Une assemblée de politiciens bourgeois à Pétrograd en 1918 saluait la nuisance anarchiste contre le pouvoir.
Miloukok applaudit la révolte de Cronstadt.
Une autre question abordée :
Pourquoi le lumpenprolétariat est-il enclin à l'anarchisme ?
Parce ce que ce groupe social tend vers le communisme dans le domaine de la distribution (tout ce qui est à toi est à moi), sans se soucier de la production. L'anarchisme propose de commencer, précisément, par la réalisation de l'égalité dans la distribution. C'est ce dont le vagabond a besoin. Pendant cette période, il sera un anarchiste convaincu, mais quand il s'agit de production, les anarchistes pourront lui dire adieu.
[...]
Les groupes de chômeurs peu conscients qui se trouvent dans une situation critique sont beaucoup plus intéressés par la question de savoir comment améliorer leur situation actuelle, comment réaliser momentanément la répartition des réserves d'approvisionnement dans le pays, plutôt que de réfléchir à la tâche de destruction de l'ensemble du régime capitaliste et du chômage en général. [...] D'autant qu'il [l'anarchisme] ne combat pas l'aventurisme dans ce sens, et qu'il conseille aux masses de s'emparer du plus possible...
Preobrajensky loue le rôle des anarchistes au début de la révolution pour soulever les masses. Le tout est qu'ils passent le relais pour la suite, seulement capables de spontanéisme et d'activisme.
Il ne vaut pas la peine de payer un prix aussi élevé pour avoir le droit d'apprendre l'incohérence de l'anarchisme.
Le texte a des formulations datées ou grandiloquentes mais qui montrent, en creux, l'enthousiasme de l'époque après la victoire.
Avant de conclure, revenons au deuxième texte qui cite Fernando Pessoa, dans Le banquier anarchiste, montrant son mileu :
En période de décadence, tout le monde est anarchiste, ceux qui le sont et ceux qui se vantent de ne pas l'être. Car chacun se prend soi-même comme norme.
Farras s'en prend ainsi à l' « anarcho-libéral »* à la mode, nec plus ultra de l'apolitisme radical, un certain John Holloway, avec son livre au titre qui résume très bien : Comment changer le monde sans prendre le pouvoir. Un échantillon pas piqué des vers :
... il [Holloway] prétend ne pas savoir comment on peut « changer le monde sans prendre le pouvoir » : « Les léninistes savent ce qu'il faut faire, ou étaient habitués à le savoir. Nous, nous ne le savons pas. Le changement révolutionnaire est plus urgent que jamais, mais nous ne savons pas ce que signifie « révolution » [...] Nous avons perdu toute certitude, mais l'ouverture de l'incertitude est essentielle pour la révolution.
Et Farras, évoquant Thomas Kuhn :
Holloway devrait se souvenir de Kuhn avec un certain malaise : pour le physicien étatsunien, « rejeter un paradigme sans le remplacer par un autre revient à rejeter la science elle-même »
On termine par plus sérieux, même si ce qui précède montre le délitement politique de la période, avec les mots de Preobrajensky.
Déjà que le programme anarchiste tient dans un slogan :
A bas maintenant !
Et enfin :
Le chemin qui mène du capitalisme au communisme est long, ardu et difficile. Celui qui ne le comprend pas ne le raccourcira pas ; au contraire, seul celui qui comprend l'inévitabilité de la période transitoire peut raccourcir le chemin vers l'avenir en facilitant autant qu'il le peut l'avancée plus accélérée de chaque étape.
* : un « chanteur » plus doué pour dégueuler sur nous se vantait bien « anarcho-miterrandien »...
