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samedi 5 Juin 2004 Société
Le premier mariage homosexuel en France a été célébré en Gironde
LEMONDE.FR | 05.06.04 | 11h45
Philippe de Villiers, candidat souverainiste du Mouvement pour la France (MPF) aux élections européennes, a appelé Jacques Chirac à prononcer une "parole forte" et demandé au premier ministre d'entreprendre une procédure de "destitution" contre le maire de Bègles.
Malgré les polémiques et l'opposition du parquet de Bordeaux, Stéphane Chapin, 33 ans, et Bertrand Charpentier, 31 ans, se sont dit "oui" samedi matin à Bègles devant Noël Mamère, premier maire à unir un couple homosexuel en France.
Après plusieurs semaines passées à l'écart de la presssion médiatique, les deux époux sont arrivés samedi matin à la mairie dans une voiture de luxe avec chauffeur.
Plusieurs dizaines de journalistes, dont certains venus de l'étranger, se pressaient dans la mairie.
Dès neuf heures, partisans et opposants au mariage s'étaient réunis devant l'hôtel de ville de Bègles. Les premiers arrivés répondaient à l'appel du "Collectif pour le droit des enfants", portant des banderoles disant : "Mamère, la loi tu la prends par derrière", "j'ai deux pères, j'ai pas de mère, merci Mamère" ou encore "Mamère fasciste, il n'y a que ta loi qui existe".
LE "COURAGE POLITIQUE DE NOËL MAMÈRE ET DES MARIÉS"
De nombreux manifestants portaient des tee-shirts avec l'inscription "Sauvons les enfants du Marais", du nom d'un quartier de Paris, très fréquenté par les homosexuels.
Des membres du "Collectif pour le droit des enfants", ont tenté en vain de pénétrer dans la mairie. Côté partisans du mariage, quatre "Soeurs de la perpétuelle indulgence" - un mouvement homosexuel - venues du "Couvent Atlantique Sud" à Bordeaux brandissaient une pancarte en bois peinte en rose et disant en lettres noires "Longue vie aux mariés". L'une d'elles portait une robe de nonne avec cornette blanche, une autre porte une robe de mariée blanche avec marquée en lettres rouges "PD".
Des militants de l'association Act-Up étaient aussi présents, dont une jeune femme vêtue d'une robe blanche et des jeunes gens portant des Tee-shrits noirs et tenant des sachets de confettis à la main. Une délégation du Manifeste pour l'égalité des droits avait aussi tenu à venir à Bègles. Un des avocats, Emmanuel Pierrat, a déclaré : "le mariage sera valide jusqu'à ce qu'un juge prononce l'annulation".
Christophe Girard, l'adjoint (Verts) à la culture du maire de Paris Bertrand Delanoë, costume bleu et écharpe tricolore dépassant d'une poche, est arrivé en saluant le "courage politique de Noël Mamère et des mariés".
Devant le battage médiatique, la présence des manifestants mais aussi des simples curieux, la préfecture avait prévu de mobiliser une centaine de policiers et autant de CRS pour éviter "tout débordement de nature à troubler l'ordre public".
AU NOM DE L'ÉGALITÉ DES DROITS
Philippe de Villiers, candidat souverainiste du Mouvement pour la France (MPF) aux élections européennes, a appelé Jacques Chirac à prononcer une "parole forte" et demandé au premier ministre d'entreprendre une procédure de "destitution" contre le maire de Bègles qui, a-t-il dit, "a failli à sa mission".
M. de Villiers a été stoppé devant les grilles des jardins de la mairie. Une dizaine de membres de l'association Act Up l'ont conspué aux cris de "De Villiers homophobe". Une trentaine de personnes du collectif les Enfants d'abord portant tous un masque de Lionel Jospin ont défilé derrière une banderole : "Mamère jette les mères, reviens Jospin". Dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche, l'ancien premier ministre socialiste s'est dit opposé au mariage homosexuel.
Stéphane, aide-soignant et Bertrand, magasinier, se sont rencontrés il y a trois ans à Bordeaux. Depuis ils vivent en couple. Leur histoire d'amour devait être officialisée par un PACS (Pacte civil de solidarité, créé en 1999). Mais, en avril, le député-maire Verts de Bègles a annoncé son intention de procéder à des "mariages entre personnes de même sexe" au nom de l'égalité des droits. C'est en le voyant sur une télévision locale qu'ils ont décidé de franchir le pas.
Depuis leur décision, la polémique n'a fait qu'enfler jusqu'aux interventions du premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, menaçant de sanctions Noël Mamère, en passant par les avertissements du procureur de la République de Bordeaux, Bertrand de Loze, lui faisant interdiction de procéder à cette union.
Jeudi, le magistrat a soulevé une nouvelle question en révélant que l'adresse béglaise d'un des deux époux n'était "pas effective" et qu'en conséquence Noël Mamère n'avait "pas la compétence territoriale" pour officier. M. de Loze devrait rapidement saisir le tribunal de grande instance pour contester la validité de cette union.
Avec AFP et Reuters