Escalade Militaire au Moyen Orient

Dans le monde...

Message par Pastorius » 15 Juil 2006, 13:26

Bush "accuse" la Syrie. Olmert s'adresse à Chirac. Chirac leur répond. L'ONU laisse quinze jours de carte blanche à Israël avant d'aller cautionner son opération militaire.

a écrit :jeudi 13 juillet 2006, 15h29
Depuis l'Allemagne, George W. Bush hausse le ton sur le Proche-Orient
Par Fabien NOVIAL

STRALSUND (AFP) -
Le président américain George W. Bush, en déplacement en Allemagne sur les terres d'Angela Merkel, a haussé le ton jeudi sur le regain de violences au Proche-Orient en montrant clairement du doigt la Syrie.

"La Syrie devra rendre des comptes", a lancé M. Bush, rompant son silence sur l'une des pires crises au Proche-Orient depuis dix ans.

"Le président Assad doit faire preuve de leadership pour la paix", a-t-il insisté, soulignant que le Hezbollah, qui a capturé deux soldats israéliens, avait une "présence active en Syrie". La Syrie doit faire pression pour faire libérer les deux soldats, a ajouté George Bush.

Le Hezbollah "ne veut pas de paix", "la branche militaire du Hamas ne veut pas de paix", a martelé George Bush et "ceux d'entre nous qui veulent la paix continueront à travailler ensemble" pour la promouvoir, a-t-il dit lors d'une conférence de presse aux côtés de la chancelière allemande, avec laquelle il s'est entretenu plus d'une heure et demi.

(...)


Journal libanais l'Orient le jour du 15/7/2006:

a écrit :Le Liban pourrait être « encore privé d’autres infrastructures », avertit le chef d’état-major israélien Olmert pose trois conditions à un cessez-le-feu

Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a donné hier soir son feu vert à l’armée pour la poursuite des attaques israéliennes au Liban après avoir posé trois conditions pour un cessez-le-feu.
Le Premier ministre a approuvé une nouvelle liste de cibles liées au Hezbollah, a indiqué la radio publique israélienne sans donner d’autres précisions.
Les objectifs de ces opérations sont d’éloigner la menace représentée par les roquettes tirées à partir du Liban-Sud vers le nord d’Israël et de continuer à frapper le Hezbollah que l’État hébreu a promis de « briser ».
De son côté, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Dan Haloutz, a averti hier que son pays continuerait à frapper de plus belle le Hezbollah et pourrait s’en prendre à d’autres infrastructures au Liban.
« Nous venons d’attaquer un quartier chiite à Beyrouth, bastion du Hezbollah, et son quartier général », a déclaré Dan Haloutz lors d’une conférence de presse.
« Nous avons l’intention de continuer à attaquer ce secteur pour faire comprendre que l’État d’Israël ne peut continuer à être la cible de roquettes », a-t-il déclaré.
« Le Liban paie un prix très fort à cause du Hezbollah : destruction de ponts, de routes, d’aéroports, et il pourrait encore être privé d’autres infrastructures », a menacé le chef d’état-major.
Le raid visant le QG du Hezbollah constitue « aussi un avertissement pour le Grand Beyrouth et l’ensemble du Liban : ils ont laissé proliférer un cancer, ce qui va leur coûter cher », a-t-il encore déclaré.
M. Olmert avait auparavant posé trois conditions à un éventuel cessez-le-feu : la libération des deux soldats enlevés, l’arrêt des tirs de roquettes vers Israël et l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité.


(résolution 1559 = retrait syrien du Liban + désarmement du Hezbollah et des milices palestiniennes, ndPastorius)

« Le Premier ministre est prêt à cesser nos opérations au Liban si le Hezbollah libère nos deux soldats, cesse ses tirs de roquettes, et si le gouvernement libanais se décide à appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU », a affirmé à l’AFP Mme Miri Eisin, porte-parole du gouvernement.
« Si ces conditions sont remplies, nous sommes prêts à coopérer avec une délégation des Nations unies » qui est attendue dans la région, a-t-elle souligné.
Selon Mme Eisin, il n’y a pas de pressions internationales empêchant Israël de poursuivre ses opérations, « bien que des critiques aient été émises ».

Elle s’est refusée à fixer une échéance pour la fin des opérations israéliennes au Liban. La radio publique, citant des ministres, avait auparavant indiqué qu’Israël ne s’attendait pas à des pressions internationales trop fortes « tant que les opérations seront centrées essentiellement sur le Hezbollah ». Ces ministres, toujours selon la radio, ont toutefois souligné qu’Israël devait éviter de s’en prendre directement aux infrastructures libanaises, tout en notant qu’Israël bénéficiait d’un répit de deux semaines avant que d’éventuelles pressions internationales ne limitent sa marge de manœuvre.
De son côté, le ministre israélien de l’Intérieur, Ron Bar On, a menacé vendredi de mort le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, annonçant à la radio qu’il avait lui-même « tranché son destin ». « Nasrallah a lui-même tranché son destin », a déclaré le ministre à la radio publique.
« Nous réglerons le moment venu nos comptes avec lui », a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice, Haïm Ramon, a déclaré pour sa part à la radio militaire qu’Israël lutterait contre le Hezbollah par les mêmes moyens que ceux « utilisés par les Américains contre Oussama Ben Laden », le chef du réseau terroriste el-Qaëda, ou par les Russes « face aux terroristes tchétchènes ».

Appel à la France

Sur un autre plan, Israël a appelé vendredi la France à exercer son influence et « ses relations historiques » avec le Liban afin qu’il démantèle le Hezbollah.
« Nous demandons à la France d’user de ses liens historiques et privilégiés avec le Liban pour qu’il démantèle le Hezbollah », a déclaré à l’AFP Miri Eisin.
« La France peut jouer un rôle très important pour obtenir un désarmement de cette organisation terroriste », a insisté la porte-parole du gouvernement.
« Le Hezbollah doit décider s’il est une organisation politique ou s’il continue ses activités terroristes, et dans ce cas-là en supporter les conséquences », a ajouté Mme Eisin.
La porte-parole a toutefois reconnu qu’il y avait des « divergences » avec la France sur la question du Hezbollah, soulignant qu’Israël accordait une « très grande importance à la position de la France ».
Interrogée sur la poursuite des attaques contre les infrastructures du Liban, notamment l’aéroport international Rafic Hariri, elle a affirmé qu’Israël était décidé à « maintenir son blocus général sur le Hezbollah », affirmant que l’aéroport servait notamment au « transfert d’armes, de munitions et d’hommes ».
« Le Hezbollah est soumis à forte pression. Il est dans la détresse comme en témoigne le fait qu’il ait démenti avoir tiré des roquettes sur Haïfa », jeudi soir, a-t-elle noté.
Enfin, elle a souligné qu’Israël cherchait à éviter autant que possible des victimes civiles, mais que de telles pertes étaient « inéluctables » dans la mesure où des positions du Hezbollah étaient implantées dans des centres habités

(c'est simple: il suffit de dire qu'une maison était utilisée par le Hezbollah pour que les victimes civiles deviennent aussitôt "inéluctables", ndPastorius)


La réponse de Chirac:

a écrit :M. Chirac demande l'envoi d'une force de l'ONU au Proche-Orient

Le président Jacques Chirac a jugé, vendredi 14 juillet, "tout à fait disproportionnées" les réactions des forces israéliennes ces derniers jours au Liban. "Je suis tout à fait consterné par ce qui se passe actuellement au Proche-Orient", a-t-il déclaré lors de son traditionnel entretien télévisé du 14-Juillet. "Dans une affaire de cette nature, tout le monde est responsable", a-t-il dit. Toutefois, "on peut se demander s'il n'y a pas aujourd'hui une certaine volonté de détruire le Liban", a estimé le président, jugeant qu'on se trouvait actuellement "dans une vraie situation dangereuse".

"Il y a une espèce de processus qui est porté par le Hamas et le Hezbollah et qui est dans le système provocation/répression", a dit le président. "Ces gens sont absolument irresponsables", a-t-il dit."Le Hamas, le Hezbollah ne peuvent pas avoir pris ces initiatives tout à fait seuls" et "il y a quelque part un soutien de telle ou telle nation", a ajouté le chef de l'Etat.

Jacques Chirac a demandé l'envoi d'une mission de l'ONU au Proche- Orient qui devra se rendre en Israël, dans les territoires occupés et en Syrie.
Pastorius
 
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Message par Puig Antich » 16 Juil 2006, 15:52

a écrit :  un crime contre l'humanite


    Un nouveau crime contre l'humanite vient d'etre commis au vu et au su des soldats de l'ONU presents dans la region de Tyr au Liban Sud,

    Les agresseurs israeliens avaient lance aujourd'hui samedi, huit heures du matin, un ultimatum aux habitants du petit village de Marwahin (500 habitants) leur intimant de quitter leur village sous peine d'etre ensevelis dans leurs maisons. Une partie des villageois ont decide de se refugier dans les locaux de l'ONU. Helas. Ils n'ont trouve que le refus.

    Les bombardiers des agresseurs israeliens les ont cueillis la sortie des locaux de l'ONU et ont bombarde la caravane,

    Plus de 25 personnes ont trouve la mort. D'autres sont grievement blesse Parmi eux des enfants.

    La seule explication que le responsable de l'ONU a bien voulu donner est qu'il n'etait pas encore sous intentions d'Israeli a propos des civils libanais, bien qu'il aurait du rappeler ce qui s'etait passé a Qana, en 1996 quand les Israeliens avaient bombarde la tente des Nations Unies dans laquelle s'etaient entasses des centaines de civiles libanais.

    Nous demandons tous les democrates de la Planete, tous les partis de la gauche et du progress, toutes les femmes et les hommes de paix de faire pression sur Israel afin de l'obliger a mettre fin a son  agression contre notre peuple.

    Nous demandons toutes les femmes et tous les hommes de paix de condamner les responsables de l'ONU qui ont aide indirectement le massacre.

   
    Le Parti Communiste Libanais
Puig Antich
 
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Message par Pastorius » 17 Juil 2006, 09:40

Pour corroborer l'info de Puig:

a écrit :PHOTOS REÇUES DU SUD-LIBAN
Publié le 16-07-2006


Le journaliste libanais Hanady Salman, du quotidien As-Safir, adresse un appel sur le net pour que soient publiés les clichés ci-dessous, qui montrent un enfant et un jeune assassinés dans des conditions atroces samedi par un raid de l’aviation israélienne.





Voici son appel au secours :


"Chers amis et confrères, Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cet envoi. Il s’agit de photos d’enfants tués par les Israéliens au Sud-Liban. Leurs corps sont entièrement brûlés. J’ai besoin de votre aide. Je suis pratiquement certain que ces images ne seront pas publiées en Occident, bien qu’il s’agisse de clichés pris par l’agence américaine Associated Press. Aidez-moi à les rendre publics. Il faut savoir que ces victimes appartenaient à un groupe de gens auquel les Israéliens ont ordonné ce matin de quitter leur village de Tel Hafra dans les deux heures, faute de quoi ... Ceux qui le pouvaient quittèrent donc Tel Hafra, en direction du poste de l’ONU (présente dans la région depuis plus de 20 ans, après les précédentes invasions israéliennes, NDT) le plus proche. Mais arrivés à ce poste de l’ONU, on leur dit de ne pas rester, et de partir. Je suppose que compte tenu du précédent massacre de Qana en 1996 (lorsque l’aviation israélienne bombarda délibérément le poste de l’ONU de Qana, tuant plus de cent civils libanais qui pensaient y avoir trouvé refuge), les Nations-Unies ne veulent plus endosser une quelconque responsabilité vis-à-vis des populations civiles. Il y a quelques minutes, les Israéliens ont ordonné aux habitants du village d’Al Boustan, dans le sud du pays, d’évacuer leurs maisons. Je crains que les masscres ne se poursuivent, tant qu’on aura pas mis un terme aux actions militaires des Israéliens. Aidez-nous si vous le pouvez.

Hanady Salman"

http://angryarab.blogspot.com/

Appel traduit de l’anglais par CAPJPO-EuroPalestine


"Our message to Israel is defend yourself but be mindful of the consequences, so we are urging restraint," said Bush, who has refused to call on Israel to halt its offensive on Lebanon.
Pastorius
 
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Message par Pastorius » 17 Juil 2006, 13:04

Pastorius
 
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Message par Puig Antich » 17 Juil 2006, 18:31

Un texte d'un des "camarades sur place" dont je parlais qui peut aider à mieux comprendre la situation politique au Liban aprés les changements induits par la dite "révolution orange libanaise"


a écrit :L’opposition libanaise est-elle une alternative ?
Par Ghassan Makarem

    Publié jeudi 24 février 2005



    Il n’est pas question de dire que la présence syrienne au Liban et son soutien à cette classe dirigeante ne devrait pas cesser. Mais nous ne pouvons pas permettre aux criminels de guerre et aux fascistes le détournement des appels sincères à la paix et à la liberté.

Quelques jours après des orages sporadiques à Beyrouth, plusieurs personnes n’ayant rien à faire le lundi ont probablement décidé de faire une promenade le long du seul bout restant de "corniche" sans construction, le bout qui a sur ses deux côtés des hôtels de 4 à 5 étoiles pour touristes riches. Le cortège des automobiles de l’ex-Premier-ministre Rafic Hariri a décidé de prendre cette route (sa préfêrée) après une réunion au Parlement qui se trouve au milieu de restaurants coûteux dans le centre de la ville.
Hariri, le "Sauveur" de l’économie libanaise

Le centre-ville de Beyrouth est connu comme étant la propriété de SOLIDERE, la société au capital de plusieurs milliards de dollars appartenant partiellement à Hariri. Il y a tout dans le centre-ville : bâtiments, routes, services, cafés, hôtels, immeubles de bureaux, trottoirs, parcs et même le bâtiment logeant la municipalité de Beyrouth. On a donné une compensation aux propriétaires fonciers originaux sous forme de pseudo-parts qui se négocient à peu près 10 , comparées à la valeur de 100  des parts négociées au marché "réel".

SOLIDERE possède tout le centre-ville de Beyrouth, à une exception près : l’Hôtel St Georges à l’ouest de la corniche. Son propriétaire refuse de céder et soutient même une campagne pour arrêter SOLIDERE. Le mois dernier, pour soutenir SOLIDERE, le régime a ainsi harcelé une réunion appelée par le Comité des Propriétaires Légitimes au centre-ville de Beyrouth. Ce comité représente 400 anciens propriétaires, locataires et commerçants. L’hôtel St Georges était probablement le dernier bâtiment vu par Hariri avant son décès.

À 12h55 lundi 14 février 2005, les automobiles de Hariri ont été réduites en pièces par 300 kilos (à ce qu’il semble) de TNT. La Mercedes-Benz blindée et l’une des meilleures équipes d’experts de sécurité qu’on puisse acheter n’ont pas pu empêcher la fin d’une ère qui avait commencé au moment de l’invasion israélienne du Liban en 1982. L’explosion a tué Hariri, 7 de ses gardes du corps et 8 témoins ; des centaines de personnes ont été envoyées à l’hôpital, une personne est toujours disparue, et l’ex-ministre de l’économie est dans une situation très grave.

La politique de Hariri n’était pas aussi claire que son projet économique de transformation de Beyrouth en Hong-Kong, avec ce que cela entraîne de privatisations et de réduction de services sociaux. Le centre de Beyrouth est ce qu’une ville est censée être : des banques, des cafés, des restaurants, des boîtes de nuit, des hommes d’affaires, le bâtiment de l’ONU où on gaspille l’argent de l’aide et bien sûr plein de mosquées et d’églises. Presque toutes les nouvelles activités et débouchés dans le secteur servent aux riches. L’exclusivité du "nouveau" centre-ville est renforcée par la sécurité privée et l’armée libanaise qui a le rôle de protéger la place principale et défendre les gens portant des foulards palestiniens et les voitures pleines de jeunes s’aventurant des pauvres faubourgs pour jeter un coup d’oeil à la Terre Promise.

La réalité du Liban est très différente du pays des rêves : 40 milliards de  de dette, un chômage de 30 %, un taux d’exode important des "cerveaux", autour d’un demi-million de personnes vivant entassées dans les quartiers et les taudis de Beyrouth, et le reste du pays considéré comme périphérique. En mai dernier, quelques centaines d’ouvriers ont osé manifester contre l’augmentation des prix du carburant. Cinq manifestants ont été tués par l’armée libanaise. Hariri était toujours Premier ministre, à ce moment-là et personne de la prétendue opposition ne s’est insurgé contre ce crime d’Etat.

En réalité, Hariri obtenait tout d’eux grâce à une alliance de longue date (et des affaires) avec le leader de l’opposition, Walid Jumblatt. Après le renouvellement inconstitutionnel et illégitime du mandat du Président Lahhoud, Hariri a démissionné du gouvernement, tout en gardant de bons liens avec son sponsor, le régime syrien. Il espérait que la vague naissante d’opposition contre la reconduction du Président et contre la politique du gouvernement le remettrait au pouvoir. Pour cela, il a eu besoin des Syriens. Il a aussi voulu une base de pouvoir et puisqu’il s’est considéré comme un leader des Sunnites, il a eu besoin d’appui. Pour cela, il a eu besoin de l’opposition qui gagnait plus de raison en appelant à un retrait syrien du pays.
Une prétendue opposition très opportuniste

Qu’appelle-t-on "l’opposition" ou “Rencontre de Bristol” ? (Bristol étant un hôtel 5 étoiles où ses membres se réunissent). C’est un regroupement récent qui s’étend du Mouvement Gauche Démocratique (HYD - d’après son acronyme arabe), une scission du Parti communiste libanais, à quelques intellectuels "de centre-gauche" qui avaient précédemment soutenu les EU lors de l’invasion de l’Irak et au Gemayyel Phalanges.

-  Gemayyel est le fils de l’ancien leader du parti "Le Kata’eb" (Les Phalanges). Ce parti a été formé après la visite de Pierre Gemayyel en Allemagne durant les Jeux olympiques de 1936. En continuant le legs de son grand-père, le petit-fils Pierre avait insulté la confession Shi’a il y a quelques semaines en les appelant "la quantité " tandis qu’eux (c’est-à-dire les Chrétiens) avaient "la qualité".

-  Le terrain d’entente de l’opposition est situé autour de Walid Jumblatt, le leader de la confession des Druzes, un membre du Parlement libanais, ex-ministre et le chef du Parti “Socialiste Progressif “ (2ème Internationale). Il est aussi un grand propriétaire foncier et un des multimillionnaires du Liban. Mais il est surtout connu pour son passé de leader de la milice, ayant organisé le nettoyage ethnique des Chrétiens de sa région pendant la guerre civile libanaise. Il l’a reconnu à de nombreuses occasions, où il nous a aussi rappelé qu’il est protégé par la loi d’amnestie qui a été mis en place par lui et d’autres chefs militaires, le même groupe de personnes qui avaient conduit la guerre civile ayant été choisi par les Etats-Unis, la Syrie et l’Arabie Saoudite pour diriger le pays pendant la période de paix.

-  L’autre pôle fort de l’opposition est Michel Aoun, le Général démis de la Présidence après sa tentative échouée de guerre de libération contre l’occupation syrienne. C’était une guerre de libération où les libérateurs ont dirigé leurs armes sur le secteur occidental de Beyrouth, parce qu’ils étaient arrivés à en contrôler le secteur oriental. Ce fût un des épisodes les plus horribles de la guerre civile. Michel Aoun est aussi couvert par la loi d’amnistie et vit maintenant en France. Tandis que Walid Jumblatt contrôle la confession Druze (et la "Gauche Démocratique"), Aoun contrôle une grande partie des Chrétiens qui accusent la présence de la Syrie au Liban de tous leurs maux.

-  Bien que les intellectuels de la gauche démocratique soutiennent "le Nationalisme libanais", ils ont réussi à adopter le slogan de leurs opposants nationalistes arabes. "Aucune voix ne dépasse la voix de la bataille" était un slogan utilisée par les régimes arabes successifs et les partis pan-arabes pour étouffer tout appel au changement ne passant par nécessairement la libération de la Palestine. Cette devise, si détestée habituellement par ces intellectuels, est devenu leur slogan depuis leur adhésion à l’opposition. Pour eux, tous les maux du pays sont la conséquence de l’occupation syrienne et le départ de la Syrie du Liban est le préalable à tout changement.
Qui a tué Hariri ?

La Syrie a été montrée du doigt par "la communauté internationale", c’est-à-dire le Conseil de Sécurité de l’ONU qui comprend les 5 empires restant de la 2ème Guerre mondiale et 10 observateurs. La résolution 1559 de l’ONU appelle ainsi au retrait des troupes syriennes du Liban. L’opposition (presque tout précédemment donnés leurs positions politiques par l’intervention syrienne) a profité cette occasion de monter contre le gouvernement libanais soutenu par la Syrie. Hariri était sur le point de rejoindre l’opposition, envoyant déjà des gens pour le représenter à ses réunions. La conclusion de beaucoup de monde est donc que la Syrie a tué Hariri. Cette conclusion est partagée par la France et n’est pas démentie par les EU. Elle est aussi partagée par beaucoup de Libanais qui se sont exprimés dans les rues ces derniers jours.

Le poids de cette conclusion est soutenu par la majorité des mass-médias locaux et régionaux, insistant sur l’image d’un Hariri sauveur (il a aimé les pauvres et les invitait à manger dans sa maison pendant le Ramadan).

L’enquête comique du gouvernement libanais sur l’explosion mène aux "Islamistes". Mais s’agit-il du jeune homme barbu devant une bannière de fortune dont on a montré la bande-vidéo sur Al-Jazeera ? Ou est-ce que ce sont les 12 Australiens barbus qui ont quitté le pays 3 heures après l’explosion, ont été arrêtés par des autorités australiennes et immédiatement remis en liberté ? Est-ce que c’était une attaque suicide ? Devrait-il y avoir une enquête internationale comme exigée par Jacques Chirac, Condoleezza Rice et la Réunion de Bristol ? La TNT a-t-elle été posée sous terre ou était-elle dans une voiture garée le long de la route, en utilisant un dispositif de détonation qui ne pouvait pas être détecté par l’équipement d’Hariri ?

La polarisation a atteint son maximum. L’opposition appelle aux grèves sauvages quotidiennes près de la tombe de Hariri, commodément placée près des cafés du centre ville, le “Virgin Megastore” et la Place des Martyrs. Les organisateurs appellent tous les "vrais" Libanais à les rejoindre, répercutant les affiches réalisées par des expatriés libanais en France et aux EU clamant "Le Liban pour les Libanais" : Le Pen doit être très fier de ce slogan. En réalité, certains des organisateurs de l’opposition à Paris sont membres du Front National. Les attaques sporadiques mais réelles contre des ouvriers syriens et les chants scandés contre les membres de communautés non représentées dans la coalition de Bristol prouvent que ce n’est pas une exception. "La gauche" de l’opposition, représentée par les ex-communistes (HYD), quelques intellectuels pro-démocrates, et le Mouvement pour le Renouvellement Démocratique écarte ces incidents et prétend que puisque le Liban se bat contre son indépendance, des réactions fascistes et racistes sont d’une façon ou d’une autre acceptables. Les leçons de mouvements nationaux de libération, avec leur racisme soft (par exemple, les pan-Arabists’ rejetant les appels des Kurdes ou des Amazigh demandant leur représentation) n’ont certainement pas été apprises. Cette fois-ci, "l’ennemi" sont les migrants économiques syriens employés dans les activités des patrons comme Hariri, Jumblatt, Nassib Lahhoud (leader du Mouvement pour le renouvellement Démocratique) et utilisés comme force de levier par la classe dirigeante (le régime et son opposition) contre le prolétariat au Liban.
Un régime soutenu par des assassins

Les pouvoirs soutenant le régime, plus connus comme étant "les partisans" (de la Syrie), ont leur part de criminels de guerre et de capitalistes. Il est formé de l’ex-chef de l’armée devenu Président de la République, les Syriens Baathists, des Nationalistes syriens (un autre parti inspiré par Hitler), le Mouvement Amal (dirigé par le président du Parlement et responsable de crimes de guerre, dont le siège des camps palestiniens qui a causé presque autant de désastres que les massacres de Sabra et Shatila), des chefs militaires, des fils de seigneurs féodaux, les symboles de le corruption politique et économique dans le pays.

Le Hezbollah et le Parti Communiste ont choisi de rester sur la touche. Le premier veut agir comme un médiateur puisque n’importe quelle instabilité pourrait mettre en danger le travail de la "résistance". Il craint aussi que des demandes américaines contre eux soient acceptées par l’opposition libanaise qui met en doute le rôle de la "résistance" du Hezbollah et tire déjà le parti dans une confrontation, à l’exaltation de pouvoirs occidentaux. Le Parti Communiste opte quant à lui pour une politique attentiste : "attendre et voir".
Et demain ?

Nous sommes plus d’une semaine après l’assassinat de Rafic Hariri. Autour de 50 000 personnes ont manifesté, portant les drapeaux des Phalanges, des Forces libanaises (une milice de guerre civile responsable de massacres, de bombardements aveugles et d’enlèvement de civils), du Gardien des Cèdres (dont le leader est accueilli par le régime israélien) et du Parti Socialiste Druze. Lundi 29 février 2005, le Parlement interrogera le gouvernement à propos de l’assassinat.

Il reste à savoir si le régime décidera de réprimer l’opposition. La stratégie policière de l’état n’est pas rare, mais il semble que le gouvernement choisit de laisser les choses se dérouler afin de ne pas être responsable d’un massacre. Il reste aussi à voir si certains des éléments plus raisonnables de l’opposition peuvent résister à l’attitude raciste majoritaire de la coalition. Malheureusement, Walid Jumblatt nous a promis que le régime irait au diable, soutenu par les gouvernements français et américains. Ceux qui veulent se rappeler les atrocités de la guerre civile savent exactement ce que signifie l’enfer pour Jumblatt.

Pendant 15 ans de guerre civile et une période équivalente de paix, le Liban a vu de quoi les deux camps sont capables : la destruction complète du pays pendant la guerre, suivie de l’écroulement des systèmes éducatifs, de santé et des autres services publics, l’augmentation de la dette publique comme dans les plus mauvais exemples d’Amérique latine, l’éloignement des femmes et des jeunes du processus démocratique, l’un des taux de corruption les plus élevés du monde et une économie qui a créé un fossé infranchissable entre les 5 % de la population qui ont tout et ceux qui ne possèdent rien d’autre qu’une promesse illusoire d’un visa pour n’importe quelle destination.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 17 Juil 2006, 18:43

Il y a aussi un exposé du CLT là dessus je crois, qui m'avait assez plu.
Puig Antich
 
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Message par Pastorius » 17 Juil 2006, 18:48

Le problème Puig, ce n'est pas tant de caractériser l'"opposition du Bristol" - un bric à brac de factions hétéroclites qui a éclaté au lendemain du retrait syrien - que de comprendre que tout ce qui s'est passé au Liban depuis la prétendue "révolution du Cèdre" a été orchestré par les puissances impérialistes - France et USA en tête - et à leur profit exclusif.

D'ailleurs, Hariri a été au pouvoir pendant quinze ans avant de se découvrir des vélléités d'"opposition" à la Syrie, en accord avec Chirac. Le "courant du Futur" dirigé par Hariri fils est aujourd'hui le coeur de la coalition gouvernementale au Liban. Rien n'a changé pour les masses libanaises.

Il n'y a pas eu de "révolution du cèdre" au Liban, mais un revirement opportuniste de nombreuses factions qui se sont placées sous l'égide de Bush et Chirac, après que ces derniers eurent fait adopter la résolution 1559 de l'ONU (retrait syrien, désarmement des milices palestiniennes et chiites). Ce n'est pas la mobilisation au Liban qui a fait reculer l'armée syrienne, mais la pression de l'impérialisme US.

L'une des raisons pour lesquelles Israël met aujourd'hui le Liban à feu et à sang, c'est que les diverses factions soumises à Chirac et à Bush se sont avérées incapables de constituer un gouvernement fort au Liban, et n'ont pas su en conséquence imposer le désarmement des milices, pas plus d'ailleurs que les "réformes structurelles" exigées par Chirac (casse de la sécu, privatisations, destruction des statuts dans la fonction publique, etc).

Il n'est pas exclu qu'Israël veuille aller jusqu'à mettre en place un gouvernement fantoche de son cru, comme il a tenté de le faire en 1982 avec Bachir Gemayel... dont la veuve fait partie du courant Hariri.
Pastorius
 
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Message par Puig Antich » 17 Juil 2006, 19:00

au profit de de la France et des U.S.A. certainement, mais il y a aussi des capitalistes locaux et il est intéressant de voir comment leurs luttes de factions sont perçues sur place en dehors des considérations sur qui mise sur qui pour faire quoi et comment ca se traduit dans la vie quotidienne et les perceptions idéologiques ... ensuite c'est clair que ces sordides et assassins politiciens confessionnels n'ont que trés peu de marges de maneouvres et de développement vis à vis de leurs créantiers internationaux ... la preuve avec ce qui se passe aujourd'hui ...
Puig Antich
 
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Message par ianovka » 17 Juil 2006, 21:29

Edito des bulletins LO d'entreprises du 17/07/06

a écrit :LA LOI DU PLUS FORT

    Bombardements des quartiers populaires, avec les nombreuses victimes civiles que cela entraîne inévitablement, sous prétexte que ces quartiers constituent les bases des milices du Hezbollah, destruction des ponts, des routes, des aéroports, c'est une véritable guerre qu'Israël livre depuis plus d'une semaine au peuple libanais.
    Les porte-parole de l'armée israélienne, qui ont largement accès aux radios françaises, prétendent que ces opérations sont justifiées par le fait que les milices chiites libanaises ont tué trois de leurs soldats et en ont enlevé deux autres. Mais, quand peu de temps auparavant, la marine israélienne avaient massacré au canon toute une famille palestinienne sur une plage de Gaza, c'est tout juste si le gouvernement israélien avait formulé quelques regrets.
    Mais tout cela ne pourrait pas se dérouler de cette manière si Israël ne bénéficiait pas de la complicité des grandes puissances, comme l'a montré la réunion du G8 (le club des huit pays les plus puissants de la planète) à Saint-Pétersbourg ce week-end. Et il n'y a guère de différence entre le soutien ouvert de Bush, et la complicité à peine voilée d'hypocrisie de Chirac trouvant l'attaque israélienne simplement "disproportionnée", mais affirmant dans un même élan qu'Israël avait le "droit de se défendre", comme si c'était l'existence d'Israël qui était en jeu.
    Face au drame qui se joue actuellement au Liban et à Gaza, la montagne du G8 a accouché d'une souris, réclamant l'application d'une résolution des Nations Unies demandant le désarmement des milices du Hezbollah. Mais se gardant bien de faire la même chose en ce qui concerne une autre résolution, bien plus ancienne, qui demandait en novembre 1967 l'évacuation par l'armée israélienne de tous les territoires occupés. Tant il est vrai que les résolutions de l'ONU n'ont qu'une seule utilité, pouvoir être invoquées par les grandes puissances quand cela les arrange.
    En fait, les Bush, Blair et Chirac, se moquent éperdument du sort de la population israélienne, qui pour eux n'est qu'un pion sur l'échiquier du Proche-Orient. Et les dirigeants israéliens ne s'en soucient guère plus. Cela fait cinquante ans que les différents gouvernements qui se sont succédé en Israël, qu'ils soient de droite ou qu'ils se disent socialistes ont choisi, plutôt que de tendre la main au peuple palestinien, de jouer le rôle de gendarmes au service de l'impérialisme dans cette partie du monde.
    Mais ce faisant les dirigeants israéliens ont fait de leur propre peuple un otage, ont fait des descendants de ces réfugiés qui cherchaient une terre pour y trouver la paix et la sécurité, des geôliers qui ne sont guère plus libres que leurs prisonniers, ces Palestiniens parqués dans la bande de Gaza ou derrière le mur de béton qu'Israël fait construire, en empiétant encore plus sur les terres palestiniennes.
    Evidemment les dirigeants du Hamas et du Hezbollah n'ont rien à envier aux dirigeants israéliens. Leurs actions terroristes ne servent pas la cause de leur propre peuple. Elles ne visent qu'à encadrer celui-ci au nom de la lutte à mener, qu'à préparer, s'ils parvenaient au pouvoir, une dictature militaire, religieuse de surcroît. Quant aux dirigeants "laïcs" du Fatah, ils n'aspiraient, si Israël leur en avait laissé les moyens, qu'à devenir les gendarmes de leur propre peuple.
    Mais s'il ne manque pas d'aspirants dictateurs dans les pays du tiers-monde, ce qui se passe au Proche-Orient est l'illustration que dans le monde capitaliste, même les États qui se prétendent des démocraties, comme les membres du G8, ou comme Israël, ne reconnaissent en fait qu'une seule loi, la loi du plus fort.
    Le système capitaliste, qui a fait de quelques États les maîtres de la planète, est de plus en plus incompatible avec une société vraiment démocratique, respectant tous les êtres humains.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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ianovka
 
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Message par fourmi_rouge » 18 Juil 2006, 10:20

(ianovka @ lundi 17 juillet 2006 à 22:29 a écrit :Edito des bulletins LO d'entreprises du 17/07/06

a écrit :
  [...] Evidemment les dirigeants du Hamas et du Hezbollah n'ont rien à envier aux dirigeants israéliens. Leurs actions terroristes ne servent pas la cause de leur propre peuple. Elles ne visent qu'à encadrer celui-ci au nom de la lutte à mener, qu'à préparer, s'ils parvenaient au pouvoir, une dictature militaire, religieuse de surcroît. Quant aux dirigeants "laïcs" du Fatah, ils n'aspiraient, si Israël leur en avait laissé les moyens, qu'à devenir les gendarmes de leur propre peuple.
    Mais s'il ne manque pas d'aspirants dictateurs dans les pays du tiers-monde, ce qui se passe au Proche-Orient est l'illustration que dans le monde capitaliste, même les États qui se prétendent des démocraties, comme les membres du G8, ou comme Israël, ne reconnaissent en fait qu'une seule loi, la loi du plus fort.

Il y a tout de même pas que de aspirants dictateurs au liban et en Israel ? Quid des partis se réclamant du communisme?
D'après l'article de Ghassan Makarem cité par Puig, si des manifestations d'ouvriers sont organisées il doit exister des syndicats ou des organisations ouvrières.
Je veux dire, l'édito montre bien Israel, ses alliés impérialistes, l'hypocrisie des résolutions de l'ONU, la politique du Hamas, du Hezbollah et du Fatah. Bref, tous pourris et le capitalisme c'est moche. Tout cela est vrai mais pas une phrase sur le début d'un commencement de solution ouvrière à cette crise.
fourmi_rouge
 
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