La sécu, conquête ou pas conquête.

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Quartz » 01 Déc 2003, 14:15

Oui qu' est-ce qu' il y avait de pire au C.L.T ?

Et toi Stef, tu veux les combattre comment les directions syndicales ? C a m' intéresse beaucoup !!!
Quartz
 
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Message par stef » 01 Déc 2003, 15:08

Ce que je trouve déjà de terrible dans cet exposé, c'est une analyse de la Sécurité Sociale totalement fausse : post suivant pour l'expliquer.

Mais le plus important c'est que le 8 novembre, date du CLT, il y avait 3 semaines que Raffarin avait constitué son "Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie" et dévoilé ses plans. Donc le rapporteur du CLT ne pouvait pas ne pas être au courant. Et ça me semble légèrement plus important que l'état de la médecine avant 1789.

En fait depuis avril les choses sont publiques. Le rapport Chadelat - disponible sur le net - élaboré par les patrons de l'assurance revendique un système "à 3 étages" comme nouveau dispositif. En résumé, il s'agit de privatiser la SS en l'ouvrant aux assureurs privés et en laissant à la masse des gens un système au rabais (type "Medicare" US).

Pour mettre en place son plan, Raffarin a donc constitué son Conseil auquel participent CGT, FO et PS - dans une ambiance "décrispée" (dixit Le Monde). Le but de ce conseil est donc évident pour tous : faire participer les syndicats et le PS à la destruction/démantèlement/privatisation de l'assurance-maladie. (comme pour les retraites)

Or le texte cité ne dit pas un mot du rapport Chadelat et pas plus sur le Conseil !
Ca va même plus loin. Le rapport conclut par :
a écrit :
Et qu'est-ce qui va changer ? Rien. Car la même politique de rationnement imposée aux établissements va continuer.

C'est parfaitement faux et ça désarme les militants : Car justement ce que prépare Raffarin c'est un changement radical : la privatisation de la SS.

Ce qui implique nécessairement de multiplier les initiatives pour imposer aux directions syndicales de quitter ce conseil de merde (ce que nous, CPS, faisons actuellement partout).

Il y a sur ce forum des militants CGT, peut-être FO. Comment peuvent-ils envisager de ne pas intervenir sur une orientation de ce type dans leurs instances ?!? Comment et pourquoi la direction de leur organisation n'impulse-t-elle pas ce combat - alors que tout le monde sait que la Santé est la prochaine cible du gvt UMP ? Et si ce n'est pas ça qu'il faut faire, alors quoi ?


PS. Jeu de société.
Prenez le texte du CLT et faites un search sur "Chadelat" : résultat nul.
Soyez indulgent et faites un second search avec "privatisation" : même résultat. Affolé, faites en un troisième avec "démantèlement". Toujours que dalle.
Là vous avez gagné : vous savez que le rapporteur et vous ne vivez pas dans le même monde.
stef
 
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Message par stef » 01 Déc 2003, 15:28

Lu dans le rapport du CLT
a écrit :Mettre sur pied un système de santé qui réponde vraiment au service de la population, cela voudrait dire aussi changer un certain nombre de pratiques corporatistes, qui font que les médecins s'installent là où ils en ont envie, et pas là où c'est le plus nécessaire, que les règles qui fixent l'ouverture d'une nouvelle pharmacie tiennent compte de la concurrence entre officines, et pas des besoins de la population.


Lu sur yahoo :
a écrit :
"Je suis persuadé que si l'on avait une permanence de soins en ville correctement organisée et correctement assurée, les services hospitaliers d'urgence pourraient travailler dans de bien meilleures conditions", a déclaré dimanche le ministre de la Santé Jean-François Mattei, pour qui "il y a eu une insuffisance de médecins impliqués dans le système de gardes".
stef
 
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Message par stef » 01 Déc 2003, 16:45

Daisy,

J'ai collé 2 citations. Point.
Je n'ai pas dit et ne pense pas que le rapporteur soit un agent de Mattéi.

A chacun de tirer sa conclusion de ces deux citations.

Tu veux la mienne ? Que le chaos qui traine dans la tête du rapporteur est d'une amplitude digne d'une bombe H.

Quant au fait de bavarder sur les origines de la SS sans parler des plans de privatisation en cours, dans mon organisation, ça aurait beaucoup, beaucoup surpris... (Wolf dirait ça avec plus de dynamisme...)

Ca a peut-être à voir avec cette fixation qu'on fait de combattre le gouvernement....

:D

PS. Et faire des articles dans LO (à voir...) c'est très bien. Intervenir dans les milieux et les syndicats en défense de la SS, c'est beaucoup, beaucoup plus important . Surtout ces jours-ci alors que ton organisation a un certain écho....
stef
 
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Message par Nadia » 01 Déc 2003, 17:04

(stef @ lundi 1 décembre 2003 à 16:45 a écrit : Daisy,

J'ai collé 2 citations. Point.
Je n'ai pas dit et ne pense pas que le rapporteur soit un agent de Mattéi.

A chacun de tirer sa conclusion de ces deux citations.

Tu veux la mienne ? Que le chaos qui traine dans la tête du rapporteur est d'une amplitude digne d'une bombe H.

Quant au fait de bavarder sur les origines de la SS sans parler des plans de privatisation en cours, dans mon organisation, ça aurait beaucoup, beaucoup surpris... (Wolf dirait ça avec plus de dynamisme...)

Ca a peut-être à voir avec cette fixation qu'on fait de combattre le gouvernement....

:D

PS. Et faire des articles dans LO (à voir...) c'est très bien. Intervenir dans les milieux et les syndicats en défense de la SS, c'est beaucoup, beaucoup plus important . Surtout ces jours-ci alors que ton organisation a un certain écho....
Si je comprends bien, d'après l'ami Steph, étudier le passé ça ne sert à rien.
Je comprends mieux maintenant comment on peut aller raconter que la création de la Sécu est un acquis de la classe ouvrière suite à une situation révolutionnaire en 1945.
Bref... :whistling:

D'autre part, dans les CLT, ceux qui y assistent sont des habitués qui aiment très certainement les longs cours d'histoire, sinon ils seraient masochistes. Dans l'hebdomadaire LO on y met des articles sur l'actualité directe, et c'est notre publication la plus connue et diffusée. Faux procès de la part de Steph donc.
Nadia
 
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Message par stef » 01 Déc 2003, 18:15

Mais si, Nadia, j'étudie le passé... mais pour agir au présent.

Donc la thèse du CLT c'est que la SS ne serait pas un acquis. Pourquoi ?
a écrit :Au lendemain de la guerre, en 1945, la Sécurité sociale prit le relais des Assurances sociales. Elle est souvent présentée comme une conquête de la classe ouvrière, durement acquise, par la lutte. Mais en fait, il n'y eut ni lutte, ni conquête. La Sécurité sociale fut, pour la bourgeoisie, le prix à payer pour la paix sociale


Donc il n'y eut "ni lutte ni conquête" mais... il fallait préserver la paix sociale. Mal barré, tout ça... D'autant plus que ce n'est pas un glissement de plume, puisque :
a écrit :L'Etat, en tant que défenseur des intérêts généraux de la bourgeoisie, instituait un système destiné à rassurer les travailleurs sur leur avenir, sans lequel le patronat aurait risqué de se retrouver face à des revendications de salaires destinées à permettre aux travailleurs et à leur famille de se soigner.

Donc il semble bien que les travailleurs étaient d'humeur revendicative....

Il est aussi vrai que
a écrit :C'est de Gaulle qui présida à sa mise en place.

De même que chaque travailleur sait que c'est le patron qui met en place les augmentations de salaire... Donc ça ne signifie rien.

Par contre, le rapporteur devrait se renseigner. Il écrit :
a écrit :La sécurité sociale était, comme les Assurances sociales, financée par des prélèvements sur les salaires, pas sur les profits.

Ce n'est pas vrai. D'ailleurs toute cotisation patronale, tout salaire empiète sur les profits.
En fait la SS est financée par des cotisations ouvrières ET patronales - d'où le terme de salaire différé (qui n'est pas sur notre paie de fin de mois). CPS :
a écrit :pour les assurances sociales le salarié verse une cotisation de 6% de son salaire, l'employeur une cotisation égale à 10% du salaire qu'il verse ; pour les accidents du travail et les allocations familiales, les cotisations sont entièrement à charge de l'employeur.


Et il est hautement significatif qu'en 1945, la gestion de la SS soit réservée aux salariés via leurs syndicats (d'où les revendications syndicales contre son étatisation/fiscalisation). Il me semble donc évident que le dispositif de protection sociale qui émerge en 1945 nous est hautement favorable. D'où l'offensive continue depuis le départ pour le remettre en cause (ordonnance de 1967, lois Juppé...).

Ce sont ces principes qui sont aujourd'hui menacés au profit d'un système largement privatisé, individualisé (une santé à plusieurs vitesses). Et c'est pourquoi, évidemment, ce qu'il reste de la SS doit être défendu.

Et la meilleur façon de défendre la SS, ce n'est pas de commencer par nier que c'est un acquis ouvrier.... qui, comme tout acquis, est relatif.
stef
 
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Message par lavana » 01 Déc 2003, 20:09

a écrit :Donc il semble bien que les travailleurs étaient d'humeur revendicative....


D'humeur revendicative certainement mais de là à parler de vague révolutionnaire, il y a une marge.


a écrit :Echos la Sécurité sociale.

Le CGT et la CFTC ont engagé la bataille électorale pour la Sécurité Sociale. De nombreux ouvriers se disent : "il va falloir encore voter pourquoi ?"

La bourgeoisie, aidée par son Etat, a réduit notre pouvoir d'achat à un tel point que nous vivons tous au jour le jour.

La Sécurité sociale, qui garantirait l'ouvrier contre la misère, le chômage ou la maladie, serait une belle conquête sociale.

Mais actuellement, comment parler de sécurité pour les travailleurs quand l'ouvrier en bonne santé, qui travaille à la cadence maximum, avec de longues journées, n'arrive pas joindre les deux bouts.

"La Sécurité Sociale, c'est la liberté garantie par la suppression du souci du lendemain", dit un tract de la CGT. "Vous n'aurez pas le minimum vital, peu importe vous avez la Sécurité Sociale".

Nous faire croire, dans le but d'obtenir quelques places dans une administration, qu'une loi bourgeoise peut nous garantir "contre le souci du lendemain", à un moment où l'inflation ruine chaque jour davantage les classes pauvres, où le chômage et la guerre sont de plus en plus menaçants, c'est le comble de l'impudence et du cynisme.

La CFTC et le CGT essaient de nous détourner de nos revendications en nous donnant un os à ronger. Nous ne voulons pas d'aumônes de la Sécurité Sociale ; nous exigeons un salaire qui nous permette de vivre.

(extrait de la voix des travailleurs, de chez Renault, 16/4/47 publié dans Lutte de classes n° 89 du 26 avril 1947)




Dans ses échos de boîte, on voit que L'UC reconnaît que se serait une belle conquête mais il semblerait que les travailleurs ne se sont pas "battus "pour la Sécu. Je n'ai pas trouvé d'articles de fond sur le sujet dans les numéros de 45/47 édités par La Brêche.


Qu'en disait La Vérité à l'époque ?
lavana
 
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