Négociations au sommet du nouveau machin

Message par pelon » 18 Juin 2004, 16:57

a écrit :
Négociations tendues au sommet européen de Bruxelles
Reuters | 18.06.04 | 00h00

par Laure Bretton et Yves Clarisse

BRUXELLES (Reuters) - Le climat s'est brusquement tendu à Bruxelles, où la Grande-Bretagne a accusé le couple franco-allemand de jouer des coudes dans les négociations sur la Constitution européenne et la succession de Romano Prodi.

Même si l'optimisme reste de mise sur les chances de parvenir à un accord sur le futur texte fondamental de l'Europe élargie - les paris sont beaucoup plus ouverts sur la présidence de la Commission européenne -, l'atmosphère s'est assombrie.

Le porte-parole officiel du Premier ministre britannique Tony Blair a choisi de sortir de sa réserve au deuxième jour du sommet pour s'en prendre à Jacques Chirac et à Gerhard Schröder, soupçonnés de vouloir imposer leurs vues à toute l'UE.

"Nous fonctionnons dans l'Europe des Vingt-Cinq, pas des Six, des Deux ou d'un (seul pays)," a-t-il déclaré avant de s'en prendre directement aux dirigeant français et allemand.

"Il était malheureux que le président Chirac ait choisi hier d'attaquer nos positions avant que les négociations aient réellement commencé," a ajouté le porte-parole de Tony Blair.

Jacques Chirac avait déploré notamment que le champ des décisions pouvant être prises à la majorité qualifiée dans la Constitution européenne ne soit pas plus vaste afin d'éviter la paralysie dans une Union de plus en plus pléthorique.

"Nous sommes obligés de constater que les ambitions que nous pouvions avoir se sont réduites par le 'non possumus' de la Grande-Bretagne", avait-il expliqué. "C'est un vrai problème."

Londres a également jugé "regrettable" que le chancelier allemand lie la Constitution à la présidence de la Commission.

DRAMATISATION CLASSIQUE

Londres a rejeté le candidat soutenu par la France et l'Allemagne, le Premier ministre belge Guy Verhofstadt, et le champion des conservateurs européens, l'actuel commissaire européen Chris Patten, qui était soutenu par les Britanniques, a fait l'objet d'un veto implicite de la part de la France.

Le président français n'a pas tardé à répliquer à cette attaque en règle d'un pays qui se bat bec et ongles pour garder son droit de veto dans un maximum de domaines.

"Le président est préoccupé par l'évolution de l'état d'esprit du Conseil européen depuis hier soir," a déclaré vendredi la porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna.

La France pour sa part, a-t-elle ajouté, a déjà fait de "gros efforts" et appelle chacun "à faire preuve d'esprit constructif et de sens de la responsabilité."

"A partir de maintenant, il y a des limites à ne plus franchir, nous n'accepterons pas de dégrader davantage ce qu'a proposé la présidence irlandaise," a-t-elle conclu.

Cette dramatisation est jugée normale dans ce qui devrait être la toute dernière ligne droite du Conseil européen.

Pat Cox, le président du Parlement européen, mis ces escarmouches sur le compte d'une "indigestion" lors du dîner de jeudi soir et a émis l'espoir que le malaise passe vite.

La dernière proposition présentée par l'Irlande vendredi matin semble acceptable par la grande majorité des délégations.

La majorité qualifiée serait atteinte si 55% des pays représentant 65% de la population vote en faveur d'une proposition, alors que la Convention européenne présidée par Valéry Giscard d'Estaing proposait des pourcentages inférieurs (50-60) qui auraient facilité la prise de décision.

COMPROMIS TRES SUBTIL

Pour éviter que les trois "grands", qui réunissent plus de 35% de la population, puissent bloquer une décision, l'Irlande propose que la minorité soit composée d'au moins quatre pays.

Afin d'amadouer l'Espagne et la Pologne, qui craignent de voir leur pouvoir de blocage disproportionné diminuer, un groupe de pays représentant 30% de la population de l'UE ou 40% de ses Etats membres pourra demander que l'on continue les négociations pendant une période "raisonnable" s'il le juge nécessaire.

Ce compromis, qui représente la limite extrême de ce que peut accepter la France, a été bien accueilli par l'Espagne.

"Cela devrait être approuvé sans aucun problème," a déclaré un diplomate espagnol en se disant optimiste.

Seule la Pologne se montre encore réticente à accepter un mécanisme qui réduit son poids dans les votes.

"Tout le monde peut rentrer à la maison et dire 'j'ai obtenu l'unanimité et la majorité qualifiée'," a expliqué un diplomate en saluant un document "très subtil" de la présidence.

Les progrès sont beaucoup plus faibles dans la recherche d'un consensus sur le nom du futur président de la Commission, dont le choix pourrait être reporté à un sommet ultérieur.

Après les vetos croisés de jeudi soir, l'heure pourrait être à la recherche d'un troisième candidat de compromis qui disposerait d'une majorité qualifiée -- dans ce cas il doit recueillir l'appui de 17 délégations sur 25.

Un seul homme peut résoudre ce casse-tête: le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, l'emporterait sans livrer bataille s'il se présentait, mais il l'a exclu.

"Nous sommes dans une vraie crise," a estimé le député européen Elmark Brok, un conservateur allemand qui a reconnu que son candidat, Chris Patten, était désormais hors-jeu.

Il a notamment évoqué le Premier ministre portugais Jose Manuel Durao Barroso, un responsable de centre-droit acceptable par la majorité conservatrice du Parlement qui correspond en outre aux critères français -- son pays fait partie de l'euro, il parle français, vient d'un petit pays et est à droite.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité(s)