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A la veille des législatives, les Espagnols veulent savoir "qui l'a fait"
13/03/2004 - 11:49
MADRID, 13 mar (AFP) -
Deux jours après les pires attentats de leur histoire, les Espagnols ignoraient toujours samedi s'ils ont été commis par l'ETA, comme le soutient l'exécutif, ou par Al-Qaïda, une question jugée cruciale à la veille des élections législatives de dimanche.
"Avant de voter: nous voulons savoir la vérité", scandaient vendredi soir des participants à la manifestation qui a rassemblé 2,3 millions de personnes à Madrid, et 11 millions à travers tout le pays, soit un Espagnol sur quatre.
De ces rassemblements d'ampleur historique, les médias retenaient en tout premier lieu samedi matin un slogan, en forme de question : "Qui l'a fait ? " (Quien ha sido ?)
L'éventuel impact politique des attentats, qui, avec leurs 200 morts et près de 1.500 blessés, ont totalement occulté les programmes des partis politiques, serait en effet différent selon que leurs auteurs appartiennent à l'ETA ou à la mouvance islamiste.
Une responsabilité de l'ETA, même si un correspondant anonyme se réclamant de l'organisation basque armée a nié vendredi toute participation à ces attentats, pourrait favoriser un réflexe sécuritaire favorable au Parti Populaire (PP, droite) au pouvoir.
En revanche, l'éventuelle confirmation d'un massacre perpétré par un groupe islamiste au prétexte de l'invasion anglo-américaine de l'Irak, soutenue par le gouvernement espagnol, pourrait avoir un effet contraire sur un électorat qui s'était très majoritairement opposé à la guerre voici un an.
"La seule chose que va provoquer cette guerre injuste est l'accroissement du terrorisme intégriste à moyen et long terme... Sa croissance en d'autres lieux, l'Espagne entre autres, est aussi évidente que terrible et vous ne voulez ou ne savez pas le voir", écrivait le juge Baltasar Garzon dans une lettre ouverte au chef du gouvernement José Maria Aznar, le 4 mars 2003.
Avant les attentats de jeudi, qui ont amené l'ensemble de la classe politique à suspendre les deux derniers jours de campagne, le PP, au pouvoir en Espagne depuis 1996, abordait en position de force les législatives, en dépit de la retraite politique à 51 ans de José Maria Aznar.
Les 34,57 millions d'électeurs sont appelés à renouveler une partie du Sénat et le Congrès des députés qui élira le successeur de M. Aznar. Ce dernier, marqué par le long déclin de son prédécesseur, le socialiste Felipe Gonzalez, abandonne volontairement la politique après deux mandats de quatre ans à la tête de l'exécutif.
Les derniers sondages pronostiquaient une victoire du PP, et le principal enjeu était de savoir si le PP était capable de conserver la majorité absolue obtenue lors des élections de mars 2000.
Le PP est emmené dans la bataille électorale par le bras droit de M. Aznar pendant la dernière législature, Mariano Rajoy, 49 ans à la fin du mois.
Elu en septembre 2003 comme le nouveau chef de file de la formation conservatrice, M. Rajoy a été plusieurs fois ministre dans les gouvernements de M. Aznar et son premier vice-président de 2000 à 2003.
Face à lui se présente, également pour la première fois lors d'un scrutin législatif national, le secrétaire général du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), José Luis Rodriguez Zapatero, 43 ans, chef de la principale formation de l'opposition de gauche depuis juillet 2000.
Suivent une myriade de formations nationalistes, catalanes, basques, galiciennes, régionalistes aragonais, canariens, andalous, ou de gauche comme la coalition Izquierda Unida (IU, autour des communistes, 3e formation politique avec 5-6% des intentions de vote).
J'ai entendu (à confirmer) qu'un téléphone portable sensé déclencher une des bombes qui n'a pas explosé était configuré en arabe. Si c'est vrai, c'est la preuve que le gouvernement Aznar a menti sans vergogne à la population en disant "nous avons des preuves que c'est l'ETA". Il voulait au moins cacher les faits jusqu'aux élections.
S'il existe des militants révolutionnaires dignes de ce nom, ils doivent sortir dans la rue et dénoncer Aznar : "Aznar, mentiroso, los trabajadores te van hacer pagar esta massacre de Madrid. Ademas de ser responsable de lo que paso, le quisiste esconder al pueblo. Queremos la verdad." Il faut faire de l'agitation, voir l'écho chez les travailleurs. Ce n'est pas dans une semaine qu'il faut réagir.