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Ecoles Diwan : communautarisme contre laïcité
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Les conséquences de l'immersion : le communautarisme dans les faits 
Texte de J.P. Le Grand dans l'Armor Libre Penseur n° 5 : la rentrée 
2001 dans les Côtes d'Armor. Ouest-France, Dinan, 28/08/2001 : 
Stéphane Jéhanno Président de Dinan bro ar Renk déclare: « ...On nous 
a traités de sectaires parce que nous avions certaines conditions 
pédagogiques. Sur la cour de récréation par exemple. Il est important 
pour nous que les enfants puissent aussi s'amuser en parlant breton, 
que le breton ne soit pas seulement assimilé à du travail en classe. 
Dans une cour où la majorité des élèves chahuteront en français, ce 
n'est pas possible  » 
Ouest-France, Côtes d'Armor, 30/08/200 : « ... St Brieuc Diwan pousse 
les murs ( ! ) ... par manque de place une trentaine d'élèves ont dû 
être hébergés dans les locaux d'une école publique... la cour de 
récréation a dû être séparée en deux...  » 
L'immersion linguistique comme exigence pédagogique des écoles Diwan 
conduit ainsi à une ségrégation des enfants. C'est la logique du 
communautarisme qui se détermine par opposition à d'autres entités et 
constitue une négation du principe d'égalité de tous les citoyens et 
notamment de tous les enfants quelles que soient leurs origines au 
sein de l'école publique laïque.
Pour parfaire l'immersion, l'idéal est d'ailleurs que celle-ci se 
poursuive dans le cadre familial. Ce qui se pratique parfois et qui 
est d'ailleurs recherché. A terme on débouche sur des citoyens qui au 
sortir de l'école ne maîtrisent pas le français. Ce qui ne peut que 
conduire à la nécessité de la production des actes administratifs, 
des codes juridiques, du travail, des contrats, des arrêts de justice 
et de tribunaux au moins bilingues, en breton et en français. On est 
très proche de la Charte européenne des langues régionales et 
minoritaires qui stipule d'ailleurs de telles dispositions. 
L'adéquation des exigences de Diwan et de la Charte européenne est 
d'une telle évidence qu'il est difficile de la contester : le 
dénominateur commun à Diwan et à la Charte étant la mise en place de 
l'Europe des régions au lieu et place des États-Nations souverains. 
Mais Diwan avance que le bilinguisme – encore une fois, le 
bilinguisme est bien disproportionné comme on l'a vu – présente des 
avantages pour le développement intellectuel des enfants. Peut-être 
que oui. Peut-être que non. La plupart des régions frontalières ont 
des populations et des enfants bilingues. On peut dire que dans les 
campagnes de la Bretagne occidentale, le bilinguisme a été pendant 
longtemps une réalité. Les gens de ma génération en Bretagne 
bretonnante rurale parlaient breton à la maison, et français à 
l'école.
Ces enfants bénéficient-ils d'un développement intellectuel plus 
grand et plus précoce ? Peut-être. On ne sait si cela est prouvé. Si 
c'était le cas, le bilinguisme serait sans doute à encourager. Est-ce 
que ce sont de telles pratiques qui expliquent, par exemple, que la 
commune de Plozevet dans le Sud-Finistère a possédé le plus grand 
nombre d'agrégés par habitant ? Peut-être. Mais surtout on ne peut 
faire abstraction du fait que ces enfants ont pu bénéficier d'un 
système scolaire mis en place sous la IIIème République d'une 
exemplaire efficacité et de maîtres d'école d'une rare compétence. 
Quoi qu'il en soit des vertus du bilinguisme, en aucune façon cet 
argument ne justifie en rien l'immersion pédagogique monolingue de 
Diwan. Il vient même en contradiction avec cette pratique… 
Il est souvent argué des résultats scolaires particulièrement 
brillants, voire spectaculaires des élèves de Diwan. S'ils sont 
exacts, ne sont-ils pas à mettre au compte du milieu social favorisé 
dont les enfants sont issus ? ou encore des conditions de travail, 
notamment des effectifs par classe ?
Quant à leurs prétendues aptitudes à maîtriser le français au terme 
de la scolarité élémentaire, c'est une affirmation contestable, même 
si le milieu social des familles Diwan permet sans doute de compenser 
les insuffisances de l'école.
Ainsi dans une réflexion sur le niveau en français des écoles 
bilingues  (français-alsacien) fonctionnant en Alsace, le Comité 
National d'Action Laïque (CNAL) souligne que :
« … les évaluations conduites sont loin d'aboutir à des 
démonstrations aussi flagrantes…..Rares sont les élèves arrivés au 
collège qui poursuivent cette voie. Au plan qualitatif on ne peut pas 
prétendre qu'en fin de CM2 les élèves soient vraiment bilingues. 
D'autre part, la plupart de ceux qui réintègrent le cursus classique 
au moment de l'entrée en 6ème, éprouvent des difficultés s'agissant 
du niveau de leurs connaissances et de compétences. » 
Et le CNAL de prononcer cette appréciation de bon sens : « Ce constat 
n'est pas étonnant. Comment peut-on affirmer qu'il est indifférent de 
supprimer 13 heures d'enseignement en français tout au long de la 
scolarité en école primaire et obtenir les mêmes résultats ?» 
Nous pourrions, quant à nous, nous étonner au sujet des enfants 
scolarisés à Diwan où cet enseignement du français est réduit à un 
maximum de 7 heures voire 6 heures hebdomadaires en fin de CM2 comme 
on l'a vu. 
Comme on le pressent, l'immersion pédagogique recouvre des raisons 
autres. Les motivations de Diwan sont autres que pédagogiques ou 
scolaires. Il faut donc les rechercher dans un autre domaine que 
celui de la culture ou de la langue bretonnes. Paru sur le site 
www.communautarisme.net