par yannalan » 09 Mars 2008, 10:32
Voilà, c'est un texte sorti des journaux wooblies que j'ai traduit pour d'autres, si ça vous intéresse, tant mieux.... C'est uen parodie d'une histoire anglo-saxonne très connue là-bas....
Thomas la locomotive se met en grève.
(histoire enfantine pour les jeunes wooblies)
Il faisait sombre au pays de Sodor. La lune descendait dans le ciel de l'aube. Thomas la Locomotive crachait de la vapeur vers les ateliers de Tidmouth, ses pistons cognaient et cliquetaient,son tampon était encore tombé.
-- Par les cendres de Joe Hill ! » -- s'exclama Thomas devant ses amis -- »aujourd'hui c'est le pompon !
Il avait tant à dire à Percy, qui devait demeurer dans son atelier après que sa chaudière ait explosé. Pauvre Percy, il était encore secoué par le choc de l'explosion.
Ce matin, Gordon, la plus grosse et la plus forte des locomotives avait été le plus vite qu'elle pouvait pour rattraper son retard après que Sir Topham Hatt se soit trompé dans ses horaires. Sir Topham Hatt faisait souvent des erreurs et en rejetait invariablement la faute sur les pauvres locomotives qui travaillaient si dur et qui avaient fait gagner tant de profits à lui et à ses actionnaires. Ce matin, Gordon devait tirer une longue file de wagons de marchandises surchargés, branlants, qui étaient secoués sur la voie. Sir Topham Hatt avait ordonné à Gordon de ne pas respecter les signaux « vitesse lente » le long de sa route.
Les locomotives avaient prévenu mainte et maintes fois Sir Topham Hatt que le vieux pont de bois sur les gorges de la rivière était dans un état de délabrement extrême mais il ignorait leurs avertissements dans sa recherche avide de profits supplémentaires. Quand Gordon passa sur le pont,il le sentit trembler, et commencer à se déformer, mais il allait trop vite pour éviter le désastre. Il atteignit le centre de la travée juste quand le pont s'écroula et précipita Gordon et ses wagons de marchandises effrayés au fond des gorges. Les vieux wagons de marchandises en bois hors d'âge n'avaient aucune chance, et s'écrasèrent en morceaux sur les rochers en-dessous. Gordon eut plus de chance, il plongea dans la rivière et il resta en un seul morceau bien que sévèrement endommagé. La route principale directe autour de l'île de Sodor fut coupée à cause de l'écroulement du pont et Thomas et ses amis furent forcés d'emprunter les voies secondaires plus longues et plus abruptes pour assurer leurs parcours déjà normalement interminables et difficiles. En plus de ça, ils devaient prendre à leur charge le lourd fardeau de Gordon en ajoutant encore plus de wagons de marchandises, pour remplacer ceux qui étaient perdus, alors qu'elles étaient des locomotives plus petites et plus faibles.
C'est pourquoi toutes les locomotives se dirigeaient épuisées vers leurs abris après la fin de leur journée de travail. Lorsqu'elles se rencontrèrent pour échanger leur douloureuses expériences de la journée, James soupira et leur dit que Gordon avait été enlevé et envoyé à la casse pour être découpé et fondu.
Edward s'exclama : « Voilà la réponse de Sir Topham Hatt à nos revendications pour avoir droit à une retraite et une pension une fois que nous sommes épuisés et incapables d'assurer en tant que « locomotives réellement utiles ». Il se sert tout le temps du rythme rapide de Gordon comme d'une épée de Damoclès et nous dit : « Pourquoi ne pouvez-vous être tous des Locomotives Réellement Utiles comme Gordon ? »
-- »Des locomotives stakhanovistes réellement utiles, oui , c'est ça qu'il veut dire ! » répondirent Annie et Clarabelle les wagons de Thomas, d'une même voix. (Sous Staline, un stakhanoviste était un ouvrier soviétique qui jouissait d'une reconnaissance spéciale et de privilèges parce qu'il accélérait la production et forçait les autres ouvriers à suivre son rythme.)
-- « Seul, chacun d'entre nous finira sur le tas de ferraille, quand nous ne serons plus capables d'augmenter les profits de Sir Topham Hatt et de ses petits copains d'associés ! » déclara Thomas. « L'action directe est notre seule possibilité. Trop longtemps on a refusé de répondre à nos demandes et à nos exigences de changement. Nous devons cesser le travail jusqu'à ce que nos exigences soient satisfaites. Unis étroitement, arbre contre arbre, feux de chaudière éteints, nous serons invincibles ! »
-- « Plus de conflits entre nous « -- ajouta Rosie, « nous devons former un comité de grève pour présenter nos exigences. Sous la bannière des IWW, nous aurons l'expérience et le soutien des autres travailleurs pour appuyer nos revendications! » Et ils commencèrent à en établir la liste
-- « Avant tout nous exigeons que Gordon soir réparé et ramené entier chez nous. La blessure d'un seul est la blessure de tous ! »--cria Percy.-- »des réparations complètes pour tous doivent être achevées avant le retour au travail.
-- Un arrêt des conditions de travail dangereuses et l'élimination des sites à risques »-- intervint Edwards.
-- « Une limite à la longueur de nos journées de travail avec des pauses plus longues pour remplir nos chaudières et reprendre notre vapeur »-- ajoutèrent Donald et Douglas.
-- « Des salaires plus élevés ! »--cria Toby le tramway. Oserons-nous exiger l'abolition du salariat ? »
-- « Ça, on l'a déjà »--dit Rosie –On ne touche aucun salaire. »
-- « Sir Topham Hatt pense qu'il peut me bousculer parce que je n'ai pas eu la permission d'être aussi bruyante que toi, Thomas—dit Emily-- J'exige d'être entendue et traitée de la même façon que les autres locomotives ! »
-- « Si nous ne soutenons pas tous les revendications de chacun, aucun de nous ne sera capable de changer la façon dont nous sommes traités » déclara Thomas.
Enfin,ils se mirent tous d'accord.
-- »Nous devons nous efforcer d'être capables de prendre les décisions qui nous concernent sur le lieu de travail. Nous sommes les chemins de fer, nous savons comment les gérer et ils ne peuvent tourner sans nous. Pour le moment, nous exigeons une participation égale, mais plus tard... »
-- « On ne nous donnera pas ces droits. Ce que l'on donne peut toujours être repris. Notre droit de décider de nos vies sur notre propre lieu de travail n'est pas négociable. Seule la force de notre syndicat nous assure qu'on ne nous les reprendra pas ! »
Le lendemain matin, Sir Topham Hatt arriva en courant aux ateliers de Tidmouth, criant et en colère :
-- « Vous êtes toutes de mauvaise locomotives ! Les Locomotives Réellement Utiles ne désobéissent pas aux ordres ! Si vous ne retournez pas au travail immédiatement, je vous retire vos privilèges ! »
-- »Quels privilèges ?-- dit Emily-- même le Père Noël amène plus de charbon aux mauvaises locomotives que vous ne nous en fournissez à nous ! »
Marmonnant des menaces, Sir Topham Hatt revint à son bureau et convoqua ses actionnaires.
-- « Ils ne peuvent pas tenir longtemps ! --leur dit-il,-- une fois qu'ils auront découvert qu'on peut les remplacer, ils imploreront humblement de revenir travailler quelque soient les conditions que nous leur imposerons. Nous avons simplement à trouver des moyens temporaires d'assurer leurs tâches jusque là. »
Pendant ce temps Thomas et ses amis parlaient de leur grève aux autres. Bertie le bus, et même Harold l'hélicoptère acceptèrent de respecter leur grève et d'organiser les autres véhicules routiers et aériens pour qu'ils refusent de passer les rails ou de transporter marchandises et passagers.
-- « Si on leur permet de continuer à vous exploiter – s'exclama Bertie le bus, alors ils se sentiront libres de continuer à nous exploiter aussi. »
-- « Si vous gagnez grâce à notre soutien – dit Harold l'Hélicoptère, nous présenterons les mêmes revendications et nous rechercherons votre soutien pour notre lutte. C'est ça, le syndicalisme solidaire ! »
Sir Topham Hatt s'aperçut rapidement que ce n'était pas si simple de trouver des moyens de remplacer les locomotives en grève. Il chercha même des locomotives étrangères sur le continent pour les amener à Sodor. Mais Bulstrode la barge et le remorqueur de Sodor Bay avaient tous deux passé la consigne au sujet de la grève, et tout ce qui était en jeu, à tous les cargos qui traversaient le détroit depuis le continent. Les locomotives étrangères acceptèrent de ne pas briser la grève et, au lieu de cela, de se joindre aux grévistes une fois atteint Sodor. Le fait que Bulstrode la Barge les ait menacées de les jeter par dessus bord s'ils n'étaient pas d'accord a peut être aussi joué pour les plus rétifs.
Sur les quais, Cranky la grue et Salty prirent conscience de leurs intérêts de classe ouvrière et se joignirent aussi à la grève. Les chargements commencèrent à s'entasser sur les quais. Le peu de chargements qui quittèrent les quais malgré tout se retrouvèrent endommagés à destination bien après qu'ils aient du arriver, ou se trouvèrent livrés à l'autre bout de l''île, bien loin de leur destination première.
Les bateaux chargés de containers emplissaient la baie, du moins ceux dont les containers étaient restés à bord durant la traversée du détroit. Finalement, comme le mot d'ordre de grève s'étendait, les ports étrangers refusaient même de charger les containers sur les bateaux destinés à Sodor.
En fin de compte, comme tout finit pour le mieux à Sodor, même dans le spires circonstances, les actionnaires s'inclinèrent devant la force supérieure des locomotives et de leur syndicat et capitulèrent devant leurs revendications.
Sir Topham Hatt fut renvoyé et la dernière fois qu'on le vit, il portait un bleu de travail et portait un bidon d'huile au chantier de transfert.
Quant aux locomotives, elles élurent des représentants pour assurer son rôle, et, avec la participation de tous, elles se mirent à participer aux décisions qui concernaient leurs vies sur le lieu de travail.
Même si les actionnaires du chemin de fer acceptèrent de limiter leurs voix prépondérantes sur le chemin de fer et de partager leurs dividendes, ils conservaient finalement la propriété et le contrôle du chemin de fer – du moins après la victoire de cette grève.
PS : après la victoire d e la grève, tous les mécaniciens, chauffeurs, pompiers, serre-freins et les mécaniciens et les techniciens du chantier s'accordèrent à dire que ce que les locomotives avaient gagné avait été aussi gagné pour eux.