Le sujet du fil étant "LO et l'altermondialisme", je me permets de revenir sur ce sujet qui m'interesse plus que celui de la gay pride : pour éviter les missiles, je précise tout de suite que pour deux thèmes A et B, s'interesser plus à A ne signifie pas se désinteresser de B.
Rojo je viens de finir la lecture de votre texte du dernier congrès LO sur l'altermondialisme.
Dans la deuxième moitié, vous développez longuement une idée qui peut se résumer à deux des phrases de votre texte :
a écrit :L'OMC n'est pas une entité tombée du ciel pour imposer ses quatre volontés en foulant aux pieds la « souveraineté » des États.
et plus loin :
a écrit :De même, les institutions européennes ne constituent pas un État supra-national imposant aux États nationaux des politiques favorables au grand capital.
J'espère qu'on va pas redonner avec ce fil-là dans les échanges hystériques concernant les divergences de chacun sur l'UE : il me semble au contraire qu'on peut s'entendre sur le fait qu'au minimum l'OMC et les institutions européennes constituent actuellement les armes les plus affûtées du capitalisme pour faire .... ce qu'il a toujours fait, nous sommes d'accord (et effectivement dans ce sens-là la citation du manifeste que l'on trouve au début de votre texte a le mérite de rafraîchir les mémoires).
Mais comment se fait-il que les conclusions de LO à ce sujet soient toujours invariablement du même ordre : les états bourgeois n'ont besoin ni de l'OMC ni de l'UE pour exploiter la classe ouvrière (vrai), ils l'ont fait bien avant sans ça (vrai) et donc nous on se bat contre le capitalisme et basta !
Mais comment peut-on négliger qu'entre l'ennemi et nous il y a leurs armes et il y a les notres ? Se battre contre les armes, ce n'est pas se tromper de cible. Personne de sensé ne dira que faire tomber l'OMC et l'UE entraînera de facto la chute du capitalisme, mais il est aussi avéré depuis longtemps que les luttes de classes sont aussi une question de rapport de force : L'OMC, le FMI et l'UE sont leurs armes de destruction massive, et abattre ces institutions-là (en tant que structure) me semble être au jour d'aujourd'hui une condition necessaire à la destruction de l'organisation capitaliste de la société.
Il se trouve que l'altermondialisme n'a pas pour objectif de faire voler en éclat l'OMC, et encore moins (beaucoup moins) de faire campagne pour la rupture avec le capitalisme. Ce magma hétérogène que représente ATTAC n'est effectivement pas une organisation révolutionnaire...
Mais la question est de savoir si oui ou non une organisation révolutionnaire peut y participer. Vous répondez clairement par la négative, en argumentant très justement autour de l'idée qu'il n'est pas question pour ATTAC de rompre avec le capitalisme, mais plutot de lui mettre des sparadraps dessus pour qu'il tienne encore la route. Puis viens cette remarque que je juge un peu sèche :
a écrit :Attac, la principale organisation qui incarne en France le courant altermondialiste, se prétend apolitique alors qu'elle est en réalité un parti politique
Si ATTAC était un parti politique, personne n'aurait à se poser la question de la participation ou non : chacun reste chez soi et on laisse ce "parti" évoluer tout seul selon les délires de ses dirigeants.
Mais les choses ne sont pas si simples que ça : ATTAC n'est pas un parti, il s'agit d'une association dans laquelle on trouve de tout, et notament comme vous le soulignez aussi dans votre texte, des "milliers de jeunes et d'associations" qui s'indignent des infamies du système capitaliste. Je pense que ce dernier point mérite réflexion : participer à ATTAC ne pourrait-il pas aussi être vu comme un moyen pour des organisations révolutionnaires d'apporter des perspectives à ces indignations qui bien souvent, partent dans tous les sens ? N'avons nous pas des réponses politiques à apporter à ceux qui, par simple humanisme, se sont dirigés vers ATTAC ?
Je pose ces dernières questions sans être sûr de moi, en espérant lire d'éventuelles réactions qui me permettront d'avoir les idées plus claires sur le sujet...