villeneuve-les-Salines, quand se sont ébruités les délits de la nuit. »
Malgré tout, selon la Préfecture, on a un «développement tangible» des méfaits : un peu plus de poubelles, quelques voitures en plus, et une bétonnière ( !).
Et les trois "émeutiers" interpellés ?… Eh bien, ils ont été chopés mettant le feu à des poubelles jouxtant une école maternelle :
«Après une soirée en centre-ville, ils auraient commis leurs exactions sur le chemin du retour vers Villeneuve-les-Salines et dans ce quartier. Ils devraient être présentés au parquet ce vendredi et seront l'objet d'une procédure rapide de jugement, vraisemblablement lundi. Un parcours qui confirme bien tout le recul nécessaire dont il convient d'user avec ce qui s'est passé dans les banlieues sous tension.»
Ensuite, dans l'article viennent des réactions de membres d'une régie de quartier, «impliqués au quotidien dans la médiation sociale» dans un secteur sensible regroupant 25.000 personnes.
La conclusion de la personne dirigeant cette régie :
«En l'espèce, j'ai plutôt le sentiment qu'il s'agit de faits commis par des personnes qui ont regardé la télé, sont descendues dans la rue et on reproduit ce qu'elles ont vu.»

Sud-Ouest (Gironde), Vendredi 11 novembre 2005.
GRAND BORDEAUX.
Six individus soupçonnés d'avoir dégradé et incendié quinze voitures ont été arrêtés à Floirac.
Les auteurs présumés des premières violences interpellés.

L'article rappelle d'abord que la soirée et la nuit du 2 novembre fut chaude dans 2 quartiers :
«Les événements avaient débuté par des insultes proférées par une trentaine de jeunes à l'encontre d'une patrouille de CRS»
Et les émeutiers ? une description :
«Les jeunes agissaient en bande, assurant la protection des auteurs des violences urbaines. Pendant que l'un cassait la vitre de la voiture, un second aspergeait l'habitacle d'essence et un troisième allumait le feu.»
Pas des bandes d'une fraction significative de la jeunesse… Les auteurs interpellés étaient d'authentiques petits voyous; ne dédaignant pas les menus larcins.
Il va s'ensuivre une nouvelle nuit chaude, avec des interpellations :
«Dix au total pour cinq véhicules brûlés sur l'agglomération bordelaise et un poids lourd rue Larroque, à Sainte-Eulalie.»
Gageons que les actualités régionales en montrant les véhicules en flamme auront donné l'impression que les quartiers étaient en feu…

Sud-Ouest (Landes), Venderdi 11 novembre 2005.
VIOLENCES URBAINES.
Hier, le préfet des Landes a pris un arrêté réglementant la vente et le transport de carburant.
Après les incendies d'Aire-sur-l'Adour, l'essence sous contrôle.

On nous parle de onze véhicules brûlés et de quelques feux de poubelle à Dax et Mont-de-Marsan, et un bus scolaire a été aspergé d'essence.
Et les émeutiers, fraction significative ? les voici :
«l'enquête se poursuit pour identifier les auteurs de ces dégradations aturines, qui vraisemblablement auraient agi au sein d'un petit groupe.»
Ah, si, ils ont coincé un jeune, sans domicile fixe, étranger au département.
La suite de l'article nous parle du Préfet voulant réglémenter la vente et le transport d'essence. Plus facile à dire qu'à faire.

Sud-Ouest (Pays basque), Vendredi 11 novembre 2005.
JUSTICE.
Deux mois ferme pour les trois majeurs poursuivis pour jet de projectiles sur la police et incendie d'un fauteuil.

Un article où on trouve les média sur la sellette, pour «leur rôle de catalyseur et leur effet d'entraînement.» Dans l'article, on trouve la déclaration d'un "émeutier" :
«L'un des prévenus n'a t-il pas dit lors de ses déclarations devant le procureur de la Républque : "ce soir là on s'est dit: on va faire comme à la télé!"»
Les "émeutiers" sont âgés de 19 à 23 ans. Ils se font repérés par la police en commettant un geste de rébellion : ils mettent le feu à un vieux fauteuil abandonné sur le trottoir. Et alors ?…
«En lisant le dossier la présidente Marie-Hélène Ville raconte la soirée de copains désoeuvrés qui après avoir vu la télé et bu quelques bières n'ont pas très bien su quoi faire. Aucun des trois n'avance de réelle explication. "C'est venu comme ça."».
Et c'est des gentils ou des méchants ? Ils ont chacun un casier judiciaire : cinq condamnations pour l'un, huit pour un autre et une pour le troisième.

Sud-Ouest (Béarn), Vendredi 11 novembre 2005.
PAU.
Arrêtés en possession d'un cocktail Molotov, des jeunes voulaient mettre le feu à un abribus du quartier Saragosse.
L'un d'eux est aujourd'hui en prison.

L'article commence simplement ainsi :
«"Ce jour-là, je me suis levé. Je me suis habillé. Et j'ai oublié mon cerveau." Cédric, 22 ans, affirme ne trouver aucune explication au geste qui l'a amené dimanche soir, avec des copains, à tenter d'incendier un abribus ou une poubelle, la cible n'était pas définie dans le quartier Saragosse à Pau.»
Que raconte le groupe d'émeutiers ?
«Après avoir discuté des incendies qui embrasent de nombreux quartiers, dont celui de l'Ousse-des-Bois, le groupe vient en effet de décider, tout à trac, de mettre le feu à un équipement public.»
L'équipée s'achèvera par une rencontre avec la patrouille. Aucun de ces jeunes gens n'a de casier judiciaire.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 13 Nov 2005, 23:06

VOIX DU NORD 9 novembre 2005
Hier à 22 heures, on dénombrait une quarantaine de voitures incendiées.
Relative accalmie dans la métropole lilloise

L'article note d'abord qu'il semble y avoir une faible accalmie dans les violences urbaines. On relève des voitures brûlées, etc. On peut noter un acte de crétins :
«Et à 19h30, un cocktail Molotov était lancé contre le gymnase du lycée Saint-Vincent-de-Paul. Une partie de la toiture s’est embrasée, mais les élèves encore présents ont eu le temps de se mettre à l’abri, grâce à l’intervention d’un professeur.»
Mais, malgré tout :
«les rassemblements douteux étaient beaucoup moins nombreux que les jours précédents.»
Ensuite, l'article revient sur les évènements de la veille (nuit de lundi à mardi), qui «avaient été plus sérieux.» Plus sérieux mais tout aussi futiles : incendie d'un centre de loisirs, 80 incendies à Roubaix, dans tous les quartiers sensibles «qui se trouvaient pourtant toujours sous haute surveillance des forces de police.» Ça en dit long sur l'écart existant entre les faits visibles (le feu…) et les faibles groupes qui se faufilaient pour narguer la police et mettre le feu.
Dans un autre quartier, on peut voir «les traditionnels groupes de jeunes "zonant" au pied des immeubles» et «si l’on ne voyait plus de groupes arpentant les rues en début de soirée, les incendies se sont tout de même une nouvelle fois multipliés.» Entre autres, l'incendie des transformateurs EDF de l'éclairage public.

Voix du Nord, 11 novembre 2005
Violences urbaines dans la région :
Des faits épars et des condamnations

La litainie des petits incendies à Saint-Omer, Douaisis, Boulogne, Valenciennes.
Sur les interpellations :
A Boulogne, «La police a hier présenté devant le procureur deux mineurs, âgés de 12 et 13 ans, pour des feux de poubelles et l’incendie d’une voiture.»
A Denain, «les policiers ont interpellé mercredi vers 21 h un gamin de 12 ans qui a reconnu avoir mis le feu à un conteneur.»

Voix du Nord, 11 novembre 2005
Une école primaire victime d’un incendie volontaire
Six classes détruites à Halluin

Un incendie imbécile provoqué par les "émeutiers". Enfin, oui et non, parce que on les connaît pas…
« HIER, vers 3h30, un ou plusieurs individus s’en sont pris à l’ancienne école de musique d’Halluin (près de Tourcoing), des préfabriqués municipaux qui abritaient temporairement six classes de primaire de l’école privée du Sacré-Coeur. Limitrophe de Menin en Belgique, Halluin n’avait pas eu à connaître de mouvement particulièrement alarmant ces derniers jours, juste un peu plus de feux de voitures que d’habitude. »

Voix du Nord, 8 novembre 2005
Violences urbaines : la crise. État des lieux.
Les violences urbaines, plus fortes sur la métropole lilloise, se sont étendues au Pas-de-Calais.

L'article donne la litanie des feux de poubelles, de voitures, d'autobus, avec:
«une hausse des faits constatés entre samedi et dimanche. "Sans que cette progression soit démesurée", indique-t-on en préfecture où on préfère parler d’un phénomène de "mimétisme" ».
Les interpellations couvrent un large panel, entre autres :
« Un habitant de Roubaix âgé de 19 ans se voyait reprocher des destructions de véhicules, dimanche: huit mois de prison avec sursis. Un habitant de Hem âgé de 34 ans a été condamné à six mois ferme sans mandat de dépôt pour des violences sur des policiers, à la suite de son interpellation, dans la nuit de dimanche à lundi. Un autre Roubaisien de 18 ans a été de son côté relaxé: on lui reprochait des jets de pierre, samedi soir. »

Voix du Nord, 9 novembre 2005
Un entretien avec Jean-Pierre Balduyckreste, maire de Tourcoing
MAIRE socialiste de Tourcoing et président du comité exécutif pour la sécurité urbaine, Jean-Pierre Balduyck (notre photo) livre son analyse.
– Le nombre de voitures incendiées tend à diminuer. Rassurant, non?
«Je ne peux que m’en réjouir. [...] Les 22 véhicules qui ont brûlé à Tourcoing dans la nuit de dimanche à lundi (NDLR: une dizaine hier) font penser à une compétition irresponsable…»
– Comparable à ce qui se passe en banlieue parisienne?
«Non, il n’y a pas ici d’affrontements avec les forces de l’ordre. [...] Nous n’avons pas de 40 à 50 jeunes qui attendent la police pour se battre. On se retrouve plutôt face à des petits groupes très mobiles et peu nombreux…»
Cyrano
 
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Message par Ottokar » 14 Nov 2005, 07:49

(Barnabé @ dimanche 13 novembre 2005 à 22:15 a écrit : Là je dis pas simplement discuter autour de soi. Mais dans des coins où les copains ont un petit crédit et une petite implantation et où le lien est patent (exemple type, citroën aulnay, cf. l'article du canard), la situation actuelle est sans doute un levier supplémentaire pour essayer d'intervenir, faire prendre position syndicalement, organiser des réunions politiques de boite etc. en discutant des moyens de combattre les licenciements et la précarités (pas juste faire le constat).
Bon, Barnabé vient renforcer le témoignage de Vic_tor, mais c'est de la même eau : ils nous proposent de faire de mini-caravanes en banlieue en ce moment. Elle seraient à destination des habitants, pas des jeunes incendiaires, pourtant fraction de la jeunesse ouvrière en révolte contre etc. Il faut agrémenter cela de discussion au syndicat, de réunions boîtes ou locales -la seule tentée n'a rassemblé personne, le contraire aurait été étonnant !- en accompagnant ce travail de la diffusion d'éditos ou pas, de tracts, de collage d'affiches (tiens ! ils ont oublié les habituels autocollants).

C'est ce que l'on appelle de la propagande, c'est-à-dire du rien dans la situation actuelle. LO le fait sans en faire un fromage. Moi les caravanes dans les cités, je les ai faites cet été, dans la quinzaine j'ai fait une réunion boîte et on a organisé un porte-à-porte systématique dans une banlieue touchée par un projet de rénovation urbaine, au cours duquel on a aussi discuté des problèmes des quartiers.

Mais je ne dis pas que tout cela est une "intervention" et je n'en fais pas un fromage. Même si LO le faisait plus, comme Vic_tor en a fait une de plus, LO ne pourrait en faire plus de 50 ou 100, ce qu ne couvre même pas le nombre de cités de la région parisienne !
Ottokar
 
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Message par Ottokar » 14 Nov 2005, 10:19

(Vérié @ lundi 14 novembre 2005 à 08:39 a écrit : Sur l'édito de la Fraction : entièrement OK, mais c'est un texte qui s'adresse à des militants ou des gens très politisés.
si j'ai bien compris, c'est l'édito de la revue "convergences révolutionnaires", qui a un lectorat limité et s'adresse à un public un tant soit peu politisé.
Ottokar
 
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