la digestion du lait, un caractère darwinien?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 27 Fév 2007, 22:16

a écrit :

[center]Nos ancêtres digéraient (déjà) mal le lait[/center]

Les Européens ont progressivement acquis la capacité à digérer le lait à l’âge adulte grâce à l’élevage des ruminants, expliquent aujourd’hui des chercheurs. Comme le montre l’analyse ADN de squelettes datant du Néolithique, nos ancêtres n’ont pas toujours posséder l’enzyme permettant de digérer de grands verres de lait.

En étudiant l’ADN de squelettes du Néolithique, des chercheurs de l’University College de Londres (GB) et de l’université de Mainz (All.) ont pu prouver que les Européens ne possédaient pas les enzymes permettant de dégrader le lactose il y a 7.000 ans. La tolérance au lactose se serait diffusée plus tard, conférant un net très avantage pour survivre.

80% de la population d’Europe du nord peut digérer le lait. A la vue de ce chiffre, les «tolérants» semblent majoritaires mais, à l’échelle du globe, ils font exception. Boire du lait à l’âge adulte provoque, chez la plupart des humains, ballonnements et digestion difficile dans le meilleur des cas. Pourtant, il y a des avantages à boire du lait : il est très nutritif et dépourvu de parasites contrairement à l’eau non traitée. Mais la persistance de la tolérance au lactose est contre-nature car les animaux ne sont pas censés se nourrir de lait après le sevrage. D’où la perte progressive de l’enzyme permettant de digérer le lactose pendant l’enfance.

La tolérance au lactose a pourtant persisté chez certaines populations jusqu’à l’âge adulte. Deux hypothèses contradictoires permettaient d’expliquer la répartition inégale des « tolérants »: les Européens digéraient le lactose et c’est pour cela qu’ils ont élevé des animaux producteurs de lait ou bien, après 8.000 ans de consommation de lait, ils ont fini par apprendre à le digérer. Un débat digne de celui de l’œuf et de la poule.

Les chercheurs anglais et allemands pensent avoir trouvé la réponse à cette question. En Europe, nous sommes partis de rien. Le gène de la lactase modifié, qui permet la tolérance au lactose, est apparu seulement après la domestication des animaux producteurs de lait, il y a 9.000 ans en Europe, explique Mark Thomas, docteur à l’UCL. Les populations tolérantes au lactose se sont répandues car cela leur donnait de plus grandes chances de survie.

Ces travaux sont publiés aujourd’hui dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.

Philippe Salomon
Sciences et Avenir.com
(27/02/07)

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par zeanticpe » 28 Fév 2007, 05:27

Enlève vite ce message Canardos. Ca fait 6 mois que je ma bat avec ma fille pour qu'elle termine son biberon! ;)
zeanticpe
 
Message(s) : 0
Inscription : 19 Mars 2006, 04:51

Message par canardos » 28 Fév 2007, 07:52

euh, tu peux dire à ta fille, élément particulierement brillant qui suit deja ce forum alors qu'elle est encore au biberon, que l'article ne traite que la capacité de digerer le lait à l'age adulte, parce que tous les petits mammifères digerent le lait sans problème, ta fille y compris.....sinon ce ne seraient pas des mammifères...

:D
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par abounouwas » 28 Fév 2007, 16:57

"ou bien, après 8.000 ans de consommation de lait, ils ont fini par apprendre à le digérer."
qui peut éclairer ma lanterne sur ce point?
Merci.
abounouwas
 
Message(s) : 0
Inscription : 10 Jan 2007, 00:47

Message par lavana » 28 Fév 2007, 18:52

(abounouwas @ mercredi 28 février 2007 à 17:57 a écrit : "ou bien, après 8.000 ans de consommation de lait, ils ont fini par apprendre à le digérer."
qui peut éclairer ma lanterne sur ce point?
Merci.

Merde j'allions le dire. D'ailleurs ne serait-ce pas du Lamarkisme ? Ce qui est, paraît-il ,une manie (c'est moi qui emploie le mot) française. Je veux dire un courant de pensée relativement fréquent chez les scientifiques formés en France.

Bref pendant 8 000 ans, qui consommait du lait ? Seulement les bébés ? Enfin la formulation est bizarre.
lavana
 
Message(s) : 9
Inscription : 30 Juin 2003, 14:05

Message par canardos » 28 Fév 2007, 19:43

non, c'est bien de sélection darwinienne qu'il s'agirait...

imaginons un groupe de population qui passe de la chasse à l'élevage...une nouvelle ressource s'ajoute à la viande, le lait...Or dans la grande majorité de la population concernée l'enzyme qui dégrade le lait cesse d'etre produite apres la petite enfance, seule une minorité garde la capacité de la dégrader et donc de boire du lait à l'age adulte...cette minorité a du coup pendant les périodes de pénurie un taux de survie un peu supérieur et en 400 ou 500 générations le gene correspondant se répand dans la population et devient majoritaire.
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par Barnabé » 01 Mars 2007, 00:10

(canardos @ mercredi 28 février 2007 à 19:43 a écrit : non, c'est bien de sélection darwinienne qu'il s'agirait...

imaginons un groupe de population qui passe de la chasse à l'élevage...une nouvelle ressource s'ajoute à la viande, le lait...Or dans la grande majorité de la population concernée l'enzyme qui dégrade le lait cesse d'etre produite apres la petite enfance, seule une minorité garde la capacité de la dégrader et donc de boire du lait à l'age adulte...cette minorité a du coup pendant les périodes de pénurie un taux de survie un peu supérieur et en 400 ou 500 générations le gene correspondant se répand dans la population et devient majoritaire.

En fait, l'article évoque 3 hypothèse:
les 2 premières:
a écrit :les Européens digéraient le lactose et c’est pour cela qu’ils ont élevé des animaux producteurs de lait ou bien, après 8.000 ans de consommation de lait, ils ont fini par apprendre à le digérer.

ne sont justement pas darwinienne. La deuxième est en effet en quelque sorte lamarckienne (c'est à force de tenter de digérer du lait que le caractère est apparu et s'est ensuite transmis). La première n'a pas grand sens (l'existence d'un caractère héréditaire inutilisé qui produirait ensuite une pratique le rendant utile).
Finalement, la troisième explication:
a écrit :Le gène de la lactase modifié, qui permet la tolérance au lactose, est apparu seulement après la domestication des animaux producteurs de lait, il y a 9.000 ans en Europe, explique Mark Thomas, docteur à l’UCL. Les populations tolérantes au lactose se sont répandues car cela leur donnait de plus grandes chances de survie.

a le double mérite d'être darwinienne, et surtout, semble-t-il de correspondre à la réalité. A cela près que rien ne dit que cette mutation n'a pas pu apparaître (et pas forcément qu'une fois) avant la domestication. Seulement si ça s'est produit, elle n'a alors pas été conservée parce que dans des conditions où il n'y a pas de lait à consommer, elle n'apportait aucun avantage sélectif. Bref c'est encore une illustration et une confirmation du principe général de l'évolution darwinienne: transformation par mutation aléatoire et conservation par sélection naturelle.
Barnabé
 
Message(s) : 0
Inscription : 11 Oct 2002, 20:54

Message par Apfelstrudel » 01 Mars 2007, 00:32

a écrit :après 8.000 ans de consommation de lait, ils ont fini par apprendre à le digérer.

C'est beau une telle persévérance : être malades pendant 8000 ans avec la certitude que comme ça, un lointain descendant pourra digérer le lait.
:sygus:
Apfelstrudel
 
Message(s) : 0
Inscription : 05 Avr 2004, 10:26

Message par canardos » 01 Mars 2007, 07:46

(Barnabé @ jeudi 1 mars 2007 à 00:10 a écrit :
Finalement, la troisième explication:
a écrit :Le gène de la lactase modifié, qui permet la tolérance au lactose, est apparu seulement après la domestication des animaux producteurs de lait, il y a 9.000 ans en Europe, explique Mark Thomas, docteur à l’UCL. Les populations tolérantes au lactose se sont répandues car cela leur donnait de plus grandes chances de survie.

a le double mérite d'être darwinienne, et surtout, semble-t-il de correspondre à la réalité. A cela près que rien ne dit que cette mutation n'a pas pu apparaître (et pas forcément qu'une fois) avant la domestication. Seulement si ça s'est produit, elle n'a alors pas été conservée parce que dans des conditions où il n'y a pas de lait à consommer, elle n'apportait aucun avantage sélectif. Bref c'est encore une illustration et une confirmation du principe général de l'évolution darwinienne: transformation par mutation aléatoire et conservation par sélection naturelle.

erreur, la tolérance au lactose chez certains individus devait exister bien avant sans etre tres répandue.

la plupart des mutations qui perdurent sont "neutralistes". sans apporter d'avantage sélectif, elles ne représente pas non plus de désavantage, et leur accumulation présente un avantage, elle augmente la variabilité génétique et donc le potentiel d'adaptation en cas de changement d'environnement.

à noter que le caractere, maintien de la tolérance au lactose à l'age adulte, si il est majoritaire chez certaines populations comme en europe ou l'élevage a joué un role imporrtant est loin de l'etre dans les populations mongoloides. Cela signifie peut-etre que la part de l'agriculture par rapport à l'élevage a été plus importante pour les ancetres de ces populations et que le lait constituait une part moins importante de leurs ressources
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 01 Mars 2007, 08:11

Dans Cordis nouvelles un article un peu mieux formulé que celui de science et avenir:

a écrit :

[center]La recherche identifie l'intolérance au lactose des premiers Européens[/center]

[Date: 2007-02-27]


Les chercheurs britanniques et allemands travaillant sur l'analyse de l'ADN de squelettes de l'époque néolithique déclarent avoir trouvé la première preuve directe de l'intolérance des premiers Européens au lactose. Les résultats sont publiés dans la revue «Actes de l'Académie nationale des sciences» (Proceedings of the National Academy of Sciences).

Aujourd'hui, plus de 90 % de la population du nord de l'Europe possède le gène permettant la digestion du lait. Le gène est également présent dans certaines populations d'Afrique et du Moyen-Orient, mais est absent, à l'échelle mondiale, pour la majorité de la population adulte.

«La capacité à boire du lait est le trait le plus avantageux des Européens ayant évolué au cours du passé récent. Sans cet enzyme lactase, la consommation de lait à l'âge adulte provoque des gonflements et des diarrhées», explique Mark Thomas de l'University College de Londres (UCL), l'un des partenaires de la recherche.

Bien que les bénéfices de la tolérance au lait restent encore un mystère, les populations prospères bénéficiaient apparemment d'un approvisionnement en lait régulier, en comparaison des hausses et des baisses extrêmes dans les récoltes saisonnières. Le lait possède également des vertus nutritives et, contrairement à l'eau des ruisseaux, n'est pas contaminé par les parasites et constitue donc une boisson plus sûre. «L'un dans l'autre, la capacité à boire du lait a offert un énorme avantage de survie à certains des premiers Européens», note le Dr Thomas.

Les scientifiques sont conscients depuis un certain temps que dans le passé, les êtres humains ne pouvaient pas digérer le lait. Cependant, personne ne sait vraiment à quelle période a eu lieu le passage de l'intolérance à la tolérance au lactose.

Les chercheurs de l'UCL et de l'Université de Mainz ont prélevé des échantillons d'ADN sur des squelettes de l'époque néolithique datant de 5 840 et 5 000 avant JC. Le gène contrôlant notre capacité à digérer le lait n'était pas présent dans ces échantillons.

«Notre étude confirme que la variante du gène de la lactase est apparue très récemment en terme d'évolution et s'est répandue grâce à l'avantage massif de survie offert à ses porteurs. Les scientifiques l'avaient déjà démontré à travers l'analyse de gènes de la population d'aujourd'hui, mais nous l'avons confirmé en revenant en arrière et en examinant des ADN anciens», a expliqué le Dr Thomas.

En plus de dater l'évolution de la tolérance au lactose, les chercheurs ont également cherché à défier la théorie consistant à dire que la capacité de certaines populations en Europe à digérer le lait a conduit à l'expansion de l'industrie laitière. Cependant, les chercheurs ont trouvé que la variante de la tolérance au lactose du gène de la lactase s'est développée après l'apparition de l'industrie laitière, qui a commencé il y a environ 9 000 ans en Europe.

Les recherches continueront désormais à identifier les différences de niveaux de tolérance en Europe. «Il est frappant, par exemple, de voir qu'aujourd'hui, environ 80 % des Européens du Sud ont une intolérance au lactose malgré la présence des premiers industriels laitiers en Europe dans ces régions. Les simulations par ordinateur et les tests ADN nous permettent de nous faire une meilleure idée des premiers Européens», affirme le Dr Thomas.

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Suivant

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité