Nathalie Arthaud parle des autoentrepreneurs

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Message par Indesit » 20 Avr 2012, 15:06

Bonjour

l'interview figure dans un lien dans l'article.

Le problème posé est celui de l'attitude des CR envers le travail indépendant. Si je comprends la position de fond, elle est peut-être exprimée d'une manière trop doctrinale et peut par conséquent être mal comprise par les intéressés.

à bientôt

Indesit

http://www.federation-auto-entrepreneur.fr...-rues-de-mexico.


En déplacement pour la présentation de la liste de Lutte Ouvrière pour les régionales en Auvergne, la candidate aux élections présidentielles de 2012 Nathalie Arthaud a été interviewée à Montluçon, dans l’Allier. Elle a notamment donné son avis sur les auto entrepreneurs en les comparant a des enfants de 8,10 ou 12 ans dans les rues de Mexico qui vendent des chewing-gums à l’unité !

La question de départ était assez générale : « Madame Athaud, le statut auto entrepreneur, qu’est-ce que vous en pensez ? Concrètement, il est interdit par la caisse nationale de l’URSSAF de communiquer des chiffres. Est-ce que vous, vous avez des informations puisque localement on n’en a pas ? »

Ce à quoi la candidate Nathalie Arthaud a alors répondu : « Si j’ai bien compris, il y a très peu d’auto-entrepreneurs qui arrivent à vivre des recettes de leur activité, que c’est plutôt le reflet finalement du chômage, des licenciements. C’est sûr que quand on est licencié, quand on se retrouve sans rien pour vivre, et bien on essaie de monter sa petite affaire. Alors il y a un nombre de pizzas ambulants qui s’est démultiplié partout dans les coins de rues, mais je ne crois pas que c’est avec ça qu’on vit. Et puis vous savez, l’auto entrepreneuriat, vous allez à Abidjan, vous allez à Mexico, des auto entrepreneurs vous en avez dans toutes les rues : ils ont 8 ans, ils ont 10 ans, ils ont 12 ans, ils vendent des chewing-gums à l’unité, et c’est pas pour ça qu’ils en vivent. Moi je crois plutôt que c’est le reflet de l’appauvrissement de la société et du fait de la catastrophe sociale ».

Voici l’interview intégrale donnée au journal La Semaine de l’Allier (5ème minute) :

Madame Arthaud compare de manière générale les auto entrepreneurs aux enfants pauvres des rues de Mexico ou d’Abidjan qui vendent des chewing-gums à l’unité... La FEDAE trouve que ces propos :

* sont particulièrement dégradants et irrespectueux pour tous les autoentrepreneurs qui créent de la valeur
* sont caricaturaux

* omettent de parler de ceux qui se remettent sur pied après un échec ou un licenciement et reprennent confiance en eux
* oublient ceux pour qui l’auto entrepreneur est un complément d’activité non négligeable dans leurs revenus
* ne tiennent pas non plus compte de ceux pour qui cette étape est nécessaire et transitoire avant de développer leur entreprise avec un autre régime

Source Autoentrepreneur Info
Indesit
 
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Message par pedro » 20 Avr 2012, 15:20

Oui, enfin, si j'ai bien compris, quand même, s'est un statut qui camoufle plutôt mal une situation de précarité et de presque-chômeur.
pedro
 
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Message par yannalan » 20 Avr 2012, 15:21

Je pense que N. Arthaud est simplement réaliste. Je connais ce statut, beaucoup se font avoir et ça sert surtout à diminuer les stats de chômage. D'un autre côté, pour démarrer une activité c'est pratique, mais c'est une concurrence déloyale pour les artisans qui paient leurs charges plein pot.
yannalan
 
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Message par jeug » 20 Avr 2012, 16:07

Parce quand on exprime des idées communistes on est doctrinal.
Et quand on exprime des idées capitalistes on est réaliste.
C'est donc pas compliqué, d'être réaliste.

Edit : Argh ! Je réponds à un message, et ensuite ce dernier disparaît ! C'est malin.
jeug
 
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Message par Matrok » 20 Avr 2012, 19:12

Je connais quelques cadres, des docteurs en chimie ou en biologie, qui sont devenus auto-entrepreneurs pour louer leurs services sur des missions ou comme consultants à des entreprises. Pas des vendeurs de pizzas, donc, mais bien des travailleurs précaires, bien que sur-diplomés. L'autre solution, différente du point de vue des impôts ou de l'URSSAF mais semblable pour ce qui est de l'exploitation, c'est le portage salarial. Toutes ces pseudo-solutions ne sont en fait que du travail précaire organisé, la pire pour le travailleur qui serait tenté étant souvent le statut d'auto-entrepreneur. Et ça, la "fédération des auto-entrepreneurs" ne le dira jamais : leur but est de faire de la pub pour ce système, pas d'informer réellement à ce sujet.
Matrok
 
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Message par Indesit » 02 Août 2012, 12:57

(Matrok @ vendredi 20 avril 2012 à 19:12 a écrit : Je connais quelques cadres, des docteurs en chimie ou en biologie, qui sont devenus auto-entrepreneurs pour louer leurs services sur des missions ou comme consultants à des entreprises. Pas des vendeurs de pizzas, donc, mais bien des travailleurs précaires, bien que sur-diplomés. L'autre solution, différente du point de vue des impôts ou de l'URSSAF mais semblable pour ce qui est de l'exploitation, c'est le portage salarial. Toutes ces pseudo-solutions ne sont en fait que du travail précaire organisé, la pire pour le travailleur qui serait tenté étant souvent le statut d'auto-entrepreneur. Et ça, la "fédération des auto-entrepreneurs" ne le dira jamais : leur but est de faire de la pub pour ce système, pas d'informer réellement à ce sujet.

Salut,


ton discours est un peu caricatural.

En fait tout dépend de ce que tu entends par précaire : en fait, si tu entends par là toute activité où le revenu n'est pas garanti, tu peux mettre sous ce vocable n'importe quelle activité commerciale ou civile, libérale, agricole ou artisanale, puisque le revenu de l'exerçant dépend du chiffre d'affaires et donc n'est par nature pas garanti.

Donc la notion de "précariat", qui renvoie à un statut de salarié, me paraît un peu inexacte concernant une activité exercée en indépendant.

Dans tous ces statuts, il y a possibilité de requalification en contrat de travail par le juge si celui-ci estime qu'il y a lien de subordination entre le donneur d'ordre et le prépose. Le lien de subordination est en effet un des critères du contrat de travail. Si le juge estime que le contrat entre un donneur d'ordre et un préposé dissimule en fait un lien de subordination, alors il y a requalification en contrat de travail avec droit au chômage en cas de rupture du contrat à l'initiative du donner d'ordre ou commettant.

Après, évidemment, de fait quand un chômeur s'installe en AE cela peut être considéré comme du camouflage. Toutefois, ce n'est pas complètement vrai puisque tu peux cumuler les deux statuts, sous certaines conditions d'exercice et de durée.

Enfin l'avantage du statut d'AE est un régime fiscal et social relativement favorable par rapport à un entrepreneur classique, et aussi à un salarié. Le prélèvement fiscal libératoire est très avantageux, car tu ne paies l'impôt sur le revenu qu'à un taux réduit et non progressif.


Cordialement,

Indesit
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Message par chuck » 05 Août 2012, 07:41

Je confirme ce que dit Matrok. Dans un labo de recherche où j'ai travaillé j'ai pu voir le système à l'oeuvre : un chef d'équipe qui se payait les services d'un ingénieur en statut d'auto-entrepreneur. Le gars était passé, pour faire le même travail, par des status divers comme post-doc, CDD, et finalement le statut d'auto-entrepreneur.

Ce qui est pratique pour un patron, c'est qu'il négocie directement combien il paye son "auto-entrepreneur", et évidemment il ne paye pas de cotisations sociales puisque ce n'est pas considéré comme un salaire mais comme de la prestation de service. Après, je ne sais pas si l'auto-entrepreneur est tenu de payer les cotisations patronales, mais s'il le fait, c'est en tout cas à sa charge.

Enfin clairement, ce statut permet de se passer d'agences d'intérim et d'exploiter directement sa main d'oeuvre qui n'a aucune protection chômage. Encore un moyen d'optimiser les coûts de main d'oeuvre.
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Message par Ottokar » 05 Août 2012, 15:49

Bien sûr que l'auto entrepreneur paye des cotisations ! Si en tant que salarié il avait 2500 € en tant qu'auto-entrepreneur, il doit avoir quelque chose comme 4000 € pour toucher l'équivalent... ! Et je suis sûr que cela coûte au total moins cher à l'employeur... surtout s'il joue à "l'augmenter" de 2500 (salarié) à 3000 (entrepreneur) !
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Message par Indesit » 06 Août 2012, 13:25

(chuck @ dimanche 5 août 2012 à 07:41 a écrit : Je confirme ce que dit Matrok. Dans un labo de recherche où j'ai travaillé j'ai pu voir le système à l'oeuvre : un chef d'équipe qui se payait les services d'un ingénieur en statut d'auto-entrepreneur. Le gars était passé, pour faire le même travail, par des status divers comme post-doc, CDD, et finalement le statut d'auto-entrepreneur.

Ce qui est pratique pour un patron, c'est qu'il négocie directement combien il paye son "auto-entrepreneur", et évidemment il ne paye pas de cotisations sociales puisque ce n'est pas considéré comme un salaire mais comme de la prestation de service. Après, je ne sais pas si l'auto-entrepreneur est tenu de payer les cotisations patronales, mais s'il le fait, c'est en tout cas à sa charge.

Enfin clairement, ce statut permet de se passer d'agences d'intérim et d'exploiter directement sa main d'oeuvre qui n'a aucune protection chômage. Encore un moyen d'optimiser les coûts de main d'oeuvre.


Bonjour,

qui a dit le contraire ? Simplement, là où votre discours est réducteur, c'est de réduire l'auto-entreprenariat à un salariat camouflé. Cela existe malheureusement, mais ce n'est pas que ça non plus.

De plus j'ai l'impression que vous voyez tout de vos labos de recherche, or la société dans toute sa richesse ne se réduit pas aux labos de recherche, si méritoires soit le travail de ces derniers.

Au nom du même argument, il faudrait lutter contre le statut des droits d'auteur au motif que cela permet de contourner le salariat (ce qui se produit pourtant parfois comme je l'ai vu dans le monde de la presse) !!!

L'AE permet à des gens de lancer leur boîte plus facilement. En particulier de petits artisans, des gens qui veulent se lancer dans les activités de traduction ou de prestation de services. Ils peuvent ainsi le faire dans de meilleurs conditions que s'ils devaient lancer une SARL par exemple notamment parce qu'il n'y a pas de plancher de charges sociales.

Par exemple un mec qui s'emmerde dans son boulot, qui se passionne pour la poterie, qui a un vrai talent sans pouvoir se lancer en artisan, eh bien s'il peut lancer une affaire de poterie et gagner quelques sous en assouvissant sa passion, eh bien moi je dis banco et je ne suis pas un affreux ultra-libéral pour autant. Il gagne quelques sous, il fait profiter la société et ses clients de ses talents, je ne vois pas ce qu'il y a de mal là-dedans. Je ne vois pas pourquoi on enfermerait les gens dans le salariat si par ailleurs ils peuvent s'épanouir dans un autre boulot.

De plus, cela peut permettre à un chômeur par exemple de lancer une petite activité et de reprendre pied dans le monde du travail ; il est faux de dire que l'AE c'est du chômage camouflé puisque les deux statuts (demandeur d'emploi et AE) sont cumulables.

De plus l'objectif proclamé du statut était de légaliser des tâches faites au noir auparavant, là c'est plutôt une bonne chose : des revenus qui auparavant n'auraient rien rapporté à l'URSSAF et au fisc leur rapportent désormais quelque chose.

Indesit
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Message par quijote » 06 Août 2012, 19:52

Franchement, pour moi , tout ça c'est du bricolage , voire du système D qui rentre dans le cadre de l 'idéologie dominante qui dit qu 'il suffit de" vouloir" , d'avoir" l 'esprit d'entreprise" pour s'en sortir,et "être libre"et qui fait l 'impasse sur les tares de cette société , son chômage , la précarisation de plus en plus grande du monde du travail ;on en a fait tout un plat et pour cause , histoire de nous faire oublier la responsabilité du patronat , du pouvoir à sa solde dans la situation actuelle.
quijote
 
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