"réalisme socialiste", "art prolétarien"

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par lavana » 06 Juil 2011, 08:12

(Doctor No @ mardi 5 juillet 2011 à 20:40 a écrit : Je vous réponds seulement pour vous remercier de vos messages amicaux. Je vous considère comme des amis et des camarades.

Pour le reste....qui vivra verra.
Et à part ça, Docteur No, t'avais pas quelque chose à dire à propos du réalisme ?
lavana
 
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Message par Doctor No » 09 Juil 2011, 12:50

Pour répondre à la question de lavana voici un texte qui est à la base de "mes" idées.

C'est le' fondement du réalisme social de hier, d'aujourd'hui et du futur socialiste. Le réalisme socialiste donc.
C'est déjà assez long, mais il y aurait tellement de plus à ajouter
a écrit :

« Des réalistes comme Balzac,; Stendhal ou Tolstoi parlent toujours dans les question essentielles  qu’ils posent, des grands problèmes actuels de la vie du peuple,  leur pathos littéraire  est toujours marqué par les peines actuelles de la vie du peuple, celles-ci déterminent l’objet et la direction de leur amour et de leur haine et, à travers ces sentiments, ce qu’ils aperçoivent dans leur vision poétique et comment ils le voient.
Lorsqu’au cours du processus de création (…) la vision toute théorique des auteurs entre en contradiction avec le monde saisi, perçu par eux-mêmes, on se rend compte qu’ils n’étaient en état de formuler théoriquement leur véritable vision du monde que de manière superficielle et que la véritable profondeur de leur vision du monde, le lien intime avec les grandes problèmes de l’époque et les souffrances du peuple, ne pût trouver d’expression adéquate que dans l’être et le destin de leurs personnages.

Personne n’a ressenti  aussi profondément que Balzac les tourments qui entraînent pour toutes les couches du peuple le passage à la production capitaliste, la profonde dégradation spirituelle et morale qui accompagne nécessairement cette évolution dans toutes les couches  de la société.
Toutefois, en même temps, Balzac ne ressentit pas seulement la nécessité sociale de ce bouleversement, mais aussi la vérité historique de sa nature-somme toute-progressiste.
Cette contradiction existant au sein de son monde vécu, Balzac tenta de la faire entrer de force dans un système reposant sur un fond de légitimité catholique et agrémenté d’un utopisme tory à la mode anglaise.
Ce système fut constamment réfuté  par la réalité de la société de son temps, par la vision balzacienne de cette réalité. Mais dans cette réfutation, la vérité authentique parvenait clairement à s’exprimer : la compréhension profonde par Balzac du caractère contradictoirement progressiste du développement capitaliste.
Mutatis mutandi, cela vaut également pour Tolstoï. Et chez le légitimiste Balzac, cette contradiction culmine en ceci que les seuls héros véritables et purs de son monde si riche en  personnages sont ceux qui luttent avec détermination contre le féodalisme et le capitalisme : des Jacobins et des martyrs des combats sur les barricades
Le grand réalisme et l’humanisme populaire se conjuguent  pour former une unité organique. Car si nous considérons les écrivains classiques de la littérature bourgeoise, nés de l’évolution sociale qui détermina  la nature  de cette époque, en commençant par Goethe et Walter Scott jusqu’à Tchekhov et Thomas Mann, nous retrouvons alors –mutatis mutandi- la même structure des problèmes fondamentaux.
Naturellement, chaque réaliste a abordé cette question fondamentale de façon différente, en fonction de son époque et de son individualité artistique. Mais ils ont un point en commun : l’enracinement dans les grands problèmes de leurs  temps  et la représentation impitoyable de l’essence véritable de la réalité »  Lukacs, extrait de  l’introduction à « Balzac et le réalisme français »
Doctor No
 
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Message par abounouwas » 09 Juil 2011, 14:35

excellent extrait.
abounouwas
 
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Message par Doctor No » 09 Juil 2011, 20:37

Un autre extrait du même texte et auteur, fondamental, à mon avis pour la compréhension de ce qui est le réalisme, son passé et son avenir.
Etant donné que un regard honnête et réel de la société actuelle ne peut donner qu'une conclusion socialiste, c'est pour cela que je pense que l'appeler "réalisme socialiste' (voir comment Lukacs clairement délimite ce qui est le véritable réalisme) est justice.

Mes soulignés

a écrit :Assurément  nous rencontrons ici un grand problème de la théorie littéraire dans la société des classes. Ce qu’Engels, parlant de Balzac, appelle « la victoire du réalisme » touche jusqu’aux racines de la création artistique réaliste.
Ce concept montre la signification du réalisme véritable : l’appétit de réalité, le fanatisme de la réalité chez le grand artiste, et l’aspect moral de cela : l’honnêteté de l’écrivain.
Si chez des réalistes aussi éminents que Balzac, Stendhal et Tolstoi, l’évolution artistique intérieure des situations et personnages qu’ils ont imaginés entre en contradiction avec leurs préjugés le plus chers, ou même avec leurs convictions sacrées, ils n’hésiteront pas  un instant à écarter préjugés et convictions et décriront ce qu’ils voient réellement.
Cette rigueur à l’égard de leur propre image immédiate et subjective du monde est la plus profonde morale littéraire des grands réalistes, en opposition radicale à ces ces petits écrivains qui réussissent pratiquement toujours à mettre leur conception du monde en accord avec la réalité, c'est-à-dire, à l’imposer à l’image ainsi déformée et faussée de la réalité.
Ces deux pôles de la morale de l’écrivain sont en rapport étroit avec la dualité  existant entre la création véritable et la pseudo-création. Les personnages des grands réalistes mènent une vie indépendante de leur créateur dès qu’ils ont germé dans l’imagination de l’auteur ; ils se développent dans une direction, subissent un sort qui leur est prescrit par la dialectique interne de leur existence sociale et psychologique. Celui qui est en mesure de diriger l’évolution de ses  propres personnages ne peut pas être un véritable réaliste, un écrivain important.

Mais tout cela n’est encore qu’une description du phénomène. La morale de l’écrivain donne une réponse à la question : que fera-t-il, s’il voit la réalité de telle ou telle manière.
Mais cela ne montre pas encore clairement comment il voit et ce qu’il voit. Ici nous rencontrons les questions le plus importantes de la détermination  sociale de la création artistique.
Au cours  de cet étude nous montrerons dans le détail quelles différences fondamentales résultent, pour le  mode de  création artistique des écrivains, du fait qu’ils participent ou non à la vie sociale, prennent part à ses combats ou sont des simples observateurs. Les différences ainsi engendrées déterminent des processus de création totalement opposés ; l’expérience qui est à l’origine de l’œuvre à déjà une autre structure et, par suite, la création de l’œuvre se passe elle différemment.
Et savoir, dès lors, si un écrivain appartient au type qui vit dans la société ou à celui qui se contente d’observer, n’est pas une question psychologique, même pas une question typologique ; mais c’est l’évolution de la société elle-même qui-naturellement pas de façon automatique, de façon fataliste- détermine qui se développera dans telle ou telle direction.
Doctor No
 
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Message par jedi69 » 10 Juil 2011, 00:54

Wesh les amis !!!

Bien ou bien ?


Et des exemples pour illustrer dans l'actualité avec des moyens d'expressions modernes : l'audiovisuelle, films, documentaires, séries télé, informations, clips musicaux etc, etc ?

là, ils abordent la même époque :

Du réalisme à la pure fiction ...

Racines(série télé, extrait)

Vénus Noire(tragédie, film, bande annonce)

Case départ(comédie, film, bande annonce)

Pirates des caraïbes(fantastique, film bande annonce)

C'est l'époque de la colonisation, de l'esclavage, du pillage des colonies, des pirates, des corsaires, de la pré-industrialisation, la naissance du capitalisme, le "pré-capitalisme" ...

A+
jedi69
 
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