Daniel Bensaïd est mort

[Ottokar]

Moi je n'y ai pas été, à cette cérémonie. Je comprends la peine des camarades de Bensa, j'ai été touché moi aussi, mais je n'étais pas d'accord avec lui du temps où il était un dirigeant politique de la LCR avec les conneries des années 70 qu'il n'a jamais vraiment critiquées. Je n'appréciais guère ses discussions fumeuses de philosophe ensuite lorsque la maladie l'a écarté de la politqiue active.

Mais ce n'était vraiment pas le moment de le dire ! Ce n'est pas du conformisme devant la mort qui fait cesser les polémiques avec qui ne peut hélas plus répondre. C'est aussi que je respecte celui qui a milité toute sa vie, qui n'a pas cherché véritablement la carrière. Il aurait pu devenir un Weber, un simple Filoche ou un vulgaire Mélenchon en politique, sinon un Gluksman ou BHL en philo. Non, il a défendu à sa manière ce qu'il avait compris du marxisme... même si à mon sens, il n'avait pas tout compris.

Je ne sais pas ce qu'ont pensé les rédacteurs de LO, qui l'ont bien mieux connu que moi, mais moi, je pense que mieux vaut se taire et se contenter d'exprimer ses condoléances (ce qui n'est pas automatique, LO ne l'a pas fait pour Seguin).

[Ottokar]

Arlette Laguillier, parmi cent autres,

au fait, c'est Laguiller, sans I (pas LaguillIer)

[artza]

Arlette Laguillier, parmi cent autres,

au fait, c'est Laguiller, sans I (pas LaguillIer)

Et ça se prononce comme une aiguille et pas comme une anguille

[artza]

Mais pourquoi rien dans l'hebdo ni, m'a-t-il semblé, sur le site ?

Pourquoi rien dans l'hebdo? Il faut poser la question à sa rédaction.

Ici tu n'auras que le point de vue personnel de ceux qui commentent.

[artza]

En tout cas n'y vois aucun ostracisme envers Bensaid
LO était présente aux cérémonies à l'occasion du décès d'E Mandel mais rien n'en avait transparu dans sa presse

Même chose je crois pour le décés de Natalia I. Sedova la compagne de Trotsky.

Décédée à Corbeil près de Paris le 23 janvier 1962, elle fut incinérée quelques jours plus tard au Père-Lachaise.

Voix ouvrière était la plus forte délégation, une centaine, la plus jeune de loin, à 95% agée de 16 ans (le plus jeune, il est encore là) à 25 ans.
Ce fut la délégation la moins bavarde.

Cette délégation fut remarquée par le journaliste de France-Soir. Quelque chose du genre:"près du cercueil de N.S André Breton seul. Face à lui en rangs serrés les jeunes de l'UCI" (avec une photo siou-plaît).

[piemme]

J'ai eu de la peine aussi : Bensaïd était un intellectuel qu'il était bon d'entendre dans les médias contre les discours convenus qui s'y déversent d'habitude.

Mais je dois avouer m'être toujours senti mal à l'aise avec le marxisme de Bensaïd et celui de ses camarades Garo, Lowy, etc. (sans même parler de l'anti-marxiste Corcuff, ami de Bensaïd, et co-fondateur avec lui de la revue ContreTemps -- une revue qui, il faut bien le dire, n'a pas beaucoup d'intérêt pour nous).

Il suffit de rappeler ses prises de position en faveur des analyses de Gramsci, puis celles en faveur du marxisme messianique de Walter Benjamin, pour s'interroger, par exemple, sur la nature de l'intérêt qu'il portait sur la nécessité de construire un parti ouvrier révolutionnaire (dans l'optique de la révolution et donc d'une prise de pouvoir par la force).

Car son optique était tout autre, il me semble (après la lecture de ses ouvrages et ses différentes interventions). Gramsci, on s'en souvient peut-être, quelque peu refroidi par les échecs du mouvement ouvrier italien, puis par sa vie carcérale, a déployé tous ses efforts intellectuels pour mettre au point (avant les post-modernistes) une sorte de marxisme culturel où (pour le dire vite) le préalable à tout changement social d'envergure (?) relevait de la capacité des classes "subalternes" à renverser l'hégémonie (culturelle, ou idéologique) de la bourgeoisie. Comme si, en définitive, le pouvoir de la bourgeoisie tenait de sa seule capacité à imposer une "idéologie dominante" sur celle de la "classe dominée"...

Quant à l'intérêt de Walter Benjamin pour la classe ouvrière, je le cherche encore.

La presse réformiste "radicale" (si on peut dire : Politis, par exemple, ou le Diplo) a salué en Bensaïd, non pas tout à fait un des leurs (car Bensaïd se disait malgré tout "révolutionnaire"), mais un ami qu'ils connaissaient bien. Je doute qu'il en eut été de même s'il n'y avait eu la moindre ambivalence dans le parcours intellectuel de Bensaïd... Si celui-ci ne s'était finalement battu pour "ouvrir" ou "moderniser' le marxisme... S'il n'avait pas accompagné, si ce n'est encouragé, la LCR dans ses derniers renoncements.

[Vérié]

Tout ce que tu dis là me semble juste, Piemme, en particulier à propos de Corcuff. Mais, d'une part, si l'on en croit les camarades de l'ex-LCR, s'il fréquentait les "salons intellectuels", Bensaid était néanmoins resté un militant. D'autre part, s'il a été salué, c'est aussi parce que, dans son domaine, c'était, semble-t-il, un intellectuel d'une certaine envergure,
non ?

Pour juger du comportement de ces médias "réformistes radicaux" - et même des médias en général face à la disparition d'un "intellectuel militant", il faudrait comparer avec leur attitude lors de la disparition de personnalités d'envergure comparable, comme par exemple Mandel ou Tony Cliff 1). Comment les médias - britanniques en ce qui concerne Cliff - se sont-ils comportés à l'époque ? j'avoue ne pas m'en souvenir.
__
1) Je pense que ces deux-là étaient d'une toute autre envergure que Bensaid, mais ce n'est qu'une comparaison...

[artza]

En tout cas n'y vois aucun ostracisme envers Bensaid
LO était présente aux cérémonies à l'occasion du décès d'E Mandel mais rien n'en avait transparu dans sa presse

Même chose je crois pour le décés de Natalia I. Sedova la compagne de Trotsky.

Décédée à Corbeil près de Paris le 23 janvier 1962, elle fut incinérée quelques jours plus tard au Père-Lachaise.

Voix ouvrière était la plus forte délégation, une centaine, la plus jeune de loin, à 95% agée de 16 ans (le plus jeune, il est encore là) à 25 ans.
Ce fut la délégation la moins bavarde.

Cette délégation fut remarquée par le journaliste de France-Soir. Quelque chose du genre:"près du cercueil de N.S André Breton seul. Face à lui en rangs serrés les jeunes de l'UCI" (avec une photo siou-plaît).

... et il n'yeut pas d'article dans La Lutte de Classe (ronéotée ) de l'époque.