Marine Le Pen chasse le Copé chez lui

Message par faupatronim » 30 Déc 2003, 11:41

(Libération @ mardi 30 décembre 2003 a écrit :
Marine Le Pen chasse le Copé chez lui
La tête de liste FN mise sur la grande banlieue pour récupérer les voix de la droite.
 
   
Par Christophe FORCARI




«Aujourd'hui, le FN transcende toutes les strates de la société, et l'image caricaturale qu'on nous a collée sur le dos est cassée.» Marine Le Pen  

Croix de Lorraine au revers du blouson, paquets de tracts à l'effigie de Jean-François Copé à la main, le militant UMP tombe dans les bras de Marine Le Pen et lui claque la bise. «Vous êtes formidable. Ils ont de la chance de vous avoir», lui lance-t-il. La plus jeune des trois filles du leader d'extrême droite jubile. «Si même ceux qui distribuent des tracts pour Copé m'apprécient...» Le responsable départemental de l'UMP et maire de Meaux, Ange Anziani, beaucoup moins. Il a réclamé l'exclusion de ce militant volage.

«Envahi». Ce samedi de décembre, Marine Le Pen ne boude pas son plaisir d'arpenter le marché couvert de Meaux, ville dont Jean-François Copé, la tête d'affiche UMP pour les régionales, a été le maire. «Ma mère était poujadiste, mon père était poujadiste puis lepéniste. C'est bien que vous vous présentiez parce qu'ici on commence à être envahi», lui dit le patron du bar Le Moussaillon en désignant d'un hochement de tête un groupe de jeunes beurs. Même un vendeur de vêtements d'origine maghrébine lui demande, en la tutoyant, la permission de l'embrasser : «Comme cela, je pourrai dire que j'ai fait la bise à Mme Le Pen.» Elle fait mine d'être bluffée par l'accueil chaleureux. «Vous avez vu ? Même devant les caméras de télévision, les commerçants n'hésitent plus à dire qu'ils vont voter pour nous.»

La nouvelle figure de proue du parti d'extrême droite pense se trouver en terrain conquis. Depuis le début de l'automne, la tête de liste du FN pour les régionales et les européennes en Ile-de-France laboure sans relâche les terres briardes de Jean-François Copé. Elle s'y aventure flanquée des deux régionaux de l'étape, Jean-François Jalkh, ancien député frontiste, et Marie-Christine Arnutu, conseillère régionale qui avait contribué à la défaite du porte-parole du gouvernement aux législatives de 1997. L'extrême droite étant en recul dans la capitale et stagnant dans la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine) depuis le milieu des années 90, Marine Le Pen est persuadée que c'est désormais dans les départements du pourtour de l'Ile-de-France (Val-d'Oise au Nord, Seine-et-Marne au Sud) qu'elle peut progresser le plus. Et engranger des voix à mesure que des problèmes de type urbain de délinquance ou de misère sociale pénètrent ces terres jusque-là apaisées. La candidate d'extrême droite cultive donc ces craintes pour engendrer un néolepénisme rural.

Ressemblance. Fin novembre, Marine Le Pen était à Provins, la ville du ministre de la Famille, Christian Jacob, puis, dans la foulée, à Melun. A chaque fois, des badauds lui font remarquer à quel point elle ressemble à son père. Jusque dans ses discours et la reprise des vieilles recettes. Pendant toute sa campagne présidentielle, Le Pen a tapé sur Jacques Chirac, négligeant Lionel Jospin. La fille fait de même. Elle a pris pour cible favorite le parti du gouvernement. «Nous sommes l'adversaire principal de l'UMP. J'accepte cette qualité.» Face à une «gauche en état de décomposition», elle ménage l'actuel président de la région, le socialiste Jean-Paul Huchon, «pour ne pas tirer sur une ambulance», et concentre ses attaques sur Jean-François Copé.

Après avoir trouvé fermées les portes du cimetière militaire de Provins ­ «en raison d'opérations techniques» ­ et celles de l'église Saint-Quiriace, elle n'hésite pas à crier au complot orchestré par le porte-parole du gouvernement. «Tout est bon pour nous empêcher de faire campagne», s'emporte Marine Le Pen qui se pose en victime. Une attitude habituelle au FN. Le soir à Melun, elle se fait un plaisir de «dénoncer les méthodes barbouzardes» de ce ministre d'un gouvernement «qui se prépare à une déroute électorale». Pour elle, l'objectif est d'améliorer le score réalisé par le parti d'extrême droite en 1998 (16,31 %). «Des 21 avril régionaux sont loin d'être inenvisageables», claironne-t-elle. Et de tabler sur le maire UDF d'Issy-les-Moulineaux, André Santini, pour affaiblir l'UMP et lui permettre de se hisser en deuxième position grâce à un score oscillant autour de 17 % à 18 %. Avec un programme frontiste pur jus. Totalement opposée «à toute forme de discrimination positive», elle juge nécessaire de tailler à grands coups de serpe dans le budget de la politique de la ville, bête noire du FN, et de créer un corps d'agents de sécurité rectoraux, présents dans les lycées et collèges, qui seraient payés par la région. «Aujourd'hui, le FN transcende toutes les strates de la société, et l'image caricaturale qu'on nous a collée sur le dos est cassée», prétend Marine Le Pen.

Dès le mois de janvier, la benjamine des filles du chef va enfourcher un nouveau cheval de bataille, déjà utilisé par Le Pen pendant la présidentielle, celui de «l'insécurité sociale». Plusieurs milliers d'affiches vont être tirées sur ce thème, histoire d'entretenir une atmosphère d'inquiétudes tous azimuts. Au même moment, le FN, censé procéder au dépoussiérage de son programme économique, a rappelé qu'il défendait la suppression de l'impôt sur le revenu et celle des droits de succession. Deux mesures qui ne profiteraient pas vraiment aux couches touchées par «l'insécurité sociale».

faupatronim
 
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Message par Fan_Bizet » 30 Déc 2003, 18:14

a écrit :Croix de Lorraine au revers du blouson, paquets de tracts à l'effigie de Jean-François Copé à la main, le militant UMP tombe dans les bras de Marine Le Pen et lui claque la bise. «Vous êtes formidable. Ils ont de la chance de vous avoir», lui lance-t-il. La plus jeune des trois filles du leader d'extrême droite jubile. «Si même ceux qui distribuent des tracts pour Copé m'apprécient...» Le responsable départemental de l'UMP et maire de Meaux, Ange Anziani, beaucoup moins. Il a réclamé l'exclusion de ce militant volage.



Pour ceux qui doutait encore de la perméabilité de la frontière entre droite et extrême droite...
Fan_Bizet
 
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