a écrit :La pression instante, continue, inlassable de Lénine sur le Comité Central pendant les mois de septembre et d'octobre était motivée par la crainte que nous ne laissions passer le moment. Bagatelle ! répondaient les droitiers, notre influence ne fera qu'augmenter. Qui avait raison ? Et que signifie laisser passer le moment ? Nous abordons ici la question où l'appréciation bolchevique active, stratégique des voies et des méthodes de la révolution se heurte le plus nettement à l'appréciation social-démocrate, menchevique, imprégnée de fatalisme. Que signifie laisser passer le moment ? La situation est évidemment la plus favorable pour l'insurrection quand la corrélation des forces est le plus en notre faveur. Il s'agit ici, il va de soi, de la corrélation des forces dans le domaine de la conscience, c'est-à-dire de la superstructure politique, et non de la base que l'on peut considérer comme plus ou moins constante pour toute l'époque de la révolution. Sur une seule et même base économique, avec la même différenciation de classe de la société, la corrélation des forces varie en fonction de I'état d'esprit des masses prolétarien¬nes, de l'effondrement de leurs illusions, de l'accumulation de leur expérience politique, de l'ébranlement de la confiance des classes et groupes intermédiaires dans le pouvoir étatique, et enfin de l'affaiblissement de la confiance que ce dernier a en lui-même. En temps de révolution ces processus s'effectuent ra¬pidement. Tout l'art de la tactique consiste à saisir le moment où la combinaison des conditions nous est le plus favorable. L'in¬surrection de Kornilov avait définitivement préparé ces condi¬tions. Les masses qui avaient perdu confiance dans les partis de la majorité soviétiste avaient vu de leurs propres yeux le danger de la contre-révolution. Elles considéraient que c'était maintenant au tour des bolcheviks de chercher une issue à la situation. Ni la désagrégation du pouvoir étatique ni l'afflux spontané de la confiance impatiente et exigeante des masses dans les bolche¬viks ne pouvaient être de longue durée; la crise devait se résou¬dre d'une façon ou de l'autre. Maintenant ou jamais, répétait Lénine.
Dans cet extrait de « Leçons d’octobre », LT illustre la problématique de savoir choisir le bon moment dans l’appel à l’insurrection, par le débat entre Lénine et les Bolchéviks « de droite » en septembre et octobre 17.
Dans l’explication de LT, je ne comprends pas la phrase du milieu, que j'ai mise en gras, qui me semble contredite par toutes les autres.
Comment peut-il :
- dire qu’il parle de la superstructure politique (c'est-à-dire je suppose des soviets) alors que partout ailleurs dans sa démonstration il parle de la conscience des masses,
- et par ailleurs préciser que la conscience de la base est « plus ou moins constante pour toute l'époque de la révolution » alors que partout ailleurs il appuie sa démonstration justement sur ses fluctuations ?
Est-ce que je fais des contresens ?