Quant au fond, c'est un problème politique : appeler à l'abstention signifierait expliquer aux travailleurs qu'ils ont un intérêt réel, si minime soit-il, à s'abstenir. D'ailleurs, la chose se pose dans les mêmes termes pour les partisans du Oui ou du Non : il faut bien expliquer en quoi ce vote a un quelconque intérêt pour les travailleurs... on voit ce que ça donne dans la campagne actuelle !
Dans les circonstances présentes, il me semble que la seule chose à dire aux travailleurs est qu'il n'y a rien de bon à attendre de l'adoption ou du rejet de cette constitution bidon... et qu'on se moque du résultat du référendum, les vrais enjeux étant ailleurs ! Contrairement à ce que croient certains, cela ne nous fait pas passer à côté de quoi que ce soit...
Il ne s'agit donc, ni de défendre une consigne de vote, ni de s'empailler bêtement avec les travailleurs ou les militants qui choisissent le "Non de gauche"... ou un Oui qu'ils peuvent aussi penser "de gauche". Il y a par contre beaucoup de choses politiques à discuter... à partir de la constitution, mais sans s'y attarder.
Cette position n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire. C'est, mutatis mutandis, celle qu'avait eue LO lors du référendum sur le traité de Maastricht ; je n'ai plus les formulations exactes en tête ou sous la main, mais LO n'avait en tout cas pas appelé à l'abstention.
a écrit :C'est pourquoi, du point de vue des intérêts des travailleurs, toutes les constitutions bourgeoises sont à combattre. Et toute participation à un référendum constitutionnel, même par un vote négatif, revient à légitimer la propriété bourgeoise.
... on peut toujours considérer cela comme un propos "doctrinal", mais c'était quand même jusqu'il y a peu, et depuis toujours, la position défendue par LO -- non pas comme une "doctrine" mais comme position politique appuyée sur un raisonnement partagé par l'ensemble des camarades (semblait-il) et rappelé dans la brochure de LO citée où la phrase ci-dessus ne tombe pas de façon "lapidaire" comme un pavé dans la soupe (le cheveu dans la soupe s'accordant assez mal avec l'adjectif "lapidaire" :sleep: ).
Il n'est pas ici question de "purisme" . Bien sûr, on peut toujours expliquer que pour ce référendum, dans une situation particulière qui serait celle d'aujourd'hui, il faut faire une concession tactique par rapport à nos positions politiques. Cela n'a rien de condamnable par principe -- les appels à voter Mitterrand au second tour des présidentielles de 1974 et 1981 étaient des concessions de ce type. Mais, justement, il faudrait expliquer clairement en quoi ce geste serait aujourd'hui vraiment nécessaire (en expliquant au passage le retournement public de position sur le sujet entre deux congrès successifs de LO...) ; pour ma part, je ne pense absolument pas que ce soit justifié...
pour Zelda :
a écrit :Ceux-là voient même souvent le référendum comme une suite aux actions, grèves ou manifestations, auxquelles ils ont participé. Mais c'est justement là que réside le piège, un piège qui a déjà en fait fonctionné avant même que se tienne le référendum.
... l'article ne parle pas de "mouvement (ou prémice de mouvement) arrêté ou dévoyé en vue du référendum", mais des illusions bien réelles qui ont couru dans la tête de travailleurs au lendemain par exemple du 10 mars... illusions largement exploitées par des militants (syndicaux et politiques) favorables au prétendu "Non de gauche", et qui avaient d'autant plus de raisons d'exister que ces mêmes travailleurs et militants ne voyaient rien venir d'autre comme suite à ces actions, grèves ou manifestations. Et pour cause : le seul mot d'ordre des directions syndicales CGT, SUD, etc et le seul terrain d'agitation politique était alors "tout pour le Non de gauche au référendum" -- c'est là que le piège a malheureusement bien fonctionné !
Quant aux autocollants en faveur de "Non" lors du 10 mars, on n'a pas dû avoir des échos des mêmes manifs !!! C'est ce que tout le monde a vu... et pas seulement la presse et les partisans du "Non" qui s'en réjouissaient largement dès le lendemain !