Quelques arguments en faveur de l’interdiction du

Message par Barikad » 18 Fév 2004, 11:09

Sur le site de Cinquieme Zone
a écrit :
Quelques arguments en faveur de l’interdiction du voile islamique dans les établissements scolaires, sans recours à une loi. Richard
4 décembre 2003

Le texte ci-dessous récapitule en partie les raisons pour lesquelles, à mon avis, il faut interdire le voile à l’école, sans recourir à une loi qui, dans le contexte actuel, serait prise comme une stigmatisation de la population originaire de pays de tradition musulmane. Impossible de développer un texte déjà trop long. Pour ceux que cela intéresse, voir sur le site http://www.cinquieme-zone.org la brochure Derrière le voile, un tout autre combat (1994),, les articles des N°160 et 163 de Cinquième zone, Bas les voiles et En avant pour les guerres de religion et certains des courriers sur la liste CZNews, en particulier celui de Laurent Lévy, père des lycéennes exclues d’Aubervilliers et la réponse de CZ.

1)      Le voile islamique n’est pas un problème franco-français. C’est une question politique, liée à la situation intérieure et internationale. Premiers cas à Lyon et Creil en 1989, concomitants à la montée du FIS en Algérie (suite à 1988). Seconde crise aiguë fin 1994, en pleine guerre civile algérienne et à quelques mois des attentats à Paris et Lyon. Aujourd’hui, en Palestine, en Afghanistan, en Irak, etc, l’Islamisme se pose en alternative à l’oppression et à la misère engendrées par la domination des grandes puissances. L’échec des dictatures modernistes (Nasser, Boumediene, Saddam au début) a laissé le champ libre à l’intégrisme qui utilise la révolte des peuples contre l’impérialisme pour la dévoyer et les placer sous sa férule. L’Islamisme n’est pas une religion mais l’utilisation du fanatisme religieux à des fins politiques réactionnaires. Même si son contenu politique est autre, il présente des traits communs avec le fascisme : prétention totalitaire, fanatisation de masses contrôlées par une armée de mollahs, imams, prédicateurs. C’est un poison mortel pour les peuples qui s’y laissent prendre et l’ennemi irréductible du mouvement ouvrier et progressiste. Voir l’Iran et l’Afghanistan.

Même si beaucoup des filles qui se voilent le nient et même s’il serait erroné d’établir une relation mécanique entre des événements d’ampleur incomparable, c’est dans ce contexte international que se situe la question du voile en France.



2)      Ce n’est pas une affaire franco-française. Le voile islamique est le symbole de leur oppression pour des centaines de millions de femmes dans le monde (voir Taslima Nasreen, Chahdortt Djavann, Souad, Rawa, Latifa, etc). Dans tous les pays de civilisation « musulmane », des hommes, des femmes, des militants et parfois des organisations tentent de s’opposer à la main-mise intégriste sur la société, en particulier sur les femmes : des trotskystes en Algérie, ce qui reste du PC irakien, des courants laïcs en Palestine, des intellectuels au Liban, etc. Comment soutenir leurs combats (menés au péril de leurs vies !) et se montrer complaisant ici avec celles qui exhibent le symbole de l’oppression ?



3)      Le voile n’est pas une affaire individuelle. Il n’est question ici ni de pudeur ni de religion. Le voile est un emblème (l’acharnement de ses partisans à le faire porter le prouve). Comme tous les symboles, il a une signification sociale, déterminée historiquement, que chacun n’est pas libre de définir à sa fantaisie : Je porte la tenue du Ku-Klux-Klan parce que, « sans rien avoir contre les Noirs », je suis amoureux de Scarlett O’Hara, je coiffe la casquette de Pétain en hommage au vainqueur de Verdun et, séduit par l’harmonie, j’entonne des chants nazis (même sans les paroles) ? Foutaises !

La prétention de ramener la question à une affaire de « liberté individuelle » est une escroquerie.



4)      Le voile n’est pas une affaire individuelle. S’il est autorisé à l’école, des milliers de filles le porteront parce qu’il deviendra la norme vestimentaire dans certains quartiers tout comme le ramadan est devenu de règle pour ceux qui ont la bobine à le faire dans certains lycées. Rien ne l’impose mais peu nombreux sont aujourd’hui ceux qui résistent. Aucun texte ne proscrit le port de la jupe ou du décolleté. Mais ils sont interdits de fait (y compris parfois pour les profs) par la pression (commentaires, insultes, agressions). C’est une norme sociale qui s’est mise en place sous la pression machiste. Le voile sera imposé par les mêmes moyens : « T’es voilée, je te respecte, tu ne l’es pas, t’es une pute qui cherche ». Réclamer la tolérance à l’égard du voile à l’école, c’est, à terme, condamner des dizaines de milliers de filles à le porter « volontairement ». Belle victoire pour des militants « de gauche », voire « révolutionnaires » !



5)      « Tolérer » le voile, c’est lâcher les militant(e)s progressistes des banlieues : Ni putes ni soumises, certes mais aussi Africa à La Courneuve, des dizaines d’autres associations de femmes. Des milliers de mères et de filles se cramponnent. Tous les hommes sont loin d’être prêts, heureusement, à se plier à l’ordre moral communautaire. Si nous ne sommes pas capables de les aider, ils finiront par le subir. A moins qu’ils ne trouvent des appuis à droite (c’est commencé, cf. le bouquin de Masclet La Gauche et les cités, ou Le Monde du 2 décembre). L’extrême-gauche a manqué le coche il y a 20 ans avec la Marche des Beurs, elle l’a manqué l’an dernier avec Ni Putes Ni Soumises, laissant le champ libre au PS. Faut-il recommencer toujours les mêmes erreurs et, par naïveté ou par complaisance, laisser tomber celles et ceux qui veulent se battre pour le progrès social ?



6)      Le voile, emblème du communautarisme. Il est le symbole de l’appartenance (au sens de « propriété ») des femmes aux hommes. Aujourd’hui les filles sont collectivement « contrôlées » par l’ensemble des garçons de la cité (ils disent « protégées », elles sont leur « cheptel », selon l’expression rigolarde d’un jeune qui en dit long). Demain, la multiplication des voiles affichera l’appartenance consentie ou subie à la « communauté », étape décisive dans le morcellement de la société (des couches populaires !) en « communautés » aisément opposables les unes aux autres. C’est une gangrène mortelle pour la lutte de classes !



7)      Une influence grandissante. Les militants intégristes déterminés sont relativement peu nombreux et leur appareil militant est assez faible (pour autant qu’on puisse le savoir). Mais leur influence, les idées qu’ils propagent s’enracinent, renforçant les plus radicaux, ceux qui lui donnent une expression politique. Tout comme, même sans le vouloir, les racistes ordinaires roulent pour Le Pen, le machisme ordinaire, les idées toutes faites sur la femme, la religion, les juifs, les américains, etc, (et le voile !) profitent aux intégristes, quand bien même les filles qui se voilent s’en défendent. La majorité des « musulmans » (comme ils sont maintenant appelés, qu’ils soient croyants ou non ou même chrétiens) n’est pas pratiquante. Mais, quand il y a « vote », c’est l’UOIF qui l’emporte.





8)      Les milieux menacés sont des fractions de la classe ouvrière. Guettés par le vote FN pour les uns, l’intégrisme pour les autres. Contre Le Pen, on est sans concession. Sur l’intégrisme il faut l’être aussi. Ceux qui mènent la danse sont des ennemis irréductibles des mouvements ouvrier et féministe. Les traiter comme tels. Ne pas croire qu’ils auront la moindre reconnaissance ou indulgence. S’ils contrôlent les quartiers, on ne pourra plus y mettre les pieds (et déjà que c’est pas terrible !)

Entre autres pour ces raisons, il faut être intraitable sur la question du voile à l’école et refuser farouchement « la liberté » de le porter à celles qui, par soumission, inconscience, provocation ou militantisme, souhaitent l’imposer.



Exclure ou ne pas exclure ?

Si toutes les filles qui portent le voile ne sont pas des militantes intégristes ou directement manipulées, leurs gestes prennent place dans une offensive concertée, multiforme et qui trouve des directions politiques, en France et bien davantage dans le monde arabo-musulman pour placer les peuples sous la houlette des fondamentalistes. La force d’un courant politique ascendant est justement de trouver des relais bien au-delà de sa sphère d’influence directe. Il faut, à l’évidence, qu’à notre échelle, nous fassions notre possible pour que cette offensive échoue. Et donc, interdire le voile c’est à dire être prêts à exclure.

Pas automatiquement, pas sans discussion, pas sans tenter de convaincre pied à pied, jusqu’au bout, évidemment. Mais si l’échéance de l’exclusion n’existe pas, la discussion n’aura même pas lieu. On a affaire à des filles manipulées ou endoctrinées par des gens redoutables (qui, ailleurs, faut-il le rappeler, ont convaincu des centaines de jeunes de se faire sauter avec leur bombe ou leur avion). S’il n’y a pas le rapport de force… cause toujours.

Si la négociation (qui ne doit pas être une formalité !) échoue, il faut exclure. Montrer que ça ne passe pas aux filles concernées et à tous ceux et à toutes celles qui, de gré ou de force, seraient tentés de leur emboîter le pas. Logiquement, il faudrait une loi claire pour interdire les signes religieux ostentatoires, et pas seulement à l’école.



Une loi ?

Tout le problème est… qu’il est trop tard.

Le racisme, l’exclusion, la concentration de populations immigrées dans les cités, la dégradation de leurs conditions de vie, les discriminations à l’embauche et au logement, bref, tout ce qui caractérise les « banlieues » a fait son œuvre. Nombre des habitants des cités se sont repliés sur eux-mêmes, leur famille, leur cité, leur ville ou leur bande, en cercles concentriques. Et, au bout du compte, leur « communauté » et leur « religion ». Ce n’est heureusement pas encore définitivement joué. Mais, dans le contexte actuel, une loi sur le voile (c’est forcément ainsi qu’elle sera perçue même si elle englobe tous les signes religieux) serait ressentie comme une stigmatisation des « musulmans », aboutissant au résultat inverse à celui que nous souhaitons. Sauf si elle était réclamée par une fraction significative de la population issue des pays de tradition musulmane, une telle loi serait contre-productive.

Il est d’autant moins possible de cautionner une telle loi que le mouvement ouvrier est largement absents des cités. S’il y était intervenu systématiquement sur toutes les questions concernant les habitants des cités (racisme, interventions policières, transports, services publics, logement, cas concrets de sans-papiers, discriminations à l’embauche, etc), la situation serait peut-être différente. Il ne s’agit pas seulement des interventions locales quand des militants sont en situation de le faire mais d’une politique consistant à s’adresser aux habitants, à essayer de les organiser et à se faire aussi leur porte-parole. Inutile de récriminer, la situation n’est pas celle-là. Nos liens avec ces populations sont trop distendus pour que nous puissions endosser la responsabilité d’une loi sur le voile ou ne pas la combattre.

Pas question, pour autant, d’accorder une victoire politique aux intégristes et de laisser le voile s’installer à l’école. Ne reste donc, comme mesure d’urgence, qu’un texte (décret ou circulaire) précisant les dispositions de la circulaire Bayrou et donnant des consignes claires et impératives aux chefs d’établissements pour qu’au moins sur le front de l’école, ils reculent.

Pour autant, un tel texte ne suffira évidemment pas à régler toutes les questions (antisémitisme latent ou ouvert, mixité des piscines, ramadan obligatoire, oppression des femmes, refus des mariages mixtes, mariages « arrangés »).
Je persiste à penser que c’est en engageant de façon systématique et déterminée un travail politique en direction de la population des banlieues singulièrement de sa jeunesse, qu’on commencera à lui rendre la conscience de la nécessité et de l’efficacité de la lutte collective.

Barikad
 
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