Le gouvernement italien vient enfin de décider l'arrêt de "toute activité productive non essentielle".
https://www.youtube.com/watch?v=CVRBoe_ut-0Le confinement en FranceJe ne suis pas trop d'accord avec LFuego sur la question du confinement, c'est un élément important de la protection, parmi d'autres. Mais son efficacité est largement entamée par le reste : quel sens ça peut avoir de se confiner chez soi dans une famille dont un ou plusieurs membres partent tous les jours au contact du virus dans l'hôpital, le supermarché ou pire, l'usine de produits inutiles où il(s) travaille(nt) ? Et surtout, quel crédit y accorder si l'argument est à géométrie variable et si le confinement dépend du bon vouloir des patrons ?
Je suis néanmoins d'accord avec LFuego sur le fait que pour qu'une mesure soit efficace il faut qu'elle soit concrètement applicable et acceptable et que le mieux est parfois l'ennemi du bien. Je ne sais pas quelle conclusion pratique il faut en tirer en l'occurrence pour l'épidémie de Covid19, mais bien d'autres épidémies l'ont déjà démontré. Quand la transmission d'Ebola s'accélère grâce aux rites mortuaires, il vaut mieux permettre la poursuite des rites en question mais avec masques et gants et toutes protections adéquates, que d'interdire carrément les funérailles et que les familles se mettent à cacher leurs morts aux autorités et à pratiquer leurs rites en douce... Il faut donc procéder avec un peu d'intelligence pour que la population s'approprie le mieux possible les règles à respecter. Ce n'est pas le cas ici.
Les masquesLa gestion des masques est parfaitement scandaleuse. On en manque, donc on explique que ça n'est pas utile... C'est dingue ! Toute protection est bonne à prendre, même insuffisante. Des masques vont finir par arriver, sans doute, car les petites usines françaises tournent à fond et car la Chine en fournit des quantités à la France. Mais des personnels de santé ou des caissières en manquent cruellement et des individus en trouvent, puisqu'on voit des masques lorsqu'on sort faire ses petites courses. Chez nous, nous en avons quelques-uns parce que ma compagne fait le ménage chez une infirmière libérale qui en a suffisamment et qui lui en donne ! Mais je ne serais pas surpris qu'il y ait déjà de la contrebande de masques. Dans ces conditions, il vaut mieux arrêter des activités non indispensables où les gens se côtoient, usines, centres d'appel etc., que de les poursuivre en donnant à tout le monde des masques qui vont manquer ailleurs. Mais dès qu'il y aura suffisamment de masques, c'est toute la population qui devrait pouvoir en disposer.
Même chose pour les gels et solutions hydroalcooliques, quoiqu'on en trouve un peu, épisodiquement.
Les diagnostics et les traitementsLa sous-capacité en matière de production de tests de diagnostic est patente et incroyable lorsqu'on sait que la France abrite l'un des leaders mondiaux du test de diagnostic de maladies infectieuses, BioMérieux. La Chine, la Corée et l'Allemagne ont été capables de faire bien mieux. Cela me rappelle l'époque du VIH et du sang contaminé où on a retardé l'utilisation des tests Abbott américains le temps que les tests français soient prêts. Je me demande s'il n'y a pas de ça car, comme à l'époque, les tests français de BioMérieux sont en retard sur ceux du Suisse Roche, de l'Américain BecktonDickinson etc.
https://www.challenges.fr/entreprise/sa ... 4866090001La chloroquine, ses dérivés et les autres médicaments anciens ou récentsCela ne fait pour moi aucun doute que la bonne démarche doit s'appuyer (en plus des autres mesures) sur l'utilisation large des tests d'une part, des traitements d'autre part. C'est quand même incroyable qu'on ait laissé mourir des tas de gens sans tenter de leur donner un traitement possiblement efficace, quitte à faire en l'occurrence un "essai clinique grandeur nature" dans la population touchée. C'est clairement une perte de chance pour tous ceux qui sont hospitalisés, qu'ils soient en réanimation ou pas.
Non, il a fallu que l'équipe de Marseille se débrouille avec ses moyens limités pour faire un essai sur 24 personnes, ce qui est déjà compliqué et coûteux car habituellement ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui font la majorité des essais cliniques et là aucun ne veut en prendre la responsabilité pour de vieilles molécules bon marché qui ne sont plus protégées par des brevets. Mais bon, si vous acceptez de faire les essais avec vos propres deniers, les labos veulent bien vous fournir gratuitement des échantillons du produit... Quelle générosité !
Sans financement à la hauteur et sans moyens supplémentaires, l'équipe de Marseille n'a aucune possibilité de faire un essai de plus grande ampleur. Elle a néanmoins fait cet essai-là qui n'est pas le premier mais s'ajoute aux essais chinois regardés avec mépris par certains. Donc oui l'effectif est insuffisant, mais l'essai fournit des indices supplémentaires que le produit semble une bonne piste.
Ensuite, il y a un enjeu autour des molécules. La chloroquine (phosphate ou sulfate tel que la Nivaquine) est en voie de disparition comme je l'ai déjà expliqué et il n'y a donc pas assez de stock. L'usine Famar Lyon, sous-traitant de Sanofi qui doit fermer définitivement en juillet, a produit ses derniers lots en janvier. L'usine Maphar (49% Sanofi, 51% CFAO) de Zenata au Maroc en produit un peu car c'est un site où Sanofi avait concentré ses médicaments contre le paludisme à destination de toute l'Afrique ; le gouvernement marocain vient de réquisitionner toute la production pour les besoins du Maroc, ce qui est bien fait pour Sanofi d'une part mais va "sécher" bien des pays d'Afrique sub-saharienne d'autre part. Cela donne quelques arguments aux syndicalistes de Famar Lyon pour réclamer la réquisition de leur usine par l'Etat - ce n'est pas le moment de fermer des usines de médicaments - et ils viennent d'enregistrer une ou deux interviews qui devraient sortir demain lundi.
Vu que la chloroquine est en pleine déroute, il a fallu chercher ailleurs et un dérivé qui s'appelle l'hydroxychloroquine (nom commercial Plaquenil de... Sanofi), surtout utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde, et qui lui n'est pas en voie de disparition. Principe actif synthétisé dans l'usine chimique de Sanofi à Ujpest (Hongrie) en cours d'externalisation... Comprimé fabriqué dans l'usine espagnole de Sanofi à Riells (Espagne). C'est ce produit que l'équipe marseillaise a été de fait obligée de préférer à la chloroquine pour des raisons de disponibilité et depuis, Sanofi a promis d'en fournir gratuitement quelques millions de boîtes. Sauf que, à ma connaissance, du fait de toutes les restructurations passées qui ont fermé des sites et concentré leur production sur ceux qui restaient, Riells est pleine à craquer et n'a pas beaucoup de possibilités de monter en puissance sur le Plaquenil sauf à le faire au détriment d'un autre médicament. (Ce qui peut quand même s'envisager)
Il y a d'autres vieilles molécules qui semblent présenter un intérêt contre le virus du Covid19, notamment certains antibiotiques. Celui qui semble le plus efficace pour l'instant est l'azithromycine, une molécule issue de la recherche pharmaceutique en Croatie dans les années 1970-80 donc à l'époque de l'ancienne Yougoslavie. Après avoir été cédée en licence à Pfizer dans le reste du monde, elle a fini par tomber dans le domaine public et peut être copiée aujourd'hui. Plusieurs usines dans le monde en produisent (dont Famar Lyon en France !)
Mais pour les laboratoires il y a aussi un enjeu à démontrer l'efficacité de molécules récentes et beaucoup, beaucoup plus chères. C'est ce que fait Sanofi, encore lui, en tentant de montrer avec son allié américain Regeneron l'efficacité d'un anticorps injectable, le sarilumab (nom commercial Kevzara), utilisé lui aussi dans la polyarthrite rhumatoïde. Là, on n'est plus à quelques euros la boîte de 20 ou 30 comprimés d'un vieux médicament que tout le monde a le droit de copier, mais à 800 euros la boîte de 2 seringues d'un médicament protégé par brevet... Ce qui pose un autre type de problème s'il doit y avoir une utilisation large en France et a fortiori dans les pays pauvres.
Le vaccinC'est bien sûr une piste essentielle même si on ne sait pas encore dans quelle mesure. Si Sanofi avait poursuivi le développement de son vaccin contre le SRAS entamé en 2002-2003, au lieu de l'arrêter du fait de la disparition de l'épidémie, on saurait au moins si ce vaccin produit une immunité chez l'homme, pendant combien de temps et s'il a des effets secondaires. Là, il faut faire tout ce travail ce qui fait perdre au moins 6 mois voire 1 an à la recherche. Donc, sans doute pas de vaccin avant 1 an 1/2 au moins. On aura sans doute le temps de vivre un deuxième épisode de Covid19 à l'hiver 2020-21 avant d'en disposer... en admettant que les résultats soient bons.
La bonne nouvelle c'est que le virus du Covid19 mute assez lentement et donc un vaccin a de bonnes chances de garder davantage d'efficacité au cours du temps que le vaccin grippal qu'il faut refaire chaque année à cause de la mutation accélérée des virus de la grippe.
Ce qu'on ignore, par ailleurs, c'est combien de temps dure l'immunité des personnes qui ont contracté le Covid19 et ont guéri. Visiblement cela dure plusieurs semaines, mais si cela s'estompe en 1 an ce serait une mauvaise nouvelle et si cela se garde toute la vie ce serait une excellente nouvelle.
Ceux qui travaillent sur les vaccins ne sont pas si nombreux et peut-être que, après une mise à disposition initiale de quelques millions de doses gratuites, un bras de fer sur le prix va devoir s'engager avec les autorités de santé, ce ne serait pas la première fois.