Pour Kéox2:
Oui, c'est étonnant.
Enfin, moi, je découvrais. C'est le livre idéal pour les vieux cons boomers qui vont retrouver le romantisme de jeunes garçons et filles de 15 à 20 ans, ce que nous avons goûté les uns, unes, les autres. – et ça fait du bien, bordel!
Alors, achetez le bouquin. Tiens, grand prince, je rajoute un p'tit bout?
Les conditions d'existence de ces groupes éphémères de jeunes sont très compliquées. En URSS, pas le droit de disposer d'une machine à écrire. Les tracts sont manuscrits : quatre tracts collés sur un mur (à la mie de pain!) et la police est en transe… Une police stalinienne qui est partout, avec de grandes oreilles, et des dénonciateurs empréssés. Les interrogatoires sont musclés, même très musclés. Au bout des interrogatoires (parfois un an), c'est le dos au mur ou le goulag.
Le groupe "Parti Communiste de la Jeunesse" avec Anatoli Gigouline, lui, n'a jamais diffusé de tracts ni collé la moindre affiche. L'activité "anti-soviétique et terroriste" s'est limitée à un petit et prudent recrutement et à des soirées de discussions. Dans son livre, cité par Jean-Jacques Marie, Anatoli Gigouline fanfaronne un peu, mais il ne manque pas d'allure, le bougre, en reparlant en 1988 de son enthousiasme lorsqu'il n'avait pas encore 20 ans, en 1948:
Pendant ces dix mois, dont cinq se sont écoulés à travailler sous la menace des arrestations, nous avons réussi à créer, dans des conditions excessivement difficiles, une organisation maixiste-léniniste antistalinienne, comptant dans ses rangs plus de cinquante personnes prêtes à porter au peuple les idées de Lénine et la critique de Staline. Est-ce si peu ?
Cinquante, oui, cinquante personnes ont pris conscience que la déification cle Staline était contraire à l'esprit du léninisme et la moitié de ces cinquante personnes ont connu les chambres de torture, les prisons, les camps d'extermination. Est-ce si peu ?
L'étude de Marx et de Lénine, la parution de journaux clandestins, est-ce si peu ?
Et notre programme qui prévoyait, avant toute chose, de rétablir dans le pays les normes léninistes de la démocratie dans le Parti – et de la démocratie tout court – en inculquant ces idées aux masses…
Est-ce si peu ?
Le récit de Anatoli Gigouline est paru dans une revue russe en juillet et août 1988. On est donc sous la glasnost et perestroïka patati-patata. Mais les résultats très modeste, voire même évanescents, du Parti Communiste de la Jeunesse sont encore trop, quarante ans après. Le procureur de Voronej refuse l'accès au dossier et les staliniens russes consacrent trois numéros d'une revue à dénoncer la toxicité du récit de Gigouline.
Etait-ce si peu?