Informations ouvrières n° 47 semaine du 21 au 27 mai 2009
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
NI RIRE, NI PLEURER, S'ORGANISER
“Cent trente-trois emplois sont sauvés. » C'est en ces termes que les grands moyens d'information ont annoncé, ce 18 mai, l'accord signé entre la direction de Caterpillar et certaines organisations syndicales. Un accord qui entérine 600 licenciements, qui peuvent redevenir 733 si, d'ici à octobre, l'accord sur l'aménagement du temps de travail n'est pas ratifié par les salariés.
600 à 733 licenciements, cela donne : « 133 emplois sauvés. » Cela s'appelle, paraît-il, informer.
Ce même 18 mai, pas un mot dans les médias sur le rassemblement tenu deux jours plus tôt à l'initiative du POI à Paris.
5 000 à 6 000 travailleurs et jeunes rassemblés autour des mots d'ordre : « Forger l'unité pour l'interdiction des licenciements » et « Pour la rupture avec l'Union européenne », cela n'intéresse bien évidemment personne. Des représentants d'organisations ouvrières d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, de Roumanie, de Pologne affirmant avec les travailleurs français leur unité de combat pour l'interdiction des licenciements dans toute l'Europe, cela non plus n'intéresse personne. De ce non-événement, donc, radios, télévisions, grands quotidiens nationaux se sont bien gardés de parler.
Pas plus qu'un seul mot ne fut dit sur la conférence de délégués. Il est vrai que des militants venus de toutes les origines du monde ouvrier, envoyant près de 400 délégués à Puteaux pour déterminer ensemble les moyens de bâtir une marche unie pour l'interdiction des licenciements, cela n'intéresse personne.
D' Europe, il n'est question dans les grands médias que quand il s'agit d'appeler à voter le 7 juin, quelle que soit par ailleurs la liste ainsi choisie.
Il en est des élections européennes et de son prétendu Parlement comme des Jeux olympiques : l'important, c'est de participer. Et malheur aux millions et aux millions d'ouvriers, d'employés, de paysans, de jeunes qui, si l'on en croit les sondages, s'apprêtent à s'abstenir : ceux-là n'ont pas voix au chapitre. De licenciements, il n'est question dans les grands médias que quand il s'agit de les accompagner, de mettre en place des « plans sociaux ».
Qui voudrait les interdire n'a pas la parole. Sommes-nous encore en démocratie politique quand, pour l'essentiel, les mesures qui frappent la population et la jeunesse ne sont que simples transpositions des directives et des plans de Bruxelles ? Sommes-nous encore en démocratie quand les licencieurs et les exploiteurs qui contrôlent les grands médias — les grands groupes capitalistes et l'Etat — les utilisent comme des armes dans la guerre qu'ils mènent contre la classe ouvrière ?
Que le Parti ouvrier indépendant soit la cible de ce boycott médiatique systématique, c'est un fait. On l'a vu le 15 juin 2008 lors de la fondation du parti, le 8 février 2009 lors du meeting de 4 000 participants à Montreuil, et à nouveau ces 15 et 16 mai.
Bien évidemment, nous savons gré au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui nous a reçus voilà trois semaines. Nous ne doutons pas qu'il a fait ce à quoi il s'était engagé pour que le rassemblement du 16 mai soit correctement couvert par les médias. Force est de constater que rien n'a changé.
Qu'en conclure ? Ni rire ni pleurer, mais comprendre, disait naguère Spinoza. Ajoutons : et s'organiser avec et dans le Parti ouvrier indépendant.
La conférence des 15 et 16 mai a montré la puissance d'un mouvement engagé qui, un peu plus tôt, un peu plus tard, permettra aux travailleurs d'imposer l'unité pour interdire les licenciements. Renforcer maintenant le parti ouvrier, c'est aider ce mouvement politique à progresser vers l'objectif vital pour l'avenir de la société.