Ernst Glaeser et "La paix"

[Byrrh]

Seule source que j'ai trouvée : Ernst Glaeser. Essai de biographie intellectuelle, thèse soutenue en 1988 sous la direction de Gilbert Badia… mais seulement disponible en version papier à consulter en bibliothèque universitaire, apparemment sans prêt ni reproduction possible ; pas très pratique, donc…

Cela dit, cette thèse est conservée en plusieurs exemplaires, répartis sur plusieurs universités : https://search.worldcat.org/fr/title/164777643

Et selon le CCFr de la BNF, les exemplaires des BU de Paris 3 Sorbonne Nouvelle et de Paris 8 Vincennes/Saint-Denis sont disponibles pour le prêt entre bibliothèques.

[gerard_wegan]

Une camarade s'est renseignée à la BU de Paris 8 : on lui a répondu que seule la consultation sur place est possible, sans possibilité de reproduction.
Pour ce que j'en sais, le prêt entre bibliothèques universitaires est soumis à des conditions assez restrictives... et si c'est pour seulement consulter sur place à l'arrivée, ça ne change pas grand-chose.
Reste effectivement la BNF ; c'est peut-être le plus pratique. Merci du tuyau, je n'y avais pas pensé.
Je regarderai ça à l'occasion...

[com_71]

...Que faut-il comprendre par « tout ça » ? La préface de Lionel Richard ?
Si c'est bien cela, je ne vois pas ce qui autorise ce jugement ! En tout cas pas le texte lui-même... Quant à l'auteur, je n'en sais guère plus que ce qu'en dit Wikipedia, mais je doute qu'un éditeur comme Maspero ait fait appel pour une préface à quelqu'un favorable au « camp impérialiste, militariste, colonialiste et anti-ouvrier » !

On ne peut non plus renvoyer Gilbert Badia dans ce camp, tout stalinien qu'il fût...

Rien dans la préface de Lionel Richard ne sort de la doxa commune du monde politique en France, sur les camps en présence dans la IIème guerre mondiale, la Résistance, etc... Droite, gauche, Parti socialiste, Parti communiste, et jusqu'à une bonne partie de l'extrême-gauche, tout le monde se réclame du camp des "libérateurs". Mais, au décours de la IIème guerre mondiale, a-t-on vu autre chose en France et bien ailleurs, que la consolidation, au nom d'une prétendue démocratie, d'un appareil d'état impérialiste, militariste, colonialiste et anti-ouvrier.

Les adaptations à "l'air du temps" avaient été à l'avance combattues par Trotsky, par exemple dans le manifeste d'Alarme de mai 1940 qui se terminait ainsi :

En même temps nous n'oublions pas un instant que cette guerre n'est pas notre guerre. Contrairement à la Il° et la III° Internationales, la IV° Internationale construit sa politique non sur les fortunes militaires des États capitalistes mais sur la transformation de la guerre impérialiste en une guerre d'ouvriers contre les capitalistes, pour le renversement des classes dirigeantes de tous les pays, la révolution socialiste mondiale. Les changements des lignes de front, la destruction des capitales nationales ne représentent de ce point de vue que des épisodes sur la route pour la construction de la société moderne.

Indépendamment du cours de la guerre, nous remplirons notre tâche fondamentale : nous expliquons aux ouvriers que leurs intérêts et ceux du capitalisme assoiffé de sang sont irréconciliables. Nous mobilisons les travailleurs contre l'impérialisme. Nous propageons l'unité des travailleurs dans tous les pays belligérants et neutres; nous appelons à la fraternisation des ouvriers et des soldats dans chaque pays, et des soldats avec les soldats de l'autre côté de la ligne du front. Nous mobilisons les femmes et les jeunes contre la guerre. Nous menons un travail constant, persistant, inlassable de préparation à la révolution ‑ dans les usines, les ateliers, dans les villages, dans les casernes, au front et dans la flotte.

Tel est notre programme. Prolétaires du monde, il n'y a pas d’autre issue que de vous unir sous le drapeau de la IV° Internationale !

https://www.marxists.org/francais/trots ... 00523a.htm

[gerard_wegan]

Droite, gauche, Parti socialiste, Parti communiste, et jusqu'à une bonne partie de l'extrême-gauche, tout le monde se réclame du camp des "libérateurs". Mais, au décours de la IIème guerre mondiale, a-t-on vu autre chose en France et bien ailleurs, que la consolidation, au nom d'une prétendue démocratie, d'un appareil d'état impérialiste, militariste, colonialiste et anti-ouvrier.

Certes, mais quel rapport avec la discussion sur l'évolution politique de Ernst Glaeser, de compagnon de route du Parti communiste à "rallié" (avec les nuances que Lionel Richard apporte sur ce point) au régime nazi à partir de 1939 ?

Rien dans la préface de Lionel Richard ne sort de la doxa commune du monde politique en France, sur les camps en présence dans la IIème guerre mondiale, la Résistance, etc...

Non, effectivement... voire évidemment, pour la simple raison que le texte ne parle nullement de cela ! Sur la guerre et l'après-guerre, il se borne à donner quelques indications sur ce qu'a fait et qu'en a dit Ernst Glaeser...

[com_71]

Je remarque tout de même une différence entre ce que dit Lionel Richard : "...devient rédacteur d’un journal de l’armée allemande en Sicile" et ce que dit Le Monde : "...se [voit] confier par la suite en Sicile la rédaction d'un journal de la Wehrmacht".

La lecture des articles siciliens - sur quels sujets ? - de E. Glaeser pourrait préciser le degré d'opprobre qu'il mérite.

[gerard_wegan]

Je remarque tout de même une différence entre ce que dit Lionel Richard : "...devient rédacteur d’un journal de l’armée allemande en Sicile" et ce que dit Le Monde : "...se [voit] confier par la suite en Sicile la rédaction d'un journal de la Wehrmacht".

Mouais... cela indique seulement que le journaliste du Monde n'a pas exactement fait un copier-coller de la préface qu'il commente ! [*] Au risque certes d'introduire une subtile différence, mais dont je ne vois pas trop ce que Com entend déduire par rapport à la question centrale du ralliement de Glaeser au régime allemand après 1939 (avec, pour rappel, les nuances que Lionel Richard lui-même apporte à ce ralliement).

La lecture des articles siciliens - sur quels sujets ? - de E. Glaeser pourrait préciser le degré d'opprobre qu'il mérite.

Certes, mais il ne s'agit bien que de degré, passer de compagnon de route du PC à rédacteur ou responsable de la rédaction d'un journal de la Wehrmacht n'étant de toute façon pas anodin quant au positionnement politique.
Sur le conseil de Byrrh, j'ai fait à la BNF une demande de reproduction de la thèse mentionnée sur Glaeser. Si la demande aboutit, il y aura peut-être matière à préciser ledit degré...

[*] On trouve cela tous les jours dans toute la presse, y compris sans doute d'extrême gauche, Lutte ouvrière incluse... So what?

[gerard_wegan]

Sur le conseil de Byrrh, j'ai fait à la BNF une demande de reproduction de la thèse mentionnée sur Glaeser. Si la demande aboutit, il y aura peut-être matière à préciser ledit degré...

La thèse datant de 1988, elle n'est pas dans le domaine public, donc la BNF refuse la reproduction sans autorisation de l'auteur ou de ses ayants droit. Je tente de l'obtenir, mais ce n'est pas gagné !

[gerard_wegan]

Sur le conseil de Byrrh, j'ai fait à la BNF une demande de reproduction de la thèse mentionnée sur Glaeser. Si la demande aboutit, il y aura peut-être matière à préciser ledit degré...

La thèse datant de 1988, elle n'est pas dans le domaine public, donc la BNF refuse la reproduction sans autorisation de l'auteur ou de ses ayants droit. Je tente de l'obtenir, mais ce n'est pas gagné !

N'ayant pour l'instant pas réussi à me procurer une reproduction de la thèse, je suis allé la lire à la BNF. Lecture galère, sur microfiches, mais qui valait le déplacement...
Je reviendrai peut-être plus tard sur différents aspects intéressants de la biographie de Glaeser (ses liens puis sa rupture avec le KPD, sa vie en Allemagne jusqu'à son départ fin 1933, ses rapports avec l'“émigration littéraire” allemande pendant son exil en Suisse, ses relations avec le consulat général d'Allemagne à Berne avant son retour en 1939, son existence jusqu'à son incorporation dans la Wehrmacht début 1941, puis après-guerre...) ; juste quelques mots ici sur son activité dans la presse militaire nazie.
D'après les indications de René Geoffroy (de qui je reprends ce qui suit), Glaeser est allé plus loin que le principal personnage de son roman d'après-guerre, Grandeur et misère des Allemands (rapprochement fait par Lionel Richard dans sa préface à La paix, chez Maspero). Il n'a en effet pas seulement été rédacteur en chef adjoint de Adler im Süden, organe de propagande publié à partir de janvier 1942 pour les troupes en Italie [1]. Auparavant, avec 67 articles dans 64 des 129 numéros de Adler im Osten, toujours en première page, Glaeser fut l'un des principaux éditorialistes de ce journal du front de l'Est, entre juin et novembre 1941. René Geoffroy souligne que, dans les articles qu'il avait publiés dans la presse civile jusque début 1941, après son retour en Allemagne, Glaeser s'était "abstenu de tout propos belliqueux ou raciste" qui lui aurait pourtant valu les faveurs du régime ; mais, une fois engagé sur le front de l'Est, il mit son talent littéraire au service de la propagande nazie dans la guerre contre l'URSS. Le mieux est de citer ici quelques extraits de la thèse de René Geoffroy : voir fichiers joints aux messages suivants (photos prises à partir du lecteur de microfiches, donc texte parfois peu lisible).

[1] https://www.archivportal-d.de/item/ZQ2S ... 5T7SR34NVV
[2] https://www.archivportal-d.de/item/2GOA ... OSQ5L4CYBG

[gerard_wegan]

Extrait 1

[gerard_wegan]

Extrait 2