a écrit :Je laisse à Spnf ses appréciations sur la personnalité de Marx, comme celles qu'il avait proférés plus haut sur Lénine et Trotsky tout simplement selon lui "des fusilleurs d'ouvriers".
Mais puisse que le thème de cet échange est "qu'est-ce qu'être libertaire?" je reviens rapidement sur la fameuse Commune de Lyon qui montra bien non seulement ce que sont les "théories anarchistes" mais aussi les anarchistes en action.
Bakounine arrivé à Lyon s'empare par surprise avec quelques amis de l'Hôtel de ville de Lyon et sans crier gare y proclame l'abolition de l'Etat dans l'ignorance des travailleurs qui n'ayant pas été averti de ces événements historiques vaquaient paisiblement à leurs occupations quotidiennes.
L'Etat dissous ne se laissa pas impressionner pour autant et envoya sur les lieux du tumulte un peleton de gendarmes...Il ne resta plus à Bakounine qui était entré fièrement par la porte quelques heures plus tôt de s'enfuir par la fenêtre.
On peut reprocher effectivement à Bakounine son manque de conséquence dans cet acte, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir participer aux luttes réelles, contrairement à Marx qui n'y a jamais mis les pieds.
Après, certes, je pense il "pêchais" par optimisme, et son analyse de la situation à ce moment donné n'était guère pertinente. Mais tu oublie de dire que le mouvement communaliste était entamé, et qu'il était justement vital d'essayer d'étendre celui-ci pour briser l'isolement de la commune de Paris. C'est ce qu'a essayé de faire l'internationale, dont Bakounine. Elle n'y a pas réussi. Sans doute effectivement faute d'avoir mis en place une méthode adéquat, et faute d'avoir une influence sur le prolétariat de Lyon comparable à Paris... Mais théorisé sur la bonne méthode dans la chaleur d'une librairie, et tenter de la mettre en pratique dans la réalité des luttes sociales, c'en est une autre. Après, §Bakounine, comme bien d'autres anarchiste, est criticable dans ses choix...
a écrit :Oui les anarchistes ont un sacré problème avec l'Etat, l'Autorité etc... En génèral dans les discussions il leur suffit de supprimer les noms pour régler leur compte aux choses.
Dans la vie c'est un peu plus compliqué et s'ils ont quelque influence sur les travailleurs ça craint pour ces derniers.
Encore une fois que s'est-il passé en Espagne entre 1936-39
Umpf, il me semble avoir été un peu plus précis sur notre conception : il ne s'agit pas de supprimer un mot, mais de supprimer, au moyen par la violence, et par la construction de l'auto-organisation du prolétariat, une institution de domination, l'Etat. Quad à tes 2 dernières phrases, il ne me semble pas que l'attitude des bolchevik de 1917 à 1921 (pour reprendre la périodisation de Trotsky) ait produit tellement du mieux pour le prolétariat que l'échec anar en Espagne... Crever de faim, se faire tirer dessus, déporter par un pouvoir prétenduemment ouvrier, voir les commissaires politiques prendre la place des contremaître et des patrons mais avec le même rapport hiérarchique (et l'exitence de 22 niveaux de salaire...), je ne pense pas que ce soit un sort plus enviable pour le prolo russe de la période que pour le prolo espagnol...
a écrit :Les bolcheviks ont chassé le gouvernement c'est toute la différence. Une différence qui devrait interpeller des "anti-étatistes".
Ils ont chassé le gouvernement, oui, mais pour prendre sa place sans changer le rapport dominant/dominé... Quelle différence pour le dominé, en l'occurence le prolétaire, quand tout ceci s'accompagne notamment poursuite de la répression, de la volonté de militarisation du travail...
Remplacer un appareil par un autre, quelle libération !!! Pas plus concret que quand un populiste prend le pouvoir et prétend faire le bonheur "du peuple"...
(quijote a écrit :Tu veux sans doute faire allusion à ce qui s 'est passé dans les pays dirigés par des staliniens ?
Je veux faire allusion à ce qui s'est passé dans un pays dirigé par les bolcheviks, puis par les staliniens... pour moi le pouvoir stalinien c'est le passage à la vitesse supérieure d'une machine répressive mise en place dès 17 par les bolcheviks (elle s'est juste retourné contre une partie d'entre eux, l'autre parti ayant soutenu Staline). La tcheka est bel et bien l'ancèdre du Guépéou, du NKVD, du KGB... Même logique, même appareil, même personnel, mêmes méthodes, avec juste un rétrecissement du champs des cibles (d'abords les révolutionnaires non bolcheviks, puis l'opposition de gauche, enfin les "trotskystes"... puis l'opposition de droite). Prétendre qu'il n'y a aucun lien, c'est faire preuve d'un surprenant manque d'analyse des mécanismes historiques et sociaux, des traits de continuités qui se tracent entre les 2 régimes. Le stalinisme n'est pas apparu par l'opération du saint esprit... Alors je ne confond pas marxisme et stalinisme, ni bolchevisme et stalinisme, mais les traits de méthodes commun fond que l'on peut légitimement considérer que, malgré tout la bonne volonté de militant-e-s sincère la théorie et la pratique bolchevik porte en germe tous les éléments qui ont permis l'émergence du totalitarisme stalinien.
a écrit :
" Là où les marxistes les ont mis en oeuvre " : veux tu dire que les bolchéviks ont eu tort par exemple d 'abolir la proprieté privée des grands moyens de production , de nationaliser le sol " ce qui fait partie du programme " marxiste" ( d'ailleurs
Oui, effectivement, je pense que la nationalisation des moyens de productions, n'est pas la socialisation, ni la collectivisation, ni la communisation des moyens de production, elle ne porte pas en elle la gestion directe de la société par les productrices et les producteurs. Elle n'a pour moi rien de communiste, elle représente juste une forme différente d'exploitation et d'extraction de la plu-value, de perpétuation du salariat. Le capitalisme privé cède la place au capitalisme d'Etat, lié à la concentration du capital dans les mains de l'Etat, et du contrôle de la production par celui-ci, donc la bureaucratie. Rien à voir avec le socialisme... Abolir la propriété privée pour la remplacer par la propriété étatique, c'est garder cette propriété hors des mains et de la gestion des productrices et des producteurs... C'est juste réorganiser la répartition de la plu-value, du profit au service d'une nouvelle classe dominante bureaucratique en Formation, pas abolir cette plus value, ce profit.
Sinon, d'accords avec Gaston sur la plus grande part de son développement.