Ukraine

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Re: Ukraine

Message par Doctor No » 13 Sep 2014, 07:06

Le point de vue des Russes sur l'économie ukrainienne.

Les perspectives de l'économie ukrainienne, avec et sans le Donbass
Dossier: Situation explosive dans l'est de l'Ukraine
17:18 12/09/2014
Par Alexandre Rodzhers, analyste économique

Indépendamment de l'issue des négociations entre les milices séparatistes et Kiev, la rupture économique entre le pouvoir central et le bassin du Donbass est un fait accompli. A quoi ressemblerait l'économie ukrainienne sans cette région?
Un déclin économique général
Aucun pays ne peut compter sur une économie prospère sans une industrie développée. Et faire tourner une industrie est impossible - voire inutile - sans marchés d'écoulement. En 2010, les exportations de produits ukrainiens en Russie ont atteint 35 milliards de dollars, apportant une solide contribution à l'économie ukrainienne. Mais suite à la réorientation du pays vers "l'intégration européenne" avec des slogans comme "Laissons tomber Moscou!", les pertes des positions ukrainiennes sur le marché russe représentent déjà la moitié de cette somme: en 2012 les exportations ukrainiennes en Russie ont chuté jusqu'à 23 milliards de dollars, et jusqu'à 19 milliards en 2013. La dégringolade n'est pas finie.

Surtout que pendant ce temps, les exportations ukrainiennes vers les marchés européens n'ont pas augmenté. Au contraire, l'UE a adopté des quotas très sévères sur les produits en provenance d'Ukraine: 8.000 tonnes par an sur les produits laitiers par exemple, avec une augmentation jusqu'à 10.000 tonnes d'ici cinq ans. Les produits comme le lait en poudre se sont vus imposer un quota de 1.500 tonnes par an avec une augmentation prévue jusqu'à 2 000 tonnes par an, et le beurre plafonnera à 1.500 tonnes. A titre de comparaison, la compagnie Loostdorf a produit l'an dernier 126 000 tonnes de produits laitiers entiers: ce quota représente donc pour elle une norme inférieure à sa production mensuelle. Et à l'échelle nationale, c'est une goutte d'eau dans l'océan.
La seule chute des exportations en Russie, non compensée par la hausse des exportations en UE, a provoqué l'effondrement de l'économie ukrainienne. Il faut ajouter à cela les actes et les paroles du nouveau gouvernement de Kiev, qui ont poussé Gazprom à supprimer la remise des tarifs sur les hydrocarbures russes, puis ont laissé s'accumuler une dette gazière conséquente, forçant ainsi le holding russe à suspendre les approvisionnements de l'Ukraine en gaz.
Les capacités de l'économie ukrainienne sans Donetsk et Lougansk
La perte du Donbass aurait également un impact négatif sur l'économie ukrainienne. Mais employer le conditionnel est presque inutile car cette région est déjà perdue, indépendamment de l'issue des négociations actuelles. Quoi qu'il arrive, sa reconstitution est pratiquement irréelle dans les conditions avancées par les autorités de Kiev actuellement.
Les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk comptent environ 6,5 millions habitants (15% de la population ukrainienne) qui vivent sur 53.200 km² (8,9% du territoire ukrainien). Avant le début des hostilités, ces régions assuraient près d'un quart de la production industrielle de l'Ukraine. L'an dernier, le volume exporté depuis le territoire de ces républiques était de 16,6 milliards de dollars et les importations de 7,7 milliards de dollars - soit une balance commerciale excédentaire de 8,9 milliards de dollars.
L'Ukraine, sans la Crimée, compte 42,5 millions d'habitants répartis sur 550 000 km². Elle a exporté pour 68,2 milliards de dollars en 2013 et importé 80,6 milliards de dollars de marchandises – soit un déficit commercial de 12,4 milliards de dollars.
L'Ukraine sans le Donbass aurait une population de 36 millions d'habitants et sa superficie diminuerait jusqu'à 497.000 km². Les exportations s'abaisseraient jusqu'à 51,6 milliards de dollars et les importations jusqu'à 72,9 milliards de dollars. Le déficit commercial grimperait pour sa part jusqu'à 21,3 milliards de dollars.
Le PIB ukrainien perdrait environ 16% après l'indépendance du Donbass, alors que le fardeau fiscal sur les régions restantes augmenterait de presque 15%. Et ce uniquement à partir des statistiques de l'année dernière, sans tenir compte des conséquences négatives du coup d'Etat et de la guerre civile qui a suivi.

Sans charbon, électricité ni métal

Et encore, ce scénario n'est le résultat que de simples opérations mathématiques réalisées avec des indices macroéconomiques. En réalité, la situation économique de l'Ukraine est encore plus déplorable. Les processus de ce genre ne peuvent pas être calculés de manière rectiligne: il faut tenir compte de très nombreux facteurs secondaires. L'indépendance du Donbass, qui rejoindrait alors la Novorossia, aura bien d'autres conséquences négatives pour l'Ukraine.
Il risquerait par exemple de n'y avoir plus de charbon du Donbass pour les centrales (le Donbass produit environ trois quarts du charbon du pays), ce qui renforcerait encore les problèmes d'électricité et de chauffage du pays. Kiev est déjà privée d'eau chaude depuis des semaines et depuis le début du mois, on a commencé à couper aléatoirement le courant lors des pics de consommation le matin et le soir à travers l'Ukraine.
Les usines minières de Dniepropetrovsk, propriétés de l'oligarque Igor Kolomoïski, seront inutiles et non rentables, les poussant à la fermeture. Tout simplement parce que leur production est essentiellement déchargée dans les entreprises de la Novorossia (Nouvelle-Russie), dont beaucoup ont besoin de réparations suite aux bombardements, voire ont été détruites. Le chef du service fiscal ukrainien Igor Biloous a récemment annoncé qu'environ 600 entreprises avaient été détruites.
Les marchés de Nouvelle-Russie se réorienteront sur la consommation de marchandises russes et biélorusses, aussi bien pour les produits alimentaires que l'industrie légère (des accords préalables ont déjà été obtenus). Encore une fois, cela affecterait les producteurs ukrainiens.
Enfin, sans les régions industrielles du sud-est, Kiev aurait bien plus de mal à obtenir des crédits du Fonds monétaire international (FMI) et d'autres institutions internationales. En effet, dans les conditions avancées par le FMI pour obtenir de nouvelles tranches d'aide, il est clairement indiqué que l'Ukraine doit au préalable rétablir le contrôle dans les régions insurgées.
La victoire du rural sur l'urbainL'économie fait la force et la prospérité de tout pays. Sans économie il n'y aurait pas d'armée, de science ni de culture. Mais on ne peut pas développer l'économie quand les prétendues autorités de Kiev exacerbent l'hystérie antirusse – sûrement inspirée par les patrons américains de la junte de Kiev - au lieu d'essayer de normaliser les relations avec ses voisins. La possibilité de s'entendre sur la reprise d'une coopération commerciale et industrielle en est encore plus illusoire.
Une grande partie du potentiel industriel de l'Ukraine est concentrée dans le sud-est du pays et attachée aux marchés de la Russie et de la CEI - personne d'autre n'a besoin de ses produits. Pour cette raison, l'abandon de la coopération avec les pays de la CEI et "l'intégration européenne" sont en fait synonymes d'un abandon de l'industrie et du retour de l'Ukraine à l'ère préindustrielle.

Les troubles de la place Maïdan ont débouché sur une révolte du rural contre l'urbain, de l'archaïsme contre le moderne. Et la destruction méthodique de l'industrie du Donbass par l'artillerie et l'aviation ces derniers mois en est une parfaite illustration. Les militants du Maïdan sont des néo-luddites - appelant au "retour aux sources", détruisant l'industrie et les porteurs de la culture urbaine, et croyant dur comme fer que Jésus, Bouddha et Mahomet étaient ukrainiens.
Les études menées par des économistes célèbres comme Glaziev ou Katassonov montrent que seule une profonde intégration dans les Unions douanière et eurasiatique permettrait de sauver l'économie ukrainienne en déclin. L'Union européenne ne peut pas fournir à l'Ukraine les hydrocarbures dont elle a besoin, ni des marchés d'écoulement pour ses marchandises. Qui plus est, ce n'est pas dans l'intérêt de l'UE.
Tant que des marionnettes américaines seront au pouvoir à Kiev, protégeant les intérêts des dirigeants américains plutôt que ceux des Ukrainiens, rien de positif ne se produira dans le pays.
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Re: Ukraine

Message par Doctor No » 16 Sep 2014, 07:20

Socialist Fight a publié l'information suivante:
http://ukraineantifascistsolidarity.wor ... in-odessa/

Des militants d'extrême gauche arrêtés et torturés à Odessa

Publié le 15 Septembre 2014 en ukraineantifascistsolidarity
Dans la nuit du vendredi 12 Septembre, trois militants de gauche, membres de Borotba, du Parti communiste et de la jeunesse communiste, ont été arrêtés à Odessa par le service de sécurité intérieure (SBU), sous l'accusation de terrorisme.
Vladislav Wojciechowski
http://borotba.su/images/small/dsc_0204.jpg
Les personnes arrêtées sont Vladislav Wojciechowski, un membre de Borotba et survivant du massacre Odessa le 2 mai; Pavel Shishman, un membre du Parti communiste de l'Ukraine; et Nikolay Popov, un membre de la Jeunesse communiste.

Une déclaration sur le site de Borotba donne plus de détails sur l'arrestation de Wojciechowski:

"Lors de la perquisition de l'appartement où il vivait, des explosifs ont été plantés.

Des paramilitaires nazis «d'autodéfense» ont participé à son arrestation. Vladislav a été battu, et il est possible que des aveux ont été arrachés sur lui sous la torture. Actuellement, il est en garde au SBU.

L'arrestation du camarade Wojciechowski montre que le régime Porochenko n'est pas intéressé par la paix civile, mais continue d’arrêter des militants pour des raisons politiques.

L’Union Borotba (lutte) exige la libération immédiate du prisonnier politique Vladislav Wojciechowski! "

Wojciechowski a également été très actif dans le mouvement pour la justice pour les victimes du massacre d'Odessa et a été l'un des rédacteurs du site http://www.2may.org.

L'USB accuse les personnes arrêtées de faire partie de l '«Armée Rouge d'Ukraine» et de planification pour mener à bien une attaque terroriste. Les camarades militants arrêtés insistent que les explosifs et les armes ont été plantés par le SBU.

Le 14 Septembre, un jeune étudiant, Ivan qui a décidé d'aller au siège SBU à Odessa pour exiger la libération des prisonniers politiques a été arrêté par le SBU.

C'est ce que dit une déclaration Borotba:

"Ivan, un étudiant qui a exigé la libération des prisonniers politiques Vlad Wojciechowski et Nikolai Popov, a été arrêté le 14 Septembre à 14h00 à proximité du siège du Service de sécurité ukrainien (SBU) à Odessa.

Il est sortit faire du piquetage par lui-même avec une banderole "Liberté pour les prisonniers politiques Vlad Voitsekhovsky et Nikolai Popov!"

Deux minutes après le début de la manifestation, des personnes non identifiées sont sortis du bâtiment SBU et l'ont emmené à la police locale.

On lui a dit que ces camarades auraient préparé une attaque terroriste pour faire exploser un hôpital. Ils l'ont forcé à écrire une déclaration et à laisser son adresse. Et ils l'ont mis dans le dossier.

Ivan n'a aucun rapport avec l'Union Borotba ou d'autres organisations; il a lu les informations sur la détention des camarades mentionnés ci-dessus sur l'Internet et s’est offert à les aider.

Rappelons que le militant Vladislav Wojciechowski de Borotba a été arrêté dans la soirée le 12 Septembre. Lors de la perquisition de la maison de Vlad, le SBU a planté des explosifs. Ils ont porté plainte contre lui pour «terrorisme». Les Nazis de l’"auto-défense" paramilitaire ont participé à l'arrestation de Vlad. "

Nous demandons à tous les partisans de la campagne de communiquer avec les autorités ukrainiennes pour demander la libération immédiate des quatre militants arrêtés en Odessa et de tous les prisonniers politiques.

Vous pouvez trouver des listes complètes des ambassades Ukraine dans le monde ici: http://mfa.gov.ua/en/about-mfa/abroad/embassies


Le 14 Septembre, il y avait aussi des échauffourées entre les militants et la police qui les empêchent de manifester pour marquer les 100 jours de la présidence de Porochenko.https://www.youtube.com/watch?feature=p ... QN-rl1pPyQ
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Re: Ukraine

Message par Doctor No » 11 Nov 2014, 23:13

"La travestissement d’une déclaration de Trotski sur l’Ukraine par un moraliste petit-bourgeois.

Une réponse à Michael Calderbank. Socialist Fight.

La déclaration du prince Charles faite au moment opportun "Maintenant Poutine fait [en Ukraine] à peu près le même chose que Hitler", qui laisse entendre que Moscou plutôt que Kiev a mis en place une agenda néo-nazi. Regardez les photos affichées dans le rapport de la BBC. La BBC indique que ces voyous du Praviy Sektor agissent de façon responsable.

Dans un post récent sur le site du réseau social Facebook LRC, le membre leader et partisan de Campagne de Solidarité avec l’Ukraine 'Michael Calderbank a tenté de donner un poids politique et même révolutionnaire à sa position réactionnaire sur la crise actuelle en Ukraine.
Sous le titre «Qu'est-ce que Trotski dirait aux ‘ brouillons sectaires’ qui sont opposés à l'indépendance de l'Ukraine», nous avons l'article suivant de Trotski de 1939, republié: « L'indépendance de l'Ukraine et brouillons sectaires ».
Au-dessus du lien vers l'article de Trotski, Calderbank cite ce que nous devons supposer qu'il considère comme le point le plus important du texte et la justification de sa position et de son opposition à ceux du mouvement ouvrier qui prennent la position antifasciste et anti-impérialiste:

"Pour accélérer et faciliter ce processus, pour rendre possible une véritable fraternité des peuples à l'avenir, les ouvriers avancés de la Grande Russie doivent, encore aujourd'hui, comprendre les causes de séparatisme ukrainien, ainsi que la puissance latente et la légalité historique derrière celle-ci, et ils doit déclarer sans réserve au peuple ukrainien qu'ils sont prêts à soutenir de toutes leurs forces le slogan d'une Ukraine soviétique indépendante dans une lutte commune contre la bureaucratie autocratique et contre l'impérialisme ".

Ceci est l'appel de Trotski pour l'indépendance ukrainienne à un moment où l'Ukraine souffrait sous la bureaucratie stalinienne, il a précisé cependant qu'il doit être un 'Ukraine soviétique’ indépendante comme un allié militaire de l'URSS. Plus tard, dans son article Trotski affirme que l'Ukraine "va d’elle même savoir et désirer comment parvenir à un accord économique nécessaire avec l'Union soviétique, tout comme elle sera en mesure de conclure l'alliance militaire nécessaire."

Trotski était clair que l'indépendance doit être liée à la préservation de l'économie planifiée et de la propriété socialisée créé par la Révolution d'Octobre et, en tant que tel, cela signifierait la défense des acquis dans le reste du territoire soviétique en dépit de la dictature de la bureaucratie dégénérée.

L'indépendance nationale de l'Ukraine soviétique signifierait que le plan pourrait être adapté aux besoins du peuple ukrainien et non pas à la bureaucratie du Kremlin, mais ils seraient encore soutenir le plan du reste de l'URSS, car elle saurait «savoir comment faire les accords économiques nécessaires »et ainsi améliorer la rationalité du plan. En conséquence, une Ukraine soviétique indépendante n’affaiblirait pas la bureaucratie du Kremlin mais aussi améliorerait le plan pour l'Ukraine et donnerait ainsi une impulsion au développement socialiste dans le reste de l'URSS.

Trotski était clair que l'étranglement de l'Ukraine par la bureaucratie avait éloigné la plupart des masses, comme les paysans et petits bourgeois ainsi que les travailleurs et émigrés de l'Ukraine, du socialisme qu'ils avaient précédemment soutenu. Le mouvement communiste officiel dirigé par la bureaucratie du Kremlin n’avait pas de réponse à l'indépendance ukrainienne et il étouffait l’expression nationale et mettait en œuvre des politiques agricoles désastreuses. Les voix les plus fortes en faveur de l'indépendance de l'Ukraine étaient les fascistes et les dirigeants réactionnaires religieux:

"D’une énorme importance politique est le brusque éloignement de l'Union soviétique des éléments démocratiques ukrainiennes (qui se trouvent) en dehors de l'Union soviétique. Lorsque le problème ukrainien s’est aggravé au début de cette année les voix des communistes ne sont pas fait entendre; mais les voix des cléricaux ukrainiens et des nationaux-socialistes étaient assez fortes. Cela signifie que l'avant-garde prolétarienne a laissé glisser le mouvement national ukrainien de ses mains et ce mouvement a nettement progressé sur la voie du séparatisme ".

La réponse que Trotski a souligné était dirigée au mouvement ouvrier révolutionnaire pour diriger le désir d'indépendance nationale dans le cadre de la poursuite révolution socialiste, à savoir la révolution politique contre la bureaucratie du Kremlin. Dans le cas de l'Ukraine, réclamer l'indépendance de la domination bureaucratique centralisé tout en défendant les acquis de la révolution et les améliorer la satisfaction des besoins de la population locale par l’intégration avec d'autres républiques soviétiques dans le cadre du développement continu pour le socialisme.

Ignorer le désir d'indépendance signifiait que des sections des masses seraient entraînées par le nationalisme bourgeois et le fascisme. Trotski était donc clair qu'il doit avoir une Ukraine soviétique indépendante. Ceci est en opposition complète à l'Ukraine envisagé par l'Organisation des nationalistes ukrainiens menés par le nazi Stepan Bandera. Cette position doit être considérée dans le contexte de son époque, la fin des années 1930, à la veille de la guerre impérialiste et des menaces militaires à l'URSS, le premier Etat ouvrier du monde.

Maintenant, nous devons examiner l'utilisation, ou la mauvaise utilisation de Calderbank plutôt, de l'article de Trotski, aujourd'hui. Tout d'abord, il est, bien sûr, en train de l'utiliser complètement dans le mauvais contexte; l'URSS ne existe plus et, de toute évidence, ceci a rejeté en arrière la conscience d'un grand nombre de travailleurs, en Ukraine et en Russie. L'Ukraine est indépendante en tant que république bourgeoise, pas une république soviétique et ses frontières ont changé à plusieurs reprises depuis que Trotski a écrit son article. Il est pas Trotski qui a tort alors, mais Calderbank qui choisit de prendre l'article hors de son contexte pour justifier l'adoption d'une position anti-ouvrière.

En Ukraine nous avons maintenant le gouvernement corrompu mais élu de l'oligarque Viktor Ianoukovitch déposé par un gouvernement non élu, mis en place par un coup, composé d'ultra-nationalistes et des organisations de descendants des nazis tels que Svoboda. Pourtant, ces nationalistes envisagent de renoncer à leur indépendance, même bourgeoise, aux impérialistes de l'UE et des États-Unis. Nous avons maintenant la situation où l'Ukraine pourrait devenir un autre vassal de l'impérialisme américain après avoir été un vassal de la bureaucratie du Kremlin, une perspective pire! Il serait bien sûr ensuite devenue membre de l'OTAN, l renforçant la présence militaire de l'impérialisme américain jusqu'à la frontière russe.

Il est clair que l'impérialisme des États-Unis et de l'UE ne signifie pas une véritable indépendance pour l'Ukraine. Il y avait plus d'indépendance sous les capitalistes locaux de M. Ianoukovitch. L'impérialisme signifie la domination de l'Ukraine et des travailleurs ukrainiens par le FMI et la Banque mondiale ainsi que les sociétés américaines. Les accords économiques que les oligarques locaux ont eu avec les capitalistes russes étaient plus bénéfiques pour la population que ne le serait la domination impérialiste. La Russie n’est pas un pays impérialiste, elle est sans aucun doute un pays capitaliste, mais elle a offert une meilleure proposition économique à l'Ukraine. L'UE propose (à l’Ukraine) de la désindustrialiser, de la privatiser, des réductions de salaires, des coupes sociales et le paiement de la dette. Les travailleurs de l'Ukraine peuvent se tourner vers la Grèce, l'Irlande et le Portugal pour voir leur avenir, derrière laquelle se trouve le capital financier et militaire des États-Unis, toujours tenté de faire respecter cette soumission en utilisant les bandes fascistes locales. Quel genre d'indépendance est-ce cela? Calderbank est muet sur ces faits.

Dans la région du Donbass, axé autour de Lougansk et Donetsk, il y a eu une vague d'opposition de la classe ouvrière à Maidan et son gouvernement sorti du coup d’état qui comprend des fascistes. Le manque de pensée dialectique de Calderbank signifie qu'il ne peut pas conclure que Ukraine d'aujourd'hui officiellement indépendante, dominé par les oligarques, et face à la domination du capital financier des États-Unis / Union européenne ait développé son propre mouvement interne pour l'indépendance régionale face à cet assaut impérialiste. La méthode de Trotski aujourd’hui, signifie le soutien à l'indépendance ukrainienne face à l'impérialisme US / UE et l'auto-détermination des régions qui sont à la pointe de l'opposition à l'impérialisme et ses bandes fascistes.
Trotski a mis en garde dans l'article que Calderbank cite, comme sa justification, que «l'indépendance de l'Ukraine ne serait pas longue dans un environnement impérialiste» et que «l'impérialisme ne peut être renversé que par la révolution prolétarienne." Nous voyons le prolétariat de l'est de l'Ukraine maintenant en révolution ouverte et expropriant les oligarques, et Trotski parlait de l'Ukraine comme ayant développé une classe ouvrière forte: "un prolétariat puissant et purement ukrainien a été créé par le développement de l'industrie. Ce sont eux qui sont destinés à être les leaders du peuple ukrainien dans toutes leurs luttes futures ".

Cette même prolétariat a son existence même menacée et ses propres droits, en particulier le droit de parler leur langue maternelle. Comme mentionné plus tôt, les frontières de l'Ukraine ont considérablement changé depuis 1939 et de nombreux russophones vivent dans l'est et se sont mélangé avec des habitants de langue ukrainienne. Les appels à l'indépendance ukrainienne et «l'unité nationale» par Calderbank et la «Campagne de solidarité ukrainien» désigne un état ultra-nationaliste centralisée qui supprime les droits des minorités. Trotski avait aussi quelque chose à dire à propos de ces partisans opportunistes de «l'indépendance:" L'opportunisme consiste en une adaptation passive à la classe dirigeante et à son régime, à ce qui existe déjà, y compris bien sûr, les frontières de l'Etat. "

Calderbank et ses semblables voudraient plutôt préserver les frontières de l'Etat car ils sont à la charge matérielle de la classe ouvrière dans l'est de l'Ukraine, même si ils ont exprimé leur volonté d'autonomie à travers un référendum sur cette question. Les opportunistes telles que Calderbank s’alignent avec Svoboda, les Etats-Unis et l'Union européenne pour condamner la résistance de la classe ouvrière comme «terroriste» et influencée par des «agents russes», mais rien est mentionné des gangs de la terreur fasciste, des agents de la CIA et des mercenaires opérant en Ukraine. Le capital financier utilise à nouveau fascisme pour imposer sa domination et, malheureusement, beaucoup à gauche ont choisi de soutenir l'impérialisme dans la façon dont ils l'ont fait au début de la Première Guerre mondiale il y a cent ans, se démasquant maintenant comme jadis, comme libéraux, et non marxistes d tout.

Tout au long des débats sur cette question fondamentale de soutien au mouvement contre l'impérialisme dans le Donbass, beaucoup de gauchistes ont été outrés par les méthodes militaires et le personnel ayant été employé par les Républiques Populaires de Lougansk et Donestk et le fait que certains partisans de Kiev ont été enlevés ou torturé. Les préjugés libéraux de ces libéraux de la classe moyenne et les personnes comme Calderbank révèlent leur hostilité à l'égard de la classe ouvrière. Elle prends en main la lutte contre l'impérialisme et le fascisme, au cours de ces luttes les ennemis réels ou soupçonnés on leur fera passer un moment difficile. Ceci est une caractéristique de la révolution. Ils moralisent sur la façon dont «les deux côtés sont aussi mauvais» et de tels arguments, la «méthode préférée de moralisateur philistin est l’amalgame de la conduite de la réaction à celle de la révolution » a noté Trotski à propos de ces gauchistes. (Source: Trotski, L, Dewey, J, Novack, G, « Leur morale et la nôtre », Pathfinder 1973, New York, p13)

Sur les moralistes de la classe moyenne, Trotski écrivait:

«Ne pas comprendre ni l'origine ni le sens de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, se découvrant entre deux feux, il examinera les deux camps belligérants avec la même haine. Et qui sont tous ces moralistes démocratiques? Les idéologues de couches intermédiaires qui sont tombés, ou sont dans la crainte de tomber entre deux feux. Les principaux traits des prophètes de ce type sont l'aliénation des grands mouvements historiques, une mentalité conservatrice durcie, une étroitesse béate, et une lâcheté politique de plus primitive ".
(Source:. Trotski, L, Pathfinder 1973, pp 14-15)

Ceci est une description approprié pour Calderbank et la « Campagne de Solidarité avec l’Ukraine »et les couches sociales qu'ils représentent, à savoir la classe moyenne et la bureaucratie syndicale. Pendant ce temps la classe ouvrière dans la Donbass continue à combattre les fascistes et impérialistes dans sa quête pour la survie et l'auto-détermination."
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Re: Ukraine

Message par com_71 » 12 Nov 2014, 13:39

Doctor No a écrit : nous avons l'article suivant de Trotski de 1939, republié : « L'indépendance de l'Ukraine et brouillons sectaires ».


L'article en question :
https://www.marxists.org/francais/trots ... 390730.htm

qui avait été précédé d'un autre, en avril 1939 :

https://www.marxists.org/francais/trots ... 90422b.htm

Citons quelques passages de ce premier article :
Trotsky a écrit :La question ukrainienne
22 avril 1939
...Depuis la toute récente « épuration » sanglante en Ukraine, personne, à l'Ouest, ne désire plus devenir partie intégrante de la satrapie du Kremlin qui continue à porter le nom d'Ukraine soviétique. Les masses ouvrières et paysannes d'Ukraine occidentale, de Bukovine, d'Ukraine subcarpathique, sont en pleine confusion. Où se tourner ? Que revendiquer ? Et tout naturellement, du fait de cette situation, la direction glisse aux mains des plus réactionnaires des cliques ukrainiennes qui expriment leur « nationalisme » en cherchant à vendre le peuple ukrainien à l'un ou l'autre des impérialismes en échange d'une promesse d'indépendance fictive.

...

Il faut un mot d'ordre clair et précis, qui corresponde à la situation nouvelle. A mon avis, il n'existe à l'heure actuelle qu'un seul mot d'ordre de ce type : pour une Ukraine soviétique, ouvrière et paysanne unie, libre et indépendante !

...Mais c'est précisément cette suppression sans vergogne de toute pensée nationale libre qui a conduit les masses travailleuses de l'Ukraine, plus encore que les masses de la Grande-Russie, à considérer le gouvernement du Kremlin comme une oppression monstrueuse. Devant une telle situation intérieure, il est naturellement impossible de parler d'une Ukraine occidentale se rattachant volontairement à l'U.R.S.S. telle qu'elle est actuellement. En conséquence, l'unification de l'Ukraine présuppose l’affranchissement de l'Ukraine dite « soviétique » de la botte stalinienne. En ce domaine aussi, la clique bonapartiste ne récoltera que ce qu'elle aura semé.

...

Il est évident qu'une Ukraine ouvrière et paysanne indépendante pourrait ultérieurement rejoindre la fédération soviétique, mais de sa propre volonté, à des conditions qu'elle jugerait elle-même acceptable, ce qui présuppose à son tour une régénérescence révolutionnaire de l'U.R.S.S. L'émancipation véritable du peuple ukrainien est inconcevable sans une révolution ou une série de révolutions à l'Ouest, qui devraient, à la fin, conduire à la création des Etats‑Unis soviétiques d'Europe.


"Ukraine soviétique, ouvrière et paysanne unie, libre et indépendante !", cela signifie bien dans le cadre du pouvoir de la classe ouvrière.
Trotsky précise plus loin : "L'émancipation véritable du peuple ukrainien est inconcevable sans une révolution ou une série de révolutions à l'Ouest, qui devraient, à la fin, conduire à la création des Etats‑Unis soviétiques d'Europe."

Alors oui, bien sûr, la situation n'est plus celle de 1939. Mais la perspective générale : Emancipation des peuples dans le cadre du pouvoir ouvrier [révolution socialiste] reste la seule valable.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Les bases matérielles de la possible capitulation de Poutine

Message par Doctor No » 13 Nov 2014, 11:24

Article de WSWS.
Cet article montre bien qui est l'agresseur et qui l'agressé, distinction fondamentale pour se guider. Bon, ceux qui veulent bien le faire, les autruches peuvent dormir chaudement "en paix" (pour le moment).

La pression impérialiste US va en augmentation et la Russie (divisée à l'intérieur) n'a rien à lui opposer. Le disproportion des forces et de moyens apparait cristalline.
Il ne restent au Poutine (la cible visée) que deux alternatives:
Laisser tomber les habitants des Républiques Populaires de Donestk et deLougansk ou
faire la guerre, partir en avant toutes, l'aventure quoi.
S'il se retourne d'abord contre les travailleurs, cela ne va pas l'aider.
Plus malin se serait de revenir à la politique soviétique (de l'URSS), mais le peut-il?
En tout cas, le plan d'agression américain, commencé par le coup d'état en Ukraine roule comme sur des rails huilés.

Mais, bien sur, cela n'intéresse personne...il ne s'agit pas des "bandits de deux côtés"?


La Banque centrale russe décrète le flottement du rouble

Lundi, Moscou a annoncé qu'elle faisait flotter le taux de change du rouble. La présidente de la Banque Centrale Russe, Elvira Nabiullina a déclaré que la banque répondra chaque fois qu’il sera nécessaire "dans une mesure suffisante", en intervenant sur les marchés de change.
Ses propos ont été repris par le président russe Vladimir Poutine, qui a déclaré à l'ouverture du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Beijing que la Banque centrale réagirait vigoureusement aux fluctuations de change. Comme mesure supplémentaire pour soutenir la devise russe, la Banque centrale a temporairement limité la capacité des banques commerciales de s’approvisionner en roubles nouvellement émis.
À la suite de ces actions, la monnaie russe a augmenté lundi de 3,7 %. Par rapport à vendredi dernier, seulement 45 roubles, au lieu de 48,5, étaient nécessaires pour acheter un dollar américain. La valeur du rouble a augmenté face à l'euro d'environ 3,0 %. Dans le moyen terme, cependant, la décision de laisser flotter le rouble menace de plonger la monnaie russe et l'ensemble de l'économie encore plus dans la crise.
Les conséquences du conflit en Ukraine ont conduit la Banque centrale de Russie d’attendre une fuite plus importante de capitaux que prévue précédemment. La Banque a corrigé sa prévision de fuite des capitaux pour 2014 vers le haut, de 90 milliards à 128 milliards de dollars (100 milliards d’€). Il attend une sortie de capitaux de jusqu'à 99 milliards l'an prochain et 60 milliards de dollars en 2016.
Les perspectives économiques sont également sombres parce que l'économie stagnerait en 2015. Dans le même temps, les économistes estiment que l'objectif du gouvernement de 4% d'inflation ne sera pas atteint avant 2017. Le taux d'inflation actuel est de 6,5 pour cent.
Au cours des dernières semaines, le rouble est entré dans une spirale sans précédent, plongeant jour après jour à de nouveaux bas historiques face au dollar américain et face à l'euro. Le vendredi, il était à 60 roubles pour un euro et 48 pour un dollar américain.
Au fur et à mesure que la crise en Ukraine a progressé, la monnaie russe a continué de baisser et a perdue plus d'un tiers de sa valeur par rapport au dollar. Au début de l'année, le taux de change était resté à 32 roubles pour un dollar américain. En Octobre, le rouble s’est déprécié particulièrement rapidement, passant de 39,4 à 43,4 roubles pour un dollar américain. Après les élections en Ukraine orientale au début de Novembre, il est chuté d’un autre 11%.
Il y a plusieurs facteurs à l'origine de l'énorme dévaluation du rouble. Les principales causes sont les sanctions imposées par l'Occident en liaison avec les événements en Ukraine, la baisse du prix du pétrole, et des attaques spéculatives contre le rouble, qui se sont multipliées depuis les élections ukrainiennes. Les attaques contre le rouble font partie d'une guerre économique menée par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) contre la Russie en vue de forcer le régime de Poutine à se mettre à genoux et effectuer un changement de gouvernement.
Les preuves suggèrent que la dévaluation de la monnaie russe est sensiblement le résultat d'attaques délibérées sur l'économie russe, visant à conduire le pays dans la récession.
En raison des sanctions des États-Unis et l'UE, de nombreuses grandes sociétés russes ne peuvent plus avoir accès aux capitaux étrangers et ont dû renoncer à des projets lucratifs. Des licenciements massifs ont déjà commencé dans le secteur industriel, et le revenu réel a diminué officiellement en Octobre pour la première fois depuis 2008. En raison de la dévaluation de la monnaie, l'inflation devrait atteindre au moins 8 pour cent cette année. Des articles de presse suggèrent que, compte tenu de l'impact économique des sanctions occidentales, le Kremlin craint un épuisement rapide des réserves de change, autour de quelque 450 milliards de dollars.
Un autre facteur important est le prix du pétrole qui fournit des revenus pour une grande partie du budget de l'Etat russe. Depuis l'été, les prix du pétrole ont chuté de 100 à 80 dollars le baril. Le budget pour 2014 et 2015 se fonde sur un prix du pétrole de 97 $ ou 96 $ le baril. Les raisons de la chute des prix du pétrole ne sont pas tout à fait claires. Poutine accuse la spéculation financière persistante et la manipulation politique à la fois, de la baisse des prix du pétrole et de la baisse de la monnaie russe.
Le magazine Forbes a récemment publié un article belliqueux d'interprétation de la dévaluation du rouble dans le cadre d'une guerre entre des spéculateurs des marchés financiers et la Banque centrale de Russie, et de conclure avec ces mots: "Rappelez-vous, la BCR (Banque centrale de Russie) pourrait encore être battue par la combinaison de la chute des prix du pétrole et la hausse de l'inflation. La possibilité de l'effondrement économique du pays est réel, et il y a peu de la BCR peut faire à ce sujet: si elle augmente les taux pour étouffer l'inflation, elle affaiblit davantage l'économie ; mais si elle réduit les taux pour stimuler la croissance elle risque une spirale inflationniste ".
Un rapport du Zeit En Ligne sur la guerre financière de Washington contre la Russie, suggère que l'effondrement du rouble et le décline sur les marchés d’actions russes sont au moins en partie attribuables à des attaques ciblées par le gouvernement américain. L'article se concentre sur Daniel L. Glaser, un représentant des " opérations anti-terroristes " de l'unité du Trésor américain. Depuis 2001, Glaser a joué un rôle de premier plan dans l'élaboration de mesures de guerre économique contre l'Iran et plusieurs autres pays. Commentant sur la dévaluation du rouble et le déclin des prix des actions en Russie, il a dit au Zeit: "Jusqu'à présent, on n'a jamais rien fait à cette échelle. Mais nous apprenons à le faire à chaque mesure que nous prenons ».
Zeit Online continue à décrire les méthodes utilisées par le Trésor américain: "Glaser avait soigneusement examiné comment utiliser son arme sur la Russie. L'économie russe doit être affaiblie mais pas ruiné. Les puissants oligarques en particulier devaient être ciblées dans l'espoir qu'ils se distancient de Poutine. Les comptes ont été gelés et l'accès des entreprises russes au marché international des capitaux a été obstrué, mais les banques russes continuent à fonctionner dans le système bancaire international SWIFT. Glaser n'a pas encore pris la dernière étape inflammatoire, peut-être parce que il y a des signes que les sanctions seraient en train de faire forcer la Russie à capituler"
SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est un système international qui facilite les transactions financières des banques. Il est contrôlé par le Trésor américain et relie environ 10 500 banques dans plus de 200 pays. Privés d'accès à SWIFT, les marchés financiers des pays entiers peuvent être ruinés.
Beaucoup de commentateurs occidentaux comparent la situation actuelle à la crise de 1998, au cours de laquelle l'économie russe s’est presque complètement effondrée. Le mois dernier, le Moscow Times a écrit: "Jamais, depuis la crise financière de Août 1998 la Russie n’a fait face à la possibilité très réelle d'une crise monétaire qui pourrait sérieusement menacer la stabilité fondamentale de système économique et politique du pays."
Mais a la différence de 16 années auparavant, la Russie d'aujourd'hui est également confronté à une menace militaire directe. Dans le sillage du coup d'Etat en Ukraine orchestrée par l'Allemagne et les Etats-Unis, l'OTAN a systématiquement développé ses forces en Europe de l'Est et encerclée la Russie.
Le régime de Poutine est incapable de s'opposer à l'agression de l'Occident, de quelque manière progressive que se soit. Émergeant de la dissolution de la bureaucratie stalinienne de l'Union soviétique et de la restauration du capitalisme, il réagit à l'aggravation de la crise en augmentant de plus en plus les attaques contre la classe ouvrière. Le prochain budget a prévu d’inclure de coupes sociales beaucoup plus profondes que prévues précédemment. Les dernières mesures de la Banque centrale russe sont conformes aux intérêts du capital financier international.
Le Focus, un magazine d’informations et porte-parole de l'impérialisme allemand, a salué lundi la perspective que: "Si la banque centrale parvient à abaisser le rouble à un certain niveau et à le garder stable à ce niveau, le pays deviendrait à nouveau attractif pour les investisseurs étrangers. Il pourrait alors être intéressant de construire des usines en Russie et profiter de l'empire tsariste, qui serait effectivement un pays à bas salaires. Si tel était le cas, le flottement du rouble aurait prouvé être une initiative intelligente
Doctor No
 
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Re: Ukraine

Message par Doctor No » 13 Nov 2014, 13:26

Traduit par Tribune Marxiste-Léniniste
http://tribunemlreypa.wordpress.com

Par Workers World,

Une interview

avec Victor Shapinov,

coordinateur et principal théoricien

de l’organisation marxiste

Union Borotba (La Lutte) d’Ukraine.

Volet 1: Communistes ukrainiens: face à face avec le fascisme du 21ème siècle !

Simféropol, Crimée – 22 septembre 2014

Victor Shapinov vit actuellement en exil avec d’autres militants de Borotba, en Crimée, sous la menace d’arrestation par le régime putschiste soutenu par les USA à Kiev.

Workers World: Quel est le rôle de l’impérialisme américain en Ukraine aujourd’hui?

Shapinov Victor: Il est très important maintenant et Maïdan l’a montré. (Maïdan est le mouvement pro-impérialiste qui a pris son nom de la place centrale de Kiev, la capitale ukrainienne, où se sont tenues des manifestations à la fin de 2013 et début 2014. La structure de ce mouvement, extensivement financée et soutenue politiquement par le gouvernement des États-Unis, était composé de gangs et de partis politiques néo-nazis. – WW)

(Maïdan a abouti au renversement du gouvernement du président élu Viktor Ianoukovitch en Février. Il amena au pouvoir une alliance d’oligarques, de politiciens fascistes et néolibéraux qui ont mené une guerre brutale contre la classe ouvrière, la population russophone, principalement de la région du Donbass et contre les antifascistes à travers l’Ukraine.)

Avant le Maïdan, nous ne croyions pas que le rôle des États-Unis était si important dans des pays comme l’Ukraine. Nous riions parfois des théoriciens du complot qui disaient que tout ce qui arrivait était produit par le département d’État US, par la CIA et ainsi de suite.

Bien sûr, ce n’est pas vrai, parce que sa vraie base (du mouvement Maïdan) est la crise capitaliste. L’Ukraine n’était que le maillon faible dans la chaîne de pays post-soviétiques. Il y a beaucoup de contradictions. Différentes forces impérialistes et même non impérialistes, essaient de profiter de la situation pour atteindre leurs objectifs. Cependant, l’impérialisme américain possède les meilleurs instruments dans ce domaine.

Par exemple, dans la politique ukrainienne, l’impérialisme américain ne se limite pas aux agents directs qui sont actifs dans la vie politique et qui détiennent des positions pro-occidentales. Tout autour, ils ‘ont des bonnes relations et des alliances avec des organisations non gouvernementales (ONG) et des organisations des droits de l’homme. Elles ne soutiennent pas toujours directement l’impérialisme américain, mais dans les moments critiques – par exemple, quand Maidan a commencé – dans cette situation, elles reçurent l’ordre d’y aller et elles y sont allées.

Nous, nous sommes allés enquêter sur Maïdan dès le début [en Novembre 2013]. Nous avons vu seulement 1000 personnes, et beaucoup venaient des ONG, des organisations de droits de l’homme et autres semblables. Nous avons reconnu beaucoup d’entre eux que nous connaissions personnellement, parce que quand vous êtes actif dans la politique que vous les connaissez forcément.

Du point de vue des mécanismes politiques et financiers, l’Ukraine se trouve totalement intégré dans le système dirigé par les États-Unis. Les oligarques ukrainiens ont tous de l’argent, des comptes bancaires en Europe et aux États-Unis et ils sont étroitement liés avec le capital impérialiste.

Nous avions aussi des consultants politiques: comme Paul Manafort [US lobbyiste et campagne conseiller de plusieurs présidents républicains]. Il était un confident de l’ancien président Ianoukovitch. Mais tous les hommes politiques ukrainiens lui demandaient conseil. Il était très pratique pour eux d’aller lui demander comment faire quoi que ce soit. Il était un des moyens de Washington d’influencer les événements. Ce n’était pas manifeste; c’était de la communication de certains politiciens ukrainiens avec des forces des États-Unis afin de trouver les moyens de faire les choses dans la politique ukrainienne.

Un autre de ces mécanismes ce sont les crédits du Fonds Monétaire International. Tous les gouvernements ukrainiens précédents [depuis l'éclatement de l'URSS en 1991] étaient tributaires de crédits du FMI. Le montant de la dette est toujours en augmentation croissante, ce qui permettait à l’Ouest de poser des conditions ; par exemple, la destruction du système social de santé ou l’augmentation du prix du gaz pour la population.

WW: Quel est votre point de vue sur l’accord de cessez-le-feu négocié à Minsk? [Les accords de Minsk ont été négociés à l'initiative de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Représentant de l'Union européenne) et la Fédération de Russie. L'accord, signé le 5 septembre, était censé mettre fin à la guerre civile entre l'Ukraine et les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk nouvellement indépendants de la région sud-est où se trouvent les exploitations minières du Donbass. Le 16 Septembre, le parlement ukrainien a adopté une loi accordant «A certaines régions de Donetsk et de Lougansk » un statut spécial pour trois ans.]

VS: Il n’y a pas de réel cessez le feu. Les attaques militaires ukrainiennes n’ont pas cessé, même pas un jour.

Après le traité de Minsk, nous avons vu l’attaque d’artillerie la plus cruelle jamais effectuée, sur la ville de Donetsk, plus encore que dans les jours les plus durs de la guerre. Nous croyons qu’il y a une sorte de négociation sous-la-table entre l’impérialisme américain, l’Union européenne et [le président russe Vladimir] Poutine sur la façon de ralentir la situation vers quelque chose d’acceptable pour tout le monde.

Les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk sont tout simplement des pions dans ce grand jeu. C’est dommage, mais c’est vrai. Les républiques populaires ont dû signer ces traités car actuellement elles ne peuvent pas survivre sans l’aide humanitaire de la Russie.

Nous pensons que c’est la raison pour laquelle [l'ancien ministre de la Défense de Donetsk et chef de la milice Igor] Strelkov a été retiré. Parce qu’il était intransigeant dans ce conflit. Maintenant, nous voyons que la plupart des commandants militaires ne soutiennent pas l’accord. Avant Minsk, la milice du peuple avançait, l’armée ukrainienne était déprimé et proche de la défaite sur certains points.

Une des raisons pourquoi les milices ne supportent pas le traité de paix est qu’il y a seulement un petit morceau de terre dans cette configuration. De cette façon, les républiques, ou la Novorossia, ne survivront pas ou seront complètement dépendants de la Russie. Ils veulent faire un véritable état qui puisse être indépendant. Bien sûr, ils veulent des relations amicales avec la Russie, mais ils ne veulent pas être une marionnette.

En outre – et nous essayons d’utiliser l’influence que nous avons sur ce point – ce n’est pas seulement au sujet des régions de Donetsk et de Lougansk. C’est une question pour au moins un cinquième de l’Ukraine, ou peut-être pour l’ensemble.

Nous ne pensons pas que l’Ukraine, même des régions du nord-ouest, devrait être sous le pouvoir des oligarques, des nationalistes et des fascistes. La population ne devrait pas avoir à vivre sous ce régime, même si elle leur apporte un soutien de masse en ce moment. Nous pensons que c’est très mauvais pour tout Ukraine. Il détruit le bien-être économique de la population dans l’Ouest et à Kiev également.

WW: Comment Borotba pose la question de l’autonomie et de l’autodétermination pour les autres régions de l’Ukraine, comme Odessa: où les néo-nazis ont massacrés 48 militants le 2 mai?

VS: Après le coup d’Etat de Maïdan, Borotba a été très actif dans la construction d’un mouvement de résistance dans les villes du sud-est telles que Kharkov et Odessa.

Maintenant, depuis l’exil en Crimée, nous avons contribué à établir un Comité pour la libération d’Odessa, qui se compose de certains membres du parlement régional d’Odessa, des membres du conseil municipal et des militants civils et politiques. Nous avons fait une pétition pour que le gouvernement ukrainien élargisse le traité avec Lougansk et Donetsk, pour qu’il accorde l’autonomie gouvernementale et autres choses comme d’avoir leurs propres milices municipales, ainsi la milice du peuple peut se transformer et avoir des droits à conserver ses armes, par exemple. Ainsi que le droit des résidents à leur langue maternelle dans l’éducation.

Nous pensons que cela peut être une première étape pour arrêter la guerre civile, qui continue non seulement dans le Donbass, Odessa et Kharkov mais non pas comme une lutte armée, mais par des actions partisanes et des manifestations civiles qui sont réprimés. Mais encore, les gens vont sortir et faire des pétitions. Il y a toujours la terreur des militants d’extrême-droite contre les civils. Beaucoup sont prisonniers politiques, certains d’entre eux ont été battus ou tués par des néo-nazis, et d’autres comme nos membres, ont dû quitter l’Ukraine et maintenant vivent en Crimée.

Une des premières étapes visant à faire cesser la guerre civile peut être l’extension du statut spécial pour Donetsk et Lougansk à tous les territoires de sud-est. Nous allons essayer d’organiser une manifestation à Odessa bientôt à l’appui de cette demande. Les forces ultranationalistes sont très en colère à propos de cette pétition, parce c’est une pétition constructive de notre part. Ils ne peuvent pas dire: «Ce sont des terroristes. Ils sont des séparatistes. «

Nous disons: «Bon, vous avez passé cette loi sur le statut spécial, nous voulons l’utiliser pour nos régions aussi. » Parce que maintenant les régions sont directement gouvernées par des gens qui ont été nommés par Kiev et n’ont pas de racines dans ces régions. Ils utilisent des bandes paramilitaires nationalistes, qui dans des situations critiques, peuvent les défendre. C’est donc un régime d’occupation. Ce statut spécial serait une première étape vers une certaine forme d’autonomie.

Mais c’est seulement une question tactique parce que, comme nous l’avons dit dès le premier jour de cette guerre, la seule façon de faire la paix est de vaincre la Junte de Kiev. La nature de classe sociale de la Junte est de faire la guerre contre toutes les personnes et groupes. C’est le seul moyen pour eux de conserver leur pouvoir. C’est pourquoi nous ne croyons pas que ces mesures tactiques, comme un cessez-le feu ou même la propagation de la situation particulière au accordée au régime du sud-est, peut-être une solution pour l’Ukraine.

Les forces mises en éveil par Maïdan sont très destructrices et dangereuses pour toute la société. Nous sommes face à face avec le fascisme du 21e siècle. Ce n’est pas seulement parce qu’ils ont des portraits du [collaborateur ukrainien nazi] Stepan Bandera ou parce qu’ils disent « Ukraine über alles » comme des clones de l’Allemagne nazie. La nature du fascisme est d’être le pouvoir d’Etat direct du grand capital, utilisant un certain soutien de la classe moyenne et d’autres groupes afin de détruire toute opposition politique par la violence. C’est l’essence même du fascisme.

Ils disent: «Nous sommes des démocrates, nous sommes des libéraux. » Mais ils ont construit cette structure politique. Maintenant, si vous menez une politique d’opposition en Ukraine, ils vont utiliser la violence contre vous. Cela peut être la violence de la police qui vous accuse comme séparatiste ou terroriste; ou s’ils ne peuvent pas utiliser la police ou les services de sécurité d’Ukraine, ils utilisent les bandes de néo-nazis qui peuvent juste vous tuer ou vous battre ou terroriser votre famille et vous forcer à quitter la ville.

Volet 2: La gauche en Ukraine et les origines de Borotba.

Workers World: Parlez-nous de votre expérience et sur la fondation de l’Union Borotba.

Shapinov Victor: Je suis né en Russie, près de Moscou, où je suis aussi allé à l’école et à l’université. À 18 ans, j’ai rejoint le mouvement communiste et le Parti communiste russe des travailleurs (RKRP), qui existe toujours. Depuis plusieurs années, j’ai communiqué avec des militants de gauche et des communistes ukrainiens. En Russie, ce n’était pas le meilleur moment pour des activités de gauche. Il y avait beaucoup de répression. Donc, en 2005, j’ai déménagé à Kiev et on a commencé à s’y organiser, (nous étions) pour la plupart d’anciens membres du Parti communiste d’Ukraine (KPU). De cette façon, j’ai commencé à travailler avec Sergei Kirichuk et d’autres qui plus tard ont participé à la fondation de notre mouvement.

À la fin des années 1990, le Parti communiste était très populaire. Beaucoup de gens croyaient que son président, Peter Simonenko, pourrait remporter la présidence. Mais la direction du parti était très passive et ils ont toujours voulu s’entendre avec le camp bourgeois de la politique ukrainienne. Les militants de base étaient très en colère, en particulier les jeunes membres, et il y avait beaucoup de scissions au KPU à cette époque.

Nous avons toujours essayé de ressembler ces forces d’une certaine façon. Donc, nous avons formé le Mouvement de la jeunesse Che Guevara, qui est devenu célèbre pour l’organisation d’un rassemblement contre la privatisation et pour la renationalisation des grandes usines. C’était la plus grande mobilisation anticapitaliste jamais tenue à Kiev [depuis l'éclatement de l'Union soviétique - WW]. Ensuite, nous avons mis en place l’Organisation des Marxistes d’Ukraine. Il était le résultat de la fusion de plusieurs groupes. Il s’est avéré être très large et académique et pas très révolutionnaire.

Après évaluation du développement de cette organisation et à la suite de nouvelles scissions du Parti communiste, nous fûmes capables de fonder le mouvement Borotba.

Nous avons commencé ce travail en 2011 et nous avons tenu notre congrès de fondation en mai 2012. Il est important de s’expliquer sur le Parti communiste de l’Ukraine. A cette époque, son leadership était toujours à la recherche des alliances au parlement avec le parti capitaliste qui était le plus fort, quel qu’il soit. Pas beaucoup de gens de l’Occident savent, mais avant s’allier avec le Parti des régions du [ président déchu Victor] Ianoukovitch ils étaient partenaires avec le parti de Ioulia Timochenko [politicienne d'extrême droite associée à la "révolution orange" de 2004 et aujourd'hui partie du conseil de la Junta de Kiev].

C’était une position sans principes de la direction du KPU, et pour nous, cela signifiait qu’on ne pourrait pas simplement être l’aile gauche du Parti communiste. En outre, les camarades qui voulaient être l’aile gauche du parti étaient toujours expulsés. Tous les ans des groupes de bons communistes étaient expulsés.

Alexei Albu, un de nos camarades, était un dirigeant de gauche du Parti communiste et du Komsomol, l’organisation de la jeunesse communiste, à Odessa. Il a démissionné et il a rejoint l’organisation Borotba. D’autres militants à Odessa ont suivi son exemple.

Nous nous sommes concentrés sur l’organisation à l’intérieur du mouvement ouvrier. Mais à la fin de 2012 et début 2013, la question du fascisme et du nationalisme radical est venu à l’avant-plan. Borotba a été le premier parti à organiser une manifestation contre l’entrée du parti fasciste Svoboda au parlement. Nous avons organisé un rassemblement de 500 personnes à Kiev.

Nous n’avons jamais soutenu le régime de Ianoukovitch, cependant, car nous savions que c’était l’une des raisons de la montée de l’extrême droite. Sa politique n’était dirigée que vers les intérêts des grandes entreprises, la dite oligarchie. Il donna de l’argent et le pouvoir aux groupes oligarchiques, et ceux-là à leur tour, ils ont soutenu les néo-nazis. Nous pouvions voir que les fascistes étaient un instrument utilisé dans leur politique.

WW: Borotba semble unique dans la gauche post-soviétique à avoir amené des Marxistes de divers origines et courants historiques dans une organisation communiste unie. Comment avez-vous été capables de réaliser cela?

VS: Nous y avons travaillé d’arrache-pied. Il s’agissait à la fois d’un travail théorique et d’organisation.

Du côté théorique, nous avons essayé de mettre l’accent sur les contradictions de la société qui existe actuellement en les analysent à partir du point de vue du marxisme. Nous voyons que les divisions qui faisaient partie du mouvement communiste dans le passé ne sont pas si importantes maintenant, ou nous les voyons de façon très différente. Nous avons vu qu’il y avait certains groupes qui agissent sont comme des reconstructeurs [Ce terme désigne les personnes qui rejouent batailles militaires historiques, comme la guerre civile aux Etats-Unis par des amateurs de cela]. Ils veulent refaire les vieilles batailles. Nous ne voulons pas être comme ça.

Nous voulons faire de la politique réelle pour la classe ouvrière et les peuples opprimés, et n’ont pas jouer à être Staline, Trotski ou, Mao Zedong, ou qui que ce soit. Parce que ces gens ne jouaient pas à être Marx ou les Jacobins. Ils ont fait de la politique révolutionnaire pour leur époque.

Du côté organisationnel lorsque nous avons commencé à créer Borotba, nous avons décidé d’essayer de regarder notre pratique et ce que nous faisions à travers les yeux des gens, pas à travers les yeux des groupes de gauche en compétition. Comment les gens ordinaires nous voyaient? C’est un critère pratique pour notre travail, et non les opinions de quelques publications qui passent tout leur temps à critiquer des autres gauchistes. Si vous ne perdez pas beaucoup de temps à ce sujet, vous avez plus de temps pour observer la façon dont les gens vous voient et comment les atteindre.

Même la façon dont les journalistes bourgeois nous voient est plus importante. Comment vont-ils essayer de montrer nos activités? La majorité des gens regardent la télévision ou lisent la presse bourgeoise, alors la façon dont nous sommes représentés est importante pour eux.

Même s’ils écrivent que nous sommes des «bâtards communistes », ce sera très bien. Beaucoup de gens qui sont nos partisans potentiels ne croient pas dans les médias capitalistes. Mais ils ne voient que les médias capitalistes parce qu’ils n’ont aucune autre alternative. Donc, si ils y lisent que nous sommes mauvais, peut-être qu’ils vont penser que nous sommes bons!

C’est une question de savoir comment utiliser les possibilités offertes par la politique bourgeoise et les médias bourgeois pour la promotion de notre travail. Ne soyez pas comme le sectaire qui va seulement à un piquet de grève avec son propre journal à vendre et s’en fout de tout le reste.

Je ne peux pas dire que nous avons réussi parfaitement dans ces choses, parce la situation en Ukraine nous a donné que très peu de temps pour réaliser nos plans.

Volet 3: Les troupes de base fascistes de l’Ukraine

Workers World: Quel a été le point de vue de Borotba sur le Maïdan, ce mouvement qui a renversé le président Viktor Ianoukovitch en Février? Washington et les médias nous ont dit que c’était un grand mouvement démocratique face à la répression d’un dictateur tyrannique. [Le Maïdan a pris son nom de la place du centre de Kiev, la capitale ukrainienne où il y a eu des manifestations de la fin de 2013 au début 2014 - WW]

Victor Shapinov: Avant le coup de Maïdan, l’Ukraine était un pays sans armée importante. L’Ukraine n’a pas de réels ennemis autour, de sorte que notre classe dirigeante n’a créé qu’un appareil policier. L’armée était pour promulguer des décrets et était utilisée pour la corruption. Les pilotes militaires ukrainiens n’ont même pas eu assez d’heures dans le ciel pour être vraiment des pilotes.

Mais par la suite, lorsque les forces de Maïdan ont accédé au pouvoir, nous avons vu une militarisation très rapide de tous les aspects de la vie sociale.

Même lorsque Ianoukovitch était encore au pouvoir, nous savions qu’il y avait des armes de feu et des bombes sur la place Maidan. Tout le monde le savait. Mais Ianoukovitch craignait les puissances occidentales. Elles l’ont averti que s’il utilisait la police contre la place Maïdan, il serait attaqué et éliminé comme [l'ancien dirigeant libyen, le colonel Mouammar] Kadhafi. Il avait peur, et par conséquent il a tout perdu.

Bien sûr, nous ne sommes pas contrariés que Ianoukovitch ait disparu. Mais vous pouvez voir l’influence de l’impérialisme, sa poussée magnétique. Vous pouvez avoir tout à vos ordres – services secrets, la police – mais vous ne pouvez pas les utiliser si l’impérialisme occidental dit: «Ne faites pas ça. »

Le noyau de Maidan a été formé par des groupes paramilitaires, la plupart avec une idéologie nationaliste radicale néo-nazi. Certains d’entre eux ont été appelés «l’auto-défense de Maidan »

Un autre volet a été la » jeunesse dorée » – la classe moyenne riche et les jeunes hommes conduisent des voitures de luxe et qui portent des armes de feu. Ils détestent les personnes accusées de soutenir M. Ianoukovitch, parce que, selon eux, ils sont pauvres et stupides, du bétail humain. Pour eux, la politique ne doit être que pour les hommes d’affaires.

Ces deux tendances idéologiques ont fusionné sur le Maidan et se sont trouvées un ennemi commun: le peuple du Donbass [la région minière et industrielle du sud-Ukraine].

Ils considèrent le peuple du Donbass comme mauvais parce que beaucoup d’entre eux sont russophones, et certains d’entre eux sont pro-russes. Cela en fait des ennemis de la partie nationaliste et fasciste de Maïdan.

Les habitants du Donbass sont pauvres, la plus grande partie d’entre eux sont des mineurs et des travailleurs, ce qui en fait les ennemis de la jeunesse dorée. Ils disent que les classes laborieuses, ce sont gens de seconde classe qui ne devraient pas avoir des voix ou d’influence politique.

Ce n’était pas seulement une question nationale ou une question de langage, c’était aussi une question sociale, et une question de classe. Ils n’avaient pas seulement des idées russophobiques, mais aussi une sorte de racisme de classe contre le « bétail » du Donbass. L’aristocratie polonaise a utilisé ce terme pour ses paysans, les Maïdan maintenant les utilisent pour le peuple du Donbass.

WW: Qu’est-ce que ces groupes font après le renversement de M. Ianoukovitch?

VS: Après le coup, ils ont formé des brigades militaires, des groupes paramilitaires et ont commencé à organiser des manifestations politiques contre les opposants.

Borotba s’est trouvé face à face avec eux. Nous étions l’un des premiers groupes ciblés. Ils sont venus à notre bureau juste après la victoire Maïdan.

Ils voulaient nous tuer. Ils ont pour slogan, «les communistes aux branches des arbres » signifiant que les communistes doivent être pendus. Il vient du mouvement de Bandera [des profascistes qui ont lutté contre l'Armée rouge soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale lors de l'occupation nazie].

Donc, nous avons évacué nos camarades. Quand les fascistes sont arrivés à notre bureau, ils n’ont trouvé que des murs vides. Tout ce qu’ils ont pu faire c’est lacérer quelques affiches avec des couteaux.

Dans cette situation, nous ne pouvions pas continuer notre activité politique à Kiev. Nous nous sommes déplacés à Kharkov [deuxième plus grande ville de l'Ukraine, situé dans le sud-est]. Odessa et Kharkov sont devenus le plus important centre de notre organisation pendant le mouvement AntiMaïdan.

Les nationalistes et les oligarques ont envoyé leurs gangs paramilitaires au sud-est. Ils les ont appelés « Trains de l’amitié. » C’était très cynique, parce qu’ils voulaient battre leurs adversaires. Ils ont dit: «Nous allons vous apprendre à aimer l’Ukraine. »

Tout d’abord, ils sont allés à Donetsk, mais les gens là-bas ont riposté et ils ont perdu. Après cela, en réponse, les premières Milices Populaires ont été formées.

Avant cela la résistance en Donetsk a été pacifique. Bien sûr il y avait des gens avec des fusils, parce qu’il y avait des gens aussi sur Maidan avec des fusils, mais il n’avait pas un mouvement militarisé. Ils ont organisé des rassemblements, comme à Maïdan, mais dans l’autre sens politique.

Les paramilitaires sont aussi allés à Kharkov et il y a eu des combats. Dans une bataille, deux camarades de l’équipe d’auto-défense de Kharkov ont été tués par les fascistes. Il C’était une équipée complètement néo-nazie, nommé « Division Misanthropique. » Ils ont fait une vidéo d’eux-mêmes où ils ont dit, « Nous ne craignons pas la mort, parce que nous allons rencontrer le Führer [Adolf Hitler, le dictateur de l'Allemagne nazie de 1934 à 1945] au Walhalla. »

Le point culminant de ces affrontements fut le 2 mai à Odessa. Les fascistes se sont très bien organisés, ils avaient plusieurs milliers de paramilitaires, et ils ont massacré les manifestants du quartier de Kulikovo qui étaient contre Maïdan.



Fascists burn Odessa House of Trade Unions May 2.

Après, Kiev a lancé la guerre contre le Donbass et beaucoup de ces gens ont rejoint les bataillons dits territoriaux. Ces groupes paramilitaires armés par l’Etat avec des armes à feu et de l’artillerie, mais pas dans la structure et sous la responsabilité de l’armée ukrainienne, et se trouvent non subordonnés au ministre de l’Intérieur. Parfois, ce ne sont que des gangs privés, comme les paramilitaires armés directement par l’oligarque Igor Kolomoisky.

Cette situation ne ressemble pas exactement au fascisme allemand ou italien classique. Cela ressemble plus à des mouvements paramilitaires profascistes des années 1970 et 1980 en Amérique latine. Les oligarques créent des groupes paramilitaires et les utilisent pour répandre la terreur.

Même Amnesty International, qui est soutenu par l’impérialisme américain, a publié un rapport de crimes de guerre sur l’un de ces groupes, le Bataillon Aidar, qui est coupable de maraude, de pillage, de torturer et tuer les gens dans le Donbass.

Volet 4: Les forces de classe dans la guerre civile ukrainienne

WorkersWorld: Une des revendications majeures du mouvement Maïdan était l’adoption d’un accord d’association avec l’Union européenne. Quelles sont les forces en Ukraine qui ont œuvré pour une intégration avec l’UE? Quel sera l’impact des mesures d’austérité obligatoires qui seront appliquées par l’UE et par le Fonds monétaire international, sur la lutte là-bas?


Victor Shapinov: Certaines personnes pensaient que la soi-disant intégration européenne apporterait le niveau de vie occidental en Ukraine. Mais pour voir la réalité, nous devons nous pencher sur la situation en Grèce. L’UE n’apporte pas des niveaux de vie élevés, mais un régime d’austérité afin de réduire les dépenses sociales de l’Etat.


Borotba était l’une des premières forces politiques qui s’est opposée à l’euro-intégration. Nous avons publié une analyse approfondie des conséquences de l’intégration avec le système économique de l’UE et le traité d’association. Pour des pays comme l’Ukraine, cela signifie abandonner le contrôle de ses marchés à l’impérialisme de l’UE.


Prenez l’agriculture, par exemple. L’Ukraine a une grande et efficace production agricole. Mais les produits agricoles en provenance d’Europe sont moins chers, parce qu’ils reçoivent beaucoup des subventions de l’Etat et de l’UE – entre 40 et 50 pour cent dans certains cas. L’Etat ukrainien ne peut tout simplement pas donner autant d’argent aux agriculteurs, et ils feront faillite.


Il en est de même pour l’industrie. L’Ukraine sera inondée avec des importations bon marché de l’UE. En même temps, elle perdra le marché de la Russie et d’autres pays de l’Union douanière.


Des pays comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal, qui vivent aujourd’hui sous des régimes d’austérité, sont la périphérie des pays centraux de l’Union européenne. L’Ukraine sera la périphérie de la périphérie, comme les pays en développement du Tiers-Monde.


C’est mauvais pour l’économie de l’Ukraine, mais c’est bon pour certaines branches de l’industrie et pour les grands oligarques. En raison de la crise capitaliste, ils veulent le soutien de l’Occident et des garanties pour la sécurité de leurs capitaux. Ils ont été très actifs dans la promotion de l’Euro-intégration.


Quand le mouvement a commencé à Maïdan, toutes les chaînes de télévision étaient en faveur de celui-ci. Ils ont dit que Victor Ianoukovitch [alors président] était très mauvais et le Maïdan, très bon. Presque toutes les chaînes de télévision en Ukraine sont les propriétés privées des groupes oligarchiques. Toutes ont promu Maïdan et fait une grande propagande en faveur de celui-ci.


Après que le coup Maïdan gagna, ils firent de l’agitation pour l’accord de libre-échange, et il fut signé par l’Ukraine et les Européens. Mais le traité commencera seulement en 2016. Même pour l’Europe, il n’est pas si facile.


Mais si nous parlons des réformes néolibérales en échange de prêts du FMI, celles-ci sont déjà en train de prendre forme. Le principal personnage de ce processus est le Premier ministre Arseni Iatsenouk, qui est très pro-occidental. Il a fièrement mis en place le plus grand programme de privatisation des biens de l’Etat dans l’histoire de l’Ukraine.


Nous voyons que c’est un nouveau type de politique pour l’Ukraine: le fondamentalisme de marché, d’une part, le nationalisme et le fascisme de l’autre. Maintenant, ils marchent côte à côte.


Au début, beaucoup de gens ont dit que Maïdan était un mouvement du peuple contre la corruption et ainsi de suite. Mais quelle était la direction politique de ce mouvement? C’était ce bloc de néolibéraux et de fascistes.


Dès le premier jour du mouvement Maïdan, le pronostic de Borotba était que sa victoire apporterait ce bloc au pouvoir. Ils sont comme les deux mains du capital monopoliste, en essayant de sauver son contrôle politique et économique. Ce fut celle-là, la base politique et sociale du mouvement Maïdan.

Ianoukovitch n’a pas été très efficace pour les capitalistes monopolistes. Avant, ils devaient faire des affaires avec lui, mais après Maïdan, ils détiennent le pouvoir politique direct, comme les oligarques [Igor] Kolomoisky, qui est devenu gouverneur de la région de Dnepretrovsk, ou [Serhiy] Taruta, qui est devenu gouverneur de Donetsk. Taruta, cependant, a été expulsé par la République populaire.


Certains gauchistes ont qualifié le Maïdan de mouvement populaire. Mais le peuple est divisé en classes. Ce n’est pas seulement une question de langage, et le fait qu’une partie de la population parle russe et l’autre ukrainien, mais une question de classes. La classe moyenne et la soi-disant «classe créative» – des « free lancers » (entrepreneurs indépendants) des grandes villes et ainsi de suite – étaient au cœur du mouvement Maïdan. Même dans les villes du sud-est, vous pouvez voir une position pro-Maïdan représentée par ces couches sociales.


En Russie, il y a eu une soi-disant marche pour la paix à Moscou [le 21 septembre], pas vraiment pour la paix, mais pour soutenir le gouvernement de Kiev. C’était très inspiré par la propagande pro-occidentale et dirigée par les libéraux russes. Leur base sociale est aussi la «classe créative».


Ces strates sont liées avec le capitalisme occidental. Certains d’entre eux travaillent dans les branches de l’économie dominée par les entreprises occidentales. Certains s’orientent vers l’Ouest en raison de leur mode de vie et de consommation. Ils adoptent cette idéologie et pensent que tous ceux qui sont contre eux ou qui ne sont pas aussi pro-occidentaux sont arriérés et primitifs.


WW: Quelles sont les forces de classe à l’œuvre dans la résistance au coup d’Etat – le mouvement AntiMaïdan et les Républiques Populaires du Donbass?


VS: Nous voyons que les gens qui sont liés à ce qu’on appelle la production réelle, les usines, les mines et ainsi de suite, sont plus impliqués dans le mouvement AntiMaïdan ou partagent ses sentiments.


Nous ne pourrions pas dire que c’est une division de classe pure, que c’est juste la bourgeoisie de ce côté, et le prolétariat de l’autre côté, bien sûr. C’est plus complexe.


L’ordre du jour politique de Maidan ne parle pas avec une orientation de classe claire. Au contraire, il parle de la façon dont la classe dirigeante doit faire un choix que l’on appelle de civilisation. Ils disent que l’Ukraine doit faire un choix civilisationnel pour l’Europe, pour l’Occident, et contre la Russie et l’Est. Même des forces de gauche sont coupables de cela, ou d’adopter ce genre de langage politique.


Quand Borotba était à la tête du mouvement AntiMaïdan à Kharkov, nous avons toujours dit que c’était d’abord un mouvement anti-oligarchie, avant même d’être antifasciste, parce que c’était l’oligarchie qui a alimenté les fascistes, les développait et les soutenait. Et maintenant, nous voyons qu’ils arment et forment même des bataillons parmi eux, pour les envoyer au Donbass. Nous avons toujours essayé de faire avancer le point de vue de classe.


Parfois, même sans l’influence de Borotba ou autres gens de gauche, il y a un développement spontané de la pensée de classe.


Prenez Aleksey Mozgovoy, commandant du Bataillon Fantôme de l’armée du peuple dans le Donbass. Il est très à gauche, anti-oligarchique et antibureaucratique. Son idéal est l’autogouvernement par le peuple, comme on dit, comme les soviets [les conseils des travailleurs] dans la première période de l’histoire soviétique.


Ce n’est pas parce qu’il a lu quelques livres, mais parce qu’il a été inspiré par ce mouvement et qu’il a fait sa propre analyse. Maintenant, il y a une bonne base pour travailler avec lui.


Il y a aussi une forte influence de la Fédération de Russie et de ses forces. Dans un certain sens, c’est une bonne chose, parce que sans le soutien de la Russie, la résistance au Donbass aurait été violemment détruite.


Au début, le mouvement n’avait pas de leaders, pas de structures, rien. C’est un miracle qu’il ait survécu et qu’il ait construit une armée qui peut gagner contre l’ennemi. Sans un soutien de la Russie, il ne pouvait pas le faire. Voilà juste la réalité.


Mais la Russie n’est pas un pays socialiste ou même un pays démocratique. Elle essaie d’utiliser ce mouvement pour ses propres objectifs. En outre, la Russie cherche à imposer ses vues idéologiques sur le mouvement , des vues qui sont sans danger pour le capitalisme, par exemple, la religion orthodoxe russe et des idées nationalistes russes.


WW: Comment décririez-vous le nationalisme russe dans le Donbass?


VS: En Occident, si vous soutenez les républiques populaires (de Donetsk et Lougansk), vous rencontrerez toujours l’argument selon lequel ils ne sont que des nationalistes russes, que le conflit en Ukraine est une guerre entre deux types de nationalisme.


Mais si vous parlez à ces personnes de Donetsk qui disent qu’ils sont des nationalistes russes, cela prend un tout autre aspect.


Si quelqu’un à Moscou, dit qu’il est un nationaliste russe, il y a un 90 pour cent de probabilité qu’il soit un fasciste. Si quelqu’un à Donetsk dit qu’il est un nationaliste russe, 90 pour cent du temps il est juste pour plus de droits pour la population russophone, le droit à l’enseignement dans la langue russe, et ainsi de suite. Ou bien il est contre [le nationaliste ukrainien et collaborateur nazi, Stephan] Bandera. Du point de vue économique, il est socialiste.


[Le Chef de la Résistance et gouverneur populaire de Donetsk] Pavel Gubarev, par exemple, dit qu’il est un nationaliste russe, mais en même temps il dit qu’il est un socialiste orthodoxe. Beaucoup de gens ont de telles opinions mélangées.


La lutte idéologique en est seulement à sa première étape. Qui va gagner et quelles idéologies claires apparaîtront, tel est le problème du travail, de la lutte.


C’est dommage que Borotba ait toujours eu une organisation faible à Donetsk et à Lougansk. C’est là que se trouve le mouvement le plus fort. Alors, nous n’avons pas eu une telle influence. Mais il y a des tendances de gauche dans la direction politique, par exemple, à la tête du Soviet suprême de Donetsk, Boris Litvinov, qui a dit, « Nous construisons une république avec des éléments de socialisme. » Il est un ancien membre du Parti communiste de l’Ukraine. [Le 8 Octobre, Litvinov est devenu le président du Parti communiste nouvellement formé de la République populaire de Donetsk. - WW]


Nous savons que beaucoup de combattants et de commandants de l’armée du peuple sont de gauche et communistes, non seulement Mozgovoy, mais aussi d’autres qui étaient membres du Parti communiste ou qui se disent eux-mêmes communistes. Il y a un bataillon dont le signe est l’étoile rouge. Un grand nombre d’escadrons combattent sous le drapeau rouge.


Voilà la différence, quand il s’agit de cette question. Si j’ai des divergences avec une certains gauchistes qui disent: «Vous devez soutenir Maïdan ou ne soutenir aucun des côtés», je réponds: «Vous ne pouvez pas venir avec un drapeau rouge à une manifestation à Maïdan, mais il y a toujours des bannières rouges parmi les AntiMaïdan. » Et la raison n’est pas seulement la nostalgie pour le passé soviétique. Il s’agit des opinions politiques du peuple. Les Maïdan veulent toujours détruire les monuments à Lénine, et les AntiMaïdan les protègent.


Même certaines personnes qui se disent elles-mêmes « monarchistes » sortent dehors pour protéger les monuments à Lénine. Comme nous le disons, c’est une situation contradictoire très

compliqué.


L’interview originale, en quatre parties, sur Workers World :

http://www.workers.org/articles/2014/10 ... y-fascism/

http://www.workers.org/articles/2014/10 ... s-borotba/

http://www.workers.org/articles/2014/10 ... -soldiers/

http://www.workers.org/articles/2014/11 ... civil-war/

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Re: Ukraine

Message par com_71 » 19 Nov 2014, 19:46

lo a écrit :Ukraine : du bras de fer international à la « guerre totale » ?

Sur fond de bruit de bottes dans l'Est sécessionniste de l'Ukraine, le président russe Poutine a tenu le devant de la scène au sommet australien du G20 à Brisbane. Il s'y est retrouvé au centre des critiques des dirigeants occidentaux, tel Obama qui a dit vouloir « contrer l'agression de la Russie contre l'Ukraine, agression qui menace le monde entier ».

Ils montrent leurs muscles

Dans la foulée, l'Union européenne a allongé la liste des responsables russes et ukrainiens prorusses auxquels elle interdit son territoire. Puis l'Élysée a interdit aux matelots russes -- qui s'y entraînent depuis des mois -- l'accès au Vladivostok, un des deux navires de guerre que les chantiers de Saint-Nazaire ont construits pour la marine russe. En réplique à ces sanctions, Poutine a expulsé des diplomates polonais et allemands accusés d'espionnage.

Si les protagonistes haussent le ton, les affaires ne perdent pas leurs droits. Ainsi, Hollande a redit que, « les conditions de la livraison [des deux Mistral] n'étant pas réunies », lui seul décidera quand elle aura lieu. Dans un éditorial consacré à la Russie, Les Échos écrivent qu'annuler leur vente aurait « des conséquences financières pour la France mais aussi pour l'emploi à Saint-Nazaire et, au-delà, pour la crédibilité de la signature de l'État français ». Autant de « bonnes » raisons que Paris partage avec ses homologues européens et qui faisaient titrer ce quotidien : « Les Européens restent modérés face à la Russie. »

Une rivalité qui pousse à l'affrontement

Mais dans une Ukraine que se disputent les puissances occidentales et le Kremlin, la « modération » n'est de mise ni d'un côté ni de l'autre. La trêve signée en septembre n'a jamais été respectée. Chaque jour apporte son lot de victimes civiles et militaires. Et depuis que des élections présidentielles ont eu lieu dans les fiefs séparatistes de Donetsk et Lougansk, l'heure est à l'escalade. Côté séparatiste, les renforts en hommes et en armes affluent de Russie. Quant au président ukrainien, il se dit « préparé à un scénario de guerre totale », avec « notre armée [qui est] en meilleur état » car « nous recevons du soutien du monde entier ».

De Kiev à Moscou : la politique du pire

Mais cette guerre ne se mène pas sur le seul terrain militaire. Ainsi, le président ukrainien vient de décréter l'arrêt des activités des institutions publiques dans le Donbass sécessionniste. Retraites et salaires n'y seront plus versés, particuliers et entreprises n'auront plus de comptes bancaires ; les services publics ne seront plus assurés. On évacuera les fonctionnaires vers d'autres régions. En plus de la guerre, c'est l'asphyxie économique pour les populations locales.

Kiev sait bien, comme l'a déclaré à la presse son gouverneur de Lougansk, que dans toute la région, même là où se trouvent des militaires loyaux à Kiev, « l'opinion est prorusse à 80-95 % ». Mais, en prenant ces mesures qui reconnaissent la partition du pays, le gouvernement central fait le pari que les habitants de ces régions, pris à la gorge, se détourneront du Kremlin et de ses partisans locaux. À plus grande échelle, en soumettant la Crimée à un blocus étroit, Kiev mise sur le fait que Moscou ne pourra pas durablement ravitailler par mer ses deux millions d'habitants...

Le Kremlin, lui, tout en s'assurant des appuis à l'est et au sud de l'Ukraine, compte sur le dénuement financier du pouvoir ukrainien pour que, l'hiver approchant, il doive négocier un accord politique et économique aux conditions de Moscou, ne serait-ce que pour assurer le chauffage de la population. En tout cas, les officiels ukrainiens reconnaissent en être incapables. Ils ne parviennent même pas à assurer que, dans les régions de l'Est qu'ils contrôlent, les salaires soient versés. Ainsi, dans les mines de Selidovo et de Novogrodovka, les mineurs, n'ayant rien touché depuis septembre, se sont mis en grève.

Pareille situation n'est pas rare, et dans tout le pays. La guerre a aggravé l'état de délabrement de l'économie, déjà en récession avant qu'elle n'éclate. Il y a bien sûr les dépenses publiques qu'elle entraîne, les destructions qu'elle provoque. Mais en plus, dans chaque camp, militaires et paramilitaires tuent, volent, rançonnent la population, y compris les autorités locales, pour autant qu'il en subsiste.

Et du fait que la population, toutes régions confondues, est plongée dans une catastrophe qui n'en finit pas, les Obama, Hollande ou Merkel n'en ont cure. Eux et leurs banquiers attendent de leurs alliés de Kiev, mais aussi du Kremlin, qu'ils garantissent leur ordre, et leurs profits. Et peu leur importe si, dans cette « guerre totale » qu'on leur mène, les travailleurs d'Ukraine en crèvent, dans tous les sens du terme.

Pierre Laffitte
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Ukraine

Message par com_71 » 19 Nov 2014, 19:49

lo a écrit :Russie : dans l'étau de la crise ukrainienne et de la crise mondiale

La devise russe, le rouble, n'en finit pas de plonger. En une semaine, elle a perdu 10 % de sa valeur, et 25 % depuis le début de l'année. La banque de Russie a d'abord cherché à maintenir son cours. Mais elle vient de jeter l'éponge après y avoir perdu un cinquième des réserves de devises du pays. Cela a aussitôt provoqué, chez ceux qui en ont les moyens, les riches et les entreprises, une ruée sur le dollar et l'euro, et une nouvelle chute du rouble.

L'inflation recommence à s'emballer, aggravée par l'embargo décidé par Moscou sur certains produits alimentaires venus d'Europe et d'Amérique. Les prix s'envolent, surtout sur les produits de base, ce qui frappe la population.

Quant à l'économie, ses rythmes de progression chutent depuis 2012. Au point qu'ils frisent actuellement 0 %.

Les raisons de cette situation ne sont pas nouvelles : les finances du pays dépendent de façon quasi absolue de sa production et surtout de son exportation d'hydrocarbures. Or, contrecoup de la crise mondiale de 2008, la production, qui a partout ralenti, même dans les pays prétendus émergents telle la Chine, nécessite moins d'énergie. Du coup, les prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux ont notablement diminué : de l'ordre de 20 à 25 %. Ils ont d'autant plus baissé, et en conséquence les revenus de l'État russe, qu'outre-Atlantique la production locale de gaz ou de pétrole de schiste s'est substituée en partie aux importations d'hydrocarbures conventionnels.

L'extrême dépendance de la Russie à l'égard des fluctuations des marchés mondiaux dit bien que, malgré les coups de menton impériaux de Poutine, ce pays est loin d'avoir la puissance économique que prétend le Kremlin.

Mais la baisse des cours du pétrole n'est pas seule en cause. La Russie est aussi victime de la crise ukrainienne. Et de bien des manières. Résultat des sanctions occidentales, ses grandes entreprises n'ont plus guère la possibilité de se refinancer sur les marchés internationaux.

Pire, avec le conflit en Ukraine, les capitaux qui se trouvaient dans des banques ou des usines russes ont entrepris de fuir, comme à chaque fois qu'une ombre obscurcit le ciel économique du pays. Seulement, cette fois-ci, ce sont pas moins de 100 milliards d'euros qui ont fui la Russie.

Si la chute des cours pétroliers et les conséquences du conflit ukrainien devaient avoir pour résultat durable une hausse des prix conjuguée à une dégradation des salaires et des services publics, Poutine et la haute bureaucratie d'État auraient tout à craindre du mécontentement social que cela pourrait provoquer. En tout cas, ils s'y préparent : en s'efforçant de soûler la population de fumée patriotarde et de gloire guerrière.

P.L.
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Re: Ukraine

Message par Vania » 20 Nov 2014, 22:07

Pour la première fois depuis des mois, la presse française se penche un peu sur la condition de la population en Ukraine, ici dans le Donbass. Et pour une fois, au lieu de tout mettre sur le dos d'un Poutine, voire de la Russie toute entière, le propos est un peu plus mesuré.

REPORTAGE - Un millier de personnes ont été tuées dans cette grande ville minière de l'Est ukrainien depuis le cessez-le-feu proclamé le 5 septembre. Les civils paient un prix élevé des combats entre les séparatistes et l'armée ukrainienne.

Envoyé spécial à Donetsk
La mine de charbon de Troudovskaya est à l'arrêt depuis que des obus se sont abattus sur les installations de surface. Le quartier de Petrovskyi, au sud-ouest de Donetsk, est régulièrement pris pour cible par l'artillerie ukrainienne. Les ascenseurs du puits de mine sont à présent immobiles. Aux alentours, un ciel bas, gris comme un navire de guerre, touche presque le sommet des terrils. Le froid est glacial. Les rues sont désertes. Des chiens traînent dans les herbes blanches de givre.
Devant le mur de brique de la mine, au bord de la route, une femme téléphone avec son portable devant un petit cabanon de planches qui ressemble à un abri de cantonnier. Au-dessus de la porte, une pancarte indique un abri de la Défense civile. Au bas de l'escalier qui s'enfonce sous terre, une énorme porte d'acier se manœuvre avec peine. Ce bunker souterrain date de l'époque où l'URSS se préparait à une guerre nucléaire contre l'Otan. Les murs de l'abri sont encore décorés par des fresques soviétiques: pilotes, marins et soldats à l'air triomphant, Mig et Sukhoï en vol, rampes de missiles pointés vers l'ennemi. Mais l'ennemi est à présent le gouvernement de Kiev qui tente de convaincre à coups de mortiers les habitants de Donetsk qu'ils sont des citoyens ukrainiens.
À l'intérieur s'entassent des familles entières dans une lourde odeur de dortoir. Des enfants jouent dans les couloirs aux murs de béton armé. Des dames roulent des raviolis sur des tabourets. Des vieillards en chaussons se réchauffent devant des plaques de cuisson. Des lits de camp sont alignés contre les murs. On se sert des alvéoles des portes des sas blindés comme de frigos. Certaines familles ont tendu des couvertures à l'entrée des pièces pour avoir un peu d'intimité.

Ludmilla Choumeyko vit dans l'abri depuis le mois de juillet avec son mari et ses cinq enfants. Elle a quitté sa maison de Marinka, une localité voisine de Donetsk, sur la route de Dnipropetrovsk, quand les bombardements d'artillerie sont devenus trop intenses. «On ne pouvait plus rester, c'était trop dangereux. Au début, en juillet, les combattants de la DNR (la République populaire de Donetsk, proclamée par les séparatistes prorusses) étaient là et on pouvait aller chercher des affaires de temps en temps pendant les accalmies. Mais depuis, les soldats ukrainiens ont occupé la ville et ont tout pillé. Ils ont volé les vaches, les cochons. Et puis le 2 octobre, ma maison a été détruite. Nous n'avons plus rien. Même pas de vêtements chauds pour l'hiver», dit-elle. «Depuis l'indépendance, je n'ai jamais cru à l'Ukraine unie. Mais maintenant, c'est bien fini, on ne retournera jamais sous l'autorité du gouvernement de Kiev.»
De façon sporadique mais régulière, les détonations résonnent dans les vastes quartiers périphériques de l'immense ville construite entre les puits de mine. Entre les sinistres barres d'immeubles et les terrains vagues, un claquement sec indique le tir d'un mortier des combattants de la DNR. Les séparatistes tirent évidemment depuis les zones habitées. Un grondement sourd est l'explosion d'un obus tiré par l'armée ukrainienne qui s'abat non loin. De temps en temps, l'un tombe sur une maison, tue ou blesse des habitants ou des passants. Les pompiers foncent sur les lieux, puis le calme revient, jusqu'au suivant.

Le premier hiver de guerre a commencé à Donetsk. Les accords signés à Minsk début septembre entre les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine et le gouvernement de Kiev n'ont pas eu d'effets sur le terrain. La ville est toujours aux mains des séparatistes prorusses. Incapable de la reprendre par la force, autant par crainte des régiments blindés russes signalés dans la région que par son manque de capacités militaires, l'armée ukrainienne campe à la périphérie. Les deux camps se tirent dessus à coup de roquettes Grad et de mortiers.
Les autorités ukrainiennes disent mener une opération antiterroriste. Mais les mortiers sont une arme bien imprécise, et leur emploi dans des zones urbaines habitées augmente chaque jour le nombre des victimes civiles. Un millier de personnes ont été tuées depuis le cessez-le-feu proclamé le 5 septembre. Sans même parler du fait un peu déplaisant de voir un gouvernement soutenu par l'Union européenne et les États-Unis tirer à l'aveuglette sur des quartiers peuplés de civils, aussi discutables soient leurs opinions politiques.
Aux destructions matérielles, s'ajoutent les difficultés de la vie quotidienne. Les coupures d'électricité sont de plus en plus fréquentes. Des quartiers entiers de Donetsk sont privés de lumière et d'eau, alors que les températures descendent déjà en dessous de zéro. Dans les quelques supermarchés encore ouverts, les rayons sont pleins, mais l'argent manque. Les banques ont fermé les unes après les autres, et les distributeurs ne fonctionnent plus.
Le gouvernement ukrainien a annoncé la semaine dernière que les retraites et les salaires ne seraient plus versés. Les comptes en banque ont été bloqués, et personne ne peut plus retirer d'argent. «C'est un siège qui commence», dit une toute petite vieille dame dans l'abri de Troudovskaya. «J'ai 83 ans, et j'ai vécu la guerre quand j'étais enfant: je suis déjà passée à travers tout ça. On sait quand ça commence, jamais quand ça finit.»


Source : http://www.lefigaro.fr/international/20 ... mmence.php
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Re: Ukraine

Message par Doctor No » 20 Nov 2014, 22:44

Mais la baisse des cours du pétrole n'est pas seule en cause. La Russie est aussi victime de la crise ukrainienne. Et de bien des manières. Résultat des sanctions occidentales, ses grandes entreprises n'ont plus guère la possibilité de se refinancer sur les marchés internationaux.


Une rédaction "mesurée", "objective", de "journaliste sérieux ,très sérieux".

L'agression économique impérialiste (contre un pays qui n'est pas impérialiste, hein?) ce sont "les sanctions occidentales". Un langage châtié, épurée de la "langue de bois". Pas de grossièretés style, "agression économique", "impérialisme", "chantage, menaces", non. Rien de tout cela, on est entre gens civilisés.
L'étranglement du crédit à des fins de guerre, s'appelle "plus guère la possibilité de refinancer sur les marchés internationaux"...
Comme c'est délicat! comme c'est bien dit! comme c'est philistin du début jusqu'au paragraphe final!
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