Le chantage à la délocalisation de Mercedes

[Barikad]

Le chantage à la délocalisation de Mercedes

Le constructeur automobile allemand Mercedes a menacé lundi de délocaliser des emplois en Afrique du sud si le comité d'entreprise n'accepte pas de réduire massivement ses coûts.

Par Liberation.fr, d'après AFP

lundi 12 juillet 2004 (Liberation.fr - 17:46)

e constructeur automobile allemand Mercedes, filiale de Daimler-Chrysler, a menacé lundi de délocaliser des emplois en Afrique du sud si le comité d'entreprise n'accepte pas un programme de réductions des coûts de 500 millions d'euros par an. La direction conditionne la construction d'un nouveau modèle de la classe C sur son site principal de Sindelfingen (Bade-Wurtemberg, sud-ouest de l'Allemagne), au renoncement par les salariés d'avantages inscrits dans les accords salariaux, aboutissant à la suppression de primes ainsi, de facto, qu'à un allongement du temps de travail.

Pour l'heure, les discussions avec les représentants du personnel, qui ne sont prêts à accepter que 180 millions d'euros de réductions de coûts par an, sont bloquées. Une nouvelle séance de négociations est prévue mardi. Le patron de Mercedes, Juergen Hubbert, a prévenu lors d'une conférence de presse que, faute d'accord, la production du nouveau véhicule serait transférée pour partie à Brême (nord de l'Allemagne), où les ouvriers de Mercedes ne jouissent pas des mêmes avantages, et pour partie en Afrique du Sud. Une telle délocalisation se traduirait par la perte de 6.000 emplois pour Sindelfingen, a averti le directeur du personnel, Guenther Fleig.

Au centre de la controverse: un accord de branche remontant à 1973 qui garantit dans les seuls sites de production du Bade-Wurtemberg une pause de cinq minutes pour chaque heure de travail. Un avantage surnommé «pause pipi de Steinkuehler», du nom d'un ancien responsable du syndicat IG -Metall, Franz Steinkuehler, qui l'avait négocié. La direction juge cet accord obsolète et demande la suppression d'une autre clause qui garantit des primes de travail tardif de 15% aux salariés commençant à midi. Juergen Hubbert a estimé que les sites de Mercedes dans le Bade-Wurtemberg souffraient de «graves handicaps compétitifs». «Le délai (pour un accord avec les syndicats) expire à la fin du mois», a-t-il averti. «Nous voulons rendre l'Allemagne plus compétitive» en matière de coûts du travail. Les représentants du personnel n'entendent pas céder, redoutant qu'un changement de l'accord salarial de branche ouvre la boîte de Pandore avec le patronat. Le comité d'entreprise a appelé à une journée de protestation jeudi dans toute l'Allemagne. Samedi, 12.000 salariés du site de Sindelfingen ont fait grève.

Les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à agiter l'épouvantail des délocalisations pour faire pression sur les syndicats. Dans la métallurgie, une quarantaine de projets d'assouplissement des horaires de travail seraient déjà à l'étude. Siemens a ainsi récemment obtenu le retour aux 40 heures de travail hebdomadaire, sans compensation salariale, dans deux sites de fabrication de téléphones employant 4.500 personnes, en échange de l'abandon d'un projet de délocalisation en Hongrie.