a écrit :
Déclaration de la fraction « unité et révolution » :
Pourquoi nous rejoignons les rangs du
Courant Communiste Internationaliste du Parti des Travailleurs,
section française de la Quatrième Internationale.
Camarades,
La fraction « unité et révolution » a décidé hier, à l’unanimité, de se dissoudre, et de rejoindre les rangs de la Quatrième Internationale et sa section qui en France, en défend la politique : le Courant Communiste Internationaliste. Nous voulons, devant tous les membres de notre organisation et de tous ceux qui nous connaissent, nous en expliquer publiquement.
Le soir du premier tour de l’élection présidentielle, le 21 avril, la bourgeoisie Française, les appareils de la gauche plurielle, ont décidé d’un commun accord de lancer la plus belle opération d’union nationale de ces dix dernières années pour renforcer la Cinquième République, pour légitimer une politique. Cette opération, ce fut l’appel au vote Chirac. La LCR, après avoir un peu hésité, pour ne pas se précipiter immédiatement dans cette opération, voyant que la manipulation mordait largement sur les saines aspirations de la jeunesse à rejeter tout ce que représente le FN, a décidé elle aussi d’appeler à voter Chirac, dans les termes que l’on sait (appel à battre Le Pen dans la rue… et dans les urnes).
La section des JCR de Montpellier a alors pris une décision courageuse : celle de dénoncer le vote Chirac pour ce qu’il était, de refuser d’obéir à la consigne de vote de la gauche et de la droite plurielle. Voici ce que disait notre tract qui a été diffusé à des milliers d’exemplaires : « On ne s’en sortira pas en plébiscitant Chirac ! Mobilisons-nous pour une alternative démocratique ! Les dirigeants de la gauche ont immédiatement appelé a voter Chirac. Mais celui-ci n’a pas besoin des voix de la gauche pour gagner. Chirac, celui qui devrait être en prison, va se retrouver plébiscité massivement… et va préparer un gouvernement à la Berlusconi, un gouvernement de choc contre nos acquis sociaux et nos libertés ! Non, le fascisme n’est pas à nos portes, et ce n’est sûrement pas Chirac qui fera barrage à celui-ci. Au contraire, Chirac va préparer une politique ultra sécuritaire, en s’inspirant du programme du FN. Il va détruire la sécurité sociale, privatiser ce qu’il reste de service public, défaire les systèmes de solidarité … Faire confiance à Chirac pour faire barrage à Le Pen ? Sûrement pas ! Le 1er Mai, nous devons mobiliser contre la droite et l’extrême droite, derrière nos exigences : c’est le jour où les travailleurs manifestent pour imposer leurs revendications. Il faut qu’il soit unitaire : contre l’extrême droite et contre Chirac, pour la préservation de nos acquis et la reconquête de nos droits bafoués. »
Cette décision, après coup, nous parut d’autant plus légitime que grand nombre de jeunes et de travailleurs se sont aperçus que leur vote avait profité à une politique contraire à leurs intérêts. Cet acte nous apparaissait également en conformité avec les principes d’indépendance de classe que la Quatrième Internationale est censée défendre.
Comment une organisation se réclamant de la Quatrième Internationale peut-elle appeler à voter pour le principal candidat de la bourgeoisie ?
Parce que nous avons résisté à la pression que la bourgeoisie et les appareils ont mis sur l’ensemble du mouvement ouvrier et de la jeunesse, nous avons été exclus de notre organisation. Nous avons alors décidé de nous constituer en fraction, nécessairement externe, en attendant que soit traitée notre demande de réintégration. Nous avons alors défendu ce que nous estimions juste : combattre, argumenter pour que la LCR soit une organisation indépendante, révolutionnaire.
Quelques mois après l’épisode du vote Chirac, un événement de la plus haute signification a eu lieu au Brésil : porté par les aspirations légitimes des millions de travailleurs, de jeunes et de paysans au Brésil, un vote en faveur du candidat du Parti des Travailleurs chassa l’ancien gouvernement pourri de Cardoso. La réponse donnée par l’appareil luliste à cette vague électorale, fut de constituer un gouvernement de Front Populaire, avec des représentants des propriétaires fonciers, des banques.
Notre organisation a fait un choix qui, du point de vue des principes défendus par la Quatrième Internationale, est indiscutablement condamnable. Un ministre membre de « Démocratie Socialiste », organisation sœur de la LCR en France, a décidé de siéger comme ministre de la réforme agraire. A l’heure où nous écrivons ces lignes, ce monsieur est toujours membre de ce gouvernement, et des millions de paysans continuent d’être plongés dans la misère, privés de toute possibilité de travailler la terre de leur pays, quand il ne sont pas agressés physiquement, tués, par des bandes d’hommes armés au service des propriétaires fonciers.
Rossetto affirmera le 14 septembre dans le journal espagnol El pais : « nous ne voulons pas l’echec de l’OMC ».
Rossetto ne dit pas un mot quand le 19 septembre 2003, des militants du MST (Cledson Mendes da Silva, Felinto Procopio, Marcio et Sergio Pantaleao.) se font jeter en prison.
Pire, Rossetto ne dit rien quand des dizaines de paysans se font assassiner.
Ces faits sont graves, et vérifiables par tous.
Olivier Besancenot a beau jeu de dénoncer le gouvernement Lula qui fait « bisou-bisou » avec le FMI au cours de discussions avec des internautes (voir le forum du site du journal Libération), alors qu’au Brésil, un membre de son organisation fait une telle politique.
Là aussi, nous avons engagé le débat pour informer et alerter les militants de ce qui restait à nos yeux, malgré tout, notre organisation. Nous avons publié un appel international qui demandait la démission de Rossetto du gouvernement.
Comment une organisation se réclamant de la Quatrième Internationale peut-elle accepter qu’un membre de son organisation participe à une politique de réaction, en assure son application ?
A ces questions s’en sont ajoutées d’autres :
Comment se fait-il qu’une organisation se présentant comme la Quatrième Internationale accepte de participer au Parlement Européen, et ne dise pas un mot de ce qu’on voté pendant 5 ans les « eurodéputés révolutionnaires » lors de la dernière campagne pour les régionales ?
Comment se fait-il qu’une organisation se présentant comme la Quatrième Internationale puisse participer à ces grandes messes que l’on nomme « forums sociaux », que l’on présente comme un moyen de lutte contre le libéralisme, alors que toute décision y est interdite, et qu’y est affirmé le soutien à une prétendue « Europe sociale et démocratique » dans le cadre du traité de Maastricht et que l’on trouve côte à côte des ONG millionnaires, des patrons d’ « entreprise solidaire », des représentants de l’Eglise et de tous les gouvernements réactionnaires de la terre ?
Nous estimons qu’une organisation politique a le droit de mener la politique qu’elle entend, avec les formes qu’elle estime utiles, du moment qu’elle respecte le droit de quiconque à s’exprimer. Mais nous pensons qu’une organisation doit être honnête envers ceux à qui elle s’adresse : nous refusons que la politique que mène la LCR en France, DS au Brésil, et plus généralement, le SU dans le monde, puisse se faire au nom de la Quatrième Internationale.
Nous qui avons adhéré à la LCR, nous l’avons fait car nous pensions trouver le chemin qui mène à la révolution, car cette organisation se présentait à nous comme la continuatrice de l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky. Il est évident que nous avons été trompés et que l’organisation que nous avons construite n’a rien à voir avec le trotskisme et la Quatrième Internationale.
De toutes les organisations, groupes, individus que nous avons rencontrés, de toutes les bouchures que nous avons lues au cours des réflexions que nous menions sur le trotskisme et la Quatrième Internationale, en recherchant quelle organisation menait sa politique sur les principes inscrits dans le Programme de transition, nous avons estimé qu’une seule de ces organisations (ou groupes) représentait la Quatrième Internationale : la Quatrième Internationale reproclamée en 1993, celle qui est issue du long combat contre le révisionnisme liquidateur qu’a été le pablisme en 1951-53, mené notamment par sa section Française, le PCI.
Nous savons que le combat qui nous attend sera dur, que les coups et les calomnies de toutes sortes nous attendent. Mais nous savons que l’organisation que nous allons construire est bien la Quatrième Internationale, engagée sur les principes du Programme de transition, sur la méthode du matérialisme dialectique.
Nous lançons un appel à tous nos camarades qui estiment que le SU est encore une organisation que l’on peut qualifier de révolutionnaire : nous restons disponibles pour toutes discussions, en toute fraternité et en toute franchise, sur la situation internationale et les solutions pour aller de l’avant, vers le socialisme.
En avant pour la construction de la Quatrième Internationale,
Parti Mondial de la Révolution Socialiste !
Montpellier, le 28 mars 2004.
Bacha Néjia, Ballester Laetitia, Bolger Caroline, Desoutter Alban, Villerd Jean, Nicq Laurent.