Lever enfin le voile sur le mariage forcé

Message par Nadia » 09 Nov 2004, 13:35

(marzipan @ lundi 8 novembre 2004 à 18:40 a écrit : Dans un mariage forcé, la femme n'a aucun désir de se marier.

Dasn un mariage arrangé, qui touche aussi bien les hommes que les femmes, il y a désir de se marier mais le choix des époux est laissé aux familles.
La différence n'est pas bien claire.

Je suppose que le mariage "forcé" est un mariage arrangé où la femme refuse absolument de se marier avec le mari désigné.

Mais dans les 70 000 mariages arrangés comptés en France, combien sont ceux où la femme accepte volontiers ou cesse sous la pression et les menaces ?

Dans son bouquin, Loubna Méliane raconte qu'elle a accepté de se marier sous les menaces de sa famille. Et qu'elle a demandé le divorce deux jours après la "nuit de noce". Etait-ce un marriage "arrangé" ou "forcé" ?
Nadia
 
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Message par marzipan » 09 Nov 2004, 14:10

Ben si, j'y vois une différence assez claire : d'un côté il y a consentement, de l'autre il y a contrainte.

En ce qui concerne le chiffre de 70 000 mariages arrangés en France, il faudrait savoir d'où il sort ? Qui l'a comptabilisé ainsi tant cela semble difficile à quantifier.
Y a-t-il recrudescence des ces pratiques ou accroissements de leur signalements ?

Le dernier chiffre que j'avais entendu, dans l'interview sur RFI d'une responsable associative qui se consacre essentiellement à cette cause, est de 30 000 cas (désolé, j'ai pas retenu le nom de l'asso ni de la femme).


Concernant Loubna Méliane, si elle a pu se débarrasser de son maquereau au bout de deux jours, c'est que la situation n'est peut être pas aussi inéluctable qu'on aime parfois à le croire et que ces filles sont bien moins soumises qu'on aime le prétendre dans les diners bourgeois.

Et puis franchement, il y a des lectures un peu moins simplistes que celle de Loubna Meliane

a écrit :
Quand la banlieue parisienne produit une surdouée de la littérature  ;)

A 19 ans, Faïza Guène est une jeune femme plutôt en avance sur sa génération, elle qui a grandi dans une cité de la banlieue parisienne. En publiant Kiffe kiffe demain, sa première nouvelle, elle vient de faire une entrée remarquée dans la cour des écrivains français. Mais plus que sa précocité littéraire, c'est sa trajectoire personnelle qui marque. "Fille d'immigrés algériens venus en France avant sa naissance, elle s'est servie de son vécu au cœur des logements sociaux de la banlieue parisienne pour confectionner une œuvre tendre, amusante et même empreinte de sagesse", note The New York Times.

A travers son héroïne, Doria, 15 ans, une adolescente habitant dans un immeuble appelé Paradis, Faïza Guène réenchante un milieu qui n'a été perçu jusque-là qu'à travers ses tares. La fiction lui permet de rétablir une réalité plus contrastée. "J'en ai eu assez d'entendre uniquement des sombres récits sur les banlieues, c'est pourquoi j'ai écrit sur les choses triviales du quotidien. Il est important de montrer que dans les banlieues, il n'y a pas que des voitures qui brûlent ou des filles qui sont victimes de viols collectifs dans les caves", lance l'auteur. "En fait", renchérit The New York Times, Kiffe kiffe demain n'a rien à voir avec les récits tragiques de victimisation, d'aliénation et de rage écrits par de jeunes Françaises d'origine arabe sur leur vie dans les banlieues sinistres qui encerclent les grandes villes de France."

Faïza Guène a l'écriture dans la peau depuis son enfance. "A 8 ans, elle commençait à créer des contes de fées, où elle faisait de ses amies des princesses. Elles la rémunéraient avec des bonbons. A 13 ans, elle devenait rédactrice en chef d'un fanzine littéraire au collège, dont le produit de la vente finançait ses sorties."

Voici deux ans, elle entame la rédaction de Kiffe kiffe demain. Lorsqu'elle présente les 40 premières pages chez Hachette grâce à une connaissance, "elle reçoit 700 euros d'avance et la promesse d'en gagner 700 autres lors du dépôt final de son manuscrit". Le succès est au rendez-vous. "Son livre, vendu à 25 000 exemplaires, d'après son éditeur, figure déjà parmi les meilleures ventes dans au moins un palmarès littéraire. Il sera traduit en japonais, en espagnol, en italien, en portugais, en néerlandais, et des négociations avec un éditeur américain sont en cours."

Mais Faïza veut garder la tête sur les épaules et refuse de passer pour "la Sagan des cités". Cela lui plaît de prouver qu'il n'y a pas que des joueurs de foot et des rappeurs qui s'en sortent et, note The New York Times, "elle est fière qu'un voisin lui ait avoué que son livre est le premier qu'il ait jamais lu".

marzipan
 
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Message par emman » 09 Nov 2004, 14:22

(marzipan @ mardi 9 novembre 2004 à 14:10 a écrit : Ben si, j'y vois une différence assez claire : d'un côté il y a consentement, de l'autre il y a contrainte.


On consent à beaucoup de chose sous la contrainte.
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Message par Nadia » 09 Nov 2004, 14:27

Je n'ai pas très bien compris pourquoi tu me parles de Faïza Guène. Pour me dire si elle s'est mariée ou pas, est heureuse dans sa banlieue et a de l'inspiration littéraire ? Grand bien lui fasse.

Ca ne répond pas à ma question.

Au fait, un divorce est assez facile... si les deux parties sont d'accord. Dans le cas de Méliane, le gars ne voulait plus trop d'elle quand il a vu qu'elle fumait (pouah, une sale droguée !). Il y a aussi la sacro-sainte virginité.
Mais quand le gars refuse de divorcer, la femme n'est-elle pas réellement coincée ?

Et le fait que cette Méliane ait "accepté" de ce marier avec cet inconnu, n'est-ce pas une preuve qu'elle était soumise à sa famille ?
Nadia
 
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Message par Jacquemart » 09 Nov 2004, 14:29

a écrit :Concernant Loubna Méliane, si elle a pu se débarrasser de son maquereau au bout de deux jours, c'est que la situation n'est peut être pas aussi inéluctable qu'on aime parfois à le croire et que ces filles sont bien moins soumises qu'on aime le prétendre dans les diners bourgeois.

Ben tiens. Si une fille mariée de force sur mille arrive à se rebeller, ça prouve que ce n'est pas si méchant que ça, hein, les filles ?

:altharion:
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Message par marzipan » 09 Nov 2004, 15:12

(Nadia @ mardi 9 novembre 2004 à 14:27 a écrit : Je n'ai pas très bien compris pourquoi tu me parles de Faïza Guène. Pour me dire si elle s'est mariée ou pas, est heureuse dans sa banlieue et a de l'inspiration littéraire ? Grand bien lui fasse.

Ca ne répond pas à ma question.

Au fait, un divorce est assez facile... si les deux parties sont d'accord. Dans le cas de Méliane, le gars ne voulait plus trop d'elle quand il a vu qu'elle fumait (pouah, une sale droguée !). Il y a aussi la sacro-sainte virginité.
Mais quand le gars refuse de divorcer, la femme n'est-elle pas réellement coincée ?

Et le fait que cette Méliane ait "accepté" de ce marier avec cet inconnu, n'est-ce pas une preuve qu'elle était soumise à sa famille ?
Faiza Guène, c'était juste pour signaler que la singularité du parcours de Loubna Méliane ne vaut pas forcément pour l'exemplarité. Et je ne crois pas que l'on puisse batir une réflexion ou un combat à partir d'un seul témoignage. C'est pourquoi il est plus que nécessaire, surtout sur un sujet aussi méconnu que celui-ci, de se reposer sur un maximum de données concrètes, quantifiables et de sources variées.

Forcé ou arrangé, cela révèle effectivement une soumission. Mais pas forcément de même nature.

J'ai plusieurs collègues qui n'hésitent pas à qualifier leur mariage de mariage arrangé pour des raisons diverses : mère célibataire souhaitant "se reposer" (c'est son terme) en se casant avec un mec "généreux" plutôt que de continuer à galérer seule en attendant le prince charmant de ses rêves. Fille de (très) bonne famille mariée à un riche héritier, sans que ça l'empêche de poursuivre une histoire d'amour tumulteuse (entamée avant son mariage) avec le type qui la fait rêver mais que ses parents refusent de voir (normal, c'est un "musulman" donc "un oppresseur de femmes"). Ou encore une fille qui préfère les filles, mais qui, la trentaine passée, a préféré se marier avec le premier mec compréhensif venu plutôt que de devoir justifier ses préférences amoureuses devant les question insistantes de ses parents sur son futur mariage... et sur la descendance à venir.

Bref, autant de cas, bien plus courants qu'on le croit, de mariages arrangés que l'on ne peut pas mélanger aux cas réels de mariages forcés. Et il existe des histoires similaires chez des mecs qui se sont mariés avec une fille présentée par la famille pour échapper à la pression sociale.
marzipan
 
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Message par Barikad » 09 Nov 2004, 15:23

(marzipan @ mardi 9 novembre 2004 à 15:12 a écrit :
Faiza Guène, c'était juste pour signaler que la singularité du parcours de Loubna Méliane ne vaut pas forcément pour l'exemplarité. Et je ne crois pas que l'on puisse batir une réflexion ou un combat à partir d'un seul témoignage. C'est pourquoi il est plus que nécessaire, surtout sur un sujet aussi méconnu que celui-ci, de se reposer sur un maximum de données concrètes, quantifiables et de sources variées.

Forcé ou arrangé, cela révèle effectivement une soumission. Mais pas forcément de même nature.

J'ai plusieurs collègues qui n'hésitent pas à qualifier leur mariage de mariage arrangé pour des raisons diverses : mère célibataire souhaitant "se reposer" (c'est son terme) en se casant avec un mec "généreux" plutôt que de continuer à galérer seule en attendant le prince charmant de ses rêves. Fille de (très) bonne famille mariée à un riche héritier, sans que ça l'empêche de poursuivre une histoire d'amour tumulteuse (entamée avant son mariage) avec le type qui la fait rêver mais que ses parents refusent de voir (normal, c'est un "musulman" donc "un oppresseur de femmes"). Ou encore une fille qui préfère les filles, mais qui, la trentaine passée, a préféré se marier avec le premier mec compréhensif venu plutôt que de devoir justifier ses préférences amoureuses devant les question insistantes de ses parents sur son futur mariage... et sur la descendance à venir.

Bref, autant de cas, bien plus courants qu'on le croit, de mariages arrangés que l'on ne peut pas mélanger aux cas réels de mariages forcés. Et il existe des histoires similaires chez des mecs qui se sont mariés avec une fille présentée par la famille pour échapper à la pression sociale.

Moauis mouais...
Tes comparaisons sont vraiment craignos, mais j'imagines que ce n'est pas volontaire. :hum:
Comment comparer les situations que tu cites, qui ne sont que le reflet des travers de l'institution, bourgeoise, du mariage, à celles de jeunes filles, parfois mineures, mariées de force, violées par leur epoux qui ont parfois le double de leur age !

C'est d'un relativisme vraiment terrible, et je m'associes à la remarque de Jacquemart un peu plus haut.

a écrit : 
a écrit :Concernant Loubna Méliane, si elle a pu se débarrasser de son maquereau au bout de deux jours, c'est que la situation n'est peut être pas aussi inéluctable qu'on aime parfois à le croire et que ces filles sont bien moins soumises qu'on aime le prétendre dans les diners bourgeois.


Ben tiens. Si une fille mariée de force sur mille arrive à se rebeller, ça prouve que ce n'est pas si méchant que ça, hein, les filles ?

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Message par Nadia » 09 Nov 2004, 15:42

Ben Marzipan, tu ne m'a toujours pas dit ce que faisait Faiza Guène dans la conversation. Elle en parle, elle, des mariages arrangés ou forcés ? Ou tu me la cites que comme "écrivaine d'origine algérienne" parce qu'elle écrit mieux que Méliane ? Merci, j'ai lu aussi des auteurs "d'origine banlieue" ou "maghrébins". :smileJap:

Méliane, je l'ai cité parce qu'elle parle précisément d'un mariage arrangé ou forcé (le sien). C'est pas très courant, dans la litérature. Il y a une autre, une Leila, qui a écrit récemment un bouquin à ce sujet (cf ici), mais, désolée, pas lu. Simplement, dans le cas de Leila, le calvaire a duré beaucoup plus longtemps que pour Loubna. De plus, je ne pense pas que toutes les victimes ont pu écrire un bouquin. Surtout celles qui n'ont pas pu rompre le mariage.

Comme Barikad, il me semble que ce que dénoncent les associations, ce ne sont pas des mariages librement consentis par convenance bourgeoise, mais des cas bien plus douloureux.

- modéré par Jacquemart, n'en rajoutons pas :whistling: -
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Message par marzipan » 09 Nov 2004, 17:13

(Barikad @ mardi 9 novembre 2004 à 15:23 a écrit : Comment comparer les situations que tu cites, qui ne sont que le reflet des travers de l'institution, bourgeoise, du mariage, à celles de jeunes filles, parfois mineures, mariées de force, violées par leur epoux qui ont parfois le double de leur age !


Les comparer, justement pour montrer que mariage arrangé et mariage forcé, c'est pas la même chose.

Pas pour dénier la souffrance des filles forcées de force.

Et une fois de plus, pour appeler à raisonner sur des éléments concrets et pas sur des à peu près mariages arrangés = mariages forcés.
marzipan
 
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