Des séries télé, du foot, et de leur impact idéologique

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Louis » 19 Mai 2007, 22:52

a écrit :ant Canardos, comme d'autres ont vu en cela une "défense du réalisme soviétique". Ce n'est pas trop grave, j'ai l'habitude avec eux, mais toi, cela me déçoit, je le (me) repete. D'ailleurs la tendance (très tendance...impérialiste) de jeter tout ce qui a été créé par l'art soviétique est absurde; il faudrait un regard critique la dessus aussi.


Déja je fais une différence entre le "réalisme" et le "réalisme socialiste" (qui n'est souvent pas plus réaliste dans ses réalisations les plus m édiocresqu'une toile de jakson pollock )

Je voulais juste préciser le contexte de cette histoire de la cia et de son intervention en art : elle était d'accord pour soutenir un des courants les plus réactionnaires (esthétiquement parlant) du mouvement "abstrait", pas forcément signer des deux mains "abstraction contre réalisme"... De toute façon, on en a déja parlé il me semble...

a écrit :Ou tu n'as pas lu don Quijote ou tu ne comprends pas ce que tu lis, vu que plus héros positif, plus noble (malgré son ridicule) et encore plus politique que Don Quijote est difficile de trouver; mais pour cela il fallait connaitre l'histoire de l'Espagne de son temps (Woods a encore écrit un bon article la dessus) et la lutte entre les diverses courants littéraires de l'époque.

Oui, moi j'appelle ça un héro ambigue. Pas de la méme maniére qu'oblomov d'ailleurs
a écrit :
Il peut arriver qu'un héros negatif soit (à la fois) un héros positif, non?


Oui, c'est l'ambiguité constitutive du genre ! Ca a été une (formidable) invention du roman noir américain (dashiell hamett et raymond chandler) Enfin, eux c'est encore autre chose : leur héros est "tragiquement seul, a un momment illogique de l'histoire" (pour parler comme Ernesto) d'ou le fait que le bien (qui est en lui) est totalement inapte a lutter contre le mal (qui exhulte de la société)
a écrit :
Et la "décadence totale du réalisme"sous staline ne signifie nullement la décadence du réalisme mais du stalinisme,


Trés belle phrase Et que je partage totalement !

Sinon, il y a bien entendu une critique du mode de vie d'oblomov. Mais il n'en reste pas moins un héros, attachant ! D'ou l'ambiguité, la aussi

Cela dit, l'ambiguité c'est comme l'abstraction en peinture : tout ne se vaut pas la dedans

sinon pour en revenir a trotsky, la question n'était pas " l'art ne devait pas avoir de lien avec les révolutionnaires ??" mais la phrase finale du fameux manifeste Breton trotsky "toute licence en art" a donné lieu a un désacord entre Breton et Trotsky. Breton voulait rajouter "toute licence en art, sauf contre les oeuvres contrerévolutionnaires" et trotsky a fait retirer cette appréciation. Il ne voulait pas qu'on limite la liberté de création artistique. Qu'on ne fasse pas un contre sens : ce n'était pas parce qu'il pensait que toutes les formes se valaient du point de vue de la révolution, mais plutot parce qu'il sentait le danger d'une telle proposition d'André Breton....
Louis
 
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Message par Louis » 20 Mai 2007, 08:55

On est parfaitement d'accord. Mais pour en revenir au sujet, il va falloir redescendre des cimes pour se coltiner aux plaines, et passer de Goete a Mac Gyver. Les séries télé évidemment, ce n'est pas les grands auteurs, l'art puissant, la subtilité, etc

Mais ça a un impact tellement important dans nos vies et dans la politique que je ne vois pas comment en faire l'économie de la critique Voila un article du monde diplo qui fixe je crois assez bien les enjeux :

a écrit :Une fable a dominé les dernières décennies, leurrant pour une grande part pensées politiques et philosophies. Contée après 1968, elle voulait faire croire que nous étions entrés dans l’âge du « temps libre », de la « permissivité » et de la « flexibilité » des structures sociales, bref, dans la société des loisirs et de l’individualisme. Théorisé sous le nom de société postindustrielle, ce conte influença et fragilisa notablement la philosophie « postmoderne ». Il inspira les sociaux-démocrates, prétendant que nous étions passés de l’époque des masses laborieuses et consommatrices de l’âge industriel au temps des classes moyennes ; le prolétariat serait en voie de disparition.

Non seulement, chiffres en main, ce dernier demeure très important, mais, les employés s’étant largement prolétarisés (asservis à un dispositif machinique qui les prive d’initiatives et de savoirs professionnels), il a crû. Quant aux classes moyennes, elles sont paupérisées. Parler de développement des loisirs – au sens d’un temps libre de toute contrainte, d’une « disponibilité absolue », dit le dictionnaire – n’a rien d’évident, car ils n’ont pas du tout pour fonction de libérer le temps individuel, mais bien de le contrôler pour l’hypermassifier : ce sont les instruments d’une nouvelle servitude volontaire. Produits et organisés par les industries culturelles et de programmes, ils forment ce que Gilles Deleuze (1) a appelé les sociétés de contrôle. Celles-ci développent ce capitalisme culturel et de services qui fabrique de toutes pièces des modes de vie, transforme la vie quotidienne dans le sens de ses intérêts immédiats, standardise les existences par le biais de « concepts marketing ». Ainsi celui de lifetime value, qui désigne la valeur économiquement calculable du temps de vie d’un individu, dont la valeur intrinsèque est désingularisée et désindividuée.
Louis
 
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Message par pelon » 20 Mai 2007, 10:29

(Jul @ samedi 19 mai 2007 à 19:27 a écrit :
c'est pas Trotsky qui disait que l'art ne devait pas avoir de lien avec les révolutionnaires ??

Ce n'est pas cela. Trotsky disait que l'Etat révolutionnaire ne devait pas dicter aux artistes leur création, "leur tenir le pinceau". Rappelons que l'artiste, dans l'URSS stalinienne, quand il était considéré comme contre-révolutionnaire, suivant des critères qui n'appartenaient souvent qu'à Staline, risquait la pire répression. Si la position de Trotsky était "toute licence en art" il écrivait quand même :
a écrit :
Nous reconnaissons, bien entendu, à l'Etat révolutionnaire le droit de se défendre contre la réaction bourgeoise agressive, même lorsqu'elle se couvre du drapeau de la science ou de l'art. Mais entre ces mesures imposées et temporaires d'auto‑défense révolutionnaire et la prétention d'exercer un commandement sur la création intellectuelle de la société, il y a un abîme. Si, pour le développement des forces productives matérielles, la révolution est tenue d'ériger un régime socialiste de plan centralisé, pour la création intellectuelle elle doit dès le début même établir et assurer un régime anarchiste de liberté individuelle. Aucune autorité, aucune contrainte, pas la moindre trace de com­mandement ! Les diverses associations de savants et les groupes collectifs d'artistes qui travailleront à résoudre des tâches qui n'auront jamais été si grandioses peuvent surgir et déployer un travail fécond uniquement sur la base d'une libre amitié créatrice, sans la moindre contrainte de l'extérieur.

On peut lire ICI
le manifeste pour un art indépendant rédigé par Breton et surtout Trotsky.
pelon
 
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Message par canardos » 20 Mai 2007, 10:36

ce que tu ne piges pas, convidado, c'est que les séries, et notamment certaines séries policieres, sont des peintures sociales et psychologiques de la société de notre époque.

evidemment, ells sont commandés par des capitalistes qui cherchent à faire de l'audience et qui defendent souvent les valeurs bourgeoise

la plupart de ces peintures sont merdiques, loi du profit exige, comme l'étaient dans le temps la plupart des films, elles ne sont pas faites dans un optique révolutionnaires, mais pour que les gens les suivent et se projettent dans les personnages et dans l'histoire, elles sonnent souvent justes et peuvent etre excellentes lorsqu'elles sont confiées à des réalisateurs de talent, à des gens qui comprennent leur société et ont un regard caustique et lucide dessus, meme si ils ne sont pas révolutionnaires.

c'est pourquoi j'aime bien desesperate avec sa peinture au vitriol de la société américaine qui comme american beauty sonne souvent juste à travers l'humour.

Bree van de camp, par exemple est un authentique monstre et je te prie de croire que le fait que cette dame soit imbue de respectabilité sociale, républicaine, partisane des armes à feu, psychorigide et refoulée, capable de tout détruire autour d'elle y compris ses propres enfants au nom des grands principes, n'est certainement pas une apologie des valeuirs de bush. Ce n'est pas pour rien que le réalisateur homosexuel a expliqué qu'il avait crée Bree et ses conflits avec son fils homosexuel en pensant à sa propre enfance et sa propre mère.

quand à The shield, Vic, le flic assassin qui commence par assassiner un collègue, qui deale avec les trafiquants, qui fait des hold-up et qui en plus travaille sous les ordres de chefs corrompus ou préoccupés principalement de leur carrière politique dans une société en décomposition ou les gosses se massacrent des 12 13 ans dans les gangs, personne ne peut voir cette série comme autre chose qu'une charge contre la société actuelle, meme si le personnage de Vic est complexe, bon copain, pere d'enfant autiste, afin qu'on puisse quand meme suivre sa dérive et entrer à l'interieur du personnage, condition sine qua non de tout roman ou de tout film de qualité.

Et n'en déplaise à Convidado qui en parle avec d'autant plus d'assurance qui ne n'a pas vu et qu'il ne le verra jamais, Dexter par exemple n'est pas présenté comme un héros positif, mais comme un monstre pathétique et souffrant dont la vie a été détruite par l'inhumanité de la société,

c'est seulement pour ça, parce qu'on arrive progressivement à comprendre Dexter et ses pulsions, ses angoisses, sa souffrances que cette série est suportable et meme interessante.
canardos
 
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Message par canardos » 20 Mai 2007, 12:02

dexter ne combat pas les voyous de banlieue, dexter n'est pas présenté comme un justicier, il n'est meme pas flic mais expert en hématologie...

mais à quoi ça sert, ta religion est faite...et tu dissertes sur une série que tu inventes selon tes préjugés et les besoins de ton argumentaire.

simplement je te trouve singulierement réactionnaire avec ton mépris des rebuts de la société...la société en fabrique beaucoup des rebuts de la société...

et je ne vois pas pourquoi les romans, les films ou, les séries qui les décriraient, qui montrerait la société qui les produit devraient etre condamnés à priori tu pratiques toujours ton culte des seuls "héros positifs" qui a inspiré la politique culturelle des régimes stalines et maoistes
canardos
 
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