Après les sourires,

Dans le monde...

Message par Louis » 10 Avr 2003, 20:16

nota bene : il est étrange que ce soit associated press et non pas notre grande presse de référence qui fasse preuve de simple bon sens...
NEW YORK (AP) - Une foule en liesse avait accueilli les troupes américaines marchant à travers la ville de Mogadiscio en ruines. Quelques mois plus tard, c'est avec autant de bonheur que des Somaliens paradaient en exhibant dans les rues poussiéreuses de leur capitale les cadavres ensanglantés de soldats américains.

Comme les Britanniques l'ont appris en Irlande du Nord et les Israéliens au Liban, les sourires qui accueillent les armées d'occupation sont souvent remplacées par des grimaces et des bombes.

Tout comme elle l'avait fait en Afghanistan, l'administration américaine s'est félicitée des images montrant la foule de Bagdad saluant avec enthousiasme l'entrée des GI jusqu'au coeur de la capitale. Mais à Bassorah, que les forces britanniques ont prises lundi, les habitants n'ont mis que deux jours à exprimer leur mécontentement envers les "libérateurs". Deux jours de pillages et d'anarchie.

La société irakienne a été durement opprimée et a connu trois guerres en vingt ans.

Les peuples affamées, dépouillés de tout reçoivent à bras ouverts les armées victorieuses, expliquent Sandra Mitchell, avocate de l'organisation non gouvernementale International Rescue Committee qui a accompli des missions au Kosovo et en Bosnie.

Quand l'armée israélienne est entrée au Liban en 1982 , les musulmans chiites ont jeté du riz et souhaité la bienvenue aux troupes étrangères. Quand les soldats britanniques sont intervenus en 1969 en Irlande du Nord, les catholiques leur ont offert du thé et des biscuits. "Mais quand ils ont commencé à établir des points de contrôle, à dresser des barbelés et à limiter les mouvements de la population, leur attitude a changé", rappelle Sandra Mitchell.

Pour se protéger, la coalition menée par les Etats-Unis pourrait limiter les déplacements des Irakiens plus encore que ne le faisait Saddam Hussein. "La majorité de la population veut seulement continuer à vivre normalement", estime Mme Mitchell. "Où est la libération quand vous ne pouvez plus bouger?"

Pendant la première phase d'occupation, les "hôtes" sont jaugés, leurs faits et gestes observés et les limites de leur tolérance testées.

"Votre adversaire peut apprendre les règles de votre engagement", analyse Scott Gerwher de l'institut de recherche Rand. Un autre analyste de Rand, Russell Glenn, constate que l'opinion publique se retourne souvent contre les occupants quand les promesses de paix et de prospérité ne se matérialisent pas rapidement. "Nous ne savons pas quelles sont les attentes des Irakiens", dit-il. "Inévitablement, on n'en fera pas assez".

L'Afghanistan pourrait fournir un modèle de ce qui pourrait se passer en Irak. L'institut CARE a affirmé récemment que l'implication des militaires dans les combats en même temps que dans l'aide humanitaire en Afghanistan "brouillaient les frontières entre employés des ONG et soldats". Il a pris pour exemple l'assassinat récent dans le sud de l'Afghanistan de Ricardo Munguia, employé du Comité international de la Croix-Rouge.

"A Kandahar, Ghazni et d'autres villes en Afghanistan, même les employés afghans des agences humanitaires internationales sont menacés par des lettres anonymes et invités à quitter leur travail, à ne pas s'associer avec les organisations occidentales".

Comme elle l'a fait en Afghanistan, l'armée américaine supervise l'aide humanitaire et contrôle l'accès à l'Irak des agences humanitaires. Comme d'autres organisations, CARE recommande que les civils prennent en main au plus vite l'effort de reconstruction en Irak.

La Somalie est le contre-exemple type d'une tentative de démocratisation sous l'égide d'une armée étrangère. La mission américaine, qui s'était d'abord donnée pour but de mettre fin au banditisme et aux guerres entre factions rivales parce qu'elles contribuaient à la famine, s'est ensuite transformée en combat pour la démocratie. Mais la formation d'un gouvernement représentatif a échoué et les troupes étrangères ont battu en retraite en laissant derrière elle l'anarchie.

Les occupations militaires ont pourtant parfois été efficaces, comme en Allemagne et au Japon après la Seconde Guerre mondiale. Même la mission en Somalie a abouti à la fin de la famine de masse.

Depuis que les forces de l'OTAN ont débarqué en Bosnie en 1996, le pays a été préservé des affres qu'il avait connus auparavant. Même si beaucoup ont critiqué les accords de Dayton qui ont entériné la division du pays suivant des critères ethniques, la séparation forcée des combattants a finalement rendu le pays relativement vivable pour les civils. AP
Louis
 
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Message par Louis » 10 Avr 2003, 21:10

Les Bagdadis pressés de voir les Américains partir

BAGDAD (Reuters) - Si les Bagdadis ne cachent pas leur soulagement après l'effondrement du régime de Saddam Hussein, ils espèrent que les assaillants anglo-américains s'en iront après avoir rétabli l'ordre rapidement, sous peine de s'attirer la colère d'une population enhardie par les événements de ces derniers jours.


"Le règne de Saddam était un cauchemar. C'était un vrai Dracula", dit Mehdi al-Aibi Mansour.


"Saddam a tué des millions de gens par ses guerres ou par l'oppression, dont trois de mes frères", accuse ce commerçant chiite, auquel un éclat d'obus a coûté un oeil durant la guerre contre l'Iran.


"Un dirigeant infidèle mais juste vaut mieux qu'un tyran, bon musulman", poursuit-il reprenant l'adage d'un ancien dignitaire chiite.


Mais, les Américains auraient tort de trop se fier à cette formule. Pour Mansour, les forces américano-britanniques qui sont entrés mercredi dans Bagdad sans presque rencontrer de résistance, auraient dû mettre un terme au chaos qui règne dans la ville et réprimer la vague de pillages que l'effondrement du régime a déclenchée.


Les pillards s'en sont pris, jeudi, pour la deuxième journée consécutive aux bâtiments officiels et aux demeures des proches de Saddam Hussein, alors que les forces de l'ordre irakiennes se sont littéralement volatilisées.


Sur la rive orientale du Tigre, des gens quittaient précipitamment le ministère du Commerce, dont le premier étage était en feu, emportant meubles et ordinateurs.


La chaîne de télévision Al Arabia a montré des images de pillards mettant à sac les locaux de ce qu'elle a présenté comme l'ambassade d'Allemagne et le centre culturel français à Bagdad.


Des gens en sortaient en courant emmenant des bonbonnes d'eau, des matelas et des vaisseliers.


Même les agents de la circulation ont abandonné leur poste.


Pour Mansour, qui a mis l'essentiel de ses marchandises à l'abri pour éviter qu'elles ne se retrouvent aux mains des pillards dans le quartier chiite de Saddam City, les troupes américaines ont fait "une grosse erreur".


"Ils auraient dû avoir un plan pour préserver la sécurité" dit-il.


Il met aussi en garde contre un soulèvement populaire contre les Américains, si ces derniers s'avisaient de vouloir rester trop longtemps à Bagdad.


"Les gens n'ont plus peur. La peur a disparu. Les gens n'auront pas peur de se soulever contre les Américains" poursuit-il.


"NOUS AVONS PEUR POUR NOS MAISONS"


Les images d'Irakiens en liesse après la chute d'une statue monumentale de Saddam en plein centre de la capitale ont certes fait le tour du monde, mercredi. Mais, les Bagdadis ne cachent pas non plus leur inquiétude quant à l'avenir.


"Je n'ai pas pu dormir la nuit dernière car je suis inquiet de ce que va devenir mon pays. Qui va nous diriger, les Américains ou qui d'autre ? s'interrogeait jeudi Ali Souleïman, un instituteur en retraite.


Des médecins, de retour dans l'hôpital privé Saadoune, qu'ils avaient quitté" avec le déclenchement de l'intervention américano-britannique, le 20 mars, s'étonnent de la rapidité de la chute du régime de Saddam Hussein.


"C'est vraiment très étrange. Il (Saddam Hussein) contrôlait le pays, mais il ne l'a pas défendu", constate Moumtaz al Sayegh, un anesthésiste.


"On se fiche de savoir qui tient la rue du moment qu'il y a de l'eau, de l'électricité et que la sécurité est assurée", poursuit-il, ajoutant : "En ce moment les pillages sont considérables. Nous avons peur pour nos maisons."


Mina Fayez, une étudiante de 24 ans en deuxième année d'odontolgie assure qu'elle dort mal depuis le début de l'opération "Liberté pour l'Irak", il y a trois semaines.


"Je veux seulement la liberté. Je me fiche de savoir qui nous l'apporte", dit-elle en tendant un limonade à un soldat américain juché sur un char. "Une période de notre histoire qui nous a fait beaucoup de mal est maintenant terminé. Je pense que la nouvelle ère qui commence sera meilleure".


Mais elle aussi s'inquiète de la présence américaine. "Je suis heureuse de la liberté qu'ils ont amené avec eux. Mais ils pourraient aussi nous coloniser et finir par nous faire du mal", ajoute-t-elle.


Dalia Hinoudi, une étudiante en biotechnologie de 24 ans se veut quant à elle résolument optimiste : "Pendant 20 ans je n'ai pas eu d'ambition. Maintenant je pense que je vais en avoir. Je veux un travail, je veux m'enrichir, je veux vivre!" assure-t-elle.
Louis
 
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