a écrit :
Effectivement, cette précision est d'importance. Maintenant, ce que je ne comprends pas, c'est quel est le véritable moteur de la transformation sociale. L'inadéquation entre forces productives et cadre social en est la condition nécessaire et l'intérêt d'une classe en est la traduction pratique. Mais (pour poser la question autrement), pourquoi la transformation elle-même (une fois les conditions réunies) doit-elle nécessairement se produire ? Pourquoi ce changement ? Pourquoi l'inadéquation doit-elle entraîner une révolution (ou en tous cas y tendre) ? Bien sûr, la réponse que je cherche est à la fois sociale et économique ...
Ce qui se produit dans ces conditions, c'est une crise qui est d'abord économique puis sociale et éventuellement politique.
On a vu des situations où les gens n'acceptaient plus la situation et manifestaient alors qu'il aurait fallu faire la révolution (Bolivie par exemple). Dans des conditions où la bourgeoisie n'a pas les moyens de donner ne serait ce que 5% de ce que les gens estiment indispensables, que se passe-t-il ? La démocratie parlementaire ne fonctionne plus, le pays est paralysé. Soit il y a un coup d'Etat, c'est ce que l'on a connu pendant des années, soit on trompe les masses en amenant au pouvoir un faux ami comme Gomulka en Pologne (1956), soit il y a une révolution.
Donc "l'inadéquation" dont tu parles ne se résoud pas forcément par la révolution, malheureusement.
On peut réfléchir à ta question à partir de la France de 1789 (il serait aussi intéressant de prendre l'exemple de février et d'octobre 17). Les gens ne se sont pas réveillés un matin en disant qu'ils allaient faire la Révolution. c'est même le roi qui a déclenché le processus en convoquant les Etats Generaux pour régler ses problèmes d'impôts. Mais :
1) Les gens n'en pouvaient plus de cette situation économique; de tous ces impôts...
2) Une partie de la population était consciente d'engraisser des parasites. Les idées des philosophes circulaient. Il n'était pas rare que dans un village, une personne en ait entendu parler.
Mais la révolution n'était pas inéluctable pour autant en tout cas sous cette forme. En Allemagne la bourgeoisie ne réglera son problème vraiment que sous Bismarck, un siècle plus tard.
Nous ce que nous disons c'est que seul le socialisme, un système ayant aboli l'exploitation de l'homme par l'homme paut régler aujourd'hui les problèmes de l'humanité. Sinon, ce sera la barbarie, "le talon de fer".