Dans la catégorie odieux pour les parents d'enfants autistes, ce texte d'un autre psychanalyste lacanien, jean louis Bonnat
a écrit :
....
Ce qui prévaut dans notre domaine et son orientation clinique, lacanienne, est désormais l’idée que l’autisme loin d’être que, ou « simplement », un arrêt de développement, voire une défi cience à l’origine – pour certains même… organique, naturelle – relèverait d’un choix ; choix, certes, insondable du petit être humain qui se coupe de la communauté de paroles et de ses échanges, du lien social fondé sur le manque appréhendé chez l’Autre et dès lors chez soi-même ; et s’installe dans un solide et imperturbable refus aux conséquences désastreuses : institutionnelles ou relationnelles, intellectuelles et affectives.
Or, cette idée était déjà en pointillés chez Bruno Bettelheim à propos de choix des machines, chez Joey, et ce qu’il avait, lui-même, du mal à en comprendre les raisons, hors identification de névrosé, comme il se doit (chez Freud et à partir de Freud) :
« Que l’intérêt de Joey pour des ventilateurs ait débuté à l’aéroport et que les pales d’hélices en mouvement aient été l’élément principal de son obsession pour les choses mécaniques dénote l’extrême importance de ses visites à l’aéroport.
Cela soulève un problème psychologique important. Si l’attachement à son père donnait une importance exclusive aux hélices, comment cette obsession pouvait elle tuer tout intérêt pour les gens, y compris pour son père […].
Par conséquent, malgré l’existence d’un rapport direct entre le père, l’aéroport et les hélices, nous ne pouvons pas croire que c’était la personne qui était cause de l’obsession de Joey 2. »
La cause ! C’est ce que cherche le clinicien. Or, la cause – comme objet – suppose un sujet ! C’est surtout F. Tustin qui assumera, chez les Anglo-Saxons la responsabilité d’affi rmer une pareille hypothèse ; comme elle l’écrit, en 1987, avant de disparaître, en préface, à Autisme et Protection
oui, tout cela suppose un sujet !
Partout, ailleurs, on parle d’arrêt, de régression, de déficience ; en psychanalyse comme chez les psychiatres de l’organicisme (J.-C. Maleval pourra déployer ici la large rétrospective, historique, qu’il a préparée et qui permet de se faire une idée sur le négativisme ambiant qui grève l’approche clinique de cette modalité particulière du traitement de l’Autre).
Les cognitivismes divers – par exemple à propos de la « Theory of Mind » – soulignent aussi l’aspect carencé à se représenter, chez l’autiste, l’attente et l’intentionnalité d’autrui (cf. Uta Frith.). Ce que démentent l’espièglerie et même la méchanceté de très célèbres autistes du monde de la littérature du témoignage: Donna Williams, Temple Grandin, pour exemples.
En effet, il ne suffit pas de repérer, également, les avatars traumatiques de la vie des sujets ou la dépression de leur mère (réelle, cependant) ou le « laisser tomber » pour un hors-sens évident, que prend l’enfant chez son parent (comme c’est le cas pour la mère de Joey, à sa naissance) pour, sinon expliquer du moins s’accrocher à une raison possible en vue de mettre du sens sur cet inexpliqué, inexplicable – insupportable, surtout ! – de l’autisme. Les témoignages d’autistes adultes confi rment qu’il s’agit de parti pris, de décision : la « défense » face à l’insupportable rapport au vide, à l’inconsistance imaginaire, à l’impossibilité à s’accrocher – à faire sienne – une image, une parole venue et acceptée de l’Autre :
...
Contre la généralisation ! Et contre l’affadissement du comportementalisme le plus behavoriste ou même, plus affi né, du cognitivisme !
En effet, le panorama de l’autisme, sous ces généralisations des nouvelles classifications « made in USA » (DSM III, IV), nous amène à élargir la clinique de l’autisme (J.-C. Maleval évoquera ce nouveau « spectre », éventail élargi, à partir de traits structuraux de l’autisme). Ainsi, au-delà de l’autisme primaire et infantile de Kanner, caricatural, fi xé et invariable – sans référence évolutive,
historique pour chaque sujet – devrons-nous rechercher des indices diachroniques de ces variations ; comme chez D. Williams, T. Grandin ; comme le fait L. Kanner, lui-même, en 1971, dans une rétrospective sur ce que sont devenus les onze enfants du début (1942) de son étude du syndrome.
....
Aujourd’hui à l’heure du « handicap » généralisé et même indifférencié, il est urgent de manifester, d’inscrire notre détermination, dans la clinique, à restituer à chaque individu, son particulier, sa spécifi cité, autrement dit la reconnaissance de son symptôme, de ce à quoi il tient le plus et qui le fait tenir dans sa spécifi citéd’être du langage.
Quand on sait la banalisation du symptôme, quand on lit, ou entend dire que les « Associations de parents d’enfants autistes », aux USA, cherchent à faire reconnaître l’autisme comme « handicap naturel », de naissance, et donc « sans rapport avec l’environnement » psychologique de ces enfants (cf. Kanner, lui-même, après 1970), et comme un préjudice de la nature que la société etses aides fi nancières se devraient d’indemniser, pour en dédommager les individus (quasiment victimes d’une malédiction… génétique !)… on mesure dans quelle déshumanisation et/ou quelle irresponsabilité programmée(s) est entrée la considération, ou l’attention, que l’on doit au symptôme et à son cortège de souffrances que cela entraîne.
Croire ou ne pas croire au symptôme ? Croire, sans l’édulcorer ou en rejeter (forclusion !) le sujet – comme tend à le faire le discours de la science – pure, dure, objectivante – voilà les enjeux et l’avenir d’une clinique qui a à se ranger du côté du « parlêtre » et non pas du côté d’un organisme sans sujet. Souffrance, ici, non de ce que le sujet ne saurait jouir de son symptôme, mais de ce qu’aucune adresse, aucune reconnaissance, en retour, ne saurait venir admettre, accueillir
comme humaine, et la soutenir d’une parole ou d’un appareil de langage, une telle souffrance.
Dramatique et exemplaire – mais pathétique, surtout – l’autocritique, ou la conversion, d’un Léo Kanner, en 1971, qui regrettait d’avoir écrit et laissé dire que la détresse ou les difficultés d’un parent, déprimé, souffrant, psychotique peut-être… pouvait être à l’origine d’une souffrance chez l’enfant, entraînant – en réponse – le syndrome de repli qu’est l’autisme. Il s’en excusait et disculpait, d’avance, pour d’autres situations à venir, des parents qui auraient pu se croire coupables ou responsables du syndrome d’autisme chez leur enfant. En rejetant, ainsi, l’éventuelle relation à la souffrance d’un parent, ou des deux, c’est un double déni d’humanité qu’il a accompli ; en allégeant (?) les parents, mais en les privant, aussi, de la reconnaissance de leur double fardeau : celui de leur être en souffrance et celui de leur enfant, devenu autiste, pour se protéger de leur propre souffrance.
voila donc un professeur "émérite" de psychologie à l'Université de Nantes, par ailleurs psychanalyste en libéral
- qui déplore que Kanner le découvreur de l'autisme infantile précoce, ait fait son autocritique et soit revenu sur son explication de l'autisme causée par une mère froide.
- qui dénonce la demande des parents d'autiste de la reconnaissance du handicap de leur enfant pour avoir des aides financières. quelle horreur, quel matérialisme sordide...
qui explique que la reconnaissance de la souffrance des parents passe par la reconnaissance de leur responsabilité dans l'autisme de leur enfant.
ainsi à l'université de Nantes comme à celle de Picardie ce sont des zozos pareils qui forment les nouveaux psychologues y compris les psychologues scolaires....effrayant, non?