J'interviens rapidement dans cette discussion, puisqu'on en a déjà parlé sur ce forum :
http://forumlo.cjb.net/index.php?showtopic=5443Je rappelle que je me refuse de croire à une "prostitution libre et consentie", et que les positions de Cabiria sur le "statut de travailleuses du sexe" pour les prostituées me choque.
Non, la prostitution ne peut pas être considérée comme "un travail comme un autre" ! Le principe même du système prostitutionnel c'est qu'un mec, parce qu'il est mec et qu'il a du fric, peut se payer un autre être humain, transformant ce qui devrait être un moment de tendresse et de complicité entre deux êtres humains en une sordide transaction marchande.
Comme le disait Alexandra Kollontaï,
" L'acte d'amour, abaissé au degré de profession, que peut-il avoir de plus monstrueux ? Rien ne dessèche autant l'âme que la vente forcée et l'achat de caresses étrangère. La prostitution éteint l'amour dans les coeurs". Parler de "libre choix", en se basant sur quelques exemples individuels, c'est entrer dans une idéologie libérale. D'ailleurs, dans les magasins, quand il est question de faire bosser les salariés le dimanche ou les jours fériés, les patrons parlent aussi (au début du moins) de "libre choix" voire de "volontariat". Pour ce qui est de la prostitution, sans même parler des traffics humains et du proxénétisme, il n'y a pas de libre choix pour la gamine qui fait le trottoir pour se payer sa dose de came, pas de libre choix pour la mère de famille, prostituée occasionelle, pour boucler les fins de mois, ni même de libre choix lorsque, comme le montre de nombreux témoignages et recherches faites entre autre par le mouvement du Nid, de nombreuses personnes prostituées entrent dans ce système après avoir subies des viols ou des agressions sexuelles dans leur enfance ou adolescence.
Enfin, on doit rappeler que les pays où la prostitution est légalisée, considérée comme "un métier parmi d'autres", comme la Hollande ou l'Allemagne, sont aussi des plaques tournantes pour le traffic d'êtres humains. Ce qui est complètement logique. En effet, si on considère que la prostitution serait un métier comme un autre, il faut en toute logique dire qu'être client de la prostitution serait aussi une consomation comme une autre. Ce qui voudrait dire qu'un être humain serait une marchandise comme une autre !?! Et à quoi voit-on la différence entre une prostituée soit-disant "libre" et celle qui est victime des réseaux maffieux ou d'un proxénète ?
Bref, à mon avis, on ne peut pas revendiquer "le droit de se prostituer", mais on contraire se battre pour le droit de ne pas se prostituer ! Cela implique bien sûr la lutte pour des structures d'accueil, un combat plus général contre la misère, pour la régularisation des sans-papiers, etc, etc.
Un lien vers un site féministe avec des témoignages et des réflexions sur la prostitution :
http://sisyphe.org/