Le procès de Bobigny (le téléfilm)

[Zorglub]

Je viens de regarder ce téléfilm avec Anouk Grinberg dans le rôle de Gisèle Halimi et Sandrine Bonnaire dans celui de la mère accusée.
Un avertissement "librement inspiré des faits" qui, s'il a le mérite d'exister ne nous dit pas ce qui a été modifié et pourquoi.
L'article Wikipedia nous dit que la plaidoirie de Halimi y est retranscrite telle quelle.

Le téléfilm vaut qu'on le regarde et montre pas mal de choses, souvent par le détour, la frilosité du PC (l'avortement fût d'ailleurs interdit jusque quand en Urss ?), les militantes de Choisir, l'organisation de Halimi et de Beauvoir notamment, qui donnent l'impression d'une organisation d'intellectuelles et de bourgeoises mais dont font partie aussi des membres du MLF présenté comme plus radical.

La manière dont est montrée la mère sonne juste, dépassée par les évènements (et pour cause) mais révoltée et courageuse. Elle se sent au départ un peu manipulée.

Qu'en a-t-il été réellement ?

Arlette y a fait une intervention d'après ce que j'ai trouvé sur le forum. Mais il n'est montré que des interventions, certes courageuses, mais plus consensuelles de Jacques Monod (position scientifique) et de Milliez, gynécologue clinicien catholique fervent mais qui témoigne en faveur de la mère parce que lucide sur la détresse et le massacre des femmes modestes (le slogan : "pour les riches l'Angleterre, pour les pauvres la prison !"). Il dira : « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l’ensemble des Français ». Cette position lui vaudra un blâme de l'Ordre si bien nommé et un refus à l'entrée à l'académie de médecine (la mal nommée).

[artza]

Si la déposition d'Arlette à ce procès n'est pas rapportée dans ce téléfilm c'est une malhonneté.

Arlette est une personnalité à l'époque et aujourd'hui au moins aussi connue que Monod ou Mulliez, ce qui ne hiérarchise pas les mérites de l'une et des autres.

La déposition d'Arlette fut remarquée à l'époque et près de 20 ans plus tard dans ses mémoires Gisèle Halimi l'évoquait avec émotion.

[Cyrano]

"une malhonneté": le terme est peut-être un peu fort? Pasque en quoi Arlette Laguiller est-elle une personnalité à l'époque? Elle ne sera candidate, que pour la première fois, aux présidentielles qui auront lieu après le procès? Ou bien j'oublie un truc, j'ai la mémoire qui flanche?...

[artza]

Pan sur le bec!

Merci à Cyrano de me contraindre de mettre à l'épreuve une mémoire imprécise.

J'ai en fait confondu le procès de Bobigny dit de "Marie-Claire" en 1972 avec le procès d'Aix-en-Provence en mai 1978 ou Gisèle Halimi plaida aussi.

Je laisse la parole à Arlette:

...Deux jeunes touristes belges...qui campaient dans une calanque près de Marseille, avaient été agressées par trois voyous qui leur avaient fait subir toute la nuit d'ignobles violences. Le juge d'instruction (une femme, pourtant!) avait renvoyé l'affaire en correctionnelle, sous la qualification de "coups et blessures". Il fallut toute la persévérance des jeunes femmes et de leurs avocates pour que les accusés se retrouvent devant une cour d'assises, sous l'accusation de viol.

.

A ce procès AL déclara entre autres:

Je suis là simplement pour demander que la société défende autant la personne d'Anne et d'Araceli qu'elle défend les coffres-forts des banques et l'argent des puissants.

.