(yann @ jeudi 5 avril 2012 à 15:56 a écrit : Maintenant, ne pas voter Hollande au 1er tour, c'est risquer un Sarkosy - le pen au 2éme tour, qui serait pour moi la pire des fatalité aujourd'hui.
Ce serait en effet une catastrophe. Mais c'est très peu probable. En 2002, quand Lionel Jospin s'est fait dépassé au 1er tour par Jean-Marie Le Pen, cela faisait quatre ans qu'il était premier ministre, et qu'il menait une politique à plat ventre devant les patrons, en privatisant plus que les deux gouvernements de droite qui l'avaient précédé, en acceptant de tordre la loi sur les 35h dans un sens toujours plus favorable au patronat. Beaucoup d'électeurs de gauche ne lui pardonnaient pas. Aujourd'hui Hollande se présente après 10 ans de gouvernements de droite, dont 5 de droite "décomplexée" sarkozyste. Le retour de balancier est en sa faveur.
Si Hollande ne te convainc pas, ce n'est pas ta faute, c'est la sienne et celle de son parti. Tu peux voter pour qui tu veux sans risque.
Maintenant, si tu n'es pas convaincu, ce n'est pas grave. C'est juste dommage que Nathalie Arthaud parvienne à convaincre des gens de la justesse de ce qu'avance LO, mais n'arrive pas à faire voter pour elle.
Je vais juste te dire ce que j'ai fait en 2002. C'était les premières présidentielles où je votais. J'étais étudiant à Lyon, mais j'avais pris mon week-end du 20-21 avril chez mes parents en région parisienne pour voter au premier tour. J'ai voté Arlette Laguiller (tradition familiale, mon père est militant LO et si quand j'étais ado j'ai un moment rejeté ça, en 1999, aux européennes, j'avais déjà voté LO-LCR). Le soir, j'ai flippé à mort. Je n'avais d'abord pas prévu d'aller voter au second tour : dès mon retour à Lyon, j'ai pris en urgence un billet de train pour le week-end du second tour. Je suis rentré chez moi, j'ai allumé la radio et j'ai entendu Arlette dire qu'elle n'appellerait pas à voter Chirac. Je n'ai pas compris. J'ai lu et écouté tout ce que disaient les leaders de gauche et d'extrême gauche pendant toute cette période : beaucoup de bêtises, d'irrationnel. Le 1er mai, je suis allé manifester. Ma première manif du 1er mai. Avec la LCR ! Je ne voulais pas me mettre aux côtés de LO. Leur banderole disait "pas un vote pour Le Pen, le pire ennemi des travailleurs, mais pas un vote pour Chirac, l'ami des patrons". C'était juste, mais ça me semblait déplacé. Ce n'est pas vraiment que j'avais peur que Le Pen passe, c'est que je me sentais solidaire de ceux qui en avaient peur. Mais j'ai vu comment les militants de LO se faisaient insulter, parfois menacer par beaucoup de gens, et ça m'a choqué. J'avais beau les connaître depuis l'enfance, c'est là qu'ils ont gagné mon respect : le 1er mai est la manif de la classe ouvrière, et ils étaient quasiment les seuls (avec la moitié des anars et quelques groupuscules gauchistes) à ne pas participer à la transformation de cette manif en soutien à Chirac. Comme si tous ces syndicalistes, ces militants de gauche, avaient oublié qu'en 1995 ils étaient des millions dans la rue contre Juppé et Chirac, ce jour là ils se fondaient dans une marée humaine encore plus grande, pour Chirac. Sauf LO. Je n'étais pas d'accord avec eux, mais : respect ! Au deuxième tour, j'ai quand même voté Chirac, même si mon papa se foutait gentiment de ma gueule. Plus tard je me suis rendu compte que dans mon école d'ingé, seuls les sympathisants de gauche avaient voté Chirac, les autres, tous ceux de droite, étaient allé faire du sport ou leur lessive, même au premier tour. Au second tour, ils s'en foutaient, de la "menace fasciste" ! Elle n'existait pas, ce qui existait c'était la défaite de la gauche. Chirac était sûr de gagner, parce que c'était la gauche qui avait été nulle. C'est paradoxal mais c'est ces gens de droite qui m'en ont convaincu, pas LO.
Aujourd'hui, rien n'empêche Hollande d'arriver au second tour. Quant à ce qu'il se passera après, on verra le 22 avril au soir. En attendant, je vais voter pour mes idées, comme je l'ai toujours fait depuis, pour éviter les regrets que j'ai eus en votant Chirac. S'il y a un vote que je n'ai jamais regretté en tout cas, c'est celui pour Arlette le matin du 21 avril 2002. Parce qu'elle nous a donné une leçon de courage politique le soir même.