Cyrano a écrit :Comment broder autour du néant
Lorsqu'on s'ennuie dans sa chambre d'étudiant
et en vers, svp! en plus.
C'est vrai que je n'ai pas très bien compris de quoi ça causait.
Et encore! y'avait un lien vers un texte de Lordon. Sinoue ça mériterait que tu rajoute un vers (en mode Mallarmé).
Je suis quand même en train de lire les textes, et je tiens à en citer un passage du 3ème sur "la démocratie conseilliste..."
Aujourd’hui, les tendances profondes de l’époque impérialiste à la guerre, aux crises et aux révolutions, telles que définies par Lénine, réapparaissent au premier plan [1]. Parallèlement, comme le souligne Fredric Jameson, il semble toujours « plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ». Cela s’explique en grande partie par la crise que traverse le projet socialiste révolutionnaire. Parmi ses causes, on pourrait en souligner trois principales. Premièrement, le discrédit dont ce projet a souffert du fait du stalinisme, avec les dictatures bureaucratiques parasitaires des anciens États ouvriers qui ont fini par passer avec armes et bagages à la restauration capitaliste. Deuxièmement, le rôle joué par la social-démocratie et les divers mouvements nationalistes bourgeois qui prétendaient défendre une certaine idée de socialisme. Dans de nombreux cas, ils se sont directement soumis aux politiques néolibérales. On songera ainsi au chavisme qui se présentait comme l’incarnation du « socialisme du 21e siècle », mais qui incarnait en réalité un courant étatiste bourgeois qui, à son apogée, s’est partiellement affronté à l’impérialisme mais qui poursuit actuellement une politique néolibérale agressive. Troisièmement, les quatre décennies de domination néolibérale qui n’ont pas été sans effet sur la subjectivité des masses.Tout d'abord on constate que cette vision s'écarte de celle de Trotsky: si on se fait battre dans cette lutte de classe, c'est la faute de nos adversaires, ce n'est nullement dû à "une crise de la direction révolutionnaire". C'est de la faute aux autres, pas à nous-mêmes.
Ca rejoint une discussion que j'ai eu "récemment" avec un pote de cette organisation RP. On revenait sur le mouvement contre la réforme des retraites, et on divergeait à savoir à qui en attribuer l'échec (notre échec). Déjà on n'était même pas d'accord à savoir si c'était un échec encourageant ou pas. Pour lui, c'est encourageant car le mouvement a rassemblé des masses que l'on n'a rarement compté si nombreuses. Mais pour moi, les chiffres, on leur fait dire ce qu'on veut. J'ai fait presque toutes les journées d'action, des fois en point fixe, des fois en y accompagnant qqun dans son cortège... ma petite impression personnelle est de constater un faible taux de révolte: "certes on vient manifester car cette réforme est dégueulasse, mais au fond on ne croit pas trop à notre victoire". Je ne trouve pas que ce mouvement a donné un élan d'espoir au sein de notre classe en vue des combats futurs; contrairement à ce que prétend RP dans nombre d'articles.
Pour en revenir à la responsabilité de l'échec. Il me disait que c'est "mal" d'en attribuer la faute aux travailleurs, que c'est bien la direction traîtresse des syndicats qu'il faut accuser, c'est le principal enseignement que doivent en tirer les travailleurs afin de préparer les luttes futures. Déjà je trouvais qu'il avait une curieuse tendance à se placer d'une façon extérieure aux "travailleurs": oui c'est de notre faute si on a perdu, on est mal organisés et surtout pas assez conscients de nos forces. Certes les directions syndicales n'ont aucunement envie d'en découdre jusqu'au bout, mais c'est une surprise pour qui? Le taux de syndicalisation est tellement bas que ces directions ne représentent pas de réelle boussole pour les travailleurs. On entend justement fréquemment des collègues railler ces organisations "corrompues", ou alors "bien au chaud".
Bref, la conversation chauffant, je lui dis que sa façon de voir les choses est typiquement "bureaucrate", croire que c'est de la faute des syndicats si leur stricte cadre n'a pas été dépassé, c'est non seulement voir les choses "de haut en bas", mais aussi ne pas avoir en la force réelle des travailleurs. Non, si ce mouvement est une défaite cuisante, c'est de la faute à notre classe, qui n'arrive pas à se structurer de façon raisonnée. Certes ça s'explique... par l'ensemble de l'histoire du mouvement ouvrier (Stalinisme...), mais aussi par nos directions ouvrières actuelles qui ne sont que le reflet de l'état de conscience de notre classe... bref, on ne le répétera jamais assez "L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes". ^^